« La mémoire de l’eau » de Miranda Cowley Heller

Aujourd’hui, on met le cap aux USA, direction Cap Cod (oui, c’est facile, je le reconnais !) avec une histoire sympathique :

Résumé de l’éditeur

Un matin d’août. Tout le monde dort encore dans la maison familiale nichée au milieu des bois. Ellie se glisse dans l’eau froide de l’étang voisin. C’est ici, au cap Cod, que sa famille passe l’été depuis des générations. Mais ce matin est différent. La veille, Ellie et Jonas, son ami d’enfance, se sont échappés quelques instants pour faire l’amour.

Dans les heures à venir, Ellie va devoir choisir entre ce qu’elle a construit avec l’époux qu’elle chérit, Peter, et l’histoire qu’elle a longtemps désirée avec Jonas, avant que le sort en décide autrement. Vingt-quatre heures et cinquante ans de la vie d’une femme au bord du précipice. Durant cette journée de doute mêlant bonheurs et regrets, Ellie sera rattrapée par l’héritage familial, tissé de tragédies intimes et de secrets.

Ce que j’en pense :

Comme chaque été, Ellie passe ses vacances en famille au cap Cod, mais cette année, son ami d’enfance Jonas est là avec sa femme Gilda. Elle est mariée avec Peter et ils ont trois enfants, donc tout devrait aller pour le mieux. La mère d’Ellie règne sur tout ce petit monde.

Seulement voilà rien n’est vraiment solide et joué dans la vie et un soir, après le barbecue, Jonas et Ellie font l’amour. Le lendemain matin, la culpabilité a fait place au désir et Ellie va se baigner dans les eaux froides de l’étang qu’elle connaît si bien, pour revenir sur terre mais les souvenirs vont remonter : comment a-t-elle pu en arriver là alors qu’elle a fait un mariage d’amour avec Peter, même si ses enfants comme tous les adolescents (on pourrait presque parler d’adulescents en fait !) sont agressifs avec elle.

Miranda Cowley-Heller nous raconte une journée de l’époque actuelle, heure par heure, presque minute par minute, à l’entremêlant des souvenirs d’enfance d’Ellie. On découvre ainsi le couple étrange formée par ses parents : la mère très autocentrée qui se dérobe dès que ses filles veulent aborder un sujet important, le père qui ne sait faire que des promesses qu’il ne tient jamais.

Le mariage ne résiste pas et chacun refait sa vie de son côté, mais les conjoints, pièces rapportées ne sont pas forcément à la hauteur, car les deux « nouveaux couples » se comportent en parfaits égoïstes, car il ne faut surtout pas de vagues, et si on ne dit rien, cela signifie qu’il ne s’est rien passé, donc secrets trahisons pointent le bout de leur nez.

L’été Ellie et sa sœur retrouvent Jonas qui est plus jeune qu’elles et quand on est ados, quelques années c’est important. Tout est prétexte à baignade, promenades en bateau etc. Mais, un été, débarque Conrad, le fils de la nouvelle épouse de leur père, gamin obèse, pervers, ignoble, qui ne pense qu’à épier les filles, avec des remarques crues, désobligeantes et un drame va se jouer qui va marquer le reste de leur vie, et dont Ellie ne parlera jamais, sauf à son journal intime…

Avec la baignade en eau fraiche, l’auteure suggère que l’eau se souvient de ce qui s’est passé dans la vie chacun, un peu le procédé utilisé par Clara Dupont-Monod quand elle fait parler les pierres dans « S’adapter » mais c’est moins abouti.

J’ai aimé ce roman car il traite de sujets qui m’intéressent : secrets, familles, déconstruction, reconstruction, harcèlement et tutti quanti, et les personnages sont intéressants certes, mais un peu trop futiles pour moi, des bobos qui se posent des questions existentielles.

Ce roman se lit tranquillement au coin du feu, on a du mal à le lâcher, le style est lapidaire, avec des phrases courtes, mais cela m’étonnerait qu’il reste beaucoup de choses après l’avoir refermé. (cf. les quelques extraits que je vous propose!) J’aurais aimé plus de profondeur, mais il s’agit d’un premier roman alors je vais être indulgente car j’ai passé un bon moment…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Presses de la Cité qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure.

