« Proie » de Rachel Abbott

Je reste encore un peu dans le domaine thriller, avec ce livre que j’ai lu, en même temps qu’un roman coup de cœur dont je parlerai dans quelques jours, dont je voulais faire durer la lecture le plus longtemps possible…

Résumé de l’éditeur :

Une enquête de Tom Douglas

Quelques mois après la disparition brutale de son mari, Natalie a retrouvé l’amour dans les bras d’Ed, le meilleur ami du défunt. Mais aux effusions des débuts succèdent bien vite les tensions et la conviction que ce dernier cache une personnalité troublée, sombre et inquiétante. Pour protéger Scarlett, sa fille de quinze ans, Natalie décide de fuir Ed pour s’installer dans un immeuble de la banlieue de Manchester. Mais l’endroit est-il réellement sûr ? Alors que mère et fille tentent de se reconstruire dans cette nouvelle vie, des phénomènes étranges surviennent dans l’immeuble ; des bruits que seule Scarlett semble entendre et qui la terrorise… Natalie et sa fille auraient-elles quitté une menace pour une autre, plus terrible et insidieuse encore ?

L’inspecteur Tom Douglas est sur le coup. Mais arrivera-t-il à temps pour les sauver du danger qui se rapproche ?

Ce que j’en pense :

Bernie, policier de son état, est entrain de promener le chiot labrador, comme tous les mains lorsqu’une voiture lui fonce dessus, tous phares allumés. Sa mort est attribuée à un voleur car la voiture a été retrouvée calcinée plus tard.

Sa femme, Natalie et leur fille Scarlett, finissent par se reconstruire en emménageant chez Ed, l’ami d’enfance de Bernie. Tout semble aller pour le mieux jusqu’au jour où Natalie tombe sur un site pédopornographique dans l’historique de navigation d’Ed.

En rentrant un peu plus tard, elle trouve Ed en petite tenue, Scarlett dans ses bras, il tente de se justifier en disant qu’il est train de la consoler, mais cela fait trop et Natalie fait ses bagages au grand dam de sa fille.

Elles atterrissent dans un appartement au centre de Manchester, où des bruits bizarres résonnent parfois : rires, gémissements… Appartement habitée avant elles par une vieille dame qui pensait que les morts désiraient communiquer avec elle…

Désœuvrée, loin de ses copines et très  en colère contre sa mère dont elle ne comprend pas la violence de la réaction, Scarlett qui a entendu des rires inexpliqués va tenter de mener son enquête pour en découvrir l’origine, même si on lui a dit que la locataire précédente était folle, victime d’hallucinations.

Pendant ce temps, Tom Douglas et son adjointe Beckie sont appelés sur une scène de crime : une adolescente s’est suicidée (probablement) en se jetant d’un toit.

En parallèle, l’enquête sur la mort de Bernie est rouverte, car il enquêtait sur le milieu de la pédopornographie.

Ce thriller démarre en douceur et peu à peu le suspense s’installe et l’auteure propose une analyse bien étayée sur la manière dont les jeunes adolescentes fragiles sont repérées pour être approchées, manipulées, photographiées dans des positions suggestives pour ensuite les faire chanter.

En parallèle, en peaufinant les personnages, Rachel Abbott nous livre une réflexion sur l’amour, ce qu’on ne dit pas dans un couple, ou qu’on ne veut pas voir, le déni est plus confortable. Réflexion aussi sur l’amitié, les trahisons, les jalousies et sur les difficultés du deuil.

Je n’ai lu qu’un roman de Rachel Abbott, « Murder game » qui m’avait suffisamment plu pour que je retente l’expérience et celui-ci m’a fait découvrir le DCI Tom Douglas dont j’ai bien envie de lire les enquêtes précédentes. (Je m’emmêle toujours dans les grades des policiers et détectives britanniques donc je garde les initiales).

On n’est pas dans le côté trépidant addictif de Franck Thilliez ou de Cédric Sire dont j’ai parlé il y a quelques jours, ici l’enquête est bien menée, avec beaucoup de sérieux, l’auteure s’étant bien documentée, alors la lecture finit par devenir plus addictive qu’on ne pouvait l’imaginer.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m’ont permis de découvrir ce roman et retrouver la plume de son auteure.

#RachelAbbott #NetGalleyFrance

7/10

L’auteure :

Née près de Manchester, Rachel Abbott vit sur l’ile anglo-normande d’Aurigny. Auteure de bestsellers internationaux vendus à plusieurs millions d’exemplaires, ses deux séries, respectivement nommées « Les enquêtes de Tom Douglas » et « Les enquêtes de Stephanie King », sont publiées chez Belfond.

Prologue :

C’avait été une nuit comme tant d’autres au cours des dernières semaines. Tandis qu’elle scrutait la rue depuis la fenêtre du deuxième étage, toujours plongée dans l’obscurité à cette heure matinale, elle s’avoua enfin qu’elle n’en pouvait plus.

Elle leva les yeux pour chercher les étoiles dans les interstices entre les immeubles, mais le ciel n’était jamais complètement noir dans le centre de Manchester, toujours pollué par l’éclairage public et les vitrines des magasins. Le grondement incessant de la circulation n’était qu’une musique qu’elle avait appris à ignorer depuis longtemps, mais elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, car elle ne savait jamais quand les cris des morts perceraient le silence.

Lu en novembre 2021

« Trio » de William Boyd

Place à la littérature anglaise aujourd’hui avec ce roman :

Résumé de l’éditeur :

Dans la station balnéaire de Brighton, indifférents au tumulte du monde en cet été 1968, trois personnages sont réunis pour les besoins d’un film dans l’esprit des « Swingin’ Sixties ». Tous ont une double vie. Talbot Kydd, producteur chevronné, affronte les embûches du tournage (réécritures du scénario, erreurs de casting, défection de l’actrice principale) et se demande comment faire son coming out. Anny Viklund, jeune beauté américaine à la vie amoureuse chaotique voit réapparaître son ex-mari, terroriste en cavale, et suscite l’intérêt de la CIA. Quant à l’épouse délaissée du metteur en scène, Elfrida Wing, autrefois saluée comme « la nouvelle Virginia Woolf » avec son premier roman, elle combat sa panne d’écrivain à grand renfort de gin tonic.

À travers ces trois êtres désemparés et attachants, Boyd nous entraîne dans les coulisses de la duplicité et de la simulation, là où se trame le scénario de nos vies secrètes au détriment des apparences. Il nous livre un récit tendre et jubilatoire, qui restitue avec brio l’esprit d’une époque.

Traduit de l’anglais par Isabelle Perrin.

Ce que j’en pense :

On va suivre la trajectoire de trois personnes : Talbot Kydd un cinéaste connu, une romancière et enfin Anny Viklund actrice américaine en pleine gloire, chacun vivant un moment décisif de son existence.

Talbot Esaïe de tourner un film dont le titre, à lui seul, vaut son pesant d’or « L’épatante Echelle pour la Lune d’Emily Bracegirdle » ! il est marié, et a du mal à accepter son homosexualité. Il doit faire face à un associé magouilleur, aux demandes des uns et des autres, qui pour avoir un petit rôle, qui pour se faire de la pub et relancer sa carrière de chanteur en imposant sa dernière composition au générique, sans oublier les exigences de acteurs…

Elfrida Wing, a connu le succès il y a dix ans, mais depuis, c’est la panne sèche. Elle noie son chagrin dans l’alcool alors que son mari la trompe avec la nouvelle scénariste, plus jeune. Etant donné qu’on l’a surnommé la « nouvelle Virginia Woolfe » à l’époque du succès, à son grand dam, elle décide de tordre le cou à ce « surnom » et écrivant un roman sur le dernier jour de Virginia, c’est-à-dire ce qui l’a conduite à se suicider. Mais, voilà, elle réécrit sans cesse la première page alors que son éditeur n’est pas convaincu. Depuis la panne d’inspiration, elle se contente de noter des titres qui pourraient donner lieu à un futur roman.

