« Astra Saga T1: l’or des Dieux de Philippe Ogaki

Je vous parle aujourd’hui d’une BD que j’ai choisie sur NetGalley, alléchée par la couverture et intriguée par le résumé :

Résumé de l’éditeur :

Astra Saga, par Philippe Ogaki, est la rencontre entre la science-fiction et la mythologie nordique. Une série de space opera graphiquement ambitieuse et soutenue par un contenu en réalité augmentée encyclopédique.

Un cargo spatial traverse l’espace profond. A son bord une cargaison des plus précieuses qui ne doit surtout pas tomber entre de mauvaises mains car les forces politiques qui régissent la galaxie pourraient changer drastiquement de camps et ainsi le cours de l’histoire. Une escouade de soldats dragons mandatée par l’empire aborde le cargo et perce sa coque épaisse en quête de l’Or Sacré.

Ce que j’en pense :

Une fois n’est pas coutume, j’ai eu envie de me lancer dans une BD de SF du style Star Wars : la couverture était tellement tentante !

On se retrouve donc entraîné, en l’an 3525 à la suite d’un cargo spatial convoité pour sa riche cargaison, ce qui va déclencher une guerre spatiale. A la tête de la manœuvre, un général qui envoie ses troupes, ses dragons, au casse-pipe à la manière de Napoléon et ses grognards par exemple. On se promène dans des galaxies éloignées aux noms savoureux, dans différentes temporalités, qui nécessite qu’on n’accroche pour ne pas perdre le fil. De surcroît, les légendes sont difficiles à lire, il faut décrypter, ce qui ajoute de l’irritation.

J’ai beaucoup aimé les couleurs, les dessins m’ont quand même déroutée, et malgré l’envie de me retrouver parmi les Ases, les mythes nordiques je n’ai pas réussi à me sentir captivée par ces combats intergalactiques ce qui n’est pas particulièrement surprenant étant donné que Star Wars n’a jamais été ma tasse de thé.

Alors, mauvais timing ? il faut une conjonction des planètes pour qu’une lecture prenne ou non. Une expérience intéressante, donc, mais qui ne me donne pas trop envie de lire le deuxième tome. Il est possible aussi que le contexte de guerre en Ukraine, le Tsar tout puissant de toutes les Russies et la manière dont il jour sur le risque nucléaire, et le chantage sur l’approvisionnement en gaz occupent trop mon esprit pour me laisser aller à une fiction….

Un petit détail anecdotique : j’ai oublié de télécharger la BD à   temps sur NetGalley et pour pouvoir rendre ma copie à temps, j’ai dû l’acheter en version classique…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Delcourt BD qui m’ont permis de découvrir cette BD et son auteur.

#AstraSaga #NetGalleyFrance !

4/10

Quelques planches :

Elles sont de piètre qualité, j’en suis désolée…

Lu en août 2022

« Le Boiseleur » de Hubert

Après l’intermède polar, place à la BD aujourd’hui avec cet album dont la belle couverture était trop tentante pour essayer de résister et le titre très alléchant :

Résumé de l’éditeur :

Joli conte social et sociétal, Le Boiseleur, série scénarisée par Hubert et dessinée par Gaëlle Hersent, s’adresse à tous les amoureux de la nature et de l’esprit.

En ces temps fort lointains habitait dans la ville de Solidor Illian, jeune apprenti sculpteur. Son habileté ravissait l’impitoyable Maître Koppel, délesté ainsi de la plupart des tâches de sculpture. Les habitants de Solidor avaient développé une passion pour les oiseaux exotiques, et chaque maison comportait au moins une cage en bois, avec au moins un oiseau. Les écouter enchantait Illian. Un soir, tandis qu’il fignolait un petit rossignol sculpté dans un rebut de bois, Maître Koppel surgit, furieux, avant d’être apaisé par sa fille, émerveillée par la sculpture. Une sculpture dont ils étaient, à cet instant, loin d’imaginer les répercussions sur toute la ville…

Ce que j’en pense :

Il y a fort longtemps, dans la ville de Solidor vivait Illian, un jeune apprenti sculpteur, sous la férule de Maître Koppel qui l’exploite en exigeant qu’il sculpte des cages pour les notables de la ville. Il y a beaucoup d’oiseaux aux belles couleurs à Solidor, où résonnent des chants pour le grand plaisir de tous.

Chaque année, Maître Koppel offre à sa fille, Flora, pour son anniversaire une nouvelle cage pour accueillir un nouveau compagnon. Illian n’a pas les moyens de s’offrir un oiseau alors il décide d’en sculpter un avec des chutes de bois inutilisées. Mais notre négrier de service se met illico en colère, le traitant de voleur, avec tout ce qu’il fait pour lui dit-il !

Mais la jeune fille surgit et s’extasie devant la sculpture… Et le père va s’en attribuer l’idée et Illian devient sculpteur d’oiseaux pour les riches habitants de la ville. Mais que se passe-t-il quand les sculptures remplacent les oiseaux vivants ? et plus tard d’autres animaux ?