 #LaMémoiredeleau #NetGalleyFrance

7/10

Miranda Cowley Heller a grandi à New York. Diplômée de Harvard, elle a travaillé comme éditrice avant de devenir vice-présidente de HBO, où elle a développé des séries telles que Les SopranosSix Feet Under ou encore The Wire. Elle vit aujourd’hui entre la Californie, Londres et le cap Cod. La Mémoire de l’eau est son premier roman.

Extraits :

Je me dirige vers le chalet des enfants, en songeant que le plus étrange dans cette histoire, c’est que ma mère a perdu toute estime pour les femmes, pas pour les hommes. Son beau-père était un pervers, c’est la dure réalité. Mais la faiblesse et la trahison de Nanette l’ont dégoûtée des femmes. Dans le monde de ma mère, les hommes ont droit au respect. Le plafond de verre n’est pas fait pour être brisé.

J’ai des haut-le-cœur au-dessus de la cuvette. Finalement la nausée passe. Je n’ai jamais réussi à me forcer à vomir. Je le déteste. Tout ce qu’il n’a jamais fait pour nous. Tout ce qu’il a promis. Les trahisons à répétition…

L’attente commence tôt. Les mensonges commencent tôt. Mais les rêves et les espoirs aussi, je suppose.

Je sais que toutes les familles malheureuses le sont chacune à leur façon, mais là, pendant quelques heures, je veux juste une putain de Famille Heureuse. Tant que je ne serai pas en sécurité sur le rivage, j’aurais besoin de me raccrocher à cette idée comma à une bouée de sauvetage. Ne pas lâcher.

Les hommes s’écroulent après l’orgasme. Les femmes se réveillent. C’est curieux, ce décalage. Peut-être est-ce parce qu’ils ont accompli leur tâche. Ils ont essayé de nous féconder, maintenant ils doivent récupérer. La nôtre, c’est de nous lever pour balayer la caverne, border les enfants sur leur couche de paille, les épouiller, leur raconter des histoires qu’un jour ils répèteront à leurs propres enfants…

Lu en novembre 2022

« Les gens de Bilbao naissent où ils veulent de Maria Larrea

Je vous parle aujourd’hui d’un livre et d’un sujet qui m’est cher à plus d’un point de vue :

Résumé de l’éditeur :

L’histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu’elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d’une fille et la laisse aux sœurs d’un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L’enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l’aimera.

Le garçon, c’est Julian. La fille, Victoria. Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice.

Dans la première partie du roman, celle-ci déroule en parallèle l’enfance de ses parents et la sienne. Dans un montage serré champ contre champ, elle fait défiler les scènes et les années : Victoria et ses dix frères et sœurs, l’équipe de foot du malheur ; Julian fuyant l’orphelinat pour s’embarquer en mer. Puis leur rencontre, leur amour et leur départ vers la France. La galicienne y sera femme de ménage, le fils de pute, gardien du théâtre de la Michodière. Maria grandit là, parmi les acteurs, les décors, les armes à feu de son père, basque et révolutionnaire, buveur souvent violent, les silences de sa mère et les moqueries de ses amies. Mais la fille d’immigrés coude son destin. Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s’extirpe de ses origines. Jusqu’à ce que le sort l’y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu’elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. C’est la seconde partie du livre, où se révèle le versant secret de la vie des protagonistes au fil de l’enquête de la narratrice.

  
Stupéfiant de talent, d’énergie et de force, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent nous happe dès le premier mot. Avec sa plume enlevée, toujours tendue, pleine d’images et d’esprit, Maria Larrea reconstitue le puzzle de sa mémoire familiale et nous emporte dans le récit de sa vie, plus romanesque que la fiction. Une histoire d’orphelins, de mensonges et de filiation trompeuse. De corrida, d’amour et de quête de soi. Et la naissance d’une écrivaine.

Ce que j’en pense :

L’histoire s’ouvre à Bilbao dans les années 40 avec la naissance d’une petite fille Victoria qui est confiée à un orphelinat où elle attendra en vain d’être adoptée jusqu’au jour où se mère biologique vient la chercher, geste qu’elle regrette immédiatement, consciente du danger que représente la beauté de la petite fille, qui aura du mal à trouver sa place parmi les autres membres de la fratrie. « Victoria, c’est ma mère » nous dit l’auteure.

