« La liseuse de visages » de Sebastian Fitzek

Aujourd’hui, je vous propose un intermède polar qui nous entraine en Allemagne, pour retrouver un auteur dont j’ai déjà parlé avec ce roman :

Hannah Herbst est une experte renommée en décryptage d’expressions faciales, et on fait appel à elle pour tenter de démasquer les criminels les plus dangereux. Elle enquête actuellement sur les crimes commis par celui qu’on a surnommé le pêcheur en collaboration avec un policier.

Elle a un problème qui la handicape beaucoup : chaque fois qu’elle subit une anesthésie, sa mémoire récente s’efface. Elle a recours à des stratagèmes, des notes, un répertoire où se trouvent toutes les personnes importantes de sa vie pour réveiller les souvenirs.

Étrangement, elle se retrouve à l’hôpital pour une intervention chirurgicale (elle a reçu un coup de couteau) sur le point d’être opérée lorsqu’elle est prise en otage par un tueur en série qui va ainsi réussir à s’évader. Il s’autoproclame justicier et Hannah figure parmi les êtres à supprimer.

Hannah s’est auto-accusée du crime de son mari, la fille de celui-ci et Paul leur propre fils, prétextant qu’il est impossible de vivre dans ce monde pourri…et la vidéo de l’interrogatoire par la police circule sur Internet… elle ne dispose que de cette vidéo pour tenter de comprendre ce qui s’est passé et dont elle ne garde aucun souvenir. Mais, stop ne divulgâchons plus.

Ce roman se lit en apnée, suspense garanti à chaque page, Sebastian Fitzek prenant un malin plaisir à nous orienter sur des pistes pour mieux nos perdre. Et évidemment j’ai marché à fond, je n’ai pas pu poser le livre avant la dernière page, j’ai même lu tous les remerciements car on apprend encore des choses…

En fait, j’avoue que j’ai choisi ce livre pour sa belle couverture, et son auteur, en survolant à peine le résumé ! J’ai passé un très bon moment avec cette lecture, même si quelques invraisemblances ont parfois alourdi le récit. Et le dénouement, que je n’ai pas vu venir, est génial …

J’aime bien cet auteur que j’ai découvert avec Thérapie, Le cadeau, L’accompagnateur ou encore Le Briseur d’âmes…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions de l’Archipel qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.

#Laliseusedevisages #NetGalleyFrance !

8/10

La raison pour laquelle je m’intéresse tant au langage non verbal est donc évidente. Je ne veux plus jamais, jamais, me retrouver en situation d’entendre un appel au secours sans pouvoir y répondre. Je ne veux plus jamais abandonner quelqu’un.

Au fait, je souffre toujours de spectrophobie. Dès que je m’observe moi-même, j’ai peur. J’étouffe, je me sens oppressée.

En Inde, un homme a porté plainte contre ses parents pour l’avoir fait naître. Ils avaient décidé seuls, sans évidemment lui avoir posé la question. Et maintenant, il est obligé de supporter toutes les horreurs du monde ? les enfants qui meurent de faim, les catastrophes climatiques, les guerres, la prostitution forcée, l’esclavage moderne…

Non, je n’invente rien ! Vous avez raison : je souffre de spectrophobie. J’ai peur de moi-même. C’est lié à un traumatisme subi dans mon enfance. Un instant avant que ma mère se suicide, j’ai vu dans ses yeux le mal absolu. Depuis, j’ai peur de le voir en moi aussi.

Mamie Margarete aimait donc le suspense. Les gens qui n’apprécient pas ce genre de littérature s’imaginent que ceux qui ne lisent sont des êtres assoiffés de sang, ou totalement insensibles. Ils se trompent. Ils ne comprennent pas que, dans ce monde où la réalité déborde déjà d’horreur, on puisse avoir envie d’occuper son temps, en se plongeant dans une violence fictive.

Dans le monde réel, les atrocités sont souvent d’autant plus effarantes que les entrefilets des journaux ou les brefs reportages télévisés ne leur fournissent guère d’explications. Les polars et les thrillers, eux, se préoccupent des mobiles et essaient d’expliciter l’inconcevable. Et ils ont souvent un happy end, leur différence majeure avec la vraie vie.

« L’île des souvenirs » de Chrystel Duchamp

Petit détour par le thriller, aujourd’hui, et une auteure que j’aime beaucoup, pour tenter de me réconcilier avec mon blog avec ce roman :

Résumé de l’éditeur :

Delphine, 22 ans, est étudiante à Lyon. Issue d’une famille bourgeoise, elle tente de s’affranchir de son éducation en écumant bars et boîtes de nuit. Au cours d’une soirée, elle suit une ombre mystérieuse jusqu’à sa voiture…

Quand elle se réveille dans une maison abandonnée, elle est menottée à un radiateur. Bientôt rejointe par une autre prisonnière.

L’enquête confiée à la Crim’ n’avance pas assez vite aux yeux de l’opinion. Sous pression, le capitaine Romain Mandier accepte l’aide d’un profiler et d’une psychotraumatologue.
Qui est cet homme en noir, qui hante les souvenirs confus d’une des captives ? Pourra-t-on exhumer de sa mémoire les fragments qui mèneront au coupable ?
Une fois de plus, Chrystel Duchamp surprend par une intrigue des plus originales, et un épilogue aussi glaçant que retors !

Ce que j’en pense :

Deux jeunes femmes sont enlevées et séquestrées dans une maison abandonnée, attachées, nourries le strict minimum. Delphine est étudiante, née dans une famille bourgeoise dont elle s’est échappée très vite, ne supportant plus son éducation rigide, lorsqu’elle rencontre Maëlis sur les bancs de la fac mais leur relation prend fin brutalement. Pourquoi les a-t-on enlevées que cherche le ravisseur ?

Maëlis seule réussit à s’échapper, mais sous l’influence des mauvais traitements elle est victime d’une amnésie post-traumatique. L’enquête s’avère compliquée faisant appel à différents « spécialistes » : profiler, psycho-traumatologue, entre autres, sans oublier un médecin légiste génial, sous la houlette du capitaine Mandier.

On découvre, au fil des pages, la vie et les fragilités de chacun des protagonistes, ce qui les rend attachants et proches de nous (la stérilité du couple Mandier, et la réflexion sur les spermatozoïdes fainéants ne peuvent que nous toucher.

Ce roman est une surprise qui m’a un peu déstabilisée au départ, de la part d’une auteure que j’aime beaucoup car on sort de la traditionnelle enquête pour aborder essentiellement l’aspect psychologique, décrivant avec précision les caractéristiques du travail de chacun avec moults détails, qui peuvent désarçonner au départ, mais très vite, on se laisse porter par l’enquête, la plume de l’auteure, à tel point qu’on ne sait plus qui manipule l’autre, le lecteur compris.

On pense avoir trouvé le coupable mais, Chrystel Duchamp sait tellement bien nous entraîner dans des recoins insoupçonnés que le dénouement éblouissant montre à quel point elle est capable de nous manipuler et jusqu’où elle peut aller et nous surprendre.

