« Erectus » de Xavier Müller

Je vous parle aujourd’hui d’un livre découvert grâce aux Éditions XO et NetGalley :

 

Erectus de Xavier Müller

 

Résumé de l’éditeur:   

 

Et soudain l’humanité se mit à régresser

A Richards Bay, en Afrique du Sud, c’est le choc. Un homme s’est métamorphosé. Il arbore des mâchoires proéminentes, est couvert de poils, ne parle plus

Bientôt, à New York, Paris, Genève, des Homo erectus apparaissent en meutes, déboussolés, imprévisibles, semant la panique dans la population ?

De quel virus s’agit-il ? Que se cache-t-il derrière cette terrifiante épidémie ?

Une scientifique française, Anne Meunier, se lance dans une course contre la montre pour comprendre et freiner cette régression de l’humanité.

Partout, la question se pose, vertigineuse : les erectus sont-ils encore des hommes ? Faut-il les considérer comme des ancêtres à protéger ou des bêtes sauvages à éliminer ?

Un cauchemar planétaire

 

Ce que j’en pense    

 

J’ai adoré ce roman ! je me suis retrouvée dans un milieu que j’aime particulièrement, la virologie, avec ses modes de transmission, les conséquences et, cerise sur le gâteau,  les dinosaures me fascinent depuis des lustres…

On se trouve devant un virus inconnu aussi agressif que celui du SIDA ou Ebola, qui affecte d’abord un éléphanteau qui a quatre défenses : anomalie génétique ? Or il ressemble beaucoup a un ancêtre disparu depuis longtemps le gomphotérium !

Et bien-sûr, il va s’avérer transmissible à l’homme… On décide de l’appeler Kruger du nom de l’homme qui s’occupe de la réserve sauvage du parc Kruger, en Afrique du Sud.

Ce virus n’est pas mortel, il provoque un coma dont la personne émerge sous la forme d’un ancêtre de l’homme : Erectus et que faire de tous ces êtres devenus des Erectus, avec le réveil des vieilles peurs et les théories fantaisistes qui vont entourer l’épidémie.

On va chercher une paléontologue dont on avait dénigré les travaux sur la possibilité d’une évolution régressive alors qu’elle vient de découvrir le squelette d’un « archéoptéryx le premier spécimen de dinosaure aviaire répertorié au XIXe siècle ».

Puis on s’aperçoit que la végétation change aussi, les arbres reprennent leur parure d’antan et si tout mute, que va devenir l’humanité ? Comment va-t-elle se nourrir ? La cohabitation est-elle possible ?

Tous les spécialistes de tous bords de la planète, l’OMS, l’ONU vont cogiter sur la conduite à tenir et évidemment la mesure qui est prise c’est tuer ces « êtres dégénérés » (cela ne vous rappelle rien ?)

J’ai tout aimé dans ce roman d’anticipation biologique : l’attitude des chercheurs, leur prudence, la réaction des politiques notamment une délibération à l’ONU géniale avec un ambassadeur russe qui est mélange savoureux de Vladimir 1er et Alexeï (Labrov) avec son intolérance et sa mauvaise foi qui réussit à faire voter la noble assemblée comme il veut suivi par les Chinois évidemment !

Bien-sûr, c’est parfois caricatural avec l’Occident tolérant qui cherche à trouver les solutions optimales et la méchants, les Russes qui tirent à vue et les Chinois qui tuent aussi et en profitent pour incarcérer les témoins au nom de la raison d’état.

On a aussi les histoires personnelles des héros, leurs problèmes familiaux le travail qui passe avant la vie personnelle sans oublier le vilain méchant avec un laboratoire digne de Frankenstein et consorts…. Mais n’y a-t-il pas une touche de vérité ?

L’auteur a fait un travail de rechercher très impressionnant car son histoire tient la route, elle repose sur des faits scientifiques sur lesquels il a construit une très belle fiction, retraçant très bien la « gestion » d’une pandémie (on se souvient du SIDA de la grippe aviaire).

