Je vais vous parler des livres que j'aime, de mes auteurs préférés, des trésors littéraires que je peux découvrir, de mes coups de cœur ou de mes déceptions.
Je vous parle aujourd’hui d’une BD que j’ai choisie sur NetGalley, alléchée par la couverture et intriguée par le résumé :
Résumé de l’éditeur :
Astra Saga, par Philippe Ogaki, est la rencontre entre la science-fiction et la mythologie nordique. Une série de space opera graphiquement ambitieuse et soutenue par un contenu en réalité augmentée encyclopédique.
Un cargo spatial traverse l’espace profond. A son bord une cargaison des plus précieuses qui ne doit surtout pas tomber entre de mauvaises mains car les forces politiques qui régissent la galaxie pourraient changer drastiquement de camps et ainsi le cours de l’histoire. Une escouade de soldats dragons mandatée par l’empire aborde le cargo et perce sa coque épaisse en quête de l’Or Sacré.
Ce que j’en pense :
Une fois n’est pas coutume, j’ai eu envie de me lancer dans une BD de SF du style Star Wars : la couverture était tellement tentante !
On se retrouve donc entraîné, en l’an 3525 à la suite d’un cargo spatial convoité pour sa riche cargaison, ce qui va déclencher une guerre spatiale. A la tête de la manœuvre, un général qui envoie ses troupes, ses dragons, au casse-pipe à la manière de Napoléon et ses grognards par exemple. On se promène dans des galaxies éloignées aux noms savoureux, dans différentes temporalités, qui nécessite qu’on n’accroche pour ne pas perdre le fil. De surcroît, les légendes sont difficiles à lire, il faut décrypter, ce qui ajoute de l’irritation.
J’ai beaucoup aimé les couleurs, les dessins m’ont quand même déroutée, et malgré l’envie de me retrouver parmi les Ases, les mythes nordiques je n’ai pas réussi à me sentir captivée par ces combats intergalactiques ce qui n’est pas particulièrement surprenant étant donné que Star Wars n’a jamais été ma tasse de thé.
Alors, mauvais timing ? il faut une conjonction des planètes pour qu’une lecture prenne ou non. Une expérience intéressante, donc, mais qui ne me donne pas trop envie de lire le deuxième tome. Il est possible aussi que le contexte de guerre en Ukraine, le Tsar tout puissant de toutes les Russies et la manière dont il jour sur le risque nucléaire, et le chantage sur l’approvisionnement en gaz occupent trop mon esprit pour me laisser aller à une fiction….
Un petit détail anecdotique : j’ai oublié de télécharger la BD à temps sur NetGalley et pour pouvoir rendre ma copie à temps, j’ai dû l’acheter en version classique…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Delcourt BD qui m’ont permis de découvrir cette BD et son auteur.
Après l’intermède polar, place à la BD aujourd’hui avec cet album dont la belle couverture était trop tentante pour essayer de résister et le titre très alléchant :
Résumé de l’éditeur :
Joli conte social et sociétal, Le Boiseleur, série scénarisée par Hubert et dessinée par Gaëlle Hersent, s’adresse à tous les amoureux de la nature et de l’esprit.
En ces temps fort lointains habitait dans la ville de Solidor Illian, jeune apprenti sculpteur. Son habileté ravissait l’impitoyable Maître Koppel, délesté ainsi de la plupart des tâches de sculpture. Les habitants de Solidor avaient développé une passion pour les oiseaux exotiques, et chaque maison comportait au moins une cage en bois, avec au moins un oiseau. Les écouter enchantait Illian. Un soir, tandis qu’il fignolait un petit rossignol sculpté dans un rebut de bois, Maître Koppel surgit, furieux, avant d’être apaisé par sa fille, émerveillée par la sculpture. Une sculpture dont ils étaient, à cet instant, loin d’imaginer les répercussions sur toute la ville…
Ce que j’en pense :
Il y a fort longtemps, dans la ville de Solidor vivait Illian, un jeune apprenti sculpteur, sous la férule de Maître Koppel qui l’exploite en exigeant qu’il sculpte des cages pour les notables de la ville. Il y a beaucoup d’oiseaux aux belles couleurs à Solidor, où résonnent des chants pour le grand plaisir de tous.
Chaque année, Maître Koppel offre à sa fille, Flora, pour son anniversaire une nouvelle cage pour accueillir un nouveau compagnon. Illian n’a pas les moyens de s’offrir un oiseau alors il décide d’en sculpter un avec des chutes de bois inutilisées. Mais notre négrier de service se met illico en colère, le traitant de voleur, avec tout ce qu’il fait pour lui dit-il !