Enfin, nous avons Anny Viklund, qui a choisi l’Equanil comme tranquillisant et elle en avale des quantités astronomiques. Elle a été mariée quelques mois à un individu plus ou moins anarchiste, poseur de bombes en cavale, et vit officiellement avec Jacques, Français militant, en plein mai 68. Elle file le parfait amour avec l’acteur principal Troy.

Talbot va se retrouver avec un film qui lui échappe et une actrice qui prend la tangente !

Le but de William Boyd est de comparer la trajectoire de ces trois personnages, et la manière dont ils peuvent ou non faire face à une vie qui leur échappe.

Ce récit est composé de trois parties : Duplicité, Capitulation, Évasion, pour évoquer l’évolution du fameux trio. Magie du chiffre 3 pour l’auteur ? ou enfoncer le clou ?

Si vous avez des illusions sur le milieu du cinéma et tenez à les garder, mieux vaut passer son chemin !

C’était ma première incursion dans l’univers de William Boyd et je dois reconnaître que j’ai eu un mal fou à arriver au bout de cette lecture, tant je me suis ennuyée, j’en ai même presque oublié de relever des extraits, tant l’écriture, (pas plus que l’histoire abracadabrantesque !), ne m’a pas convaincue. Je suis sortie de ce récit, presque en état d’ébriété, en tout cas, incollable sur les cocktails !

Peut-être le moment était il mal choisi pour lire ce roman ? Cela ne m’empêchera pas de lire « Un Anglais sous les tropiques » qui est dans ma PAL depuis fort longtemps, je n’ai pas envie de rester sur cet avis mitigé.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions du Seuil qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.

#Trio #NetGalleyFrance !

6/10

L’auteur :

William Boyd, né à Accra (Ghana) en 1952, a étudié à Glasgow, Nice, et Oxford, où il a également enseigné la littérature.

Il est l’auteur de quatre recueils de nouvelles et de huit romans : dont Un Anglais sous les tropiques, Comme neige au soleil et À Livre ouvert couronné par le Grand Prix Littéraire des lectrices d’Elle et le prix Jean Monnet.

William Boyd est marié et vit à Londres.

Extraits :

Anny éprouvait une étrange nervosité à être assise à côté de Troy à l’arrière de la voiture les conduisant à la soirée, sans doute parce qu’elle n’arrivait pas tout à fait à s’habituer à le voir en smoking. Il semblait changé. Il avait l’air plus vieux, et sa beauté, son charme si unique, étaient devenus passe-partout. Il ressemblait à n’importe quel jeune beau gosse en smoking, et plus à son Troy à elle.  

Elfrida but en douce une demi-pinte de vodka avant de partir avec Reggie pour la soirée. Elle se sentait fin soûle, mais savait qu’elle arriverait à rester cohérente si elle ne buvait plus rien d’autre. C’était un truc efficace qu’elle avait appris : ne jamais aller à une fête pour picoler, mais picoler d’abord et aller à la fête après.

Ah, le charme ! songea-t-elle. Un concept anglais très difficile à cerner, très connoté. Pour elle, cela voulait dire discret, poli, affable mais sans effusion, capable de parler de tout et de rien. Voilà qui résumait assez bien Talbot Kydd.

Acheter un vêtement plus cher eût été absurde. Le but était symbolique : la canne, le manteau de fourrure, les bottes en caoutchouc. Tout ce qu’il lui fallait à présent, c’était une pierre de bonne taille mais qui tiendrait dans sa poche.

Lu en octobre 2021

« La femme parfaite » de J. P. Delaney

Place à un thriller psychologique, aujourd’hui, pour respirer un peu entre deux lectures difficiles, je dirais même pour reprendre mon souffle car je suis plongée dans un OVNI « Apeirogon », tellement dense que j’ai besoin de faire une pause de temps en temps, avec ce livre :

Résumé de l’éditeur :

« Ma chérie, il faut que je t’explique quelque chose », dit-il en prenant sa main. « Ce n’était pas un rêve. C’était un téléchargement. »

Lorsqu’Abbie se réveille à l’hôpital, elle ne se souvient de rien. L’homme à son chevet prétend qu’il est son mari. Il est un géant de la tech, le fondateur d’une des startups les plus innovantes de la Silicon Valley. Il lui dit qu’elle est une artiste talentueuse, la mère dévouée de leur jeune fils – et la femme parfaite.

Cinq ans plus tôt, elle aurait eu un grave accident. Son retour à la vie serait un miracle de la science, une révolution technologique dans le domaine de l’intelligence artificielle pour laquelle il a sacrifié dix ans de sa vie.

Mais alors qu’Abbie se souvient petit à petit de son mariage, elle commence à remettre en question les motivations de son mari, et sa version des événements. Doit-elle le croire quand il affirme qu’il veut qu’ils restent ensemble pour toujours ? Et que lui est-il vraiment arrivé cinq ans plus tôt ?

Ce que j’en pense :

Abbie se réveille à l’hôpital, et ne se souvient de rien : page blanche, elle ne sait plus qui elle est, ni ce qui a bien pu lui arriver et cerise sur le gâteau, Tim, son mari, lui apprend qu’elle a été « téléchargée » : elle est devenue un « cobot », un bijou d’intelligence artificielle. Tim lui a donné un « corps » entièrement artificiel, mais splendide, bien-sûr, il suffit de descendre une fermeture éclair pour voir ce dont elle est constituée et il lui a donné des « émotions », en fonction de ce qu’elle était dans sa vie d’avant.

« Le mot cobot est la contraction de « compagnon » et de « robot ». Des études menées avec des prototypes suggèrent qu’un robot peut soulager la douleur due à la disparition d’un être cher en apportant un réconfort, une présence, un soutien émotionnel durant la période de deuil. »

En fait, Abbie a disparu il y a quelques années et son mari fou de chagrin ne parvenant pas à faire son deuil l’a « reconstituée ». A priori, il a agi par amour et pour effacer son chagrin. Il lui « télécharge » régulièrement des « souvenirs ». Tim est un de ces géants de l’informatique et de la robotique avec son entreprise « Scott Robotics »

De retour à la maison, Abbie retrouve son fils Danny, victime d’un syndrome de Heller, un trouble désintégratif de l’enfance : tout allait bien jusqu’à l’âge de deux ans et brusquement il y a une régression, et les parents se retrouvent devant un enfant qu’ils ne reconnaissent plus. Danny semble la reconnaître mais il est chaperonné par Zian, son éducatrice très spéciale…  

A priori, c’était un couple idyllique, Tim le passionné de robotique, et Abbie, l’artiste, un mariage en grande pompe digne d’ Hollywood… En fait, les choses sont beaucoup moins romantiques que prévues, et on découvre peu à peu, la véritable personnalité de Tim, ses relations avec les membres de son équipe, et sa conception de la « femme » fait frémir. Certaines des formules qu’il emploie sont des perles….

Une histoire passionnante sur l’intelligence artificielle, que je ne tiens pas particulièrement dans mon cœur, ce n’est un secret pour personne car les dérives me font peur, sur le milieu Geek, sa misogynie, sur la perversion, en passant par les méthodes de prise en charge de Danny (les décharges électriques utilisées larga manu pour « rééduquer » les comportements non conformes… méthodes qui rappellent celles en cours dans la psychiatrie de l’ex-URSS, (mais ce n’était pas les seuls).

