Petit détour par le Japon, aujourd’hui, avec ce roman culte, décliné en manga qui fait enfin son entrée chez nous :

Résumé de l’éditeur :
Culte ! Paru en 2010, adapté au cinéma en 2012 et décliné en manga, « La Leçon du mal » s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires au Japon. Rythme effréné, personnages époustouflants, narration fluide, un roman sidérant à huis clos dans un lycée de province où sévit, bien caché sous les traits d’un jeune professeur charismatique et séduisant, un véritable monstre…
De l’avis de tous, Seiji Hasumi est le professeur le plus charmant, le plus séduisant, le plus charismatique du lycée Shinkô Gakuin de Machida. Adulé de ses élèves, admiré de ses collègues, apprécié de sa direction, le jeune homme est fin, drôle, toujours prêt à voler au secours des uns, à aider les autres, à combattre les injustices et le harcèlement, à dénouer les conflits.
Hasumi est tout cela et pire encore. Hasumi est un psychopathe. Manipulateur, calculateur, pervers, prêt à tout pour prendre le contrôle et asseoir son pouvoir. Un être violent, qui n’hésite pas à éliminer quiconque se met en travers de sa route.
Trois élèves l’ont percé à jour. Commence alors une traque terrifiante, aux conséquences inimaginables…
Ce que j’en pense :
Hasumi est un professeur adoré par ses élèves, surtout les filles d’ailleurs, auxquels il enseigne l’anglais, animant en parallèle des ateliers de conversation. Il a décidé de faire également partie de l’équipe de surveillance.
Bref, en apparence, c’est le professeur idéal que tous les élèves rêvent d’avoir, son enseignement est interactif, loin du cours magistral classique. Une véritable « armée » d’élèves s’est constituée autour de lui, regroupant les fans de la première heure, prête à tout pour lui, y compris aller faire un tour dans son lit.
Toutes les filles ? Il semblerait que non, une des élèves, de nature hypersensible, sent bien que le tableau n’est pas aussi idyllique que cela et le comportement de Hasumi l’angoisse ; elle reste donc sur ses gardes.
Tout n’est pas aussi simple, en effet. Hasumi a été prié de quitter son précédent établissement pour des raisons qu’il préfère minimiser : plusieurs élèves s’étant suicidés mais il a été blanchi, mais pourtant envoyé dans un autre lycée. Il suffit aussi de voir le sort qu’il réserve à un couple de corbeaux qui s’approche trop près de lui, ou encore son comportement avec le chien du voisin, qui lui a bien flairé la personnalité trouble du professeur…
Certes, il est compréhensible que les élèves pour la plupart, soient en admiration devant ce professeur charismatique, car les autres enseignants sont ternes sinon monstrueux : le professeur de sport qui se livre à des attouchements sur les filles, le professeur de maths qui est attiré par la dive bouteille…
Yûsuke Kishi nous entraîne en fait dans une descente aux enfers, ou une escalade de la violence, comme on préfère, avec une description magistrale de la manipulation, à travers ce professeur trop poli, trop bienveillant pour être honnête, et ceci pour notre plus grand plaisir.
J’ai adoré me faire manipuler par l’auteur, fasciné par ce personnage machiavélique, dont je n’avais qu’une envie, qu’il s’en sorte pour que mon plaisir de lecture dure encore un peu, tant ce roman est addictif. On sait comment ça va se terminer, mais c’est un régal de voir comment fonctionne ce personnage pervers à souhait, (individu que dans la vie de tous les jours je déteste, je précise pour qu’il n’y ait pas de malentendu !). La presse a souvent évoqué « American psycho » en parlant de cet OVNI de la rentrée littéraire…
Une scène m’a beaucoup intéressée : la mort violente des parents de Hasumi et comment il a réagi, mais je n’en dirai pas plus…
J’ai bien aimé aussi la fascination de Hasumi pour « l’opéra de quat’sous » de Brecht dont il siffle souvent la « complainte de Mackie » notamment dans les moments où sa violence augmente et dont l’auteur partage le texte avec nous.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m’ont permis de découvrir ce roman et ainsi que l’univers de son auteur dont j’aimerais bien lire d’autres livres.
#LaLeçondumal #NetGalleyFrance !
9/10
Né en 1959 à Osaka, Yûsuke Kishi est membre de l’association Mystery Writers Japan. Après avoir travaillé plusieurs années dans une compagnie d’assurances, il s’est lancé dans l’écriture. Ses romans sont tous des best-sellers, régulièrement adaptés en mangas ou en films. Œuvre culte au Japon, publié pour la première fois en France sous forme de roman, La Leçon du mal a déjà été adapté en manga chez Kana et a été porté à l’écran par le cinéaste japonais Takashi Miike.
Extraits :
Le métier de professeur incluait la gestion d’une classe, l’enseignement d’une matière ainsi qu’une responsabilité particulière dans la vie du lycée. Pour sa part, Hasumi avait opté pour une charge au sein de l’équipe de surveillance, responsable de la bonne conduite des élèves.
La langue est un héritage, une richesse culturelle extrêmement ancienne. Nous devons en prendre conscience pour la préserver.
Rien n’était plus simple que de favoriser un accident et de prier pour qu’il survienne. Un crime par probabilité.
Les humains étaient mus par le puissant désir d’être acceptés, reconnus par les autres. Rejetez-les, attaquez-les, ils se mettront sur la défensive et attaqueront à leur tour. Mais montrez-leur seulement que vous les appréciez, et ils vous apprécieront en retour…
Plus on passe de temps avec eux, plus les gens ont tendance à développer de la sympathie et à baisser leur garde. Ce processus est accéléré par le dialogue et ce sont les personnes les plus méfiantes au départ qui, une fois rassurées, tombent le plus vite dans votre escarcelle.
Comme tout travail, le meurtre demandait de la passion, du soin, une capacité à toujours se remettre en question et à juger son œuvre d’un œil critique. Ainsi, on s’en sortait avec une série « d’accidents » ou « de suicides » que jamais personne n’aurait l’idée de relier entre eux.
Et cette théorie toujours présente dans le pays de l’Oncle Sam, qui veut que chacun devrait porter une arme pour se défendre… ça le faisait bien rire. Le seul cas où ça pourrait effectivement protéger les gens, ce serait si les agresseurs tombaient du ciel…
Il commençait à comprendre pourquoi certains, aux Etats-Unis, développaient un véritable fétichisme autour de leurs armes… La sienne, brûlante, semblait avoir acquis sa propre personnalité. Celle d’un tueur sanguinaire. A chacun de ses rugissements bestiaux, les proies tombaient.