Je vous parle aujourd’hui d’un livre dont le sujet est terriblement d’actualité :
Quatrième de couverture :
Face au mal qui se propage
Et qui a tué sa fille
Pour les millions de victimes passées
Et les millions de victimes à venir
Virgil Solal entre en guerre,
Seul, contre des géants
Ce que j’en pense :
En mission dans le delta du Niger, Virgil Solal est chargé de rapatrier en France Laura, une jeune humanitaire d’Amnesty International, car il y a eu une marée noire de plus, donc catastrophe écologique. Celle-ci en profite pour lui montrer l’état déplorable des lieux, où le pétrole est exploité dans des conditions déplorables, sans que cela perturbe les dirigeants…
Quelques années plus tard, Laura qui a épousé Solal accouche d’une petite fille qui ne survivra pas : fibrose pulmonaire, les poumons sont collés, donc incapables de respirer et il va s’avérer que c’est une conséquence de la pollution.
Virgil, ne supportant pas la perte de son enfant, si l’impuissance de la médecine, va imploser et se lancer dans une opération d’envergure pour sensibiliser l’opinion publique. Il a kidnappé avec son équipe, dont le visage est recouvert d’un masque représentant un panda balafré, le responsable de Total, et demande une rançon spéciale : vingt milliards d’euros, qui seront restitué par tanche de cinq milliards, chaque fois que l’entreprise investira dans des énergies propres.
On fait appel immédiatement à un policier Nathan qui sera associé à une psychologue, profileuse pour tenter de localiser et identifier, le preneur d’otage et comment le neutraliser.
Pour l’identifier, c’est chose facile, il a revendiqué à visage découvert devant la caméra… évidemment, il est hors de question de négocier pour Total donc l’otage est exécuté quasiment en direct.
Chose étrange, Virgil a expliqué ses motivations, décrivant l’état de la planète que les géants du pétrole et d’autres rendent peu à peu invivables, évoquent les enfants qui meurent en Afrique, les conséquences de la pollution des sols, mais aussi de l’air en citant chacune de ses affirmations par des études, des articles, des conférences … Au lieu de scandaliser les foules, il attire la sympathie, car sa cause est juste et fait des émules….
L’histoire ne s’arrête pas à Total, au gaz de schiste, mais l’auteur cite aussi le rôle des banques qui investissent à fond dans les énergies fossiles, pour rapporter un maximum d’argent aux actionnaires, ou encore le ciment, les perturbateurs endocriniens, les réhausseurs de goût, les conservateurs, le mercure dans les poissons, les pesticides… les bébés nés sans bras… en refermant le livre, on ne mange plus rien on ne se lave plus… et on se flingue.
Entre chaque étape de la négociation, l’auteur nous propose des chapitres intitulés « Nouvelles du monde » passant en revue ce qui se passe ailleurs à cause du dérèglement climatique, catastrophes naturelles, virus : France, Afrique, Australie ou Nouvelle Zélande…
Je suis assez partagée, je l’avoue car je suis d’accord avec tous les arguments d’Olivier Norek sur l’état de la planète, la nécessité qu’il faut faire quelque chose, et l’impuissance que l’on ressent quand on essaie de consommer moins, de trier ses déchets, il est plus difficile de le suivre dans ce style d’action beaucoup trop violente à mon goût : tuer une personne pour en sauver des milliers ?
D’un autre côté, comment doit-on faire pour que les choses bougent enfin ? Il n’y aura peut-être pas d’autre alternative…
Une image terrible : lors des incendies en Australie, le gouvernement a décidé de tuer 10 000 dromadaires en cinq jours, en survolant le pays en hélicoptère, car il fallait éviter à tout prix que ces animaux se désaltèrent, cela aurait fait de l’eau en moins pour les habitants…
Si j’avais trente ans à l’heure actuelle, je me serais peut-être laissée entraîner dans ce genre d’action révolutionnaire, sans hésiter à l’idée de sortir des clous pour la survie de la planète. Maintenant, tout en continuant à faire tout ce que je peux, à mon petit niveau, je me sens tellement impuissante, avec le sentiment que c’est déjà trop tard…
C’est sûr, une expédition punitive contre Bolsonaro, Trump, la Chine, la Russie (la liste est longue, n’est-ce pas ?) ferait énormément de bien …
Avis mitigé donc, en refermant ce livre, qui se dévore et qui m’a donné envie de lire des études que je n’ai pas encore lues, de ressortir « L’humanité en péril », le livre de Fred Vargas que j’avais couru m’acheter après son passage à La Grande Librairie et que j’ai lâché en route car il me faisait plonger dans un pessimisme absolu…
7/10
Extraits :
Les poissons crèvent, ce qui sort de la terre est presque déjà mort et l’eau des puits est empoisonnée par les métaux lourds. L’air est tellement pollué qu’il provoque des pluies acides qui trouent les toits en tôle et transforment la roche en poussière. Vous pouvez imaginer ce qu’elles font sur leur peau. Le delta est un des premiers endroits au monde où la vie a tout simplement disparu…
La négociation est une danse, une cour avec un rythme précis qu’il faut respecter, et comme deux amoureux certains de terminer enlacés craignent toutefois de brûler les étapes, il y eut un léger flottement que Nathan ne laissa pas s’éterniser.
Je n’ai rien d’un utopiste. Et je connais les faiblesses des énergies renouvelables. Le rendement des éoliennes est trop variable. Les panneaux photovoltaïques sont faits de métaux rares, recouverts du sang des gosses qui les sortent des mines. Les voitures électriques ont leurs batteries et le nucléaire a ses déchets. Pourtant, vous avez bien relevé tous les défis de votre époque. Lorsqu’il a fallu forer au plus profond des abysses des océans, ou exploiter des gisements entre deux zones sismiques, vous avez su trouver le temps de la réflexion…
La pollution de l’air dans le monde tue 600 000 enfants par an. Votre bébé a contracté une grave infection respiratoire. Une fibrose pulmonaire due à l’action de toxiques environnementaux, comme ce que l’on suppose des bébés nés sans bras, pour le glyphosate. En France, 50 000 personnes en seront victimes. Alors, si vous cherchez un coupable, vous êtes probablement en train de le respirer.
Toute sa carrière, le capitaine avait obéi, car ce qu’on lui ordonnait lui semblait juste. Il découvrait aujourd’hui que, parfois, l’ordre donné et ce qu’il est juste de faire ne se trouvaient pas toujours au même endroit.
« Ne croyez pas que ceux à qui vous avez donné le pouvoir, ou ceux qui l’ont réellement, cherchent une manière de nous sauver de la catastrophe mondiale climatique. Ils ne font que sélectionner ceux qui seront épargnés. Et si vous vous demandez qui seront les élus, c’est que vous n’en faites pas partie. L’ONU reconnaît 197 pays. La totalité des milliers de camps de réfugiés devient alors le pays 198, peuplé d’une nouvelle génération d’esclaves… »