Julian, lui est le fils d’une prostituée obèse que ne l’aime pas et le confie aux Jésuites. « Julian c’est mon père ».

Ces deux êtres grandissent sans amour, abandonnés à la naissance et réintégrés dans leur famille, mais le mal est fait. C’est le coup de foudre, ils se marient et vont partir pour la France. Mais, ils n’arrivent pas à avoir d’enfants, alors un médecin espagnol va leur proposer l’adoption. Ainsi Maria entre dans leur vie alors que le couple bat de l’aile, Julian sombrant dans l’alcoolisme et la violence, Victoria se réfugiant dans le silence…

On retrouve ensuite Maria, parvenue à l’âge adulte, metteur en scène, qui multiplie les conduites à risque avant de rencontrer Robin et fonder une famille. Elle sent confusément qu’il manque quelque chose dans l’histoire familiale et c’est une tarologue qui lui assène qu’il y a des mystères autour de sa naissance. Ainsi commence la quête des origines, le besoin de savoir d’où elle vient.

Tout est réussi dans ce livre, autofiction comme souvent lorsqu’il s’agit d’un premier roman. Maria Larrea évoque l’abandon et l’adoption du côté de l’enfant comme celui des parents, pose les bonnes questions : comment surmonter la stérilité, l’incapacité à être mère et à être père, ce qui peut être vécu comme une impuissance, le chemin vers les souterrains de l’adoption qui nous emmène ici vers un trafic d’enfants au moment du Franquisme : on prend les enfants des Républicains pour les confier aux bons catholiques, ou ceux des filles de bonne famille qui ont « fauté ».

Quand je sus pour mon adoption, je compris que l’adolescente que j’avais été, ma crise et mon rejet, il les avait très mal vécus, lui, le père adoptif, l’homme qui n’avait pas fécondé. Je me disais qu’il n’avait pas dû se sentir reconnu ou validé…

Elle décrit bien la difficulté de montrer son affection en tant que parent lorsqu’on a été soi-même abandonné, comment on donne l’amour qu’on n’a pas reçu, quand on a été victime d’inceste comme Victoria par exemple.

J’ai aimé la quête de Maria pour trouver ses origines, ses recherches sur Internet pour trouver d’autres enfants nés dans les mêmes conditions, les tests génétiques, la levée du secret car ces enfants « volés » à leurs parents ont été inscrits directement sur les livrets de famille, comme des naissances « normales » et non comme abandonnés et confiés à l’adoption.

Maria Larrea parle très bien du non-dit, du secret de la naissance, à une certaine époque on disait aux enfants qu’ils avaient été adoptés très tard ce qui n’était pas sans conséquence. Elle réussit plutôt bien à se construire, évoque sa crise d’adolescence, sa rébellion contre ses parents adoptifs, son père qui travaille dans un théâtre, sa mère qui fait des ménages, perfectionnistes, les vacances chaque été en Espagne dans l’appartement qu’ils ont acheté….

J’ai aimé aussi la manière délicate dont l’auteure évoque l’immigration, le déracinement, le fait de reconstruire sa vie dans un pays qu’on ne connait pas, bien faire son travail en essayant de ne passer inaperçu, les réflexions des autres enfants à l’école…

Le gynécologue est quand même haut en couleur, persuadé d’avoir tous les droits sur les mères auxquelles il arrache leur bébé, moyennant finance bien sûr, il n’y a pas de petit profit, et n’hésite pas à accompagner les adoptants jusqu’à la frontière car les bébés n’ont pas d’existence légale, mais comme il a l’autorité nécessaire, tout passe…

Petit clin d’œil pour finir au titre de ce livre qui m’a tout de suite attirée et si vous croisez sa route surtout n’hésitez pas que le thème de l’adoption vous touche ou non et comme le dit si bien  l’auteure :

J’inventerai mon histoire, car Les gens de Bilbao naissent où ils veulent dit le dicton. Ils soulèvent des pierres, ils tronçonnent des arbres ils sont plus forts que les actes de naissance, les Basques.

