Aujourd’hui, je vous propose une excursion en Suède, avec à la clé un road-trip en camping-car (et autres) sur fond d’apocalypse…
A l’heure où commence cette histoire, Barak Obama est président des États-Unis d’Amérique, Ban Ki-moon secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies et Angela Merkel a encore dix ans devant elle aux fonctions de chancelière d’Allemagne, qu’elle exerce depuis déjà six ans.
La Russie a un président dont quasi personne ne se rappelle aujourd’hui le nom. Il est de toute façon notoire que le véritable dirigeant est le président du gouvernement, Vladimir Poutine…
Suède, été 2011. La mère de Johan vient de décéder, laissant à ses fils un immense appartement de douze pièces avec cagibi (c’est important, Johan ayant été relégué très tôt dans le cagibi alors que son frère aîné Fredrik régnait sur le reste). Le père est parti il y a longtemps et mène la belle vie avec son amant. Fredrik, va prendre son poste à l’ambassade de Rome, en profite pour vendre l’appartement, en achetant un camping-car pour Johan qui ne sait pas conduire, en mettant bien entendu les papiers à son propre nom.
Johan arrive à « conduire » le fameux camping-car jusqu’à un terrain de camping mais il confond accélérateur et frein, droite et gauche et emboutit la caravane d’une prophétesse de l’apocalypse Petra, qui une fois l’effet de surprise assimilé lui explique que d’après son équation en 64 étapes qu’elle a mis neuf ans à résoudre, douze jours plus tard, la température va chuter à -273°, 15) entraînant la fin du monde. En attendant, il faudrait régler certains problèmes anciens qui ont laissé des séquelles sur leur vie d’adulte.
Au cours de cette expédition punitive, ils vont rencontrer Agnès, énergique septuagénaire, influenceuse sur internet qui décrit, photos truquées à l’appui, des voyages qu’elle n’a jamais faits qui va se joindre au voyage, c’est elle qui conduira le camping-car (elle n’a pas non plus de permis mais conduit le camion de l’entreprise familiale depuis plus de trente ans.
Dans ce voyage en Absurdie, on fait la connaissance d’Alexandre Kovaltchuk, conseiller principal de Gorbatchev, puis de Eltsine, avant de se mettre la mafia russe à dos et changer d’identité et de pays, accompagné de son ami de toujours Günther, et bien sûr Johan va sympathiser avec « Obrama sans r » comme il l’appelle, Ban Ki-moon entre autres, en leur parlant de son amour pour la cuisine, de ses plats recherchés sans oublier ses connaissances œnologiques…
Au début, je me suis beaucoup amusée avec cette lecture, que j’avais choisi afin de fuir un peu la sinistrose ambiante, et imaginer les scènes avec Obama ou Eltsine, qui introduit sur l’échiquier celui qui va devenir le cauchemar du XXIe siècle. C’est tellement improbable que le divertissement fonctionne, surtout avec les calculs erronés de Petra, l’infecte Fredrik qui appelle son frère « le nigaud » oubliant même qu’il a un prénom.
Mais, au fur et à mesure que je tournais les pages, j’ai commencé à soupirer : au bout d’un moment, on finit par tourner un peu en rond. J’ai ressenti la même chose en lisant, il y a longtemps « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ». Emballement, puis soupirs ce qui n’empêche pas de passer un bon moment.
Il faut reconnaître que Jonas Jonasson nous fait réviser l’Histoire, notamment de la Russie, mais la politique d’une époque des mafias, le blanchiment d’argent, les paradis fiscaux, en passant par Eltsine en caleçon à la Maison-Blanche.
Il y a des scènes hilarantes : Fredrik assistant dans l’ombre, lors d’une réception à l’Ambassade aux échanges entre Obama Ban Ki-moon et Johan, au comble de l’exaspération : qu’est-ce que le nigaud peut bien leur raconter ? ou encore, retrouver Alexandre, président auto-proclamé des Condors, paradis fiscal, sous le nom d’Aleko…
Je remercie vivement les éditions Les Presses de la Cité qui m’ont permis de lire ce roman avec la complicité de l’opération masse critique de Babelio.
7/10
Extraits :
Six ans avaient passé. Puis neuf autres années consacrées au calcul enfin achevé. Le résultat était irréfutable. La prophétesse pouvait annoncer à quelques minutes près quand l’atmosphère disparaîtrait. Elle ne prit même pas la peine de démissionner. Elle arrêta simplement d’aller au travail. Elle était certaine que les élèves n’y voyaient rien à redire. Elle cessa de payer son loyer. Elle ne cherchait pas à économiser de l’argent, à quoi lui servirait-il quand la planète serait entièrement couverte de glace ? C’était simplement inutile…
Trois personnes sans permis dans un véhicule qui traversait l’Europe. Petra dut convenir qu’un verre de vin au volant n’aggraverait pas beaucoup les choses. Mais, dans un souci d’exactitude, elle rappela que l’alcool pouvait parfois être mortel. Et que dans certains cas, ce n’était pas plus mal…
Alexandre Kovaltchuk lâcha Gorbatchev à temps, s’entraîna rapidement à ingurgiter de grandes quantités de vodka et, armé de son charme, se fraya un chemin jusqu’à l’entourage de Boris Eltsine, premier président de la nouvelle Russie. Eltsine fut si impressionné par la sacrée descente du jeune Kovaltchuk qu’il lui confia davantage de responsabilités dans le renouveau que l’aurait osé Gorbatchev…
En simplifiant largement, on pouvait dire que le conflit en Syrie opposait un dirigeant laïc, qui jugeait que personne n’avait droit à rien, à une bande d’islamistes, pour qui l’homme (mais pas la femme) avait tous les droits. Aucun des d’eux ne prenait en considération les souhaits des citoyens, à titre individuel.
Aleko pouvait passer plusieurs jours d’affilée parmi les archives secrètes, en particulier quand Eltsine était si saoul qu’il ne notait pas l’absence du premier conseiller, ni de personne d’autre. Comme la semaine suivant sa visite à Washington chez le président Clinton – qui avait gracieusement passé sous silence l’escapade nocturne du président russe à travers la Maison Blanche – un président russe en caleçon, et désespérément en quête de pizza…