Hubert nous propose un magnifique conte philosophique plein de poésie sur la vie, la beauté, les conséquences lorsque les êtres vivants disparaissent quand il est plus simple de « chosifier » : les oiseaux disparaissent, les belles couleurs, les chants avec eux et la ville, comme la vie deviennent ternes, tristes… Ramage et plumage dirait Jean de la Fontaine…. Que se passe-t-il quand on risque de perdre son âme en voulant s’approprier la beauté de l’autre ?

Le scenario que nous propose  Hubert est très intéressant, mais il ne s’agit pas seulement de raconter une histoire, il s’agit d’une leçon de vie, et les dessins de Gaëlle Hersent sont absolument magnifiques, avec le sens du détail, la précision avec laquelle elle exprime les émotions de son héros Illian et de la belle Flora, tout comme la méchanceté de Maître Koppel… je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux enluminures de Moyen-âge et au soin que les artistes mettaient pour rendre hommage à la beauté, à l’art en général.

J’ai vraiment tellement aimé cette BD, lue sur ma tablette, que je vais m’offrir ce bel ouvrage, (c’est une très belle idée de cadeau !) et lire la suite bien sûr !

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Delcourt BD qui m’ont permis de découvrir cette BD et ce duo d’auteurs bourrés de talent.

#Leboiseleur #NetGalleyFrance

9/10

Hubert, de son vrai nom Hubert Boulard, est un coloriste et un scénariste de bande dessinée français. En 2006, il fait son entrée chez Dargaud-Poisson Pilote avec « La Sirène des Pompiers », dessinée par Zanzim. C’est avec « Miss Pas Touche », dessiné par les Kerascoët, qu’il se fera connaître d’un plus large public. En 2015, il reçoit le Prix Jacques Lob pour l’ensemble de son travail de scénariste. En 2019, il livre le scénario du « Boiseleur : Les Mains d’Ilian » (Soleil), servi par le dessin de Gaëlle Hersent.

Quelques planches:

Lu en août 2022

« Le chef-d’œuvre inconnu » : Honoré de Balzac

Comme promis, je vous parle aujourd’hui de cette nouvelle d’Honoré de Balzac que le superbe livre de Julien Spiewak m’a donné envie de lire :

Incipit :

Les divers résumés que j’ai pu lire, ça et là,  dévoilant trop d’éléments de l’histoire, j’ai préféré présenter l’incipit :

Vers la fin de l’année 1612, par une froide matinée de décembre, un jeune homme dont le vêtement était de très mince apparence, se promenait devant la porte d’une maison située rue des Grands-Augustins à Paris.  Après avoir assez longtemps marché dans cette rue avec l’irrésolution d’un amant qui n’ose se présenter chez sa première maîtresse, quelque facile qu’elle soit, il finit par franchir le seuil de cette porte et demanda si Maître François Porbus était à son logis…

Ce que j’en pense :

Nicolas Poussin, à peine débarqué à Paris, se rend au domicile du maître de la peinture, Porbus (qui travaille pour Marie de Médicis), entre autres, afin de recevoir ses conseils. Dans la montée d’escalier, il croise Frenhofer, un vieux maître qui travaille sans cesse sur son tableau, « La Belle Noiseuse ».

Pénétrant ainsi chez Porbus, Frenhofer se livre à une critique de ses tableaux, car selon lui, Porbus peint des corps mais ses œuvres n’ont pas d’âme alors qu’un tableau doit être habité, vivant. Il n’hésite pas à prouver ce qu’il affirme en retouchant le tableau de Porbus « Marie l’Egyptienne » qui n’en avait pas forcément besoin. En quelques coups de pinceau le grand Maître va prouver comment rendre le tableau vivant.

Poussin va lui proposer de prendre pour modèle sa compagne, Gillette, pour l’aider à achever sa Belle Noiseuse, et une surprise de taille va attendre Porbus et Poussin lorsqu’il se rende à son atelier pour admirer enfin le tableau.

Les noms ne sont pas choisis au hasard, Frenhofer évoquant la peinture flamande, afin d’illustrer le propos. La discussion sur la peinture et l’art en général est passionnante.

Balzac nous propose dans cette courte (trop courte) nouvelle de soixante deux pages, toute une réflexion sur l’Art, comparant la peinture allemande et la peinture italienne, la manière d’introduire la lumière dans un tableau, et ce que peut provoquer l’acharnement afin d’obtenir l’œuvre parfaite, la perfection, le perfectionnisme, l’absolu…

Vous autres, vous croyez avoir tout fait lorsque vous avez dessiné correctement une figure et mis chaque chose à sa place d’après les lois de l’anatomie !