Ce récit sonne très juste, et il m’a énormément touchée, car je connais l’aventure de l’adoption qui n’a rien d’un long fleuve tranquille et je me suis identifiée curieusement aux deux rôles, car entre dans l’intimité de Maria c’était mieux comprendre certains comportements, pourquoi on ne se sent pas légitimes souvent, un peu usurpateur parfois, même quand tout se passe légalement…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont fait une nouvelle fois confiance en me permettant de découvrir ce roman, véritable coup de cœur, et son auteure.

#LesgensdeBilbaonaissentoùilsveulent #NetGalleyFrance !

Maria Larrea est née à Bilbao en 1979. Elle grandit à Paris où elle suit des études de cinéma à La Fémis. Elle est réalisatrice et scénariste.

Extraits :

Malgré sa troublante beauté, Victoria n’avait pas confiance en elle, elle doutait de sa capacité à se faire adopter. Elle essaya à maintes reprises d’être encore plus gentille, plus charmante lors des visites mais cela empirait son cas. Elle priait alors chaque soir à voix basse dans son lit… …Elle se tenait pour seule responsable de l’échec cuisant de son adoption. Elle ne priait pas assez, pas avec assez de ferveur, pas assez gentille, pas assez intelligente, pas assez bonne.

Petite fille, j’avais une maladie secrète. Dès que je restais trop longtemps chez moi, je fouillais. Nerveusement. Tout le temps. Partout. J’avais l’instinct d’un trésor caché. Ou bien alors j’avais été rongeur dans une vie antérieure.

Dans la commode, au milieu des dessous et des chemises de nuit de ma mère, je m’arrêtais toujours pour relire le livret de famille, déplier les vieux papiers consulaires, traduits et tamponnés. Ces vestiges espagnols me rappelaient mes origines mais aussi, parce qu’ils paraissaient si vieux, ridés, presque transparents, la fuite de mes parents et leur vie d’avant.

Les onze enfants de Dolores et Santiago formaient l’équipe de foot du malheur. Victoria était la gardienne des buts, elle encaissait les coups. Son retour dans le giron maternel avait été une punition, sa propre mère la haïssait et ne s’en cachait pas. Son père, pêcheur abruti par l’eau-de-vie, la cervelle aussi salée que la morue, la désirait. Victoria se sacrifiait sur l’autel du désir paternel en pensant sauver sa fratrie innocente des mêmes assauts. Comme un animal en cage, elle connaissait les parades pour leur éviter ce sort douloureux.

Pour mes débuts de metteur en scène, je décidai de travailler sur mes souvenirs d’enfance, réalisatrice en herbe filmant platement son nombril. Je cherchais une explication à ma première partie de vie chaotique et violente et me servait de ma caméra pour tenter de fixer le cannage de ma chaise généalogique.

Déchirure du périnée complet compliquée. Blessure du jour où je deviens mère, blessure de naissance et de vie. Je pressens que cette complication possède un sens caché. Je l’énonce cette fois-ci à voix haute dans la salle d’accouchement en disant à Robin un jour je comprendrai pourquoi.

Mon origine est trouble. Je le comprends. Je ne savais rien de plus mais je pressentais que ce qui suivrait serait colossal.

Nous sommes une micro famille, trois personnes, loin des attaches, peu d’amis, nos seuls contacts sont ceux du travail et des beuveries. Mes indices : je suis fille unique, mon père borderline, ma mère sous camisole chimique. J’avais de quoi pencher vers le secret de famille, l’adultère, l’amant d’un soir.

Mon objectif : écrire un film, une longue histoire pour ensuite réaliser mon premier long-métrage. Écrire une fiction, alors que je venais de découvrir que j’en était une…

Après des mois de recherche, je trouvais une première personne, puis une autre, encore. Tous nés et adoptés à Bilbao, la même décennie que moi. Je nous voyais comme un amas, tas de chair jetée aux ordures, électrons libres connectés par le wifi.

Mineure et femme, en Espagne c’était être moins que rien. On lui prit son enfant par la force et le donna à l’adoption …  tout avait commencé avec les républicaines enceintes, emprisonnées pendant la guerre civile. Elles avaient donné de la suite dans les idées aux tortionnaires franquistes qui, sous couvert de morale chrétienne, planqués dans les ténèbres de l’Opus Dei, se mirent à leur prendre leur progéniture. Après la guerre, certains ont continué à monnayer pour des bébés.