J’ai eu envie de lire ce roman, parce que j’avais apprécié un précédent roman de J.P. Delaney, « Mensonge » et je voulais retrouver son univers. Et je l’ai bien aimé, car l’intrigue est très intéressante ainsi que toutes les réflexions sur les robots et leurs dérives possibles, le milieu sexiste des entreprises de la Silicon Valley où le quota de femmes est impressionnant car elles brillent par leur absence : 5% de dirigeantes, et 10% des codeurs sont des femmes… ou encore le syndrome de Heller ou la place de l’éthique dans ce milieu…

La conception que se fait Tim de la femme est extraordinaire, la mère et la putain : Sigmund aurait beaucoup aimé le faire passer sur le divan, mais évidemment, cet « esprit lumineux » pense que la psychiatrie est une des voies d’exploration de la robotique : c’est sûr on se confiera sans problème à un robot. De toute manière Sigmund ne se plaisait-il pas à dire « le malade guérit avec ou sans thérapeute » …

Un petit mot sur l’idée imparable de Tim pour faire face à l’épuisement des énergies fossiles et aux océans de microplastiques, horizon 2050 :

« Les fermiers robotisés multiplieront la production alimentaire par vingt. Les soignants robotisés offriront à nos seniors une vieillesse digne. Les plongeurs robotisés nettoieront les dépotoirs que sont devenus nos océans. Etc., etc. Mais chaque étape doit être financée par les bénéfices de la précédente… »

On en reste sans voix, on pourrait rajouter « et tu vénèreras un Dieu : le Fric… mais il faudrait peut-être se rappeler que « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » comme le disait à son époque notre ami Rabelais

Bref, j’ai beaucoup apprécié ce roman, thriller psychologique bien construit, que je n’ai plus lâché au bout d’une vingtaine de pages et devinez quoi ? J’avais de plus en plus envie de Abbie, donc l’IA gagne mais ne divulgâchons point !

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Fayard Mazarine qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver l’univers de J. P. Delaney dont il faut absolument que je procure « La fille d’avant »!

#Lafemmeparfaite #NetGalleyFrance

8/10

Extraits :

Tim Scott était, ou serait bientôt, à l’intelligence artificielle ce que bill Gates était aux ordinateurs, Steve Jobs aux smartphones et Elon Musk aux voitures électriques. On l’idolâtrait, on le craignait…

Quand un enfant meurt, c’est une tragédie aux yeux du monde entier. Les parents sont accablés par le chagrin, mais le chagrin peut s’estomper tôt ou tard. Le syndrome de Heller, lui, vous prend votre enfant et le remplace par un inconnu, un zombie brisé qui bave et habite son corps. D’une certaine manière, c’est pire que la mort. Car vous continuez à aimer cet inconnu, tout en portant le deuil de l’adorable petite personne que vous avez perdue.

Tu t’aperçois qu’il a tenté de réduire au maximum les différences entre ton nouveau corps et l’ancien. Ta poitrine se soulève et retombe, comme si tu respirais. Quand il fait froid, tu grelottes, et quand il fait chaud, tu dois ôter un vêtement. Le soir, tu vas te coucher dans une chambre d’amis, afin de ne pas déranger Tim, et tu dors, ou plus exactement tu passes en mode faible consommation, pendant lequel tu recharges tes batteries et télécharges d’autres souvenirs.

Quand tu y réfléchis, le travail de thérapeute fait partie des secteurs murs pour l’automatisation. Le but, c’est d’être constant et répétitif. Tout prouve qu’un robot peut accomplir cette tâche bien plus efficacement qu’un humain.

Tu fermes les yeux et laisses l’élixir du souvenir se répandre dans ton organisme, comme l’héroïne dans les veines du drogué.

Plus tu y réfléchissais « sérieusement », plus tu détestais cette idée du mariage. Quelle méthode ingénieuse, depuis toujours, pour contrôler les femmes ! L’épouse se donnait (ou était donnée par son père) à son mari, dont elle devenait la propriété…

Pour la plupart, on avait débarqué dans la Silicon Valley à une époque grisante, où une nouvelle génération semblait posséder enfin les outils et l’intelligence nécessaire pour changer le monde. Les hippies avaient essayé et échoué ; les Yuppies et les banquiers avaient eu leur chance. Maintenant, c’était à nous, les Geeks. On était gonflés à bloc, entreprenants, convaincus de la noblesse de notre mission…

L’idéalisme est simplement du réalisme à long terme.

Monachopsis, l’impression de ne pas se sentir à sa place…

Les gens ne veulent pas que leurs robots aient des sentiments. Parce que si les machines ressentent les mêmes choses que les humains, tôt ou tard, une âme sensible décidera qu’on doit les « traiter » comme des humains. Du coup, tout l’argument économique s’envole.

En fait tu souffrais du… comment on appelle ça ? … Le syndrome de Pangloss. Tout était toujours beau, génial et « parfait » dans ce nouveau monde extraordinaire que vous construisiez ensemble, Tim et toi. Beurk.

C’est pour cette raison qu’il existe si peu de mathématiciennes de premier plan. C’est Darwinien. Les hommes construisent des maisons, les femmes bâtissent le foyer…

Lu en octobre 2020

« Le journal de Claire Cassidy » : Elly Griffiths

Je vous parle aujourd’hui d’un thriller avec :

Résumé de l’éditeur

Dans le collège où elle enseigne, Claire Cassidy donne chaque année un cours sur un classique de la littérature gothique, L’Inconnu, dont l’auteur, R.M. Holland, a vécu et enseigné dans le même collège qu’elle. Fascinée par ce personnage qui hante encore les murs de l’établissement, Claire travaille à l’écriture de sa biographie. Mais un jour, Ella, sa collègue et amie, est retrouvée morte. À côté de son corps, une citation de L’Inconnu… La littérature et le réel entrent alors en collision, et Claire devient suspecte aux yeux de la police. Le mystère s’épaissit lorsqu’elle ouvre son journal intime et découvre une écriture qui n’est pas la sienne : « Bonjour, Claire. Tu ne me connais pas. » L’inconnu, lui, connaît Claire, jusqu’à ses moindres secrets, et il n’est visiblement pas étranger aux meurtres qui vont se succéder au sein même du collège, toujours inspirés du livre de R.M. Holland.

Claire arrivera-t-elle à changer la fin de l’histoire ?

Ce que j’en pense

Ce polar se déroule dans un collège qui fût autrefois la maison de R. M. Holland, auteur de « L’inconnu » qui l’a rendu célèbre et sur lequel Claire Cassidy est en train d’écrire un livre.

Claire a été embauchée le même jour qu’Ella pour enseigner la littérature anglaise aux élèves. Elles sont amies, leur passe-temps favori, en dehors de la lecture, est de regarde « Danse avec les stars. Elles travaillent avec Rick, qui fantasme sur Claire, allant jusqu’à l’épier devant sa maison, mais il est marié et Claire l’envoie promener.

Lors d’un stage, c’est Ella qui cède aux avances de Rick…

On la retrouve chez elle, morte, poignardée, avec des blessures aux mains, tels des les stigmates de la crucifixion. Entrent alors en scène, le lieutenant Kaur, de son prénom Harbinder et son coéquipier le lieutenant Wilson.

En fait, tout le monde est suspect, il peut s’agir d’un autre professeur, notamment Rick le harceleur, mais aussi d’un élève, car certains sont particuliers…

Claire tient son journal depuis l’enfance pratiquement, à part quelques périodes où sa vie était plus heureuse (pendant son mariage par exemple) depuis son divorce elle écrit à nouveau, évoquant ses relations avec son ex, avec ses collègues, ou ses angoisses car Georgie « sort » avec Ty qui a quelques années de plus qu’elle.

Et, mystérieusement, quelqu’un rajoute des petites phrases dans ce journal…

En fait, tout le monde écrit, dans ce collège : Georgie, la fille de Claire tient son journal via internet « monjournalintime.com » où elle peut rendre public ce qu’elle veut, ce qu’elle juge bien écrit… Elle y retrouve Patrick, Tash, Venetia, les amis avec lesquels, elle participe à l’atelier d’écriture de Madame Hughes, qui est la professeure d’anglais des terminales, qui leur parle réincarnation, spiritisme et bien sûr, Claire n’est pas au courant…

Ce qui m’a plu dans ce thriller : le côté fantastique, avec le fantôme d’Alice Holland qui apparait parfois dans les escaliers, présage de mort, mais aussi tous les petits secrets des uns et des autres, car la communication entre adultes et adolescents est quasi inexistante.

