Je suis bientôt à jour dans mes chroniques, il ne m’en reste qu’une à rédiger, qui ne va pas être simple, alors je vous propose encore un petit détour par l’Islande aujourd’hui avec ce livre :

Résumé de l’éditeur :
Avoir une sœur c’est la meilleure et la pire des choses, on se trouve coincée dans des rôles depuis l’enfance. Aurora n’a aucune envie de quitter l’Angleterre pour aller en Islande s’occuper de la disparition d’Ísafold, mais difficile de résister à une mère qui ne veut pas comprendre qu’une enquêtrice financière n’est pas un détective privé. Ce qu’elle sait bien faire, elle, c’est démasquer les fraudeurs et les faire payer en se servant au passage. Et comme l’Islande a une réputation établie pour ce genre de problème, elle va y aller. Et tester ses compétences ainsi que sa séduction.
Mais Ísafold est introuvable. Il semble que son mari la battait, ce qu’elle niait farouchement. Au fil des témoignages qu’Aurora recueille dans ce pays baigné dans la lumière magique d’un soleil de minuit éblouissant, des personnages inquiétants émergent. Au cours de son enquête elle met au jour des détails subtils sur les façons de vivre et de se parler, et par ce travail de dentellière elle nous fait entrer dans un monde plus complexe qu’il n’en a l’air.
Un livre sombre et imprévisible.
Ce que j’en pense :
Le roman s’ouvre sur la scène de crime : un homme vient de déposer le cadavre d’une femme, enfermé dans une valise, après lui avoir ôté sa bague, et enfoui quelque part dans la lave. Qui ? A nous de spéculer !
Ísafold n’a pas de donner de nouvelles depuis environ quinze jours. En Angleterre, sa mère commence à s’inquiéter et charge son autre fille, Aurora, de se rendre en Islande pour tenter de découvrir ce qui se passe. Cette dernière s’y rend à contre-cœur car Ísafold est victime de violences conjugales, mais chaque fois qu’Aurora a tenté de l’aider, de lui trouver un lieu refuge, elle retourne toujours chez son époux qui jure de ne plus recommencer.
Tout le monde est au courant dans leur immeuble car Ísafold a l’habitude de se réfugier chez les voisins après chaque accès de violence de son époux. Le couple vit en marge de la société, petits boulots, trafics en tous genre.
Lors de leur dernière entrevue, Ísafold a sommé sa sœur de s’occuper de ce qui la regardait et une brouille s’en est suivie, d’où le peu d’enthousiasme d’Aurora qui a une vie stable en Angleterre, où elle est enquêtrice financière, traquant les magouilles, l’argent détourné puis caché dans des paradis fiscaux… Elle va être aidée dans son enquête sur la disparition d’Ísafold (qu’elle estime être une énième tentative pour attirer l’attention sur elle) par un oncle par alliance, policier de son état et qui n’est pas insensible à son charme.
L’enquête est intéressante, malgré sa lenteur (si typique aux polars islandais, ce qui fait leur charme), l’auteure prenant un malin plaisir à nous orienter sur des fausses pistes, sur fond de migrants en situation illégale, ou de voisin amoureux transis. L’auteure évoque aussi, au passage, les mariages mixtes : le père d’Aurora est Islandais, sa mère Anglaise, et cette dernière est retournée vivre en Angleterre. Les deux filles ont également fait un choix, seule Ísafold a choisi de rester à Reykjavik.
Le dénouement m’a beaucoup plu, même si je l’avais quelque peu anticipé. Le dépaysement est toujours garanti, avec ces polars nordiques, champs de lave, soleil qui ne se couche jamais (ou l’inverse selon la saison), les noms aussi mystérieux qu’imprononçables…
C’est le premier roman de Lilja Sigurdardottir que je lis, alors qu’il s’agit de son cinquième opus, sa trilogie Reykjavík Noir connaissant un certain succès et je dois reconnaître que c’est une agréable surprise.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure.
J’ai encore quelques polars en réserve, mais l’enthousiasme est en train de baisser, je reviens, peu à peu, à mes centres d’intérêt habituels, c’est comme le chocolat, il ne faut pas en abuser…
#Froidcommelenfer #NetGalleyFrance !
7/10
L’auteure :
Lilja SIGURDARDÓTTIR est née en 1972, elle est auteur de théâtre et de romans noirs, et participe à l’organisation du Festival Iceland Noir de Reykjavík. Elle vit entre l’Islande et Glasgow. Sa trilogie Reykjavík Noir est traduite en huit langues et a rejoint la liste des best-sellers dans de nombreux pays. Elle est aussi choriste du groupe de rock Fun Lovin’ Crime Writers.
Extraits :
Cet instant constituait un véritable tournant dans son existence. Accablé de chagrin, il était mû par une détermination nouvelle, aussi vive et acérée qu’une lame d’acier. Désormais, tout serait différent. Il n’était plus le même homme. Désormais, il était capable de tuer.
Ils marchaient dans une direction bien déterminée, contrairement aux touristes, et beaucoup plus vite, dans une attitude indiquant qu’ils étaient en retard pour leur travail. C’était tellement islandais, de toujours vivre dans la précipitation, de toujours tout faire à la dernière minute.
Voilà une des choses qui lui avaient manqué de l’Islande, enfant, après que sa famille s’était installée en Angleterre. Ces matins d’été porteurs d’une promesse. Le soleil déjà haut et le vent marin encore à peine perceptible permettant aux petites maisons recouvertes de tôle ondulée bigarrée d’absorber la chaleur des rayons lumineux.
Il était souvent envahi de ce même sentiment en démarrant une enquête, et en général cette petite lueur qui clignotait dans sa tête, ce petit caillou dans sa chaussure, ce petit sifflement ô combien agaçant se révélaient fondés. Une sorte d’intuition qu’il avait sans doute toujours possédée mais à laquelle il avait appris à se fier avec l’âge et qui n’annonçait jamais rien de bon.