Mais la jeune fille surgit et s’extasie devant la sculpture… Et le père va s’en attribuer l’idée et Illian devient sculpteur d’oiseaux pour les riches habitants de la ville. Mais que se passe-t-il quand les sculptures remplacent les oiseaux vivants ? et plus tard d’autres animaux ?
Hubert nous propose un magnifique conte philosophique plein de poésie sur la vie, la beauté, les conséquences lorsque les êtres vivants disparaissent quand il est plus simple de « chosifier » : les oiseaux disparaissent, les belles couleurs, les chants avec eux et la ville, comme la vie deviennent ternes, tristes… Ramage et plumage dirait Jean de la Fontaine…. Que se passe-t-il quand on risque de perdre son âme en voulant s’approprier la beauté de l’autre ?
Le scenario que nous propose Hubert est très intéressant, mais il ne s’agit pas seulement de raconter une histoire, il s’agit d’une leçon de vie, et les dessins de Gaëlle Hersent sont absolument magnifiques, avec le sens du détail, la précision avec laquelle elle exprime les émotions de son héros Illian et de la belle Flora, tout comme la méchanceté de Maître Koppel… je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux enluminures de Moyen-âge et au soin que les artistes mettaient pour rendre hommage à la beauté, à l’art en général.
J’ai vraiment tellement aimé cette BD, lue sur ma tablette, que je vais m’offrir ce bel ouvrage, (c’est une très belle idée de cadeau !) et lire la suite bien sûr !
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Delcourt BD qui m’ont permis de découvrir cette BD et ce duo d’auteurs bourrés de talent.
#Leboiseleur #NetGalleyFrance
9/10
Hubert, de son vrai nom Hubert Boulard, est un coloriste et un scénariste de bande dessinée français. En 2006, il fait son entrée chez Dargaud-Poisson Pilote avec « La Sirène des Pompiers », dessinée par Zanzim. C’est avec « Miss Pas Touche », dessiné par les Kerascoët, qu’il se fera connaître d’un plus large public. En 2015, il reçoit le Prix Jacques Lob pour l’ensemble de son travail de scénariste. En 2019, il livre le scénario du « Boiseleur : Les Mains d’Ilian » (Soleil), servi par le dessin de Gaëlle Hersent.
Cela n’a échappé à personne, c’est l’anniversaire de la mort de Marcel Proust, alors quand j’ai vu la BD sur NetGalley, j’ai foncé :
Résumé de l’éditeur :
À l’occasion du centenaire de la mort de Marcel Proust, ce diptyque, signé Chloé Cruchaudet, repose sur une structure en miroir et s’intéresse au lien qui unit Céleste Albaret et l’écrivain de génie.
Grâce à de multiples sources, Chloé Cruchaudet tisse le portrait dévoué et passionné de Céleste Albaret, gouvernante et parfois secrétaire de Marcel Proust jusqu’à sa mort, en 1922. Elle révèle leur lien, l’écrivain sous toutes ses aspérités, l’atmosphère d’une époque et les dessous de la construction d’une fiction. Monde réel et monde fantomatique s’entremêlent pour nourrir ce sublime diptyque.
Ce que j’en pense :
Céleste Albaret est tout juste arrivée de Lozère et par l’intermédiaire de son époux Odilon, chauffeur de Marcel Proust, elle entre au service de l’auteur et une amitié amoureuse va se mettre en place. Amour platonique évidemment et unilatéral…
Officiellement, elle est engagée comme gouvernante, mais elle est aussi secrétaire, gère les rendez-vous de Proust avec ses éditeurs, recueille les petits papiers, post-it de l’époque, que l’ami Marcel appelle joliment des « paperoles » sur lesquels il note les modifications qu’il désire apporter au manuscrit en cours et qui volent un peu partout. Elle met au points un joli procédé de collage pour les inclure au manuscrit qui de ce fait double rapidement de volume.
Céleste affronte les demandes rarement simples de son « maître » : la chasse à la poussière, (Proust est comme chacun le sait asthmatique), l’alimentation frugale et spéciale, filtrer les visiteurs, ce qui donne parfois des scènes très drôle et nous remplit d’empathie pour Céleste.
