Quand je suis allée récupérer « Chaleur humaine » à la médiathèque, une fidèle lectrice rendait ce roman de Pierre Lemaître qu’elle avait beaucoup aimé, confirmé par la bibliothécaire, alors je suis partie avec les deux livres…
Ce que j’en pense :
Cramponnée au volant de sa R25, Mathilde trépigne car elle est coincée dans les embouteillages, elle râle, insulte tout le monde même Ludo, le dalmatien, en prend pour son grade. Mathilde est pressée, elle a un contrat à exécuter. Si, si, un contrat, comme la mafia : un mystérieux ami, Henri, alias le commandant, qu’elle a connu dans la Résistance lui a désigné une victime à abattre.
Ce sera chose faite, en pleine rue, alors que l’industriel promène son Teckel, deux balles dans les testicules pour le fun et une dans la tête pour finir, et pendant qu’elle y est, autant trucider le Teckel, que deviendrait-il sans son maître….
Mathilde fut une belle femme autrefois, mais en 1985, elle s’est empâtée, trente kilos au moins, mais garde un certain charme.
Elle a réussi sa mission, malgré les petits arrangements dans le mode d’exécution, et devrait se débarrasser de son arme car on lui en fournit une différente chaque fois pour ne pas éveiller les soupçons. Mais parfois, elle les garde et les range dans un carton à chaussures. Mais, en saut lieu on s’inquiète : pourquoi avoir visé les testicules ? Même Henri essaie de comprendre et l’appelle le lendemain mais elle trouve une explication…
Entre deux contrats, Mathilde a une vie ordinaire, elle a épousé un médecin aujourd’hui décédé, un peu par dépit car elle était amoureuse d’Henri, qui avait aussi un béguin pour elle, mais la manière cruelle dont elle a exécuté un officier allemand pendant la guerre, sans éprouver la moindre émotion lui a fait prendre un autre chemin. Dangereuse, Mathilde !
On va suivre Mathilde au fur et à mesure des contrats qu’on lui confie, mais on commence à se demander si Alzheimer n’est pas entrée en contact avec son cerveau, car elle commence à avoir envie de trucider tout le monde, le voisin qui lui apporte des légumes, une jeune femme dont elle a noté l’adresse sans se souvenir du pourquoi et du comment : dommage collatéral…
J’ai littéralement dévoré ce roman, les ruminations de Mathilde qui parle avec Henri dans sa tête, le pauvre Ludo, le chien, qu’elle malmène sans vergogne… c’est jouissif pour le lecteur de la suivre au fil des contrats et de ses délires, même si on ne voudrait en aucun cas l’avoir comme voisine, avec un final en apothéose… On ne meurt que d’une chose durant cette lecture, c’est de rire…
J’ai découvert Pierre Lemaître avec « Au revoir là-haut » et depuis je dévore : la saga, la suite avec « Le Grand Monde », mon préféré, mais je connaissais très peu l’auteur de polars n’ayant lu que « Robe de marié » qui m’a beaucoup plus et je suis conquise. Il a sorti ce roman, écrit dans les années quatre-vingts et non publié, d’un tiroir et a décidé de le publier sans modifier le texte sinon, cela aurait été un autre livre explique-t-il.
8/10
Extrait :
Mathilde conduit très près du volant parce qu’elle a les bras courts. Elle a soixante-trois ans, elle est petite large et lourde. En regardant son visage, on devine qu’elle a été belle. Très belle même. Sur quelques photos remontant à la guerre, c’est une jeune fille d’une grâce étonnante, silhouette souple, cheveux blonds encadrant un visage rieur et d’une grande sensualité. Aujourd’hui, bien sûr, tout a doublé, le menton, la poitrine, le derrière, mais elle conserve ces yeux bleus, ces lèvres minces et ce quelque chose d’harmonieux dan le visage qui demeure la trace de son ancienne beauté…