Place à la BD aujourd’hui avec ce splendide ouvrage :

Résumé de l’éditeur :
Lisbonne, été 1968.
Depuis 40 ans, le Portugal vit sous la dictature de Salazar.
Mais, pour celui qui décide de fermer les yeux, la douceur de vivre est possible sur les bords du Tage. C’est le choix de Fernando Pais, médecin à la patientèle aisée. Tournant la page d’une jeunesse militante tourmentée, le quadragénaire a décidé de mettre de la légèreté dans sa vie et de la frivolité dans ses amours.
Un jour où il rend visite à un patient au siège de la police politique, Fernando prend la défense d’un gamin venu narguer l’agent en faction. Mais entre le flic et le médecin, le gosse ne fait pas de distinguo. Et si le révolutionnaire en culottes courtes avait vu juste ? Si la légèreté de Fernando était coupable ?
Le médecin ne le sait pas encore, mais cette rencontre fera basculer sa vie…
Ce que j’en pense :
L’histoire démarre sur un beau paysage, lumineux et plein de douceur : Estoril, le 3 août 1968, Salazar lit son journal face à la mer. On lui annonce l’arrivée de la pédicure, il s’assoit en continuant à lire et la chaise casse, il tombe… AVC ? quoi qu’il en soit, il est obligé d’abandonner le pouvoir.
Tout le monde en parle, et cela s’agite au siège de la tristement célèbre P.I.D.E. (Policia Internacional & Defesa do Estado) alias police d’état…
Le docteur Fernando Pais est en train de s’y rendre, comme tous les matins, pour soigner l’inspecteur ; lorsqu’il arrive sur les lieux des gamins sont en train de mettre le feu à une crotte de chien plié dans un journal et le plus téméraire sonne… le doutor lui sauve la mise, temporairement. Dans le bureau, on plaisante sur l’accident de chaise du dictateur, alors que d’autres interrogent de manière musclée, comme il se doit, un jeune homme.
Le docteur retourne à son cabinet et une de ses maîtresses lui faisant faux bond décide d’aller « prendre une cuite » avec son ami, dans l’Alfama. Et tous les deux vont parler du passé, de l’époque où ils étaient étudiants, de Marisa, communiste qui deviendra l’épouse du docteur, alors que lui vient d’une famille ayant pignon sur rue donc penchant plus de côté de la droite. Il n’est pas très bien accueilli par les amis de Marisa…
Il sera rappelé pour examiner un détenu, en fait on lui demande de le remettre sur pied pour que les policiers puissent continuer à le torturer… Il subit des pressions mais sa rencontre avec Joao, et surtout la famille de celui-ci lui fait prendre conscience peu à peu de sa passivité.
La guerre d’Angola se dessine, en toile de fond comme le fado.
J’ai aimé l’histoire du docteur Fernando Pais, l’ambiance de Lisbonne, cette ville magnifique, que l’on parcourt dans cette BD et l’architecture est très bien représentée sur les planches. Le tramway est un des personnages, certains quartiers tel l’Alfama avec ses ruelles en pente qui descendent vers l’estuaire du Tage… Les couleurs sont belles et elles varient en fonction de évènements, des moments joyeux ou sinistres…
On croise Horacio Lobo Antunes qui deviendra plus tard un écrivain et psychiatre connu, qui n’est autre ici que l’ami de Pais auquel il confie un manuscrit « L’enfant et la baleine » pour qu’il lui donne son avis. Antunes va être censuré par la dictature, tant pour ses écrits que pour son homosexualité. Entre parenthèses, on attend toujours le prix Nobel…
On rencontre aussi un homme, dans le train, qui s’appelle… Perreira comme le journaliste spécialisé dans les nécrologies, du beau roman d’Antonio Tabucchi, « Perreira prétend » qui parcourt la ville en avalant des tonnes de citronnade.
Nicolas Barral évoque aussi la torture, et fait un clin d’œil à Fernando Pessoa : un des prisonniers finit par donner des noms, qui sont en fait les pseudonymes du l’écrivain. On sent l’amour que l’auteur porte à Lisbonne et au Portugal qui est le pays de sa femme.
J’aime bien le portugais, ses sonorités, et Nicolas Barral l’utilise avec des expressions, ou les titres des chapitres par exemple.
J’ai choisi cette BD, roman graphique, vue la taille parce que le Portugal est le pays où né mon mari et qu’il a dû fuir sous la dictature dans des conditions assez rocambolesques, comme la plupart. J’y suis allée pour la première fois quelques mois après la Révolution des Œillets et son histoire, sa culture, le fado m’intéressent depuis longtemps même si je parle très mal la langue (il a choisi d’être Français et n’a pas souvent envie d’y retourner…
On a de très belles images dans les tons gris bleu de la baleine dans le port puis au-dessus de Lisbonne, sous la forme d’un rêve de Fernando Pais qui s’est endormi sur le manuscrit…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m’ont permis de découvrir ce roman graphique et son auteur. Mais, je tiens à préciser que la version numérique ne convenant pas j’ai préféré l’acheter, pour profiter des couleurs, pour revenir en arrière… Lire une BD sur un ordinateur enlève beaucoup de plaisir et en plus c’est très inconfortable…
#Surunairdefado #NetGalleyFrance
L’auteur :
Né en 1966 Nicolas Barral est un dessinateur de bande dessinée. Il débute sa carrière à OK Podium où il réalise les pages BD. En 2008, il est le scénariste de « Mon pépé est un fantôme », puis publie avec Tonino Benacquista « dieu n’a pas réponse à tout ».