Je ne suis pas une inconditionnelle de Proust, dont je n’ai lu pour l’instant que les deux premiers tomes de la Recherche mais je ne désespère pas d’en arriver à bout… mais je connaissais l’histoire de Céleste Albaret. Je suis Balzacolâtre, groupie de Maupassant et Dostoïevski, entre autres, mais chaque chose en son temps… Pourquoi ne pas tenter cette œuvre en version BD ?
Le graphisme de Chloé Cruchaudet est superbe, les couleurs m’ont énormément plu, avec des camaïeux de bleus de mauve, et une présentation de l’œuvre de Marcel Proust presque en filigrane. Un ravissement pour l’œil cette bande dessinée, même si la lecture sur tablette modifie le dessin, l’étire beaucoup ce qui gâche un peu le plaisir.
J’ai adoré ce premier volume et comme je préfère la version album j’ai immédiatement investi et je lorgne déjà vers le tome 2 avec impatience.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Soleil qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure dont une BD m’attend depuis longtemps dans ma PAL démesurée : « Mauvais genre » …
#CélesteBiensûrmonsieurProust #NetGalleyFrance !
8,5/10
Chloé Cruchaudet, née le 2 novembre 1976 à Lyon, est une dessinatrice, scénariste et coloriste française de bande dessinée. Pour l’écriture, elle s’inspire d’histoires vécues ; de livres historiques, d’autobiographies ou de reportages vus à la télé. On lui doit notamment « Mauvais genre »,
Extraits :
Désolée pour la piètre qualité des photos, je les ai prises sur ma tablette avec mon portable mais elle donne une idée de la déformation en format PDF:
Dernière participation au challenge, avec une BD aujourd’hui, et il s’agit d’une première pour moi, car j’inaugure la lecture sur tablette et c’est également la première BD de l’auteur qui me tombe entre les mains :
Résumé de l’éditeur :
Trois personnages à trois époques différentes, avec un point commun : ils racontent des histoires avec des images. Un moine copiste du Moyen Âge invente un récit imagé et un procédé d’impression, un jeune garçon au 20e siècle découvre le pouvoir inouï de la bande dessinée, et sa fille au 21e siècle vit de la création virtuelle. Chacun éprouve les nécessités vitales de la création et doit affronter des dangers et désillusions propres à leurs époques…
Ce que j’en pense :
C’est avec ce roman graphique que s’achève ma participation au challenge de NetGalley, et pour une découverte, ce fut une belle découverte ! déjà, je n’ai pas pu résister à la tentation en voyant la couverture, je n’ai même pas essayé de résister, l’expérience était trop tentante ; l’auteur nous propose en effet trois histoires, à trois époques différentes : Moyen-âge, XXe siècle et dans le futur au XXIe, avec le moine copiste Raoul, un jeune adolescent qui veut devenir auteur de BD et cherche l’inspiration dans le passé et sa fille Suzie qui nous emmène à l’heure des robots et de l’Intelligence Artificielle.
Très vite, on se rend compte que le récit n’est et ne sera jamais linéaire, les trois histoires s’entremêlent, pour mieux désarçonner le lecteur.
L’histoire m’a plu mais je suis surtout tombée en pâmoison devant les dessins, la découpe, du moins la mise en page, qui s’affranchit totalement du mode de narration habituel, et surtout, on assiste à un festival de couleurs, qui se marient très harmonieusement.
Je suis passée assez près du coup de cœur, il y a juste un bémol sur le scenario, qui est pour le moins déroutant, du moins au départ, car certes on voyage dans le temps mais également, l’auteur nous perd entre réalité et fiction, tutoyant l’incohérence parfois, alors j’ai décidé de me laisser porter… d’où la note qui récompense le graphisme…
Dernier point : c’est la première fois que je lis une BD sur ma tablette, j’avais tenté l’expérience sur mon ordinateur, mais le confort n’était vraiment pas terrible. Je préfère lire roman graphique, manga ou BD en version papier mais, ici, cela a tellement bien fonctionné que je recommencerai certainement.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m’ont permis de découvrir cette BD et son auteur.
Par trois fois, j’ai tenté de lire « 1984 » le roman de George Orwell et j’ai dû progresser de dix pages chaque fois, alors j’ai décidé de tenter l’aventure avec la BD dont je vais tenter de vous parler aujourd’hui :
Quatrième de couverture :
Au Ministère de la Vérité, Winston Smith réécrit l’Histoire.