Cette nouvelle m’a beaucoup plu, Balzac sait nous donner des bases pour notre propre réflexion. Il ne se contente pas d’évoquer l’art, il parle de la beauté, du prix à payer, parfois, pour tenter d’atteindre la perfection et tutoyer l’impossible quitte à y perdre son âme.

La mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer ! Tu n’es pas un vil copiste mais un poète.

On est dans une réflexion philosophique, sur la beauté, l’esthétisme même ; l’homme peut-il tutoyer les étoiles, avec ses pinceaux, quitte à se brûler les ailes comme Icare et donnant la vie ou une âme au tableau, ne le fait-il pas au détriment de l’humain ? Car Gillette risque de ne pas sortir indemne de l’expérience.

J’ai souvent pensé, au cours de cette lecture à « la peau de chagrin » et au « portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde, deux romans que j’ai particulièrement aimés car l’auteur nous entraîne dans le domaine du fantastique ou encore « La recherche de l’absolu » dans un autre domaine qu’il publiera quelques années plus tard, en 1934 (lequel m’attend dans ma bibliothèque) …

J’aime beaucoup ce titre : le chef- d’œuvre inconnu évoque un oxymore (Boris !  Sors de ce corps !). C’est drôle : un texte de trente pages sur lequel on pourrait parler pendant des heures.  

Ce n’est un secret pour personne, Balzac est mon auteur favori, talonné de près par Maupassant et Dostoïevski, tandis que Tolstoï et Zola patientent au pied du podium… j’ai pris un peu de retard dans ma progression dans « La Comédie humaine » ces deux dernières années car j‘ai laissé un peu de place aux auteurs contemporains, mais cette nouvelle va me remotiver…

J’avoue que si je connaissais assez bien Nicolas Poussin, Porbus était pour moi un illustre inconnu :  pour la petite histoire, Porbus, alias Franz Pourbus le jeune, Brabançon né à Anvers est arrivé en France à la demande de Marie de Médicis, et pour en savoir davantage sur son œuvre : https://www.pinterest.ch/rinascieuropa/frans-pourbus/

Et en ce qui concerne Nicolas Poussin : https://www.nicolas-poussin.com/louvre/

Un grand merci à la Bibliothèque électronique du Québec qui m’a permis d’accéder à ce livre.

Extraits :

D’innombrables ébauches, des études aux trois crayons, à la sanguine ou à la plume, couvraient les murs jusqu’au plafond. Des bouteilles d’huile et d’essence, des escabeaux renversés ne laissaient qu’un étroit chemin pour arriver sous l’auréole que projetait la haute verrière dont les rayons tombaient à plein sur la pâle figure de Porbus et sur le crâne d’ivoire de l’homme singulier.

Cette belle page représentait une Marie égyptienne se disposant à payer le passage du bateau. Ce chef-d’œuvre destiné à Marie de Médicis, fut vendu par elle aux jours de sa misère.

Cette place palpite, mais cette autre est immobile, la vie et la mort luttent dans chaque détail : ici c’est une femme, là une statue, plus loin un cadavre. Tu n’as pu souffler qu’une portion de ton âme à ton œuvre chérie. Le flambeau de Prométhée s’est éteint plus d’une fois dans tes mains, et beaucoup d’endroits de ton tableau n’ont pas été touchés par la flamme céleste.

Tu as flotté indécis entre les deux systèmes, entre le dessin et la couleur, entre le flegme minutieux, la raideur précise des vieux maîtres allemands et l’ardeur éblouissante, l’heureuse abondance des peintres italiens. Tu as voulu imiter à la fois Hans Holbein et Titien, Albrecht Durer et Paul Véronèse…

Une main, puisque j’ai pris cet exemple, une main ne tient pas seulement au corps, elle exprime et continue une pensée qu’il faut saisir et rendre. Ni le peintre, ni le poète, ni le sculpteur ne doivent déparer l’effet de la cause qui sont invinciblement l’un dans l’autre.

La ligne est le moyen par lequel l’homme se rend compte de l’effet de la lumière sur les objets ; mais il n’y a pas de lignes dans la nature où tout est plein ; c’est en modelant qu’on dessine, c’est-à-dire qu’on détache les choses du milieu où elles sont, la distribution du jour donne seule l’apparence au corps…

Ainsi, pour l’enthousiaste Poussin, ce vieillard était devenu, par une transfiguration subite, l’Art lui-même, l’art avec ses secrets, ses fougues, ses rêveries.

Frenhofer est un homme passionné pour notre art, qui voit plus haut et plus loin que les autres peintres. Il a profondément médité sur les couleurs, sur la vérité absolue de la ligne ; mais, à force de recherches, il est arrivé à douter de l’objet même de ses recherches.

Ma peinture n’est pas une peinture, c’est un sentiment, une passion !  Née dans mon atelier, elle doit y rester vierge, et n’en peut sortir que vêtue. La poésie et les femmes ne se livrent nues qu’à leurs amants.

Lu en janvier 2022