Avec « Sur un air de fado », il est pour la première fois scénariste et dessinateur.
Extrait :
« Mon hypothèse est que le consentement est dans la nature des Portugais. N’ayant jamais connu que la dictature, nous avons appris à nous contenter du bonheur que Salazar nous octroie.
Mais si cette soumission est ancrée en nous, n’est-ce pas aussi qu’elle présente certains avantages ?
Dans un régime libéral, l’homme est en prise directe avec son bonheur, dont il fabrique lui-même les ingrédients. Par conséquence, s’il échoue, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
N’est-il pas plus confortable, au fond, d’avoir au-dessus de soi quelqu’un à qui s’en remettre ou contre lequel se retourner ? »


Une histoire, une ambiance, la façon de dessiner, vraiment tu donnes envie. Et de plus, oui, je crois que une BD sur ma liseuse je ne pourrais pas . Merci pour ce beau retour 😉
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j’ai aimé marcher avec lui dans les ruelles de Lisbonne la belle et replonger dans l’Histoire…
il y a un clin d’oeil à des auteurs portugais, et les dessins sont beaux
j’aime ce pays donc j’ai dégusté 🙂
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J’ai été moins emballée que toi mais peut être aurait il fallu que je connaisse davantage le Portugal pour être plus touchée…
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cette BD m’a rappelé beaucoup de souvenirs, je me souviens de la joie au moment de la Révolution des œillets et pourtant j’étais en France
il rend hommage à Lisbonne et à quelques auteurs donc la lecture et la vie personnelle se sont rejointes 🙂
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Oui j’ai lu ça et je comprends qu’elle t’ait particulièrement touchée 🙂
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Ping : Sur un air de fado, Nicolas Barral – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries
Il a l’air très intéressant. Je ne suis pas sûre d’adhérer trop au dessin, mais il est à la médiathèque, je pourrai ainsi essayer sans crainte.
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c’est une manière agréable de retrouver le Portugal sous la dictature et de voir évoluer le héros à différentes périodes de sa vie (entre autres) 🙂
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Une BD bien tentante en effet. Déjà tes extraits et les planches nous mettent dans l’ambiance. Je ne connais pas du tout ce dessinateur, et je n’ai jamais vu de BD de lui. Merci pour cette présentation, je connais peu l’histoire du Portugal et ce serait une bonne occasion d’en savoir plus pour moi. Bon lundi
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cela permet de revoir pour les personnes qui connaissent et d’en savoir plus pour les autres, c’est bien fait et puis voir évoluer le héros sans l’Alfama et « le jeunesse » de Lobo Antunes m’a donner envie de le découvrir vraiment 🙂
plaisir plus apprendre des choses … Bonne semaine à toi 🙂
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J’espère que ma BM l’aura.
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j’espère qu’il te plaira autant qu’à moi… Je suis toujours un peu partiale quand il s’agit du Portugal, mais il n’y a pas besoin de trop connaître ce pays,son histoire et sa littérature pour apprécier 🙂
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j’ai apprécié également!
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jolie découverte… Je ne connaissais pas l’auteur donc affaire à suivre 🙂
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Bonsoir Eve, mon ami le Potier fou n’a pas trouvé le moyen de noter un commentaire ici. Il a fait l’écrit chez moi, je te le transmets :
« Puisque sur le blog de Eve -Yeshe il n’y a pas d’espace commentaire, c’est ici que je met quelques mots .Je suis allé au Portugal , Salazar venait de tomber ,j’étais à Faro Les gens du cru se lamentaient car le prix de poisson avait augmenté , tout comme le prix des cigarettes .ce qui n’empêchait pas la foule dans les rues et commerces , il y avait un air de liberté nouveau , je pouvais aller à la pêche sans me faire surveiller, ramasser des petits escargots blancs (tapas) cuits ensuite pour l’apéro , aller et venir dans la rua doutor Estavao à Olaho.Les locaux conduisent comme des sabots, j’y suis allé six ans de suite , la liberté retrouvée , les prix augmentaient et certains regrettaient l’avant. »
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les gens regrettent toujours le temps d’avant! la dictature cela conditionne les gens à ne pas penser…
On y est allé en 1975, il n’y avait plus d’argent dans les banques on pouvait changer de petites sommes et encore… certains voulaient se débarrasser des escudos à la frontière avec l’Espagne à des cours avantageux certes pour les touristes, mais impossible de savoir si c’était de l’argent sale ou pas?
mon mari est originaire de l’Algarve 🙂
on peut laisser des commentaires, mais je n’ai pas reçu de demande de modération le concernant …
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Je viens justement de la réserver à ma biblio 🙂
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j’espère qu’il te plaira… Même si on ne connaît pas trop l’Histoire du Portugal, le plaisir est au RV
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