« L’ombre de l’ornithorynque » de Stéphane Dovert

Aujourd’hui, je vous parle d’un roman étrange et difficile qui mêle la mythologie, l’aventure, l’ésotérisme  :  

Résumé de l’éditeur :

L’homme est-il digne de ses créateurs ? Les dieux, confrontés à l’enjeu de leur propre survie, envoient trois des leurs pour tenter de répondre à cette question qui les déchire. Salai Saudarh, Abengan et leur sœur Pattenloé parcourent le monde et traversent l’histoire au gré de leurs incarnations. On les retrouve dans les plaines septentrionales de l’Europe paléolithique, aux confins des grands empires d’Extrême-Orient, à Babylone, en Occitan cathare ou dans une Afrique déchirée par la traite des esclaves. Ils participent à leur manière à la Deuxième guerre mondiale, avant de se perdre, à Chicago et à Jakarta, aux portes d’un futur qui les amènera jusqu’au XXIIe siècle.

Mais leurs expériences, loin de les conduire à une commune conclusion, ne cessent de les opposer. Chacun perçoit le monde à travers son propre prisme, reniant bien souvent sa mission de contemplation pour infléchir le cours du destin. Les trois observateurs ne sortiront pas indemnes de ce parcours initiatique et leurs conclusions auront de quoi perturber le Panthéon divin, à la veille d’un jugement dernier inattendu. Une épopée haletante, à la croisée de l’histoire et de la science-fiction.

Ce que j’en pense :

Ma chronique sera brève car je n’ai pas réussi à vraiment terminer ce roman, je l’ai lu en diagonale car je ne parvenais pas à mémoriser les noms des divinités. Si j’ai bien compris, les divinités : Salai Saudarh, Abengan et leur sœur Pattenloé ont décidé de s’incarner, de prendre forme humaine, pour tenter de comprendre le processus de la Création et pour cela ils vont apparaître sous forme de dinosaures, de moines bouddhistes, ou encore de Cathares etc…

Le but est de comprendre comment l’être humain s’incarne, et pourquoi, et par voie de conséquence les imperfections des espèces et comment elles se transmettent d’une entité à une autre, tout en revisitant la préhistoire, l’Histoire, et les contrées de l’Europe à l’Asie.

Ce roman, en fait, a tout pour me plaire, mais tout va trop vite, et en ce moment ma lenteur d’idéation était un obstacle. Je le mets précieusement de côté, pour le reprendre tranquillement car le thème et l’écriture de Stéphane Dovert m’ont plu, mais voilà, un mois c’est trop court.

Je me réserve la possibilité de reprendre cette chronique quand j’aurai tout assimilé car ce livre est impressionnant …

Un grand merci à Babelio et aux éditions Arkuiris (Nom inspiré du portugais, signifiant « Arc en ciel » que je ne connaissais pas, mais dont le catalogue est intéressant et tentant !) qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.

Je préfère de pas mettre de note car elle ne reflèterait pas la teneur et la qualité du roman.

L’auteur :

Stéphane Dovert a passé plus de vingt ans en Asie entre la recherche en sciences humaines et la diplomatie. Il a notamment fondé l’Institut de Recherche sur l’Asie du Sud-Est Contemporaine en 1999, avant de coordonner la coopération française en Birmanie, puis en Malaisie. Il a également été, au ministère des Affaires étrangères, responsable du pôle de l’Écrit et des Industries culturelles puis de celui des Partenariats universitaires avant d’être nommé commissaire-général de l’année France-Corée.


Il a écrit ou coordonné plus d’une dizaine d’ouvrages de recherche dont Timor-Est le génocide oublié (L’Harmattan), Les Musulmans d’Asie du Sud-Est face au vertige de la radicalisation (Les Indes savantes), Réfléchir l’Asie du Sud-Est (Les Indes savantes) ou Les Rohingya de Birmanie (Aux Lieux d’Être). Il a aussi codirigé une anthologie de poésie avec l’intellectuel birman Jimmy Kyaw Nyunt Lynn, publiée aux éditions Arkuiris….

http://www.arkuiris.com/auteur.php?id=4

Un aperçu du catalogue: https://www.babelio.com/editeur/66804/Arkuiris

Lu en octobre 2022

« Sphère » de Florent Rigout

Je vous parle aujourd’hui d’un livre, un OVNI que j’ai choisi pour le titre et pour faire la connaissance avec les éditions L’alchimiste, et le jeu valait la chandelle. Ce fut un petit moment de détente tandis que j’étais plongée dans la lecture de « La plus secrète mémoire des hommes » :

Résumé de l’éditeur :

Lieutenant au Service des violences domestiques, Franck Bassa est soudainement catapulté sur une affaire de meurtre, celui d’un physicien du SNOLAB, le célèbre Centre d’études sur les neutrinos.