Adapter le passé afin de ne pas contredire le Parti, tout faire pour préserver le règne et les ambitions de Big Brother, voici les missions de cet homme dont la soif de révolte grandit pourtant jour après jour. Mais sa liberté de penser pourrait lui couter la vie, car la menace est permanente au cœur de cette tyrannie de la surveillance qui ressemble étrangement à notre société contemporaine…
Portée par le dessin puissant et envoûtant de Fido Nesti, cette version graphique de 1984, le roman culte de George Orwell, constitue un évènement exceptionnel.
Ce que j’en pense :
Winston Smith travaille au Ministère de la Vérité, où il est chargé de réécrire l’Histoire, selon les desiderata du Parti car le Sociang règne sur Londres, Big Brother vous regarde inscrit partout, avec un télécran qui espionne en permanence.
Le Parti a donc gagné et règne sur un monde divisé en trois états : Océanie, Eurasie et Estasie qui se font la guerre en permanence. On a modifié la langue, la rebaptisant Novlang ou Néoparler, et la réduisant à un nombre de mots limités, toutes les nuances, les affects ont disparu, manière très efficace pour niveler la population par le bas, d’un côté les « prolos » de l’autre les membres du Parti, l’élite donc chargée de trier les infos, et éliminer tout ce qui ne plaît pas en haut lieu et qui devient la vérité, la seule.
Ceux qui tentent de se rebeller disparaissent mystérieusement et sont rayés définitivement, ils n’ont jamais existé…. Le sexe et l’amour sont interdits… Winston, zélé au départ, se cache pour écrire son journal mais quoi écrire ? Il rencontre une jeune femme dont il tombe amoureux, bravant un deuxième interdit, mais jusqu’où pourra-t-il aller ?
Je suis fière de moi, j’ai terminé cette BD (223 pages quand même) et franchement, j’ai eu beaucoup de mal : la société que décrit l’auteur est tellement proche de ce qui se passe à l’heure actuelle avec Big Brother qui surveille (nos ordinateurs, nos téléphones …) la liberté de penser qui se rétrécit, ainsi que la capacité de réfléchir par soi-même (cf. les complotistes). Certes c’est plus important dans certains pays, notamment à l’Est, mais les USA de Trump ne se débrouillent pas mal non plus…
Le formatage des cerveaux, les séances de torture rappellent les méthodes chinoises en particulier, mais les camps de rééducation russes n’ont rien à leur envier.
Les dessins de Fido Nesti sont tout à fait en harmonie avec le texte et déclenchent des cauchemars… tant le graphisme que les couleurs…
Cette lecture relève plus du pensum que du plaisir mais c’est intéressant, il sera difficile de l’oublier et il faut reconnaître que malgré sa dureté, c’est une réussite, d’où la note, car adapter le texte de George Orwell et l’illustrer de manière adéquate était loin d’être simple. Le roman m’attend toujours mais je ne suis pas sûre de retenter l’expérience…
8/10
Extraits :
Ne vois-tu pas que tout le propos du néoparler est de rétrécir le champ de la pensée ? à terme, nous rendrons littéralement impossible le mentocrime pour la bonne raison qu’il n’y aura plus de mot pour le commettre, tout concept sera exprimé par un seul vocable, la révolution sera complète quand la langue sera parfaite.
La seule chose qui les tienne en échec, ils peuvent te faire dire n’importe quoi, mais ils ne peuvent pas te le faire croire, ils ne peuvent pas s’immiscer dans ta tête.
Nous savons que personne ne s’empare du pouvoir dans l’intention d’y renoncer un jour. Le pouvoir n’est pas un moyen, c’est une fin.
Petit détour par la BD et la Seconde Guerre Mondiale aujourd’hui avec :
Résumé de l’éditeur :
Pour vivre son histoire d’amour, elle va renoncer à ce qu’elle a de plus cher.
Monique a 20 ans et ne rêve que de s’émanciper. En 1941, elle débarque dans un Paris occupé et découvre l’euphorie de la capitale. Elle fait la connaissance de Francis, l’épouse sur un coup de tête et donne naissance à Nicole. Mais Monique cherche à comprendre comment elle doit aimer sa propre fille, cette enfant innocente qui la prive de sa liberté…
À la Libération, Monique rencontre un officier américain et découvre le grand amour. Pour vivre sa passion, la jeune femme décide de renoncer à tous ses droits sur sa fille et l’abandonne à son père. Dorénavant, la mère et la fille sont faites pour se chercher, se rater, se retrouver.