Elly Griffiths alterne le récit de « L’inconnu » de Holland, et les journaux intimes, des uns et des autres, et les points de vue : celui de Claire, de Harbinder, de Georgie…

Notre lieutenant Kaur est géniale : à trente cinq ans elle habite toujours chez ses parents, des Sicks parents qui ne comprennent pas qu’elle fasse un métier d’homme au lieu de se marier avoir des enfants et faire la cuisine…

J’ai passé un bon moment, avec ce roman « so british » car l’intrigue est bien construite et on ne devine pas au milieu du livre qui est le tueur (ou la tueuse) et les indices sont distillés au compte-gouttes sur fond de littérature (on s’attendrait presque à voir passer Jane Austen). J’ai souvent pensé à Agatha Christie durant cette lecture…

Un grand merci à NetGalley et aux Editions Hugo Thriller qui m’ont permis de découvrir ce thriller, et son auteure.

#LejournaldeClaireCassidy #NetGalleyFrance

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L’auteure :

Née à Londres, Elly Griffiths vit aujourd’hui près de Brighton avec sa famille. Elle est l’auteur d’une quinzaine de thrillers.

Extraits :

J’ai l’esprit libre et quand je rentre à la maison, rien ne vient m’empêcher d’écrire toute la soirée. Je travaille à une biographie de R.M. Holland. Il m’a toujours intéressée depuis que dans mon adolescence j’ai lu L’Inconnu dans une anthologie d’histoires fantastiques.

J’allais enseigner la littérature anglaise pendant la journée et le soir, inspirée par mon environnement, j’écrirais sur Holland, sur sa vie de reclus, la mort mystérieuse de sa femme, sa fille disparue.

Il y a quelques histoires qui circulent. On dit qu’une femme est tombée du dernier étage. D’après certains, ça aurait été la femme d’Holland. Ou sa fille. Quelques élèves racontent qu’ils ont vu une femme en chemise de nuit blanche qui descendait l’escalier. Ou qu’on peut voir parfois une vague silhouette qui tombe. Apparemment la tache de sang est encore visible juste devant le bureau du directeur.

J’appris par la suite qu’Ella, qui était une fan de Jane Austen, s’identifiait à Elizabeth Bennet. Mais à mes yeux, elle ressemblait beaucoup plus à Emma.

« Il y a souvent des archétypes dans les histoires fantastiques, leur dis-je. Le jeune homme naïf, le confident, le traître, la femme maléfique.

On pouvait enfermer les femmes dans des institutions psychiatriques à cette époque si elles souffraient de dépression post-partum ou si elles désobéissaient à leur mari. Il y a même des cas où on enfermait les femmes parce qu’elles s’adonnaient à “la lecture excessive de romans”.

Kush travaille à la boutique et Abid est électricien. Mes frères ont cinq enfants en tout et ils portent tous deux encore leurs turbans. Du point de vue de mes parents, c’est là un succès retentissant. Quant à moi, moins on en dit, mieux ça vaut : trente-cinq ans, célibataire, occupée à faire ce que maman appelle « un travail d’homme ». S’ils savaient que je suis gay, ce serait la fin de tout.

Je n’ai rien contre les chiens, mais je préfère qu’ils aient l’air de chiens. Mes parents ont un berger allemand qui s’appelle Sultan. Il est censé garder le magasin, mais en fait il dort sur leur lit et on le traite comme un fils (et bien mieux que leur fille).

Le truc, c’est qu’aucune de nos mères ne nous comprend, elles en sont congénitalement et sociologiquement incapables.

Mais de toute manière, je ne veux pas de funérailles dans une église. Je veux être éparpillée aux quatre éléments. La terre pour mon corps, l’eau pour mon sang, l’air pour mon souffle, le feu pour mon esprit. »

Lu en février 2020

« Les détectives du Yorkshire: T3 de Julia Chapman

Ce qui devait arriver arriva : je me suis laissée prendre au jeu et j’ai enchaîné avec le troisième tome : « Rendez-vous avec le mystère »

 

Les détectives duYorkshire T3 Julia Chapman

 

Résumé de l’éditeur

 

La mort n’a pas dit son dernier mot.

Le troisième tome de la série de cosy mysteries Les Détectives du Yorkshire, déjà un succès !
Engagé par le notaire local, Matty Thistlethwaite, pour retrouver le certificat de décès d’une femme morte une vingtaine d’années plus tôt – et ainsi clore la succession de cette dernière –, Samson O’Brien, de l’Agence de Recherche des Vallons, s’imagine que l’affaire sera vite pliée. Mais le détective privé est sur le point de découvrir que les choses à Bruncliffe sont rarement aussi simples. En particulier quand Matty insiste pour que Delilah Metcalfe, qui connaît parfaitement la ville et tous ses habitants, collabore avec lui.

Delilah, quant à elle, saute sur l’occasion d’aider son locataire, ne serait-ce que pour se changer les idées… En effet, outre la bataille judiciaire pour la garde de son chien, Calimero, qui approche à grands pas, elle doit faire face à la menace de faillite qui plane toujours sur son agence de rencontre.

À mesure que Samson et Delilah enquêtent, ils se retrouvent entraînés dans un mystère qui pèse sur la ville depuis des décennies. En cherchant la vérité, ne risquent-ils pas d’exposer des secrets que certains auraient préféré garder enfouis ?

 

Ce que j’en pense :

 

Ce troisième tome commence avec un « drame » au suspense inouï : l’ex-mari de Delilah veut récupérer Calimero, ce brave chien gourmand, affectionnant au passage la bière. Ambiance tendue au maximum ! comment empêcher cela de se produire ! Je plaisante bien-sûr!

Justement le notaire de Bruncliffe, Matty Thistlethwaite doit régler la succession d’une femme du village. Or, par testament la vieille dame lègue la moitié de ses biens ainsi qu’un carton à chaussures renfermant des objets hétéroclites, à sa fille, déclarée décédée après avoir été renversée par une voiture.

Sansom est donc chargé de retrouver l’avis de décès qui n’existe semble-t-il pas. Évidemment Delilah s’impose sur l’enquête, car il faut bien faire rentrer de l’argent pour combler les dettes, alors que le site de rencontre et les speed-dating sont un peu en panne.

On va donc suivre le duo sur les traces de Livvy : pourquoi elle a quitté la ferme et la ville ? que se passait-il derrière les murs de la ferme : violence conjugale, alcool ? Où est passé le chien de Livvy, dont elle ne se séparait jamais ? Pourquoi cette enquête dérange-t-elle ? Ou plutôt qui ?

J’ai aimé retrouver les deux héros, Delilah et sa famille déjantée, les commérages dans la petite ville où tout le monde sait tout avant même la police et les gens concernés. Le mystère se devine aisément, mais ce n’est pas pour cela que cette série est attachante, c’est pour la ville et ses habitants…

Une scène touchante : Joseph O’Brien, luttant face à la bouteille de whisky, pas encore ouverte, posée sur la table et tentant de résister à la tentation. L’ouvrir ou ne pas l’ouvrir ?

On se souvient que le père de Samson, depuis son entrée à la maison de retraite, avait réussi son sevrage alcoolique. Mais, dans le tome précédent, la criminelle avait introduit de force de l’alcool dans sa bouche, après l’avoir endormi, avant qu’on la neutralise.

Une gorgée de liquide a remis le feu a ses papilles lui redonnant l’envie de boire. Il a tellement peur du jugement qu’il ne sait pas à qui demander de l’aide.