Le flic retrouve vite ses vieux réflexes. Armé de méthodes peu conventionnelles, en proie à son passé et en quête de rédemption, il plonge dans cette enquête obscure.

Pourquoi avoir tué ce physicien ? Sur quoi portent réellement les recherches du SNOLAB ? Pourquoi des sbires d’une multinationale tentaculaire le pourchassent-ils ?

Et pourquoi un gamin se découvre-t-il subitement surdoué, écrivant sur les murs des équations dignes des plus grands mathématiciens du monde ?

Noyé au milieu de la Physique de l’Intelligence Artificielle, Franck Bassa s’enfonce dans la plus folle enquête de sa vie, prêt à tout pour découvrir le lien qui unit tous ces mystères.

Ce que j’en pense :

Franck Bassa, lieutenant dans une unité chargée des violences domestiques, où il se morfond, se trouve catapulté sur une scène de crime : un physicien de la société SNOLAB, qui étudie les neutrinos, a été retrouvé mort, assassiné. Le collègue qui travaillait avec lui a pris la fuite.

Curieusement, le directeur du centre de recherches a décidé de renvoyer tout le personnel… Alors que Franck l’arrête chez lui, en train de faire ses valises, et le ramène au commissariat, il est assassiné en pleine rue, au nez et à la barbe de Franck, persuadé de tenir le coupable.

Inutile de dire que sa supérieure le renvoie à son poste, mais une jeune femme, Emma, l’aborde et tente de se rapprocher de lui, sous prétexte qu’elle devait avoir un entretien dans la société. Espionne ? On plonge alors dans le domaine des mathématiques de haut niveau, des neutrinos, tandis qu’un concours est lancé pour résoudre une équation de haut niveau.

Mystérieusement un commando tente d’enlever un jeune adolescent, surdoué, qui écrit des formules incompréhensibles au commun des mortels sur les murs de sa chambre.

Quelle est la découverte faite par les deux scientifiques pour déclencher ces assassinats en série, avec des moyens mafieux ? derrières lesquelles se cache la société Skytral et en toile de fond la mystérieuse Sphère…

Il s’en suit une enquête qui a démarré sur les chapeaux de roues et nous réserve des découvertes intéressantes et un rythme fracassant, dans l’évolution des faits, sur fond de sociétés sans scrupules, qui veulent mettre la main sur tout ce qui peut leur permettre de dominer la planète.

Peu à peu, on fait plus ample connaissance avec Franck policier émérite, qui a fait une brillante carrière dans une unité intensive (RAID ?) jusqu’au jour où une balle dans le genou l’oblige à démissionner : il n’est plus opérationnel malgré la rééducation. Ceci va avoir des répercussions en cascades : Franck est un taiseux, et lorsque son épouse fait une fausse couche, il va se murer dans son silence et son chagrin jusqu’au jour où elle décide de faire sa valise alors exit Franck, direction le Canada…

L’enquête est passionnante. Je redoutais un peu au départ, car les démonstrations mathématiques, physiques, sont de haut niveau, mais je me suis vite immergée dans ce milieu et sur les traces de ce héros mais aussi sur la réflexion sociétale qui accompagne l’intrigue (Ah ! ces chers GAFAB and Cie qui nous polluent tant le paysage !) et il faut reconnaître que l’auteur se met à la portée du commun des mortels : les explications données à Franck nous en apprennent suffisamment pour ne pas se sentir noyés.

J’ai particulièrement apprécié l’opiniâtreté de Franck, son désir de comprendre, que ce soient les mathématiques, l’Intelligence Artificielle, la robotique ou les recherches sur l’autisme, il n’hésite pas à aller à la pêche aux infos, s’approchant des experts dans ces domaines. Et mon goût pour les policiers cabossés est connu.

J’ai beaucoup aimé le style de Florent Rigout que je découvrais avec ce thriller, et particulièrement apprécié, outre le côté addictif du récit, la manière dont il présente les faits, en avançant dans l’intrigue, il nous livre en alternance l’histoire à Bassora (en 998 après J.C.)   d’un jeune étudiant Ibn al-Haytan, alias Alhazen qui a accepté une mission pour étendre la gloire du calife sur tout le Moyen-Orient : découvrir les sources du Nil. Il a choisi pour l’accompagner Abu-Mansir, un jeune géographe qui a bien compris, lui, qu’en cas d’échec ce serait la mort assurée.