Une histoire bouleversante inspirée de la vie de l’auteur.
Ce que j’en pense :
Monique a quitté Boulogne-sur-Mer pour découvrir Paris. Mais voilà, nous sommes en 1941, la capitale est occupée par l’Allemagne nazie, mais elle a vingt ans et désire profiter de la vie malgré tout. Elle y retrouve sa sœur Jacqueline, ainsi qu’un Allemand qui a fait autrefois un stage chez leur père, et qui est tout de suite beaucoup moins sympathique qu’à l’époque. Il est devenu le lieutenant Shaar et lui demande d’espionner pour lui le milieu intellectuel parisien, ni plus ni moins.
Monique rencontre Francis, père d’une petite fille qu’il n’a jamais revue et tous les deux sympathisent. Enfin Francis tombe amoureux alors qu’elle veut profiter de la vie, continuer à s’amuser, danser au club où elle a rencontré Gin, musicien noir. Lorsqu’elle se retrouve enceinte, Francis est ravi et l’épouse mais l’instinct maternel n’est pas au rendez-vous.
Sur fond de persécutions par les nazis, bombardements qui obligent à descendre aux abris, on fait davantage connaissance avec les protagonistes. Le récit alterne les périodes, 1941, puis les règlements de comptes lors de la Libération avec les femmes qui ont « couché avec l’occupant », puis quelques années plus tard, pour suivre l’évolution de Monique et celle de sa petite fille Nicole…
J’ai bien aimé cette histoire, découvrir cette mère, trop jeune pour la maternité et son évolution lorsqu’elle a un enfant avec un officier américain qu’elle a rencontré à la Libération, et comment ceci va la transformer. Cette histoire est d’autant plus touchante qu’elle est celle d’un des auteurs, Stephen Desberg. J’aurais aimé qu’il creuse davantage, notamment la personnalité de Monique mais cela ne devait lui être facile. On la suit avec plaisir et curiosité même si on a du mal à éprouver de la sympathie pour elle, alors que Francis est attachant.
Les personnages « secondaires », comme Gin musicien talentueux qui a le malheur d’être Noir et juif, ou Manon l’amie de Monique qui pactise avec l’ennemi.
Les dessins d’Emilio Van der Zuiden m’ont beaucoup plu, les couleurs sont belles, Paris est bien illustré. Les auteurs utilisent beaucoup les récitatifs, laissant moins de place aux bulles de dialogues, ce qui permet d’apprendre des choses mais laisse un peu le lecteur à distance au niveau émotionnel.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Grand-Angle (Bamboo ) qui m’ont permis de découvrir cette BD et leurs auteurs.
7,5/10
Les auteurs :
Stephen Desberg est un scénariste de bande dessinée belge.
Il est né d’un père américain et d’une mère française. Dès 1976 il écrit quelques courts récits complets dans le Journal « Tintin. » Ce n’est réellement qu’en 1978 qu’il démarre sa carrière de scénariste professionnel.
Né en 1967, Emilio Van der Zuiden est un dessinateur et scénariste de bandes dessinées, né « d’un père batave et d’une mère gitane andalouse ».
Il a étudié à Paris, puis a exercé plusieurs métiers dans la presse écrite, pour finalement se lancer en 2007 dans la bande dessinée.
Place à la BD aujourd’hui avec le T6 des « Vieux fourneaux » :
Quatrième de couverture :
« L’air pollué aux microparticules, les fruits et légumes exposés toute la journée aux gaz d’échappement sur les trottoirs ; l’incubation microbienne du métro, les bols de cacahuètes sur le comptoir de Jean-Claude, tout ça, ça ne me fait rien.
Mais ICI, je suis en danger !
Ici, la nature est trop naturelle ! »
Ce que j’en pense :
On démarre en fanfare avec Pierrot, toujours aussi râleur, qui vient de s’en prendre au minuteur des WC dans le bar : quelle idée aussi, de devoir « pisser » pendant une durée limitée, pour économiser de l’électricité, alors que les terrasses abritant les fumeurs sont chauffées H 24. Et quid des problèmes de prostate ? Maltraitance déguisée ?
Furieux, il dérobe un parapluie qui va lui servir d’arme pour la journée de manif pour Geneviève bousculée par les flics… ce qui nous offre des scènes à se tordre de rire.
