Intermède thriller avec le livre dont je vous parle aujourd’hui, l’avalanche de critiques enthousiastes, le plaisir de retrouver la plume de l’auteur, tout était tentant et j’ai dû attendre qu’il soit disponible à la bibliothèque :

Quatrième de couverture :
Une île de l’Atlantique, battue par les vents, le brouillard et la neige.
Un flic qui a disparu depuis six ans et dont les nouvelles missions sont classées secret défense.
Sa résidence surveillée, forteresse imprenable protégée par des vitres pare-balles.
Une jeune femme qu’il y garde enfermée. Et le monstre qui les traque.
Dans les brumes de Capelans, la nouvelle aventure du capitaine Coste se fera à l’aveugle.
Ce que j’en pense :
Le capitaine Coste est affecté à Saint Pierre, (l’archipel Saint Pierre et Miquelon) en mission secret défense : dans sa maison, isolée, aux vitres pare-balles, il « héberge » des détenus repentis, dont il tire le maximum de renseignements, avant qu’on leur attribue une nouvelle identité, récompense des services rendus. Le dernier d’entre eux étant un génie informatique.
Victor Coste se plaît dans cet isolement, qui lui a permis de quitter le 93 à la suite d’une tragédie. Tellement cabossé, qu’il est parti, sans prévenir personne. Officiellement il s’occupe des douanes et a peu de liens avec son équipe, dont les membres ne connaissent pas la réalité de son travail. Il a un seul ami, un flic en fin de vie, qui héberge sa petite-fille.
Pendant ce temps, sur le Continent, un « monstre » s’en prend à des adolescentes depuis plusieurs années en toute impunité, insaisissable car très malin. Un jour pourtant, il est moins prudent que d’habitude et une de ses cachettes est découverte : on retrouve, à côté d’une victime morte, une jeune femme de vingt-quatre ans, qui semble être la première disparue. Pourquoi l’a-t-il gardé en vie ? Elle se prénomme Anna et ne prononce pratiquement aucune parole.
On va proposer à Victor de la faire parler, l’apprivoiser… Victime? Manipulatrice? Mais ne divulgâchons pas!
J’aime bien les flics cabossés, car leur parcours est intéressant, leur psychologie également, donc le capitaine Coste ne pouvait que me plaire. La personnalité d’Anna est forte, mystérieuse, permettant de tout imaginer, car la méfiance du lecteur est toujours là, même tapie dans l’ombre, ce qui rend l’enquête passionnante. L’auteur parle très bien de la dureté du métier, des traumatismes, des addictions, dépressions ou tentatives de suicides.
Ce roman se lit de manière addictive, tant le scenario est passionnant, les rebondissements nombreux, l’auteur se plaisant à nous envoyer sans cesse, sur de nouvelles pistes avec brio, mêlant des enquêtes locales à l’enquête principale, car Saint Pierre est peut-être un endroit perdu, loin du monde, elle a son lot d’actes de délinquance. Saint Pierre qui est, elle-même, un personnage à part entière du roman, avec les éléments qui se déchaînent.
C’est le troisième roman d’Olivier Norek que je lis : j’ai beaucoup aimé « Entre deux mondes », un peu moins « Impact » et j’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver sa plume. Je n’ai pas lu les trois premières aventures de Victor Coste, mais cela ne m’a pas gênée, Olivier Norek nous donne suffisamment d’éléments pour que l’on ne se perde pas. Par contre, mon esprit étant alléché, j’ai envie de découvrir les trois premiers volumes qui sont dans ma PAL depuis assez longtemps, tant les critiques sur mon site préféré Babelio sont enthousiastes.
9/10
Extraits :
Même repenti, rien n’efface les actes d’un sale type. Si l’un des ex-pensionnaires du flic venait à y rester, abattu, noyé, pendu… Qu’en dire ? N’est-ce pas le destin possible de ceux qui ont choisi la criminalité comme gagne-pain.
On les voudrait hideux, les monstres. Dans les villes, dans les foules, leurs démons sont invisibles. Ils nous frôlent sans que l’on frémisse. Leurs sourires ressemblent aux nôtres. On les côtoie, on les voisine, on les invite. Ils nous charment ou nous indifférent car ils sont bien normaux, les monstres.
Pour celui qui sait écouter, ce sont les premières notes de la respiration du suroît qui vous conseillent d’aller vous abriter. A la suite de cet avertissement, d’immenses nuages obscurs et menaçants apparurent au fond du ciel, poussés par le souffle de la tempête qui les menait au-devant de la scène, formant un million de petits rouleaux blancs qui parcouraient la surface de l’eau en une armée d’écume resserrant ses rangs…
(Des brumes) De Capelans. Le courant chaud du Gulf Stream rencontre le courant froid du Labrador et, une fois par an, pendant trois semaines, les brumes tombent sur l’archipel et le font disparaître littéralement de la carte. Tout devient… Disons… Mystique.
Pour certains peuples, le ciel est une digue retenant des rivières de lumières et, lorsque la digue cède, s’échappe un torrent de couleurs. Longtemps inexplicables, les aurores boréales ont forcé les hommes à leur créer des légendes. Âmes dansantes des défunts, reflet des armures des Walkyries ou pont vers l’au-delà, les habitants des terres qu’elles éclairent leur ont toutes trouvé une histoire.
Là, dans cet ancien sanatorium devenu refuge, posé au milieu des quatre-vingts hectares de verdure, des flics, comme des maisons en ruine, hommes et femmes en lambeaux, étaient accueillis, le temps d’y sevrer une addiction, d’y apaiser une dépression, d’y oublier l’accumulation d’évènements traumatiques qui font une carrière, même courte…
Lu en juillet 2022