Les deux récits s’entrecroisent, nous permettant d’aborder les mathématiciens et les découvertes de l’époque, tout en progressant dans l’enquête et on se rend compte que le désir des hommes de dominer est le même, à l’approche de l’an 1000 qu’à l’heure actuelle, seule la sophistication des méthodes a changé…

A l’heure de la toute puissance des réseaux sociaux, avec les complotistes de tous ordres, ceux qui pensent que la Terre est plate, que l’homme n’a pas marché sur la lune, j’en passe et des meilleures, voici une phrase qui m’a bien plu :

Avant tous ses pairs, il (Alhazen) a affirmé qu’un homme de science doit se défaire de ses opinions, et opinion signifiait religion à cette période. Se débarrasser de l’influence des écrits sacrés, remettre en cause de manière systématique et ne valider uniquement ses théories que sur l’empirisme. Il s’agit de la première pierre de la science, de l’esprit critique et de la logique.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions L’Alchimiste (que je découvre avec ce livre) qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur dont j’ai envie de découvrir les deux précédents romans, notamment « Saisons sans toi » car son univers particulier a plus qu’éveillé ma curiosité…

#Sphère #NetGalleyFrance !

9/10

L’auteur :

Dans ses histoires, Florent Rigout explore le domaine de l’hypothèse, cet infime halo de brouillard à la frontière entre science et science-fiction, entre savoir et philosophie. De là, il espère poser humblement quelques mots sur l’inexpliqué et amener de l’eau au moulin des rêves.

On lui doit : « Saisons sans toi » et « Triangle »« Sphère » est son troisième roman.

Extraits :

Puis, sans rien dire, elle était partie un matin. Sans un message, sans explications. Cela dit, Franck n’en avait pas besoin, ne les connaissait que trop bien. Lassée des mois de silence et d’omerta qui avaient suivi sa fausse couche, lassée devoir le boulot regagner du terrain sur ces territoires qu’elle avait mis tant de mal   à conquérir, elle avait lâché.

Avant ce réconfort, une longue journée de cours l’attendait, avec le démarrage d’un nouveau cycle d’études pour sa classe. Ptolémée et Aristote les avaient copieusement occupés ces derniers mois, Ibn al-Haytam encore davantage. Son handicap l’obligeait à une charge de travail plus conséquente. Il devait lire, relire chaque ouvrage plusieurs fois avant d’en saisir le contenu. Cette maladie le fascinait autant qu’elle l’énervait. Confondre certaines lettres, trébucher sur les mots, lire sans trouver le sens…

On appelle cela le syndrome acquis du savant, il n’existe que six ou sept cas répertoriés dans le monde. Le garçon dot vous me parlez souffre-t-il d’une forme d’autisme ?

Parce que le Savantisme est plus fréquent chez les autistes. On n’en connaît pas les causes avec certitude, ni les mécanismes précis qui affectent le cerveau des personnes atteintes d’autisme, mais le développement de capacités prodigieuses, qu’elles soient mathématiques, mnémotechniques ou bien artistiques, ont plus souvent lieu chez eux.

S’il réussissait à asservir le Nil, à dompter les eaux mères, le souverain s’assurait le respect et la vénération du peuple entier. Les inondations jugulées et les récoltes optimisées le mettraient à l’abri de bon nombre de doléances. Discipliner la source du grand Nil signifiait tarir celle des maux et colères des Égyptiens…

Il faut cependant garder à l’idée que l’intelligence artificielle ne choisira pas une direction d’elle-même. L’homme, et l’homme seul, imprimera le chemin sur lequel elle évoluera et ça je crois, c’est ce qui nous terrifie, au fond. Nous savons que ces incertitudes dépendent de nous, et nous savons que nous sommes imprévisibles. Or, l’humanité, aujourd’hui, se situe à un tournant majeur dans l’histoire de l’intelligence artificielle.

Le microtubule est un élément du cytosquelette de nos cellules, donc de nos synapses. Dans le cerveau, Skytral a découvert que les microtubules jouaient un rôle majeur dans la formation de la conscience. A l’intérieur, des réactions quantiques très spécifiques s’y produisent, engendrées par les neutrinos qui voyagent en nous sans arrêt… Sans neutrinos pas de conscience. Pour ce dernier extrait, je vous le concède, un décodeur serait peut-être conseillé !

Lu en janvier 2022