En fait, Pierrot a du mal a se remettre de la mort de Fanfan, et se laisse un peu aller, il suffit de voir l’état de son appartement et de son réfrigérateur ! il se demande ce que vont devenir « Ni yeux, ni maîtres » et où pourront-ils se réunir dorénavant, en attendant le passage devant le notaire.
De retour chez lui, il reçoit un appel de son ami : Mimile leur a organisé une surprise en Guyane ce qui donne à Pierrot l’occasion de râler un peu plus, l’aéroport et le fait qu’il déclenche les alarmes, son passé de fiché S qui le poursuit… Enfin, c’est l’arrivée en Guyane où Mimile a bien fait les choses avec son copain le philosophe grec à l’accent so british…
Un album qui fait la part belle à la Nature, à la pollution par les métaux lourds liée à l’extraction de l’or à grande échelle…
J’ai bien aimé le singe atèle qui se prend d’affection pour Pierrot, avec des scènes assez cocasses, mais j’ai été moins emballée par cet opus. On rit toujours, mais c’est parfois un peu lourd, capillotracté.
Peut-être aussi qu’après toute la morosité covidienne ambiante, je suis passée un peu à côté ? la tête ailleurs, pas le bon moment… En plus, je l’avais oublié dans un coin alors que je l’avais commencé début juillet et lâché en route… En deuxième lecture, j’ai plus apprécié…
Place à la BD aujourd’hui avec ce splendide ouvrage :
Résumé de l’éditeur :
Lisbonne, été 1968.
Depuis 40 ans, le Portugal vit sous la dictature de Salazar.
Mais, pour celui qui décide de fermer les yeux, la douceur de vivre est possible sur les bords du Tage. C’est le choix de Fernando Pais, médecin à la patientèle aisée. Tournant la page d’une jeunesse militante tourmentée, le quadragénaire a décidé de mettre de la légèreté dans sa vie et de la frivolité dans ses amours.
Un jour où il rend visite à un patient au siège de la police politique, Fernando prend la défense d’un gamin venu narguer l’agent en faction. Mais entre le flic et le médecin, le gosse ne fait pas de distinguo. Et si le révolutionnaire en culottes courtes avait vu juste ? Si la légèreté de Fernando était coupable ?
Le médecin ne le sait pas encore, mais cette rencontre fera basculer sa vie…
Ce que j’en pense :
L’histoire démarre sur un beau paysage, lumineux et plein de douceur : Estoril, le 3 août 1968, Salazar lit son journal face à la mer. On lui annonce l’arrivée de la pédicure, il s’assoit en continuant à lire et la chaise casse, il tombe… AVC ? quoi qu’il en soit, il est obligé d’abandonner le pouvoir.
Tout le monde en parle, et cela s’agite au siège de la tristement célèbre P.I.D.E. (Policia Internacional & Defesa do Estado) alias police d’état…
Le docteur Fernando Pais est en train de s’y rendre, comme tous les matins, pour soigner l’inspecteur ; lorsqu’il arrive sur les lieux des gamins sont en train de mettre le feu à une crotte de chien plié dans un journal et le plus téméraire sonne… le doutor lui sauve la mise, temporairement. Dans le bureau, on plaisante sur l’accident de chaise du dictateur, alors que d’autres interrogent de manière musclée, comme il se doit, un jeune homme.
Le docteur retourne à son cabinet et une de ses maîtresses lui faisant faux bond décide d’aller « prendre une cuite » avec son ami, dans l’Alfama. Et tous les deux vont parler du passé, de l’époque où ils étaient étudiants, de Marisa, communiste qui deviendra l’épouse du docteur, alors que lui vient d’une famille ayant pignon sur rue donc penchant plus de côté de la droite. Il n’est pas très bien accueilli par les amis de Marisa…
Il sera rappelé pour examiner un détenu, en fait on lui demande de le remettre sur pied pour que les policiers puissent continuer à le torturer… Il subit des pressions mais sa rencontre avec Joao, et surtout la famille de celui-ci lui fait prendre conscience peu à peu de sa passivité.
La guerre d’Angola se dessine, en toile de fond comme le fado.