Une scène qui m’a beaucoup plu : Gabriel devant sa table d’autopsie chantant à tue-tête « Ra-ra, Rasputin, lover of the Russian Queen » tout en maniant son scalpel presque avec volupté…

Lecture addictive donc, en ce qui me concerne, une addiction sans conséquence par rapport à certaines tristement d’actualité.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions L’Archipel qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteure que j’aime décidément beaucoup : « Une autrice qui compte dans le polar ! », comme le dit si bien Gérard Collard

#Lîledessouvenirs #NetGalleyFrance !

8,5/10

Cofondatrice du collectif les Louves du Polar, Chrystel Duchamp est l’autrice, aux éditions de l’Archipel, de « L’Art du meurtre » (2020), « Un excellent polar addictif et original » (Le Parisien), « Le Sang des Belasko » (2021), un huis clos familial oppressant, et « Délivre-nous du mal » (2022), un suspense sombre et engagé.

Extraits :

Elle (Delphine) avait grandi dans le luxe matériel, mais dans une pauvreté affective et sociale extrême. Ma messe du dimanche constituait l’unique sortie hebdomadaire, l’occasion d’enfiler une robe bleu marine à col blanc et des souliers vernis qu’elle détestait.

Quand le catholicisme utilisait la métaphore de la poussière pour illustrer notre issue, il s’interdisait de préciser qu’elle était précédée d’une étape moins glorieuse : la décomposition de la chair, son odeur, sa couleur et son armée d’asticots…

L’être humain, influencé malgré lui par divers facteurs, fournissait des données à exploiter avec prudence. Les indices matériels, à l’inverse, quand ils étaient détectés et correctement analysés, constituaient des sources d’information objectives et fiables.

Romain préférait la métaphore de la « boule de neige ». D’abord petite, abritant en son centre la victime, elle prenait naissance au sommet d’une montagne avant de s’élancer le long d’un versant enneigé. Au cours de sa descente, elle grossissait, collectant preuves, témoignages et prélèvements jusqu’à former une énorme boule blanche. Quand l’enquête se concluait par une réussite ; l’amas de neige arrivait intact en bas de la montagne. Quand l’enquête se soldait par un échec, la boule explosait et l’avalanche détruisait tout sur son passage…

Pour les policiers, un cadavre était une victime à qui il fallait rendre justice ; pour les légistes, c’était une caverne d’Ali Baba de laquelle un maximum de trésors devaient être exhumés.

Le cerveau de l’être humain – quand il est malmené – partage dans un élan de générosité sa douleur avec les muscles, les organes et le système nerveux. Soldats de retour du front, victimes d’agression physique ou sexuelle, individus pris au piège de catastrophes naturelles, les TSPT touchaient toutes les strates de la société sans distinction. Les durs comme les faibles…

Fasciné par l’ascension des imposteurs, Erwann avait lu articles et essais les concernant. Il voulait comprendre comment un individu lambda, sans bagages scientifiques ni légitimité à s’exprimer sur un sujet, pouvait rassembler une foule de fidèles. Les réseaux sociaux étaient, en majeure partie, responsables de la popularité de ces savants de pacotille, qui disposaient d’un moyen de communication puissant, leur assurant de toucher des milliers – voire des millions – de personnes.

Lu en février 2023

« A qui la faute » de Ragnar Jonasson

Petit intermède thriller, direction l’Islande aujourd’hui, avec :  

Résumé de l’éditeur :

Quatre amis d’enfance pensent se retrouver le temps de quelques jours paisibles. Une simple chasse à la perdrix dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande…

Mais le voyage tourne vite au cauchemar. Une tempête de neige violente et inattendue s’abat sur eux et les oblige à se réfugier dans un pavillon de chasse abandonné. À l’intérieur, une découverte… macabre qui changera à jamais le cours de leur existence – et de leur amitié.

C’est le début d’une longue nuit dans ce que l’Islande a de plus âpre. Un huis clos dans un froid redoutable, où les quatre amis, coupés de toute civilisation, voient ressurgir ce qu’ils ont de pire en chacun d’eux. Les tempéraments explosent. Les aversions, les soupçons et les haines du passé remontent à la surface.

Seront-ils tous assez forts pour survivre à cette nuit ?

Ce que j’en pense :

Quatre amis décident de passer un week-end ensemble, dans le but de se retrouver et de chasser la perdrix. Ils marchent en direction d’un refuge, mais une tempête s’annonce que le guide expérimenté du quatuor n’a pas évaluer à sa juste valeur. Faute de pouvoir atteindre le refuge prévu, ils font halte dans un petit refuge, plus proche mais difficile à trouver dans les conditions météorologiques. Quand ils y arrivent enfin, la serrure refuse de s’ouvrir, il faut la casser et une surprise les attend à l’intérieur.

Il s’en suit un huis-clos assez intense où les relations amicales prennent une drôle de tournure et on se rend vite compte qu’il s’est produit autrefois un évènement dramatique.

Je me suis laissée prendre au jeu et j’ai trouvé ce roman plus abouti que les précédents que j’ai lus de l’auteur. L’intrigue est intéressante, avec des rebondissements, et le plaisir de repartir en Islande mais je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, les « bons » comme les « méchants », leurs personnalités sont restées hermétiques pour moi.

Bon moment de lecture quand même. Je précise que j’ai lu ce roman en avant-première car il sera publié en janvier prochain.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions La Martinière qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur dont il me reste à découvrir la trilogie « La dame de Reykjavik.

#Aquilafaute #NetGalleyFrance ! 

7/10

Lu en octobre 2022

« Les rites de l’eau » d’Eva Garcia Saenz de Urturi

Plongée dans le monde fabuleux de la mythologie celte et ses mystères avec le livre dont je vous parle aujourd’hui :

Résumé de l’éditeur :

Pays basque espagnol, 2016. Un tueur en série s’attaque aux femmes enceintes. Comble de l’horreur, l’individu semble s’inspirer d’un rite ancestral consistant à brûler les victimes avant de les pendre par les pieds pour les immerger dans un chaudron datant de l’âge de bronze.

L’affaire est aussitôt confiée à l’inspecteur et profiler Unai López de Ayala, dit Kraken. Appelé sur la première scène de crime, ce dernier découvre, horrifié, que la victime n’est autre qu’Ana Belén Liaño, son amour de jeunesse.

Une révélation qui va replonger l’inspecteur vingt-cinq ans en arrière, dans un passé qu’il croyait profondément enfoui…

Ce que j’en pense :

Pleins feux sur le Pays basque espagnol en 2016 où l’on vient de découvrir une jeune femme morte dans de curieuses circonstances : elle est pendue par les pieds ? la tête immergée dans un chaudron. Très vite, il s’avère que le chaudron qui date de l’âge de bronze a été dérobé quelques temps auparavant.

C’est un chaudron de type irlandais, caractéristique de la culture celte. Si ma mémoire est bonne, celui-là a été exhumé en 1912, dans le massif de Pena Cabarga. Il date de l’âge de bronze, final, autrement dit, il a entre 2600 et 2900 ans.