La suite m’attend bien-sûr, car pourquoi bouder son plaisir? et ce brave Caliméro, braque de Weimar qui porte si bien son nom, est tellement trognon ! et j’aime tellement passer d’un roman intello à une lecture sympathique, il manque juste un bon fauteuil et le feu dans la cheminée… Encore un peu de patience et j’aurai droit au fauteuil !

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Bof, le plus beau chien du monde je trouve que c’est exagéré, rien ne vaut un Yorkshire!!!

 

Extraits:

 

Les histoires de famille pouvaient être terriblement compliquées, Samson le savait d’expérience. Tout comme il savait que les gens comprenaient rarement ce qui se passait véritablement au sein d’une famille. La sienne en était la meilleure preuve. Il avait suffi d’une bagarre à un baptême pour que le tout Bruncliffe le considère comme une brebis galeuse, tout cela parce qu’il s’était battu avec son père.

 

Si Simon avait appris une chose au cours de ses trente-quatre années de vie sur terre, c’était que les familles constituaient un corpus de lois par elles-mêmes et qu’il valait mieux ne pas y toucher.

 

Joseph O’Brien, alcoolique réformé, se leva sans enthousiasme, parfaitement conscient de sa décision. Et de ce qu’elle impliquait. Sans enthousiasme et avec le sentiment horrible que son fils savait de quoi il retournait. Joseph avait pu cacher la vérité à ses amis, mais la cacher au regard perçant de ces yeux bleus qui se posaient sur lui, ce n’était pas possible. C’étaient ses yeux à Elle.

 

Lu en janvier 2020

« Les détectives du Yorkshire: T2 rendez-vous avec le mal » de Julia Chapman

Je vous parle aujourd’hui du deuxième tome de la série « Les détectives du Yorkshire » dont le sous-titre est « Rendez-vous avec le mal » :

 

Les Detectives du Yorkshire Tome-2-Rendez-Vous-avec le mal de Julia Chapman

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

Quand Mme Shepherd se rend à l’Agence de recherche des Vallons, convaincue que quelqu’un cherche à la tuer, Samson O’Brien, détective privé, met cela sur le compte des divagations d’une vieille dame un peu sénile. Pourtant, après une série de curieux incidents à la maison de retraite de Fellside Court, il en vient à se demander si, finalement, il n’aurait pas dû la prendre plus au sérieux…

Alors que les fêtes de Noël approchent, Samson se lance dans une enquête complexe, qui lui demandera de renouer avec les habitants de Bruntcliffe – les mêmes qu’il a fuis une dizaine d’années auparavant. Et qui mieux que la tempétueuse Delilah Metcalfe, propriétaire de l’Agence de rencontre des Vallons, peut l’aider à regagner leur confiance ? Ensemble, Samson et Delilah vont devoir coopérer pour déjouer les menaces qui planent sur les personnes âgées de la région. Avant qu’il ne soit trop tard…

 

 

Ce que j’en pense :

 

 

Une cliente se présente à l’agence de détective de Samson O’Brien qui commence à se faire un nom, après sa première enquête (notamment quand il s’est extrait de l’incendie en petite tenue !).

Il s’agit d’Alice Shepherd, une vieille dame habitant la maison de retraite, qui pense qu’on veut l’assassiner : des objets disparaissent et réapparaissent bizarrement : une montre, un foulard… mais son discours un peu incohérent n’est pas pris au sérieux par Samson, la vieille dame n’a plus toute sa tête…

Etant donné que son père vit dans la même maison de retraite, il va se renseigner quand même, mais ne prend pas l’histoire au sérieux. Et pourtant, la vieille dame meurt, officiellement d’un problème cardiaque, et on ne va pas chercher plus loin, car le coroner trouve l’autopsie inutile.

Vent de panique quand même parmi les potes d’Alice et d’autres décès vont suivre…

D’un autre côté, un fermier vient demander à Samson d’enquêter sur l’enlèvement de son bélier, une belle bête de concours…

Pendant ce temps, Delilah continue à se battre pour survivre financièrement et continue les speed-dating et mauvaise nouvelle, son ex-mari veut récupérer la garde de…. Calimero, le brave chien…

J’ai retrouvé avec plaisir les deux héros, Samson et Delilah, alors que les fêtes de Noël approchent, et qu’il va falloir affronter sa famille toujours aussi déjantée… L’enquête est bien menée, la vie des personnes âgées en maison de retraite (dont le propriétaire s’est enrichi de manière plutôt malhonnête et qui en pince pour Delilah…) est bien analysée, de même que les conditions de travail, et l’auteure nous promène allègrement dans la chasse au coupable, qui n’est pas forcément celui qu’on croit…

Les nouvelles vont toujours aussi vite dans ce village, pas besoins de réseaux sociaux pour y faire le buzz…

On apprend plus de choses sur les voisins de Samson (la ferme de son père, alcoolique depuis la mort de son épouse, qui a été acquise dans des conditions plus que douteuses) : George et sa passion pour les vieux tracteurs, et surtout Ida toujours présente lorsque Samson était enfant) dont la personnalité est particulière, de même que sa manière de parler…

Il se trouve qu’Ida fait le ménage dans la maison de retraite…

Tous les personnages sont attachants, y compris les plus caricaturaux, la traque pour retrouver le bélier est drôle et l’enquête est sympathique. J’ai trouvé les seniors particulièrement dynamiques, ce qui n’est pas le cas en général dans les maisons de retraite… et les décors sont toujours aussi somptueux…

On ne nage pas dans les enquêtes sophistiquées, avec des hectolitres d’hémoglobine, mais j’aime bien cette série, j’ai ri souvent et j’imagine sans problèmes les relations entre tous les membres de  cette petite communauté, donc je vais continuer l’aventure, ne serait-ce que pour savoir qui aura la garde de Calimero, ce  brave chien à l’anxiété légendaire….

 

  ❤️ ❤️ ❤️ ❤️

 

Extraits :

 

C’était du pur Bruncliffe : tout le monde se mêlait des affaires de tout le monde et – cerise sur le gâteau – voilà qu’une retraitée un peu dérangée faisait le boulot à sa place. Il étouffa un gémissement. Pile la raison pour laquelle il avait quitté sa ville natale en premier lieu : la claustrophobie. Le manque d’intimité. Le thé à vous tuer un bœuf.

 

Quand on avait diagnostiqué le cancer qui devait enlever Kathleen O’Brien à l’affection de sa famille en seulement six mois, Ida Capstick était entrée en scène. Pour faire le ménage, la cuisine, s’occuper du jeune Samson lorsque ses parents se rendaient à l’hôpital.

Et quand Joseph O’Brien avait commencé à noyer son chagrin dans l’alcool après la mort de sa femme, George Capstick – le drôle de vieux George, avec son approche particulière de la vie – avait tout naturellement commencé à travailler à la ferme…

 

Lu en décembre 2019

 

« Vas, vis, guéris » de Julia Buckley

Je vous parle aujourd’hui d’un livre que j’ai mis beaucoup de temps à lire mais cela en valait la peine:

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

Comme un tiers de la population de Grande-Bretagne, Julia Buckley souffre de douleurs chroniques. D’après ses médecins, cette douleur est incurable. Mais elle refuse de les croire et pense qu’un miracle est possible. Il faut seulement trouver le bon.
La quête de guérison de Julia va prendre des allures de tour du monde ; elle se lance dans l’exploration de tous les domaines des sciences, de la psychologie et de la spiritualité. Elle va rencontrer des praticiens qui interviennent en marge de la médecine conventionnelle, traditionnelle et alternative. De la réinitialisation neuroplastique du cerveau à San Francisco à la marijuana médicinale dans le Colorado, en passant par les rites vaudous en Haïti à la « chirurgie sacrée » au Brésil, elle est prête à tout. Sa route croise celle de de tous ceux qui affirment détenir la clé des maux : savants, psychiatres, sorciers ou guérisseurs… Elle a ainsi essayé une trentaine de traitements alternatifs à travers les cinq continents.