J’ai aimé l’histoire du docteur Fernando Pais, l’ambiance de Lisbonne, cette ville magnifique, que l’on parcourt dans cette BD et l’architecture est très bien représentée sur les planches. Le tramway est un des personnages, certains quartiers tel l’Alfama avec ses ruelles en pente qui descendent vers l’estuaire du Tage… Les couleurs sont belles et elles varient en fonction de évènements, des moments joyeux ou sinistres…
On croise Horacio Lobo Antunes qui deviendra plus tard un écrivain et psychiatre connu, qui n’est autre ici que l’ami de Pais auquel il confie un manuscrit « L’enfant et la baleine » pour qu’il lui donne son avis. Antunes va être censuré par la dictature, tant pour ses écrits que pour son homosexualité. Entre parenthèses, on attend toujours le prix Nobel…
On rencontre aussi un homme, dans le train, qui s’appelle… Perreira comme le journaliste spécialisé dans les nécrologies, du beau roman d’Antonio Tabucchi, « Perreira prétend » qui parcourt la ville en avalant des tonnes de citronnade.
Nicolas Barral évoque aussi la torture, et fait un clin d’œil à Fernando Pessoa : un des prisonniers finit par donner des noms, qui sont en fait les pseudonymes du l’écrivain. On sent l’amour que l’auteur porte à Lisbonne et au Portugal qui est le pays de sa femme.
J’aime bien le portugais, ses sonorités, et Nicolas Barral l’utilise avec des expressions, ou les titres des chapitres par exemple.
J’ai choisi cette BD, roman graphique, vue la taille parce que le Portugal est le pays où né mon mari et qu’il a dû fuir sous la dictature dans des conditions assez rocambolesques, comme la plupart. J’y suis allée pour la première fois quelques mois après la Révolution des Œillets et son histoire, sa culture, le fado m’intéressent depuis longtemps même si je parle très mal la langue (il a choisi d’être Français et n’a pas souvent envie d’y retourner…
On a de très belles images dans les tons gris bleu de la baleine dans le port puis au-dessus de Lisbonne, sous la forme d’un rêve de Fernando Pais qui s’est endormi sur le manuscrit…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m’ont permis de découvrir ce roman graphique et son auteur. Mais, je tiens à préciser que la version numérique ne convenant pas j’ai préféré l’acheter, pour profiter des couleurs, pour revenir en arrière… Lire une BD sur un ordinateur enlève beaucoup de plaisir et en plus c’est très inconfortable…
#Surunairdefado #NetGalleyFrance
L’auteur :
Né en 1966 Nicolas Barral est un dessinateur de bande dessinée. Il débute sa carrière à OK Podium où il réalise les pages BD. En 2008, il est le scénariste de « Mon pépé est un fantôme », puis publie avec Tonino Benacquista « dieu n’a pas réponse à tout ».
Avec « Sur un air de fado », il est pour la première fois scénariste et dessinateur.
Extrait :
« Mon hypothèse est que le consentement est dans la nature des Portugais. N’ayant jamais connu que la dictature, nous avons appris à nous contenter du bonheur que Salazar nous octroie.
Mais si cette soumission est ancrée en nous, n’est-ce pas aussi qu’elle présente certains avantages ?
Dans un régime libéral, l’homme est en prise directe avec son bonheur, dont il fabrique lui-même les ingrédients. Par conséquence, s’il échoue, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
N’est-il pas plus confortable, au fond, d’avoir au-dessus de soi quelqu’un à qui s’en remettre ou contre lequel se retourner ? »
Le crime de l’Orient-Express est, avec Dix petits nègres, l’un des romans d’Agatha Christie ayant connu le plus grand succès. Il a été traduit en plus de trente langues.
Hiver 1937. Juste après minuit, une congère force l’Orient-Express à s’arrêter en pleine voie. Le luxueux train est étonnamment plein pour cette période de l’année, mais, au petit matin, on dénombre un passager de moins… Un magnat américain est mort d’une dizaine de coups de couteau, la porte de son compartiment verrouillée de l’intérieur.
Hercule Poirot mène l’enquête dans le train coupé du monde.
Ce que j’en pense :
On ne dira jamais assez le pouvoir de persuasion des amies blogueuses… Après avoir lu les chroniques de Lydia et Belette, il m’était impossible de résister (de toute manière, je suis incapable de résister à la tentation devant des livres alors…). Bref, je me suis ruée sur la première boutique venue pour me procurer cette BD.
Il faut dire que « Le crime de l’Orient-Express » est mon roman préféré de la reine Agatha.
Je ne vais pas raconter l’histoire, tout le monde la connaît. Cette adaptation en BD m’a énormément plu, et je l’ai dévorée, tant j’avais besoin (faim) de lecture plaisante.