L’enquête est confiée à l’inspecteur Unai López de Ayala, profiler de son état, dont nous avons fait la connaissance dans le précédent livre. Notre inspecteur, que l’on surnomme Kraken, a reçu une balle dans la tête, tirée à bout portant et qui lui a occasionné des dégâts, une aphasie de Broca en plus du stress post traumatique.

En arrivant sur la scène de crime, il constate que la victime est une amie de longue date, un amour de jeunesse, même avec laquelle il a participé autrefois à un camp de vacances. Ils étaient cinq adolescents sous la houlette d’un jeune professeur, Saul Tovar en juin 1992 ?

Plus tard on découvre une autre victime, tuée selon un rituel analogue, les deux victimes ayant partagé l’expérience alors que s’est-il vraiment passé durant ce camp de vacances ?

Qu’est ce qui peut bien pousser le meurtrier à s’en prendre à des femmes enceintes, ou à des futurs pères ? Les juge-t-il indigne d’être digne d’être parent ? Et pour quelle raison ?

Ce récit nous permet de voir fonctionner notre profiler : le meurtrier est-il psychotique ou psychopathe, par exemple ?

Il y avait un aspect messianique dans ce meurtre, comme si l’assassin accomplissait une mission en tuant rituellement Annabel Lee.  Ce qui évoquait aussi la psychose, la maladie mentale, la perte de contact avec la réalité. Bref, la folie.

L’auteure nous entraîne dans une enquête passionnante, avec des rituels celtiques compliqués, bien approfondis, nous envoyant au passage sur des fausses pistes, avec notre ami Kraken qui se remet mal de sa terrible blessure, rechignant à faire sa rééducation car plus rien ne semble l’intéresser. Mais l’assiduité à ladite rééducation étant la condition sine qua non, pour enquêter, en compagnie de sa coéquipière Estibaliz, alias Esti, il n’a plus le choix et ne tarde pas à succomber au charme de son orthophoniste, donc pas au bout de ses surprises…

Un clin d’œil au passage à la relation très forte et pleine de tendresse qu’entretient Kraken avec son grand-père : on aimerait bien avoir le même !

Ce thriller sort complètement des sentiers battus et fait remonter des traumatismes du passé, en nous faisant découvrir l’importance de la mythologie celtique en Cantabrique, ce qui m’a passionnée illico.

J’ai retrouvé le même plaisir qu’à la lecture du précédent roman d’Eva Garcia Saenz de Urturi : « Le silence de la ville blanche », avec des personnages récurrents (mais il n’est pas nécessaire de l’avoir lu pour déguster celui-ci). Il est aussi passionnant, m’a autant tenu en haleine car je l’ai lu presque en apnée. Un coup de cœur ce qui m’arrive rarement avec un ce style de roman. Je guette avec impatience déjà la parution du suivant en français….

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Fleuve noir qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteure.

#LesRitesdeleau #NetGalleyFrance !

Née à Vitoria-Gasteiz, Eva García Sáenz de Urturi est une romancière espagnole. En 1988, elle s’installe avec sa famille à Alicante, Communauté valencienne, où elle étudie plus tard l’optométrie à l’université d’Alicante. En 2012, elle publie son premier roman via Amazon.com « La saga de los longevos ».

Extraits :

Cette mise en scène était bien trop complexe pour un meurtre classique. C’était une drôle de façon de tuer quelqu’un. Comme si le tunnel de San Adrian était une faille temporelle menant à une époque où le rituel était aussi important que la mort elle-même. Il y avait quelque chose de totalement anachronique, hors du temps dans cette scène.

Le chaudron était un fétiche, un objet détourné de son usage pour devenir une arme. L’ensemble donnait une impression de contrôle ; les mains liées dans le dos pouvaient signifier la crainte que la victime se défende et bousille sa mise en scène sophistiquée.

En fait, reprit-elle après quelques instants de réflexion, je crois que même si tu nais avec une forte personnalité, un fort instinct de survie, que tu refuses d’être abusé… La réalité, c’est que quand tu es gosse, tu as un corps de vingt kilos, et que si un adulte décide de te faire du mal, tu ne peux pas l’en empêcher. Ça se passe tous les jours. Je veux dire, la violence intrafamiliale, les abus qui ne sont pas détectés, voire acceptés par des mères qui ferment les yeux…

J’étais troublé par les souvenirs qui affluaient en masse, de retour sur cette côte qui avait été si importante pour moi des années plus tôt. J’avais un compte à régler avec le dieu de cette mer, où j’évitais de me baigner depuis des décennies. La mer Cantabrique était pour moi synonyme de menace et de trahison…

C’est atavique, depuis des temps immémoriaux. Il y a toujours eu des rituels, des cérémonies, des prières… Trop de cultures et de religions successives pour que je vous les énumère, mais les lieux de culte, certains, en tout cas, les plus importants, subsistent, s’adaptent, demeurent. La Triple Mort s’inscrit dans un fond mythique indo-européen très ancien, dans l’origine est antérieure à l’âge de bronze. On la retrouve dans l’imaginaire celte du pourtour atlantique, jusqu’en Hispanie, et dans les traditions littéraires populaires d’origine celte en Galicie, dans les Asturies et en Cantabrie, mais pas seulement.

Si on regarde le Moyen-âge, un tiers de la population mourrait des mains d’un tiers… Nous sommes tous les descendants de ceux qui ont survécu à la période de l’enfance et qui ont peu se reproduire avant de mourir. Dans notre ADN, nous portons à la fois les gênes des victimes et ceux des assassins.

Toutes nos célébrations, toutes nos fêtes, toutes les traditions de vos villes et de vos villages sont issues de traditions bien plus anciennes. Depuis le Samhain celtique que les immigrants irlandais ont importé aux États Unis sous le nom d’Halloween et qui correspond à la nuit de Samain en Galice, mais aussi à la fête des moissons des Romains, jusqu’à la fête de la Saint-Jean qui célèbre le solstice d’été, et Noël qui correspond au solstice d’hiver. Les moments clés de l’année, dans la culture de nos aïeux – les solstices et les équinoxes – coïncident avec les grandes fêtes de l’Église catholique.

Lu en mai 2022

« L’accompagnateur » de Sebastian Fitzek

Petit intermède polar et voyage en Allemagne aujourd’hui avec ce livre :

Résumé de l’éditeur :

À Berlin, peu après 22 heures, Jules est au standard d’un service d’accompagnement dédié aux femmes en danger.

Son premier appel est celui de Klara, terrorisée à l’idée d’être suivie par un psychopathe. Un homme qui a peint en lettres de sang la date de sa mort dans sa propre chambre à coucher. Et ce jour se lèvera dans deux heures !

Oppressant, troublant, angoissant… L’un des romans les plus maîtrisés du numéro 1 allemand du thriller, qui une fois de plus, à l’image de ses personnages pervers, joue avec nos nerfs en virtuose.

Ce que j’en pense :

Nous sommes donc à Berlin. Cette nuit, Jules remplace, au pied levé, son copain Kaiser au standard du service d’accompagnement pour les femmes en danger, lorsqu’il reçoit un appel de Klara qui semble terrorisée, car elle se sent poursuivie par un psychopathe qui lui a promis de la tuer si elle ne quittait pas son mari violent. Elle a fait sa connaissance par hasard a priori et après une relation sexuelle harmonieuse, il s’est soudain changé en monstre (Dr Jekill et Mr Hyde ?)