Ce livre soulève des questions fondamentales sur les pratiques de la médecine contemporaine côté patients ; il souligne le combat à mener pour conserver une image positive de soi face aux soignants. Ces soignants qui n’hésitent pas à qualifier leurs patientes d’hystériques pour masquer leur impuissance.

Ce récit foisonnant, à la fois drôle et émouvant, passe au crible les relations que nous entretenons non seulement avec les soignants mais aussi avec nous-mêmes et nos certitudes. Une lecture qui nous permet de redécouvrir l’importance de la foi, de l’espoir et d’un certain cynisme.

Traduit de l’anglais par Laurence Kiefe 

 

Ce que j’en pense

 

Julia à la suite d’un faux mouvement pour attraper une tasse de café (refroidi depuis longtemps en plus !) se retrouve avec une douleur fulgurante évoquant une névralgie cervico-brachiale. Mais très vite la douleur s’incruste, malgré tous les médicaments ingurgités, massages… et se « chronicise ».

Tout son corps va être envahi par la douleur, et Julia ne sera plus que douleur désormais.

Elle va suivre scrupuleusement les programmes que lui propose le système de santé britannique, ce qui permet au passage de voir comment il fonctionne !

On va lui poser des tas de diagnostics, aux noms tous plus fumeux les uns que les autres, bien cachés derrière des acronymes c’est encore mieux.

On assiste, peu à peu, à une chute dans les profondeurs de l’Enfer : la douleur omniprésents, traitée à coup d’opiacés, inefficaces mais avec des effets secondaires qui pourrissent la vie. Et surtout, comment cela peut conduire à des idées noires et des envies de suicide…

L’auteur évoque très bien la différence de comportement des médecins selon que le patient en face d’eux est de sexe masculin ou féminin : on prend toujours plus au sérieux le sujet masculin, et la prise en charge, du diagnostic au traitement, sera différente.  C’est ce qu’on appelle « le syndrome de Yentl », autre manière de dire que la prise ne charge médicale est sexiste.

Un exemple tout simple : l’infarctus du myocarde chez la femme est moins bien pris en charge, sous-diagnostiqué car les symptômes sont différents, beaucoup moins typique que « la douleur thoracique qui irradie…

Le terme « syndrome de Yentl » a été inspiré par le film de Barbra Streisand où l’héroïne se déguise en homme pour avoir droit à une éducation, à des études qui lui étaient refusées parce qu’elle était une femme.

Julia parle donc très bien de son parcours, de la manière dont les femmes sont traitées de haut par les médecins hommes : « c’est forcément dans la tête madame ».

Elle va finir par se tourner vers les médecines parallèles, gourous, guérisseurs, pèlerinages à Lourdes, (à la quête d’une guérison) qui seront finalement des belles rencontres.

Au départ, je ne voulais pas lire ce livre, car je suis atteinte, moi-aussi, de douleurs chroniques, invalidantes, et j’ai eu droit à des « pinaillages » (je n’ai pas trouvé d’autre terme) entre ma rhumatologue et mon algologue, il suffisait que l’un évoque une maladie pour que l’autre en affirme une autre, par contre les ordonnances, elles, se ressmblaient beaucoup : des opiacés à la tonne, j’ai même eu droit à ce réputé Oxycontin, antidépresseur (à petite dose, les tricycliques marchent sur la douleur !)

Vous êtes fatiguée ? C’est une dépression… que Julia se rassure, même en étant médecin, malade, ce n’est pas mieux, quand le médecin (homme) en face de vous, vous envoie une phrase du style « Descartes a encore des adeptes ! quand on pose une question je vous laisse imaginer ce qu’on peut ressentir : « face à moi, qui suis spécialiste en douleur, ferme-là, je sais ce que je fais. Je suis sûr de mon diagnostic. »

Voici une anecdote pour rire (jaune et à postériori !) : pendant 9 mois, je lui ai dit que je souffrais énormément de ma sciatique, réponse, « c’est une « pseudo sciatalgie » due à une contracture musculaire (sic) et c’est ma généraliste qui a fini par me prescrire un scanner, et bingo : hernies discales !!!! Inutile de préciser qu’on ne s’est pas quittés en très bons termes…

Le fait d’aller voir ailleurs : magnétiseur, ostéopathie, auriculothérapeute (ça c’était assez efficace, mais courte durée, idem pour la mésothérapie…. Je n’ai pas rencontré Jean de Jésus au Brésil, mais des Maîtres tibétains qui m’ont changé la vie…. les vertus de la Foi, de la prière, de la spiritualité en général, sont reconnues.

En fait, chacun doit trouver, SEUL, ce qui lui est bénéfique : la douleur est toujours, fait partie du quotidien, elle est parfois en sourdine, il faut vivre avec et non s’identifier à elle. On passe par les mêmes étapes que dans le processus de deuil.

Ce qui marche pour moi, ce sont : la musicothérapie, la sophrologie, la méditation.

Désolée, j’ai beaucoup parlé de moi, aujourd’hui, mais c’était pour dire que je comprenais le parcours de Julia de l’intérieur. Peut-être que j’écrirai un jour à propos de mon parcours, mais chaque chose en son temps.

Que vous soyez ou non atteint de douleur chronique, ce livre est très intéressant car Julia Buckley ne se contente pas de parler de son expérience personnelle, elle a beaucoup lu, étudié la douleur, sur le plan neurologique, neuromédiateurs, pharmacologie, sans jamais étaler « sa science » et elle donne des références.

J’ai beaucoup apprécié le ton qu’elle emploie, elle n’est pas dans le côté, « parlez de moi, il n’y a que cela qui m’intéresse » et son auto-dérision, (c’est la seule arme pour se protéger des remarques perfides qui viennent parfois des « amis » ou de la famille.

C’est un pavé, qui fait réfléchir, et qui déride (l’image de Julia recouverte de sang et d’abats de poulet » est marquante et amusante.

Un bonus, que j’allais oublier : au début de chaque chapitre, Julia Buckley nous propose une citation : auteur connu ou non, extraite d’un livre ou de la vie personnel de l’auteur, citation qui n’ai jamais choisie au hasard, mais reflète le propos qu’elle veut illustrer dans le chapitre en question.

Un énorme merci à NetGalley et aux éditions J.C Lattès qui m’ont permis de découvrir ce livre et son auteure, et m’ont laissé du temps pour lire ce pavé qui en vaut vraiment la peine.

#VaVisGuéris #NetGalleyFrance

♥ ♥ ♥ ♥ ♥

 

Pour le syndrome de Yentl, ce lien vers le site de l’encyclopédie médico-chirurgicale:

https://www.em-consulte.com/en/article/1124114

 

 

Extraits

 

J’avais perdu la vie depuis un an mais je n’étais pas morte. Non, c’était bien pire – ou du moins c’était ainsi que je le ressentais à l’époque. Je souffrais de douleur chronique. Je ne suis pas sûre que « souffrir » soit le terme adéquat, car il implique l’idée d’une évolution assortie du temps nécessaire pour s’y’ adapter.

 

Mais la douleur chronique, c’est différent. Ce n’est pas simplement une douleur qui s’obstine, c’est une douleur omniprésente.

 

Les médicaments ne font pas d’effet et la science n’a pas – encore – repéré où se trouve le disjoncteur central à réparer…

… Les gens pensent, consciemment ou pas, que ces douleurs sont le fruit de leur imagination…

 

Je lirais tous les livres, j’essayerais toutes les thérapies et je rendrais visite à tous les charlatans, les gourous et les clones de Jésus possibles et imaginables…

 

Le traumatisme, comme je l’apprendrai trois ans plus tard d’un professeur de Harvard, est le marqueur principal de la douleur chronique.