Quand on voit ce que l’Homme fait à la planète, mérite-t-il d’être sauvé et de survivre ? Je n’en suis pas si sûre…

« Malgré son intelligence et sa cruauté, l’espèce humaine aurait pu tout aussi bien finir à quatre pattes au bout d’une laisse tenue par un chien bipède ! »

En tout cas ce livre nous pousse à la réflexion avec quelques phrases choc :

 « Vous savez, sur l’arbre de l’évolution, l’homme ne constitue qu’une brindille à l’extrémité de la branche des mammifères. Un incident de parcours. »

Un roman, que j’ai dévoré tout en pensant à Jurassic Park, et que je recommande vivement que l’on soit ou non passionné par la préhistoire ou la biologie…. et je remercie encore les Editions XO et NetGalley qui m’ont permis de le découvrir.

 

#Erectus #NetGalleyFrance

 

 

Pour en savoir plus sur le Gomphoterium :

https://www.alamyimages.fr/photo-image-gomphotherium-gomphotherium-lelephant-disparu-primitiv-76078398.html

et sur l’archéoptéryx

https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/zoologie-archeopteryx-217/

 

 

Extraits    

 

L’enveloppe contenait plusieurs photos de l’animal malade. L’anomalie était flagrante. L’éléphanteau possédait quatre défenses. Sous la paire normale, une seconde, plus courte, descendait de la lèvre inférieure. Simple malformation génétique, conclut Cathy, une fois l’étonnement passé. Les plaies purulentes qui sillonnaient sa peau l’inquiétèrent davantage…Une fièvre hémorragique causée par un virus ?   

 

 

Dingue ou pas, la métamorphose avait eu lieu, l’agent pathogène venait d’entraîner une mutation radicale et la cellule musculaire était devenue… autre chose! Une chose qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à une cellule nerveuse. Du muscle changé en neurone! pensa-t-elle, survoltée.

 

Parvenue devant lui, elle s’agenouilla. Elle avait besoin de le toucher pour s’assurer qu’il était réel. Lentement, elle tendit la main. L’image d’Armstrong foulant le sol lunaire lui traversa brièvement l’esprit. Ses doigts parcoururent l’espace qui la séparait du gomphotherium, une dizaine de centimètres qui équivalaient à dix millions d’années. Il demeura tranquille, comme indifférent à sa présence. Contrairement aux éléphants d’Afrique, il ne possédait pas de bosse sur le sommet du crâne. Elle effleura sa peau grise et rugueuse, appuya sa caresse. Au toucher, elle put sentir les pulsations émises par son cœur. Sa main glissa vers les défenses surnuméraires, s’arrêta avant de les atteindre.   

 

Anna s’était frayé un passage jusqu’au tronc de l’acacia. Délicatement, elle ramassa une fleur tombée à terre. Un picotement d’excitation et de peur lui hérissa les poils. Le bouton était composé de neuf corolles en forme de coupes. Elle leva la tête pour mieux contempler le feuillage. Une pure merveille… À deux mètres, les pétales paraissaient énormes. Ce qu’elle admirait maintenant, c’étaient les premières fleurs apparues au crétacé, cent trente millions d’années avant notre ère.   

 

L’homme est une goutte d’eau dans un océan de vie.   

 

Au-dessus d’eux, des dinosaures emplumés – d’anciennes mouettes – tournoyaient, à la recherche de proies. Dans ce décor de verre et d’acier, l’ensemble était anachronique, presque irréel.   

 

Au cours de sa carrière de chasseur de virus, il avait traqué des agents pathogènes redoutables aux quatre coins du monde, mais aucun de ces fléaux ne l’avait préparé au virus Kruger. Celui-ci ne tuait pas en cinq jours comme l’Ebola. Il ne laissait pas son hôte exsangue et apathique comme le Marburg. En réalité, le Kruger épargnait la vie de son hôte, mais ses effets étaient plus dévastateurs qu’une bombe. Une bombe à retardement…   

 

 

Lu en décembre 2018