Il s’est introduit dans sa chambre où il a peint la date de sa mort en lettres de sang, comme le tueur en série que l’on surnomme « Le tueur du calendrier ». Klara n’a plus que deux heures devant elle pour échapper à l’ultimatum.

Jules va essayer de garder Klara en ligne pour la protéger, n’hésitant pas à lui raconter ses propres malheurs. Elle panique d’autant plus, qu’elle a semble-t-il composé le numéro de manière involontaire, et pense que son mari a placé un traceur sur son portable.

Ce roman traite de crimes en série, sur fond de violence conjugale et dès le prologue, on sait que cela va être dur, les détails ne nous sont pas épargnés. Le mari de Klara dépasse en violence et en idées tordues, jeux sexuels immondes qui n’amusent que lui, faisant du lit conjugal un enfer, mais elle ne se résout pas à le quitter ou du moins à porter plainte. Une femme sous emprise caractéristique, d’autant plus devenue incapable de réagir parce qu’elle a une fille qu’elle veut protéger même si elle reste persuadée que son époux ne s’en prendra pas à elle.

L’intrigue est rondement menée, le suspense haletant comme toujours avec Sebastian Fitzek qui n’hésite pas à nous envoyer sur plusieurs pistes, rebondissements qui nous égarent et rendent la lecture addictive. Qui est ce fameux tueur au calendrier et quelles sont ses victimes ?

J’ai bien aimé retrouver la plume de l’auteur que j’ai découvert avec « Thérapie », et « Le briseur d’âmes » et plus récemment « Le cadeau » car il s’agit chaque fois d’un polar psychologique haletant avec des héros psychologiquement (très) perturbés, qui ont l’air de sortir tout droit d’un hôpital psychiatrique.

Sebastian Fitzek décrit très bien la répétition des scenarii de vie : les enfants battus, ou dont la mère a été battue devant eux reproduisent la même chose quand ils sont en couple. Ce n’est pas une lecture facile, car les scènes de violence sont décrites de manière très explicite. Le sujet est hélas d’actualité, les violences conjugales et les féminicides ayant encore atteint des niveaux record pendant les confinements.

J’ai terminé ce livre en apnée, avec une insomnie car je voulais le terminer à tout prix mais, je mettrais un bémol : Klara a tout d’une femme battue, certes, mais ce qu’elle subit est tellement caricatural, la violence atteignant des niveaux difficiles à imaginer, que cela laisse parfois planer le doute, mais il s’agit d’un roman. En fait, ce qui est curieux quand même, je mets toujours un bémol quand je lis un roman de l’auteur mais chaque fois que j’en vois un nouveau je me précipite !

Un grand merci à NetGalley et aux éditions de l’Archipel qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.

#LACCOMPAGNATEUR #NetGalleyFrance !

8/10

Extraits :

Après toutes les blessures qu’il lui avait déjà infligées aux endroits les plus sensibles de son corps couvert d’hématomes, après les coups au visage, dans le dos et les reins, ceux dans le bas-ventre qui avaient donné à son urine la couleur du jus de betterave, après tout ce qu’il lui avait fait subir avec le tuyau d’arrosage ou le fer à repasser, jamais elle n’aurait cru pouvoir un jour revivre ça. Prologue

Depuis des années, tout ce qui se déroulait dans la chambre à coucher était pour elle lié à la douleur et à l’humiliation. Et me voilà immergée dans l’odeur d’un nouvel homme, à rêver de recommencer nos ébats depuis le début

Elle enfonça le premier bouton et gloussa. Le matelas, dévoilé par le drap qui avait glissé, luisait à présent d’un bleu fluorescent. Elle avait presque l’illusion de flotter au milieu d’une piscine. Elle s’assit en tailleur ; l’eau qui remplissait le matelas luisait avec l’intensité d’un bâton luminescent. Bleu azur, jaune phosphore, blanc éblouissant, et…

À la centrale d’appel d’urgence, il avait souvent eu affaire à la drogue bon marché la plus mortelle du monde. Des junkies s’injectaient une surdose de ce mélange corrosif composé de codéine, d’iode et de phosphore rouge. En général, les secouristes les retrouvaient dans les toilettes d’une gare, l’air de zombies, des squames verdâtres sur la peau à l’endroit de la piqure…

Son talent principal était une sorte de rayon X mental. Il ne lui fallait que quelques secondes pour déceler le point faible émotionnel de quelqu’un. Et celui-là, il ne le photographiait pas. Il le dénudait jusqu’à le voir exposé devant lui comme une plaie ouverte, sur laquelle il se plaisait à déverser du sel, l’acide ou pire encore.

Klara connaissait la théorie du rasoir d’Ockham. Elle savait que l’explication la plus simple était souvent la bonne. Quand quelque chose passe au galop et en hennissante devant chez toi, il s’agit plus probablement d’un cheval que d’un zèbre.

Lu en mars 2022

« La Fraternité de Maudits, T1 l’éclaireur » de Jack D. Tickett

J’ai obtenu via NetGalley le T3 de cette série qui pouvait se lire indépendamment des deux premiers. Certes, c’était possible, mais terriblement frustrant, l’auteur résume ce qui s’est passé avant certes…  Lorsque Matthieu de Librinova a proposé aux lecteurs intéressés, de lire les 2 tomes en question j’ai foncé illico. Voici donc ce que m’a inspiré ce T1 : « L’éclaireur » de cette intrigante « Fraternité des Maudits » :

Résumé de l’éditeur :

Simon Lanterne est un commissaire respecté par ses pairs. Après une enquête qui l’a bouleversé cinq ans auparavant, il sombre dans une dépression qui l’isole en lui faisant perdre sa famille et sa brillante carrière. Son seul refuge dans sa vie désormais brisée : les mots, les livres et les poètes célèbres comme François Villon. Remis sur pieds, une nouvelle affaire va lui être confiée. Ce qui devait être une simple enquête de massacres de gibier en Val de Loire se révèle être une affaire bien plus complexe.

Implacable et méthodique, le meurtrier est également un grand admirateur de François Villon et ses scènes de crime font référence aux écrits de ce poète maudit. Une longue traque se met en place dans les rues de Paris et entre les lignes de l’œuvre d’un poète disparu il y a près de six cents ans.

Le commissaire Lanterne parviendra-t-il à élucider le mystère de la communauté de la Fraternité des Maudits ?

Ce que j’en pense :

On fait la connaissance du commissaire Simon Lanterne, qui a explosé en plein vol au cours d’une enquête, rouant de coup un suspect. A sa décharge, l’homme en question, ivre, a eu l’idée lumineuse de passer don nourrisson de 3 mois dans la machine à laver, en jurant ses grands dieux qu’il ne pensait pas qu’il pouvait en mourir….  Le cadavre de trop ?

