Ce n’est un secret pour personne, j’aime beaucoup les polars nordiques, alors je n’ai pas pu résister à l’envie de découvrir une auteure suédoise que je ne connaissais pas encore avec ce roman :

Résumé de l’éditeur :
TROP DE LARMES ONT COULÉ
SUR L’ARCHIPEL DE STOCKHOLM
Une nuit de février 1944, à Stockholm, une mère de famille est retrouvée morte chez elle, clouée au sol. Trente ans plus tard, plusieurs femmes subissent exactement le même sort.
Dans les années 80, le meurtrier récidive mais ce n’est qu’aujourd’hui que des indices refont surface.
Britt-Marie, Hanne, Malin…
À chaque époque, une femme flic se démène pour enquêter, mais les conséquences de cette traque pourraient s’avérer dévastatrices.
L’Archipel des larmes, magistralement construit, nous fait traverser les décennies suédoises en compagnie de femmes hors du commun, avides de justice, et déterminées à arrêter ce monstre.
Ce que j’en pense :
Un premier crime est commis en 1944 à Stockholm : une jeune femme mère d’un enfant en vas âge est retrouvée assassinée sauvagement, crucifiée sur le parquet, un ustensile de ménage dans la gorge. L’auxiliaire Elsie, traitée comme du menu fretin par les policiers avec lesquels elle travaille, est surprise par le tueur qui la fait tomber dans les escaliers et la tue…
En 1971, une autre femme est assassinée de la même manière, et Britt-Marie qui n’est autre que la fille biologique, est très mal accueillie par l’inspecteur qui la cantonne à la paperasserie, elle pourtant une idée lorsqu’un deuxième meurtre est commis, mais elle disparaît mystérieusement.
Dans les années quatre-vingt, c’est la criminologue Hanne, qui fait les frais de la maltraitance policière…
Ce roman nous raconte des crimes en séries, concernant uniquement des femmes, dans un contexte où l’arrivée des femmes dans la police misogyne de l’époque est très mal acceptée. Soit on leur interdit le terrain, on les condamne à la paperasserie, soit on leur met la main aux fesses, en les écartant car elles osent se rebiffer. Et les choses vont-elles mieux quand elles sont plus nombreuses dans les années 2000 pas forcément…
Camilla Grebe étudie aussi au passage la double peine : le travail et la gestion de la maison, car les époux de ces dames ne mettent pas trop la main à la pâte…
Une belle étude de l’évolution des femmes des années quarante à nos jours, des humiliations qu’elles ont subies, de la difficulté à se faire une place : en théorie on est pour l’égalité mais en pratique c’est beaucoup moins évident.
Quant à l’enquête elle-même, elle est passionnante, la manière dont sont exposés les meurtres, les intrications avec les familles, les policiers car le coupable peut se cacher n’importe où et pourquoi disparaît-il des radars pendant des années ?
J’ai choisi ce roman car j’aime beaucoup les polars nordiques. C’est le premier roman de l’auteure que je lis et je l’ai beaucoup apprécié, car la narration est originale : avant chaque chapitre, Camilla Grebe nous propose un message, comme une lettre resituant le contexte….
Un immense merci à NetGalley et aux éditions Calmann-Lévy qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.
#LArchipeldeslarmes #NetGalleyFrance
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L’auteure :
Camilla Grebe, née le 20 mars 1968 à Älvsjö, est une romancière suédoise.
Elle est l’auteure d’Un cri sous la glace, paru en 2017 aux éditions Calmann-Lévy, devenu un phénomène mondial. Le Journal de ma disparition, son deuxième roman, a remporté l’immense Glass Key Award, récompensant le meilleur polar scandinave, ainsi que le Prix des lecteurs du Livre de Poche 2019. L’Archipel des larmes vient tout juste de remporter le Prix du meilleur polar suédois 2019.
Extraits :
La lettre d’introduction :
Les mots peuvent-ils apaiser et guérir ?
Un récit peut-il aider à comprendre l’incompréhensible ?
Le transformer en une chose que l’on peut appréhender, contempler de l’extérieur et, peut-être un jour, laisser derrière soi, tel un lieu où l’on a vécu, passé beaucoup de temps, mais qu’après mûre réflexion on décide d’abandonner ?
Si je place un mot après l’autre, si je compose des phrases, des paragraphes, si je parviens à insuffler la vie à l’histoire qui prend forme, peut-elle devenir le radeau qui me permettra de sortir des ténèbres ?
Je vais essayer.
Voici mon récit, mon radeau. Il commence avec Elsie Svenns.
Elle est, si je puis dire, la première héroïne de ce livre. Elle est également sa première victime. Mais elle l’ignore encore, cela va sans dire, en cette soirée tardive de 1944, quand elle s’accroupit près d’un enfant au commissariat de Klara à Stockholm.
Deuxième lettre :
La fin des années cinquante voit l’arrivée des premières femmes policières et, comme par hasard, elles sont toutes affectées dans les bas-fonds, les autres zones d’intervention ne disposant pas de « commodités » pour elles. Si elles ont les mêmes attributions que leurs homologues masculins, elles portent une matraque à la place d’une baïonnette. Les « Jupes », comme on les appelle, suscitent un certain émoi…
… Le syndicat des policiers de Stockholm – les « Camarades » – partage son avis. Les femmes n’ont rien à faire dans les forces de l’ordre, un point c’est tout. En tout cas pas comme agents. Du moins pas sur le terrain, à pied, du fait de leur physique plus faible. Elles ne devraient pas non plus monter dans les voitures, puisqu’elles peuvent distraire le conducteur – de quoi aurait-il l’air s’il sortait de la route parce qu’il a été charmé par sa collègue
Extraits liés à l’enquête :
Certes, pour sa thèse, elle s’est aussi appuyée sur des cas réels. Elle a passé en revue, avec le professeur Sjöwall, d’innombrables meurtres, commis en Suède et à l’étranger, mais cette affaire-ci la touche d’une autre manière. Peut-être est-ce la prise de conscience qu’elle peut véritablement influer sur le cours de l’enquête, qu’on attend d’elle une réelle participation.
N’est-ce pas la libération ultime que de pouvoir vivre en couple sans être limité par les enfants ? De posséder l’indépendance dont jouissent les hommes depuis la nuit des temps ? De pouvoir exclure la vie de famille et se concentrer sur son travail ?
Mais le profilage n’est pas une science exacte ; il s’agit d’hypothèses étayées par un certain nombre de statistiques, ce qui ne remplacera jamais le bon vieux travail de la police. Elle peut faire de son mieux – évidemment, c’est ce qu’elle va faire –, mais il y a des limites à ce qu’elle peut obtenir.