Je tairais encore un peu mes rustres parents, ceux qui ne possédaient rien et m’ont tout donné. Je veux les protéger Julian et Victoria, du jugement trop hâtif sur leurs manquements, leurs maladresses et leur pauvreté, mon seul héritage fut leur amour.

Et je sais désormais ce que je dois à ma mère biologique : avoir rencontré Victoria. C’est peut-être la seule chose dont je lui sois reconnaissante, m’avoir abandonnée.

Lu en août 2022

« La Nuit des anges » d’Anna Tommasi

Continuons dans les chroniques version light comme un soda célèbre, avec ce premier roman :

Résumé de l’éditeur :

Alice, jeune mère divorcée, décide après dix ans d’absence de revenir à Perros Guirec, la ville de son enfance. Elle espère en profiter pour retrouver sa famille, des paysages familiers, et laisser derrière elle un passé douloureux. Mais dans ce coin de Bretagne chargé de souvenirs, l’angoisse s’installe rapidement : ses parents sont devenus des étrangers, son amour de jeunesse est obsédé par l’enlèvement de sa sœur, qui a eu lieu vingt-cinq ans plus tôt, et les visages jadis connus ne sont plus que des fantômes. Bientôt, c’est toute la ville qui est secouée d’un vent de panique avec la disparition d’une fillette. Le début du cauchemar pour Alice, embarquée malgré elle dans une enquête à double vitesse, entre le passé et le présent…


Dans ce premier roman au rythme effréné, Anna Tommasi joue habilement avec le malaise, la perte de repères et le poison des secrets enfouis. Un thriller maîtrisé de bout en bout, impossible à lâcher !

Ce que j’en pense :

Alice revient dans sa Bretagne natale, après avoir reçu un courriel lui annonçant la mort d’un proche, victime d’un accident de moto. Sur place elle doit affronter le passé, la disparition de sa copine d’école Victoire, vingt-cinq ans auparavant. Et voilà qu’une autre petite fille disparaît de la même manière….

Ressenti un peu mitigé en refermant ce roman qui marie le thriller façon cold case et les secrets de famille, pour le moins toxique.

Le côté « thriller » sert davantage de toile de fond pour étudier les liens toxiques dans la famille d’Alice, la difficulté de revenir sur les lieux de l’enfance, surtout lorsqu’ils sont chargés d’émotion, étant donné qu’elle doit affronter à nouveau la disparition de celle qui était son amie.

Comment renouer avec ses parents quand on a pris depuis longtemps ses distances, même quand le mariage d’Alice vient de voler en éclats ? Comment un couple résiste-t-il à la naissance d’un enfant autiste ? Comment se remet-on de la disparition d’une amie, Victoire, de l’éloignement d’un amour d’adolescence, Teddy, jugé pas assez bien pour la famille d’Alice, et qui est en plus le frère de la petite fille disparue devenu policier, cherchant à tout prix à résoudre l’enquête…

J’ai beaucoup apprécié la relation entre Alice et son fils, très bien étudiée tout au long du roman, celle avec ses parents un peu moins car trop prévisible. Pour un premier roman, c’est même plutôt prometteur, car l’auteure parvient très bien à faire monter le suspense, l’ambiance glauque, oppressante prenant le pas sur l’intrigue policière. Je retiens surtout l’aspect psychosociologique des relations parents enfants et la difficulté de se faire une place dans une famille où le couple est fusionnel….   

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Préludes qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure.

#LaNuitdesanges #NetGalleyFrance !

7/10

Extraits :

Cinquante mots. Il aura fallu un message de cinquante mots et l’enterrement d’un vieil ami pour que je me décide à rentrer à Perros-Guirec après des années d’absence.

Officiellement, je n’ai pas d’excuse, en dehors d’un fils autiste qu’il me semblait toujours compliqué de sortir de son environnement familier. Officieusement, j’ai déjà une boule d’angoisse qui me plombe le ventre, et elle n’a rien à voir avec Lucas…

Saint Guirec possède selon es légendes locales deux pouvoirs : celui d’exaucer les vœux de mariage des jeunes filles célibataires, et celui d’aider les jeunes enfants qui viennent baiser ses pieds taillés dans la roche à marcher tôt…

Lu en mai 2022