 

Tu vas mieux, ma chérie, que tu t’en rendes compte au pas, dit-il. Je suis médecin, ma chère petite, donc je sais.

 

La science dit que plus on souffre longtemps, moins on a de chance que ça cesse. Au cours d’un processus qu’on appelle la neuroplasticité, le système nerveux entreprend de se réinitialiser : les chemins empruntés par la douleur se renforcent et les circuits normaux se retrouvent atrophiés.

 

Tu vois, Julia ! tout le monde a mal au cou. Si je souffrais infiniment plus que Becky, c’était parce que j’étais paresseuse, en mauvaise condition physique, démotivée…

… à force de m’ennuyer, je ne pensais plus qu’à mes douleurs dans la nuque.

 

Une fois enracinée, la douleur chronique réagit rarement aux médicaments mais si on parvient à briser le cercle, même de façon provisoire, la boîte à fusibles pourra éventuellement se réinitialiser.

 

La pensée positive, ça peut marcher. Mais parfois, ça ne fait qu’étaler sur la réalité un glaçage mièvre qui bloque tout. La TCC produit peut-être quatre-vingt pour cent de joyeux petits automates mais elle risque également de les empêcher de trouver la bonne solution.

 

La pensée négative rend la douleur encore plus prégnante et il n’existe pas de pensée plus négative que « votre état ne pourra jamais s’améliorer ». Parce que pour entuber les gens, on n’a pas encore trouvé mieux que de leur annoncer que, fondamentalement, leur vie est terminée.

 

Lu en octobre-novembre 2019

« Les détectives du Yorkshire: T1 » de Julia Chapman

Je vous parle aujourd’hui du premier tome de la série « Les détectives du Yorkshire » dont le sous-titre est « Rendez-vous avec le crime »:

 

Les détectives du Yorkshire T1 de Julia Chapman

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

La mort est aveugle.

Quand Samson O’Brien débarque sur sa moto rouge à Bruncliffe, dans le Yorkshire, pour y ouvrir son agence de détective privé, la plupart des habitants voient son arrivée d’un très mauvais œil. De son côté, Delilah Metcalfe, génie de l’informatique au caractère bien trempé, tente de sauver de la faillite son site de rencontres amoureuses. Pour cela, elle décide de louer le rez-de-chaussée de ses locaux. Quelle n’est pas sa surprise quand son nouveau locataire se révèle être Samson ? et qu’elle découvre que son entreprise porte les mêmes initiales que la sienne ! Les choses prennent un tour inattendu lorsque Samson met au jour une série de morts suspectes dont la piste le mène tout droit… à l’agence de rencontres de Delilah !
Premier volet d’une série so british, Rendez-vous avec le crime est un polar drôle, plein de charme et au casting haut en couleur.

 

Ce que j’en pense

 

Le retour de Sansom O’Brien dans sa petite ville natale du Yorkshire, Bruncliffe, ne fait pas que des heureux. Il était parti à Londres, policier infiltré, après une xième dispute avec son père, alcoolique notoire surtout après la mort de sa femme, décédée alors que Sansom n’avait que huit ans.

Sa dernière mission sous couverture dans le milieu de la drogue, s’étant, semble-t-il, mal terminée il est obligé de rentrer au pays, discrètement pour se faire oublier. Il ouvre une agence de détective privé au rez-de-chaussée de la bâtisse où Delilah Metcalfe tient une agence de rencontre et anime des speed dating.

Les morts étranges s’accumulent en quelques jours, dans cette petite ville où il ne se passe pas grand-chose habituellement (des crimes en série à la mode « Barnaby » série anglaise bien connue).

 Il semblerait que les « victimes » étaient toutes des clients de Delilah… Evidemment, les pistes vont se croiser entre notre détective et la belle informaticienne qui mène sa propre enquête pour voir s’il peut y avoir des failles dans son site…

Le tout sur fond de pintes de bière, tourtes au fromage, concours de fléchettes, avec des habitants à la rancune tenace, un policier dépassé, des magouilles financières…

J’ai bien aimé ce premier tome, car l’enquête est sympathique, le décor et les protagonistes tout autant, et j’ai eu d’assez nombreux fou-rires, ce qui me donne bien-sûr l’envie de continuer l’aventure.

Voici ce que je connaissais du Yorkshire avant ma lecture :

 

Haïti début décembre 2019

 

Je vous présente Haïti : version je soutiens ma maîtresse qui, depuis quelques temps, passe son temps au lit au lieu de m’emmener en promenade, et pourtant j’insiste lourdement….

 

Haïti 4 11 2019

 

Version, mon maître m’a emmenée chez le toiletteur. Bof!  je suis mieux ébouriffée, non? Puisque c’est comme ça, je squatte le canapé!

 

Lu en décembre 2019

« Dette de sang » de Kevin Wignall

Petit détour par le polar avec ce livre que j’ai lu en alternance avec un essai de Lydie Salvayre dont j’ai parlé hier :

 

 

 

Quatrième de couverture

 

Assise à une terrasse de café ensoleillée d’une petite ville de Toscane, en compagnie de son petit ami, Ella Hatto profite du calme estival et de la beauté des lieux. Son plaisir sera de courte durée, et l’inconnu qui l’observe de loin le sait très bien. Entraînée brusquement dans une spirale infernale qui vient d’emporter ses parents et son frère, Ella doit tirer un trait sur ses projets et ses rêves d’une vie normale. Si elle veut survivre, il lui faudra se montrer forte et impitoyable face à cet ennemi invisible. Avec l’aide de Lucas, un tueur à gages au passé trouble, pourra-t-elle assouvir sa soif de vengeance ?

 

Ce que j’en pense

 

Ce roman démarre sur les chapeaux de roues avec l’assassinat de Ben et de ses parents, exécutés froidement… ça sent le règlement de compte à plein nez !

Au même moment, Ella la fille du couple est en vacances en Italie avec son copain Chris et sont à la terrasse d’un café lorsqu’un homme qui semblait les surveiller discrètement se lève brusquement et abat deux hommes tout aussi froidement…

Il s’agit de Lucas que le père d’Ella a engagé comme garde du corps pour la jeune fille. Qui a commandité ? C’est ce qu’Ella veut savoir et obtenir justice.

La première partie est pleine de suspense, on est captivé par l’histoire. Puis, l’histoire dérive un peu : on voit Chris prendre le large, avec une certaine lâcheté mais qui pourrait le blâmer, affronter une telle situation à un âge où l’on a envie de profiter de la vie. Ella va vivre chez son oncle et glisse dans la dépression, la sidération plutôt mais comment réagir quand on vient de perdre sa famille, d’échapper à la mort en se rendant compte qu’il y avait pas mal de secrets louches dans cette famille.

Peu à peu, Ella va dériver, obnubilée par sa vengeance, reprendre contact avec Lucas, chercher à comprendre et s’enfoncer dans la spirale de la violence.

Lucas est un personnage intéressant : tueur à gage, il a beaucoup de sang sur les mains, mais depuis quelques années aspire à changer de vie, car il comprend qu’il est passé à côté de l’essentiel, son histoire d’amour a volé en éclats et sa compagne l’a tenu à l’écart de sa fille. Ce travail de garde du corps est le dernier avant de tenter de les retrouver.

Kevin Wignall nous propose ici un duo haut en couleurs, une relation forte qui s’installe entre Ella et Lucas, une intrigue pleine de surprises.

Ce polar oblige le lecteur à se demander ce qu’il ferait s’il était confronté au même drame, doutant de tout le monde. Résilience ou basculement dans le règlement de compte ? Comment une jeune fille apparemment équilibrée peut-elle basculer ainsi?

Ce polar est inégal, alternant le suspense et le ronron des cheminements des héros, mais c’est une lecture intéressante malgré les stéréotypes.