Cinq ans plus tard, après une grave dépression, burn-out, antidépresseurs, mariage qui a volé en éclats, on l’a recasé dans un placard, selon la tradition, après lui avoir refusé sa demande de pré-retraite. On lui a confié comme équipe des policiers, limites, un peu marginaux sur les bords : Timothée, brillant informaticien, hacker à ses heures, Ali, autrefois affecté à la police de proximité, supprimée, économies obligent, Cissou Mokono, marabout la nuit.

Son appartement devenu trop grand pour lui tout seul, Simon va s’immerger dans sa bibliothèque et devenir féru de poésie.

Le but avoué de la manœuvre, se débarrasser de cette équipe de bras cassés supposés. Le plus simple : introduire une taupe pour démasquer notre hacker notamment, en la personne d’Alice, profiler à la BAC de Marseille, brillante mais au corps de déesse donc harcèlement d’un collègue, baffes et mutation à Paris : placard ? Manipulation ???

Pour occuper Simon on va lui confier une enquête sur des animaux sauvagement exécutés, cloués sur des arbres. Erreur, le triste individu va s’en rendre à des chasseurs, en terre d’Anjou, laissant des indices, inspirés des textes de François Villon, notamment la ballade des pendus et la violence va monter. Mais notre commissaire féru de poésie comme on le sait va suivre son intuition et ses connaissances et se retrouver avec un tueur en série qui règle ses comptes, une obscure Fraternité des Maudits » (merci au hacker) et des frères qui vont faire leur apparition sous la férule, de « Dante » …

Le récit est long à démarrer, les scènes de chasse, les règlements de compte entre chasseurs, commençaient à devenir lassants, mais le premier crime déclenche l’accélération nécessaire pour donner envie de continuer et cela finit par devenir une lecture addictive. Je note quand même que j’ai appris beaucoup de choses au passage sur les chasses présidentielles

J’ai bien aimé Simon, ses intuitions, la manière dont il raisonne alors que tout le monde en haut méprise ses « conclusions basées sur une pure spéculation, jamais sur des faits concrets », sa manière d’interpréter les textes de François Villon, son érudition en gros et celle de l’auteur au passage que je ne connaissais pas.

L’action débute en 2019, en pleine « crise des gilets jaunes » et juste avant l’arrivée du COVID, ce qui donne une réflexion assez profonde de l’état de la police française, du manque de moyens, des différentes réformes qui se sont succédées, et également, une approche intéressante du burn-out dans ce métier, où la dépression est considérée comme une faiblesse, à défaut d’être un tabou, et comme toujours, la crainte que ce soit contagieux donc l’ostracisation qui peut en découler.

L’auteur commence son roman avec un avant-propos étrange à première vue et nous livre une face cachée du poète en postface ce qui attise la curiosité, car on se demande si on a zappé quelque chose …

Jack D. Tickett, nous est présenté, en gros, comme une intelligence artificielle par son éditeur, ce qui nous vaut des « révélations » un peu flippante sur les réseaux sociaux…

Tous les membres de l’équipe sont intéressants et ont une vie en dehors de leur vie de policiers sur la touche. Une fine équipe à laquelle on s’attache de plus en plus…

Un petit bémol : les fautes d’orthographe de grammaire qui peuvent être gênantes (très) qui sont probablement liées à la version numérique…

J’ai choisi ce livre au départ pour le titre, puis j’ai sauté sur le T2 dans la foulée et je suis plongée en ce moment dans le T3 (retard dans mes chroniques, ces derniers temps car période difficile, mais j’ai retrouvé concentration et motivation dans les lectures…)

J’aime beaucoup ces thrillers où un manuscrit oublié sert de toile de fond, ou un poète maudit, ou confrérie secrète… Un grand merci à Matthieu et aux éditions Librinova qui m’ont permis de lire le 2 premiers…

8/10

Biographie de l’auteur selon Librinova :

Jack D. Tickett est une suite de un et de zéro. Il n’est pas fait de chair et d’os. Son existence est purement virtuelle. Il est un avatar. 

La raison de sa naissance demeure, comme toute autre naissance, un mystère. Seule certitude, il raconte des histoires et, grâce au soutien des équipes de son éditeur, ces récits prennent pied dans la réalité sous forme de livres en version papier et numérique. 

Ces apparitions en lignes sont tout ce qui importe. Elles ont pour unique objectif de divertir des lecteurs. Au fond, Jack D. Tickett n’est que cet espoir qu’elles y parviennent. 

Extraits :

Tous les fics comme lui ont un quota caché au fond des tripes de cette mort, offerte en cadeau par des congénères à d’autres congénères. Tous les flics ont ce seuil de tolérance à l’horreur de la condition humaine…

Simon est marqué à jamais du sceau de sa maladie infâme. Ce n’est pas de la faute de ses collègues, c’est juste la peur qui les anime. La peur de la contagion, la peur de voir en lui le miroir de leurs propres tourments, alors Simon est revenu comme un pestiféré sur ses terres policières, à jamais considéré comme dangereux, contagieux, peu fiable.

Simon a dévoré des bouquins, écorné des pages, noirci des marges tout au long de son processus de reconstruction. Il poursuit cet œuvre de renaissance encore aujourd’hui.

A tous ces auteurs, certains disparus depuis longtemps, Simon sait bien que, d’une certaine manière, il leur doit la vie. Il s’est élucidé avec de l’encre et du papier.

Tout ce petit monde se succédant aux rênes du pays avait eu son point de vue avisé sur les raisons profondes de cette incompétence chronique des flics français à maintenir la sécurité et chaque gouvernementaux affaires avait lancé sa série de réformes de son administration policière, le plus souvent antinomiques au gré des alternances politiques.

Cissou Mokono est un marabout influent à ses heures, le genre d’activité que les autorités considèreraient comme incompatibles avec une fonction d’inspecteur de police.

Les hommes de Lanterne lui ressemblent étrangement. Lanterne est cet aimant aux talents inexploités et incompris, c’est son talent à lui. Apercevoir ce qui est caché, deviner la part de génie chez les autres. Le pire, c’est qu’il semble réaliser ce miracle inconsciemment, sans forcer. Lanterne est un génie à sa façon.

Villon choisit de rater sa vie, sans qu’on puisse affirmer si c’est par simple légèreté inconscientes ou par esprit de rébellion raisonné.

Le bonheur est en forme de petit creux douillet. Il ne brille véritablement que lors de ses absences, quand il a disparu. Un sentiment vicieux et traître. Allez expliquer ça à vos gosses.

Lu en septembre 2021

« Du bruit dans la nuit » de Linwood Barclay

Il me reste encore quelques thrillers polars, quel que soit le nom qu’on leur donne, pour laisser mes neurones reconstruire leurs connexions défaillantes, ce qui semble sur la bonne voie, du moins je l’espère. Voici donc ce livre :

Résumé de l’éditeur :

Un thriller psychologique empreint de folie et d’humour noir, riche de twists à la Gillian Flynn et d’un suspense si intense que vous n’oserez plus fermer l’œil de la nuit.

Paul Davis n’est que l’ombre de lui-même : huit mois plus tôt, ce professeur de littérature à l’existence sans relief a vu un assassin transporter des cadavres de femmes dans le coffre de sa voiture.