J’ai beaucoup aimé les dessins de Chaiko, les couleurs, les personnages sont bien croqués. J’ai retrouvé l’intrigue avec plaisir. J’ai vu plusieurs adaptations à l’écran de ce beau roman, avec une préférence pour celle où joue Sean Connery. Par contre, j’ai trouvé la version de Kenneth Branagh tellement fade que je me suis assoupie en route…
Cette lecture fut un pur bonheur et je renouvellerais bien l’expérience avec un autre titre, car c’est le premier tome de la série et vous l’avez sûrement remarqué, la couverture est sublime.
8/10
Les auteurs :
Benjamin von Eckartsberg a étudié la Communication visuelle à Munich et est membre depuis 1995 de »l’Artillerie ». Il travaille depuis 1993 comme illustrateur indépendant, et collabore à de nombreuses reprises avec Thomy. En dehors de ça, il attend inlassablement le moment propice de pouvoir commencer son propre album.
Chaiko (de son vrai nom Cai Feng) est un réalisateur de dessins animés basé à Shanghai. Son style très personnel capte l’air du temps de la jeunesse chinoise privilégiée qu’il transpose ici dans un Paris magnifié. Ses personnages affrontent les interrogations d’une jeunesse qui a sauté d’un seul coup du 19e au 21e siècle. Il a déjà publié avec succès le graphic novel “Love Fragments Shanghai” chez Xiaopan.
Faute de pouvoir proposer des photos ou extraits, voici la 4e de couverture:
Je viens de terminer (en de relire encore une fois! avant de le rendre à la bibliothèque) ce dernier opus:
Résumé :
Retour à Paris pour Antoine, Mimile et Juliette.
Le plan est simple : ramener Juliette auprès de sa mère, puis filer au Stade de France pour assister au match de rugby France-Australie. C’est du moins ce qui est prévu…
Mais, désireuse de voir son père et son grand-père se rabibocher, Sophie les oblige à s’occuper ensemble de Juliette jusqu’au lendemain. Mimile ne peut donc compter que sur Pierrot pour l’accompagner au match. Or, Pierrot l’anarchiste mène un nouveau combat : il s’est engagé en faveur des migrants. Alors vous pensez bien qu’assister à un match opposant la France, qui refuse d’accueillir les migrants, à l’Australie, qui ne pense qu’à les entasser dans des camps, bafouant ainsi les droits de l’homme, c’est hors de question ! Mimile n’a plus pour seule compagnie que ses désillusions…
Et si lui aussi était bon pour l’asile ?
Ce que j’en pense
Ma critique sera brève, pour une fois! mais l’enthousiasme est toujours là…
Encore un tome savoureux ! je m’éclate toujours autant avec ces vieux compères qui sont devenus les miens…
Laisser Juliette avec son Papoutch (son arrière-grand-père) et son grand-père pour qu’ils se rabibochent ce n’était pas peut-être pas l’idée du siècle mais cela donne lieu à des scènes comiques.
Pierrot qui manifeste devant une banque suisse avec ses complices et tout le monde se fait coffrer, d’où une garde à vue géniale qui permet de faire la connaissance de Patate…
Le tout sur fond de match de rugby au stade de France, sur fond de danses océanes…
Une mention spéciale pour la plaque de l’hôtel de Fanfan (ex île de la tortue) :
Dave HIOCK et Demi GRANTS
GLOBAL TRADE
INVESTISMENTS EXPERTISE
J’ai beaucoup ri encore et adoré! peut-être suis-je aussi bonne pour l’asile comme eux!
Extraits
On a réfléchi, et on s’est dit :quand c’est le Qatar qui rachète les musées, les plages privées et les clubs de foot, personne ne crie à l’invasion arabe. Tout le monde est content.
Donc ce ne sont pas les étrangers qui font peur, ce sont les étrangers pauvres.
Hugo Boss ? Mais ça vaut cher !
Oui, enfin euh, ils sont comme qui dirait un peu… tombés du camion…
Vous les avez piqués ?
Disons qu’on a estimé qu’après avoir habillé les nazis des bottes à la casquette, Hugo Boss pouvait bien fournir quelques costumes gratos à des nécessiteux basanés… C’est de bonne guerre.
C’est peut-être ça, la France. On se trouve glorieux dans la défaite, ce qui nous rend quasi invincibles.
La lecture était ma liberté et mon réconfort, ma consolation, mon stimulant favori : lire pour le pur plaisir de lire, pour ce beau calme qui vous entoure quand vous entendez dans votre tête résonner les mots d'un auteur. Paul AUSTER