J’ai un faible pour le tueur à gages, féru de lecture qui tombe sous le charme des romans de Jane Austen : « Orgueil et préjugés » dans une main, le flingue dans l’autre alors qu’il veut se « ranger des affaires » …

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Amazon Publishing France qui m’ont permis de découvrir cet auteur.

#DetteDeSang #NetGalleyFrance

 

 

L’auteur

 

Kevin Wignall est un écrivain anglais né à Bruxelles en 1967. Fils de militaire, il a passé de nombreuses années dans différents pays d’Europe, avant d’étudier la politique et les relations internationales à l’université de Lancaster. Il devient écrivain à plein temps après la publication de son premier livre, People Die (2001).

Parmi ses autres romans, on citera « L’Homme sans passé » paru aux éditions AmazonCrossing en 2017, ou encore son dernier roman, encore inédit en français, To Die in Vienna (2018). « Dette de sang » a été porté à l’écran par Jonathan Mostow. Il est sorti dans les salles en 2017.

 

 

Extraits

 

Elle regarda l’arme… Elle avait la désagréable impression que, posée sur cette table de chevet, se trouvait une réalité dont on l’avait protégée, une réalité dont son père l’avait volontairement tenue à l’écart, afin qu’elle ne déteigne pas sur son enfance ou son adolescence.

 

Elle n’avait nulle part o aller, rien vers quoi revenir, une vérité qui aurait pu susciter chez elle un nouveau bouleversement intérieur, mais la douleur éprouvée était comme émoussée maintenant, amenuisée par l’épuisement émotionnel qui l’avait gagnée à travers chaque terminaison nerveuse de son corps…

 

Sa fille pouvait être une de ses personnes. Elle pouvait passer à côté de lui, le frôler dans une gare ou un aéroport, sans qu’il n’en sache rien, sans que ni l’un ni l’autre ne sache jamais que leurs chemins venaient de se croiser, pour se perdre aussi vite de nouveau.

 

Tout le monde voulait qu’elle soit heureuse ; c’était leur grand mensonge, prétendre que le but en toutes circonstances, c’était le bonheur. Avale ces pilules, sois heureuse, oublie que le ciel a disparu du monde cet été. Mais, elle se sentait comme un pays en guerre ; on avait envahi son territoire, massacré ses citoyens et elle luttait pour sa survie. Comment expliquer cela à Chris ?

 

Il la vit accuser le coup, mais elle était dangereuse maintenant, et imprévisible. On pouvait le lire dans son regard ; la douleur du deuil avait cédé la place à une détermination aveugle. Ce basculement, il l’avait vu s’opérer trop souvent au cours de sa carrière, et il ne voulait pas être là pour voir le résultat chez elle. Il devait partir maintenant, pendant qu’il avait encore des raisons de le faire…

 

Lu en juin 2019

« Alice » de Heidi Perks

Petit intermède polar, aujourd’hui avec ce roman :

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

Une enfant disparaît. Deux versions du drame. Une seule vérité. Harriet avait confié sa fille à sa meilleure amie Charlotte pour un après-midi à la kermesse de l’école. Charlotte est persuadée de n’avoir quitté Alice des yeux qu’une fraction de seconde. Le temps pour la fillette de se volatiliser. Dévastée, Harriet ne peut plus envisager de revoir Charlotte. Elle ne lui fera sans doute jamais plus confiance. Mais elle n’aura pas le choix. Car, deux semaines plus tard, les deux femmes sont convoquées par la police pour être interrogées séparément. Il semblerait que chacune d’elles ait des choses à se reprocher…

« Un des thrillers les plus aboutis que j’aie jamais lus. » Amy Lloyd, auteure de Innocente.

« Impossible d’aller dormir avant de connaître la fin. » Hollie Overton, auteure de Baby Doll.

 

Ce que j’en pense

 

Tout commence par la disparition d’Alice, la fille d’Harriet qui l’avait confié à son amie Charlotte. C’était la première fois qu’elle acceptait de confier la petite fille, âgée de 4 ans.

Charlotte a emmené ses trois enfants et Alice à une kermesse et elle la perd de vue dans la première attraction. Hélas, elle était en train de consulter Facebook sur son portable à ce moment-là. Combien de temps son attention a-t-elle été relâchée ?

Heidi Perks choisit de s’intéresser aux réactions des protagonistes, de préférence à l’enquête elle-même en laissant Harriet et Charlotte raconter leurs versions de faits, leur ressenti. Elle choisit également de décrire différentes époques de l’histoire, avant, maintenant, maintenant le suspense, égarant les pistes.

Comment affronter le regard des autres quand on a laissé une petite fille échapper à sa surveillance ? Comment l’amitié profonde qui unit les deux femmes peut-elle résister ? Comment résister aussi aux commérages, aux jugements arbitraires de celles qui se disent vos amies et vous fuient du jour au lendemain.

Surtout, elle creuse la relation dans le couple, Harriet et son époux, qui se révèlent très vite beaucoup plus compliquées que l’amour parfait qu’ils affichent devant les policiers, les journalistes. En parallèle, on voit la réaction des parents lorsqu’on leur annonce la disparition de leur fille, et ce que cela déclenche comme réaction en chaîne, l’amour résiste-t-il, et quelle sorte d’amour ? Très vite on se rend compte qu’il est surprotecteur avec elle, mais cela va se révéler beaucoup plus compliqué pour le plus grand plaisir du lecteur…

J’ai beaucoup aimé ce thriller, qui dénote par rapport aux polars traditionnels riches en hémoglobine, où les policiers sont au premier plan. Ici, on est dans l’étude des relations de couple, d’amitié, de perversion et surtout de manipulation.

Un seul petit bémol, j’aurais aimé que Heidi Perks fouille davantage dans la personnalité de ses personnages.

Plus on avance dans la lecture et plus celle-ci devient addictive et j’ai lu la dernière partie en apnée, jusqu’à une heure avancée de la nuit.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions les éditions Préludes qui m’ont permis de découvrir ce roman ainsi que son auteure.

#Alice #NetGalleyFrance

 

L’auteur

Romancière anglaise, Heidi Perks est diplômée en gestion de commerce à l’Université de Bournemouth en 1997, elle a travaillé pendant quinze ans dans le domaine du marketing avant de se consacrer entièrement à l’écriture en 2012.

« Alice » est son premier roman.

 

Extraits

 

Un jour, Alice éprouverait, elle aussi, le désir de prendre son envol, tout comme elle-même avait fait. Sa propre mère s’était beaucoup trop accrochée à elle et elle savait pertinemment combien cette attitude pouvait être destructrice. Elle s’était promis de ne jamais se comporter ainsi avec ses propres enfants, et pourtant, c’est bien ce qui s’était produit.

 

Je savais qu’ils avaient toujours tendance à se cacher de moi ou à aller vadrouiller quelque part. Mais Alice ? Je ne pouvais pas l’imaginer faisant une chose pareille. Elle semblait si fragile qu’elle n’avait rien de commun avec les autres gamins que je connaissais. Mais, perdre l’enfant d’une autre était proprement impensable.

 

Ses angoisses de maman à propos de sa petites étaient-elles inscrites dans ses gênes ? se demanda-t-elle. Elle-même aurait-elle été une mère différente si son père avait toujours été là, aplanissant pour son épouse la voie de la parentalité ? Avec sa mère pour seule et unique guide, il n’était pas surprenant qu’elle soit devenue aussi surprotectrice à son tour.

 

Pourquoi tous ces gens s’intéressaient-ils tant à moi ? Ils devraient plutôt se concentrer sur le monstre qui avait enlevé Alice, au lieu de quoi, c’était moi l’objet de toutes leurs attentions. Pourquoi tous ces gens tenaient-ils à ce point à s’assurer que c’était moi et moi seule la grande responsable ?

 

Lu en mai 2019