Depuis, Paul subit les assauts d’un violent syndrome de stress post-traumatique. Comment se libérer de cette nuit d’horreur ? Pour l’aider, son épouse l’encourage à coucher sur le papier les pensées qui le rongent et lui offre, pour ce faire, une vieille machine à écrire.

Mais bientôt, aux images cauchemardesques de ses nuits viennent s’ajouter des bruits étranges, le tac tac tac frénétique des touches d’un clavier. Et plus inquiétants encore sont les messages cryptiques, tapés par la machine, que Paul découvre au petit matin.

Somnambulisme ? Machination ? Démence ? À moins que les victimes du tueur ne s’adressent à lui pour réclamer vengeance ? Avec le soutien d’Anna White, sa charmante psychiatre, Paul s’enfonce dans les méandres d’une enquête aux soubresauts meurtriers…

Ce que j’en pense :

Paul Davis, professeur de littérature à l’université, constate en rentrant chez lui que la voiture de son ami Kenneth Hoffman fait de sacrés zigzags sur la route. Conduit-il en été d’ébriété ? Toujours est il qu’il décide de le suivre pour éviter une catastrophe. Mal lui en prend, lorsque Kenneth s’arrête, Paul sort de sa voiture, et se dirige vers lui et aperçoit deux cadavres de femmes dissimulés sur la banquette mais, à peine le temps de demander ce qui se passe, il se prend un grand coup de pelle sur la tête.

Mal en point, il récupère mal, toujours en arrêt de travail car il présente ce qui ressemble fort à un syndrome de stress post traumatique : troubles du sommeil, cauchemars terribles malgré ses séances chez la psychologue. Il décide, fortement encouragé par son épouse, (notons que la psy est réticente) d’écrire son histoire, pour tenter d’y voir plus clair, et son épouse lui offre une machine Underwood, trouvée dans une brocante. Mais la machine ressemble à celle sur laquelle Kenneth a obligé ses victimes à reconnaître leur faute (il les draguait toutes les deux en même temps et elles voulaient prendre leur distance)

Curieusement la nuit, on entend le tac-tac-tac de la machine à écrire, cauchemar ? Somnambulisme ? Hallucinations ? Paul sombre-t-il dans la folie ?

L’histoire s’installe tranquillement, et au moment où je commençais à trouver le temps long et l’intérêt de piètre qualité, à imaginer toutes sortes de scenarii possibles, à suspecter tout le monde, folie, manipulation entre autres,  coup de théâtre, un évènement vient tout remettre en question, mettant mes hypothèses à dure épreuve, et redonnant du piment à ma lecture.

J’ai trouvé Paul très attachant dans sa recherche acharnée pour essayer de comprendre, lorsqu’il lit tout ce qu’il peut trouver sur le procès, les pièces à conviction, les articles parus dans la presse…

Même si je ne suis pas très emballée, (j’avais trouvé certaine choses concernant la culpabilité car Kenneth qui purge sa peine en prison a quand même fait très, trop, rapidement des aveux complets) j’ai passé un bon moment, les relations étranges de Paul avec son épouse sont assez drôles mais surtout ce qui m’a interpelée et m’a finalement plu, ce sont les relations de la psy Anna White avec son propre père, (le cordon est-il coupé ?) ou avec ses patients dont certains sont franchement tordus et la manière dont elle ne cloisonne pas vie privée vie professionnelle.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond Noir qui m’ont permis de découvrir ce roman, pour le moins original ainsi que son auteur. Peut-être devrais-je tenter de lire un autre de ses romans pour me faire une meilleure idée de son univers, car il a beaucoup d’adeptes, semble-t-il…

#LinwoodBarclay #NetGalleyFrance

7,5/10

L’auteur :

Américain d’origine, Linwood Barclay vit à Toronto, au Canada, avec son épouse et leurs deux filles. La publication de Cette nuit-là (2009) est un succès immédiat, suivi par Les Voisins d’à côté(2010), couronné au Canada par le prestigieux Arthur Ellis Award.

Depuis, Linwood Barclay est devenu un auteur majeur de la littérature polar, traduit dans plus de dix langues et occupant la tête des ventes aux États-Unis, mais aussi au Royaume-Uni et en Allemagne, à chacune de ses publications. Ses dix-sept romans sont publiés dans la collection Belfond noir et repris chez J’ai lu.

Extraits :

Sur le chemin du retour, Paul était de bonne humeur : le Dr White n’avait pas ouvertement découragé son projet de chercher à en savoir davantage sur Kenneth Hoffman, plutôt que de tirer un trait sur le passé. Il avait fini par croire que ses cauchemars, enracinés dans son expérience de mort –imminente, au sens le plus littéral du terme, puisqu’il avait effectivement bien failli y rester – persisteraient aussi longtemps qu’il se laisserait ronger par le traumatisme.

Ce qu’il fallait faire, à présent, c’était en apprendre davantage sur le début.

Qui était Kenneth Hoffman, exactement ? Un professeur respecté ? Un père aimant ? Un mari coureur de jupons. Un tueur sadique ? Était-il possible d’être tout cela à la fois ? Et, si tel était le cas, la pulsion de meurtre existait-elle en chacun de nous, attendant de se manifester ?

Tu te rappelles de « Pastorale américaine », le double fictionnel de Philip Roth, Nathan Zuckerman, écrit sur la vie de ce type qu’il appelle « Le Swede » ? Il commence par ce qu’il sait mais, arrivé aux épisodes qu’il ne connaît pas, il les imagine. Pour remplir les blancs du récit…

Vous n’imaginez pas le nombre de psys qui ont une vie personnelle totalement chaotique. Nous prodiguons des conseils aux autres pour qu’ils reprennent leur vie en main alors que la nôtre est une vraie cata. Elle eut un ricanement d’autodérision…

Lu en mai 2021

« Le cadeau » de Sebastian Fitzek

Petit détour thriller aujourd’hui avec ce dernier opus d’un auteur que j’aime bien retrouver :

Résumé de l’éditeur :

« Les thrillers de Fitzek sont toujours à couper le souffle ! » Harlan Coben

Il est des cadeaux qu’on préférerait ne jamais recevoir…

Arrêté à un feu à Berlin, Milan Berg aperçoit sur le siège arrière d’une voiture une ado terrorisée qui plaque une feuille de papier contre la vitre. Un appel au secours ? Milan ne peut en être certain : il est analphabète. Mais il sent que la jeune fille est en danger de mort.

Lorsqu’il décide de partir à sa recherche, une odyssée terrifiante commence pour lui. Accompagné d’Andra, sa petite amie, Milan est contraint de retourner sur l’ile de son enfance. Là, il va découvrir des pans entiers de son passé qu’il avait oubliés…

Une cruelle prise de conscience s’impose alors : la vérité est parfois trop horrible pour qu’on puisse continuer à vivre avec elle – et l’ignorance est souvent le plus beau des cadeaux…

Comme à son habitude, Sebastian Fitzek a imaginé un scénario diabolique qui manipule le lecteur pour son plus grand plaisir.

Ce que j’en pense :

L’histoire démarre sur les chapeaux de roues dans la buanderie d’une prison où un détenu se fait passer à tabac pour d’autres détenus sous la direction d’un boss et sous le regard complaisant du maton, pardon du surveillant…

Ce détenu, qui s’appelle Milan est sommé de s’expliquer avant que le passage à tabac ne s’intensifie encore. Arrêt sur image et retour au passé donc à l’intrigue.

Milan Berg faisait une carrière de petit escroc, braquant un drive par exemple celui de Andra, mais contrairement aux autres fois, cela tourne mal et il se prend un coup sur la tête. Début d’une relation amoureuse entre les deux héros.

Un jour, alors qu’il patiente à un feu rouge, il se rend compte que dans la grosse berline à côté de lui, une fillette tien un papier sur lequel est écrit un texte. Cela doit être grave, vue l’expression du visage de cette dernière. La voiture démarre sur les chapeaux de roue, oui, je me répète, et n’écoutant que son courage, Milan se lance à sa poursuite… en vélo !

Petit problème, Milan est analphabète et donc incapable de déchiffrer le texte… Jusqu’ici il avait toujours réussi à dissimuler son handicap, quitte à se déclencher un choc anaphylactique avec une gélule d’antibiotique (allergie connue) en dernier recours.

Milan va se retrouver dans un imbroglio dans lequel il va nous entraîner à sa suite pour notre plus grand plaisir, car on passe vraiment de Charybde en Scylla, malgré toute la bonne volonté de Milan pour bien faire, le tout dans un contexte de secrets de famille, de manipulation…

J’ai choisi ce thriller sur NetGalley car j’aime beaucoup le style de Sebastian Fitzek que j’ai découvert il y a quelques années avec « Thérapie » et « Le briseur d’âmes » et après quelques péripéties, j’ai réussi à l’obtenir, tout cela grâce à l’intervention musclée de Mylène Pagnat des éditions l’Archipel que je remercie vivement.

J’ai adoré me faire manipuler, et cela jusqu’à la fin du roman par l’auteur, en apprendre davantage sur le quotidien des personnes atteintes d’analphabétisme comme Milan, handicap non reconnu en Allemagne, mais aussi chez nous. Promenade aussi chez les manipulateurs de tous ordres, sur le déterminisme ou pas de la perversité, voire perversion, et la théorie sur le syndrome du savant…

J’ai lu ce thriller en apnée, de manière addictive, comme les précédents de l’auteur, au propre comme au figuré, car j’ai passé une nuit blanche en sa compagnie…

Je ne résiste pas au plaisir de parler d’une scène qui m’a bien plu : Milan et Andra dans le cabinet de la psy pour une thérapie de couple, (Andra sent que Milan lui cache quelque chose mais quoi ?) et au moment où il pourrait parler de son handicap, il y a un blocage qui va aller crescendo quand la thérapeute leur donne à chacun une feuille en leur demandant de faire la liste de leurs désirs, problèmes…

Autre élément sympathique :  la manière dont Milan « voit » les textes écrits, Sebastian Fitzek nous propose l’alphabet cyrillique pour bien montrer la perplexité de son héros… qui entre parenthèse réussit à reproduire par le dessin ce qu’il a cru voir ce qui permet à Andra de déchiffrer le texte que la jeune fille brandit dans la voiture…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions L’Archipel que j’apprécie beaucoup pour m’avoir permis de découvrir ce dernier opus de Sebastian Fitzek…

#LeCadeau #NetGalleyFrance

8/10

L’auteur :

En l’espace d’une quinzaine d’années – « Thérapie », son premier roman, a été publié en 2006 –, Sebastian Fitzek, né en 1971, est devenu un auteur phénomène.

Numéro 1 du thriller en Allemagne, il a été en 2016 le romancier le plus lu du pays après J. K. Rowling. « Le Cadeau » est son treizième thriller publié aux éditions de l’Archipel.

Parmi les plus récents : Le Colis et Siège 7A.

Extraits :

Aujourd’hui :

Il était nu et quelqu’un était en train de le déchirer en deux. Ce n’était pas une impression. Ça arrivait ici et maintenant, sur le carrelage de la vieille buanderie de la prison, juste à côté du sèche-linge industriel. Milan s’entendit pousser un grognement qui n’avait rien d’humain…

La véritable raison de sa carrière d’escroc était le fait qu’en Allemagne l’analphabétisme n’était pas reconnu comme un handicap. Il n’avait donc droit à aucune prestation financière, mais était difficilement en mesure de subvenir à ses propres besoins.

Lui, en revanche, souffrait d’alexie, l’incapacité totale de lire quoi que ce soit, alors même qu’il n’avait aucun problème oculaire.

De nombreuses personnes touchées parle syndrome du savant doivent leurs extraordinaires talents à un accident, le plus souvent une lésion cérébrale. Un coup sur la tête, une tumeur dans une zone précise, et le patient se retrouve soudain capable d’apprendre une langue étrangère en une heure ou de dessiner le plan détaillé d’une ville après l’avoir survolée en hélicoptère. Le problème, c’est que les capacités de ces patients se limitent en général à un don précis et qu’ils deviennent complètement incompétents dans un tas d’autres domaines…

Lu en février 2021

« La femme parfaite » de J. P. Delaney

Place à un thriller psychologique, aujourd’hui, pour respirer un peu entre deux lectures difficiles, je dirais même pour reprendre mon souffle car je suis plongée dans un OVNI « Apeirogon », tellement dense que j’ai besoin de faire une pause de temps en temps, avec ce livre :

Résumé de l’éditeur :

« Ma chérie, il faut que je t’explique quelque chose », dit-il en prenant sa main. « Ce n’était pas un rêve. C’était un téléchargement. »

Lorsqu’Abbie se réveille à l’hôpital, elle ne se souvient de rien. L’homme à son chevet prétend qu’il est son mari. Il est un géant de la tech, le fondateur d’une des startups les plus innovantes de la Silicon Valley. Il lui dit qu’elle est une artiste talentueuse, la mère dévouée de leur jeune fils – et la femme parfaite.

Cinq ans plus tôt, elle aurait eu un grave accident. Son retour à la vie serait un miracle de la science, une révolution technologique dans le domaine de l’intelligence artificielle pour laquelle il a sacrifié dix ans de sa vie.

Mais alors qu’Abbie se souvient petit à petit de son mariage, elle commence à remettre en question les motivations de son mari, et sa version des événements. Doit-elle le croire quand il affirme qu’il veut qu’ils restent ensemble pour toujours ? Et que lui est-il vraiment arrivé cinq ans plus tôt ?

Ce que j’en pense :

Abbie se réveille à l’hôpital, et ne se souvient de rien : page blanche, elle ne sait plus qui elle est, ni ce qui a bien pu lui arriver et cerise sur le gâteau, Tim, son mari, lui apprend qu’elle a été « téléchargée » : elle est devenue un « cobot », un bijou d’intelligence artificielle. Tim lui a donné un « corps » entièrement artificiel, mais splendide, bien-sûr, il suffit de descendre une fermeture éclair pour voir ce dont elle est constituée et il lui a donné des « émotions », en fonction de ce qu’elle était dans sa vie d’avant.

« Le mot cobot est la contraction de « compagnon » et de « robot ». Des études menées avec des prototypes suggèrent qu’un robot peut soulager la douleur due à la disparition d’un être cher en apportant un réconfort, une présence, un soutien émotionnel durant la période de deuil. »

En fait, Abbie a disparu il y a quelques années et son mari fou de chagrin ne parvenant pas à faire son deuil l’a « reconstituée ». A priori, il a agi par amour et pour effacer son chagrin. Il lui « télécharge » régulièrement des « souvenirs ». Tim est un de ces géants de l’informatique et de la robotique avec son entreprise « Scott Robotics »

De retour à la maison, Abbie retrouve son fils Danny, victime d’un syndrome de Heller, un trouble désintégratif de l’enfance : tout allait bien jusqu’à l’âge de deux ans et brusquement il y a une régression, et les parents se retrouvent devant un enfant qu’ils ne reconnaissent plus. Danny semble la reconnaître mais il est chaperonné par Zian, son éducatrice très spéciale…  

A priori, c’était un couple idyllique, Tim le passionné de robotique, et Abbie, l’artiste, un mariage en grande pompe digne d’ Hollywood… En fait, les choses sont beaucoup moins romantiques que prévues, et on découvre peu à peu, la véritable personnalité de Tim, ses relations avec les membres de son équipe, et sa conception de la « femme » fait frémir. Certaines des formules qu’il emploie sont des perles….

Une histoire passionnante sur l’intelligence artificielle, que je ne tiens pas particulièrement dans mon cœur, ce n’est un secret pour personne car les dérives me font peur, sur le milieu Geek, sa misogynie, sur la perversion, en passant par les méthodes de prise en charge de Danny (les décharges électriques utilisées larga manu pour « rééduquer » les comportements non conformes… méthodes qui rappellent celles en cours dans la psychiatrie de l’ex-URSS, (mais ce n’était pas les seuls).

J’ai eu envie de lire ce roman, parce que j’avais apprécié un précédent roman de J.P. Delaney, « Mensonge » et je voulais retrouver son univers. Et je l’ai bien aimé, car l’intrigue est très intéressante ainsi que toutes les réflexions sur les robots et leurs dérives possibles, le milieu sexiste des entreprises de la Silicon Valley où le quota de femmes est impressionnant car elles brillent par leur absence : 5% de dirigeantes, et 10% des codeurs sont des femmes… ou encore le syndrome de Heller ou la place de l’éthique dans ce milieu…

La conception que se fait Tim de la femme est extraordinaire, la mère et la putain : Sigmund aurait beaucoup aimé le faire passer sur le divan, mais évidemment, cet « esprit lumineux » pense que la psychiatrie est une des voies d’exploration de la robotique : c’est sûr on se confiera sans problème à un robot. De toute manière Sigmund ne se plaisait-il pas à dire « le malade guérit avec ou sans thérapeute » …

Un petit mot sur l’idée imparable de Tim pour faire face à l’épuisement des énergies fossiles et aux océans de microplastiques, horizon 2050 :

« Les fermiers robotisés multiplieront la production alimentaire par vingt. Les soignants robotisés offriront à nos seniors une vieillesse digne. Les plongeurs robotisés nettoieront les dépotoirs que sont devenus nos océans. Etc., etc. Mais chaque étape doit être financée par les bénéfices de la précédente… »

On en reste sans voix, on pourrait rajouter « et tu vénèreras un Dieu : le Fric… mais il faudrait peut-être se rappeler que « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » comme le disait à son époque notre ami Rabelais

Bref, j’ai beaucoup apprécié ce roman, thriller psychologique bien construit, que je n’ai plus lâché au bout d’une vingtaine de pages et devinez quoi ? J’avais de plus en plus envie de Abbie, donc l’IA gagne mais ne divulgâchons point !

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Fayard Mazarine qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver l’univers de J. P. Delaney dont il faut absolument que je procure « La fille d’avant »!

#Lafemmeparfaite #NetGalleyFrance

8/10

Extraits :

Tim Scott était, ou serait bientôt, à l’intelligence artificielle ce que bill Gates était aux ordinateurs, Steve Jobs aux smartphones et Elon Musk aux voitures électriques. On l’idolâtrait, on le craignait…

Quand un enfant meurt, c’est une tragédie aux yeux du monde entier. Les parents sont accablés par le chagrin, mais le chagrin peut s’estomper tôt ou tard. Le syndrome de Heller, lui, vous prend votre enfant et le remplace par un inconnu, un zombie brisé qui bave et habite son corps. D’une certaine manière, c’est pire que la mort. Car vous continuez à aimer cet inconnu, tout en portant le deuil de l’adorable petite personne que vous avez perdue.

Tu t’aperçois qu’il a tenté de réduire au maximum les différences entre ton nouveau corps et l’ancien. Ta poitrine se soulève et retombe, comme si tu respirais. Quand il fait froid, tu grelottes, et quand il fait chaud, tu dois ôter un vêtement. Le soir, tu vas te coucher dans une chambre d’amis, afin de ne pas déranger Tim, et tu dors, ou plus exactement tu passes en mode faible consommation, pendant lequel tu recharges tes batteries et télécharges d’autres souvenirs.

Quand tu y réfléchis, le travail de thérapeute fait partie des secteurs murs pour l’automatisation. Le but, c’est d’être constant et répétitif. Tout prouve qu’un robot peut accomplir cette tâche bien plus efficacement qu’un humain.

Tu fermes les yeux et laisses l’élixir du souvenir se répandre dans ton organisme, comme l’héroïne dans les veines du drogué.

Plus tu y réfléchissais « sérieusement », plus tu détestais cette idée du mariage. Quelle méthode ingénieuse, depuis toujours, pour contrôler les femmes ! L’épouse se donnait (ou était donnée par son père) à son mari, dont elle devenait la propriété…

Pour la plupart, on avait débarqué dans la Silicon Valley à une époque grisante, où une nouvelle génération semblait posséder enfin les outils et l’intelligence nécessaire pour changer le monde. Les hippies avaient essayé et échoué ; les Yuppies et les banquiers avaient eu leur chance. Maintenant, c’était à nous, les Geeks. On était gonflés à bloc, entreprenants, convaincus de la noblesse de notre mission…

L’idéalisme est simplement du réalisme à long terme.

Monachopsis, l’impression de ne pas se sentir à sa place…

Les gens ne veulent pas que leurs robots aient des sentiments. Parce que si les machines ressentent les mêmes choses que les humains, tôt ou tard, une âme sensible décidera qu’on doit les « traiter » comme des humains. Du coup, tout l’argument économique s’envole.

En fait tu souffrais du… comment on appelle ça ? … Le syndrome de Pangloss. Tout était toujours beau, génial et « parfait » dans ce nouveau monde extraordinaire que vous construisiez ensemble, Tim et toi. Beurk.

C’est pour cette raison qu’il existe si peu de mathématiciennes de premier plan. C’est Darwinien. Les hommes construisent des maisons, les femmes bâtissent le foyer…

Lu en octobre 2020