« Le clan Snæberg » de Eva Björg Ægisdóttir

J’avais besoin de souffler entre deux lectures complexes, baignant dans la psychiatrie avec « à ma sœur et unique » de Guy Bolay consacré à Nietzsche et sa sœur d’un côté et « Le danger de ne pas être folle » de Rosa Montero, (mais, vous ne perdez rien pour attendre !) alors je suis allée faire un petit tour en Islande et ses magnifiques et énigmatiques paysages avec le polar dont je vous parle aujourd’hui :

La famille Snæberg au grand complet s’est donnée rendez-vous pour fêter l’anniversaire fictif du patriarche qui est décédé quelques années auparavant. Il aurait eu cent ans. Les enfants, petits-enfants, neveux, nièces, conjoints, tout le monde est là, en serrant les dents pour la plupart car les liens se sont parfois distendus, et les retrouvailles sont source d’angoisse. Bienvenue donc dans la péninsule isolée de Snæfellsnes, où tout est propice au mystère et au drame sur fond de coulées de lave, falaises, rochers, lacs…

Pour cela, ils ont privatisé un hôtel de grand luxe, bétonné au maximum, minimaliste, où tout fonctionne via une application à télécharger sur son téléphone. On peut ouvrir ou fermer les portes (et les baise vitrées) régler l’intensité de la lumière etc. La patronne est fière de son établissement, et de recevoir ce clan célébrissime, ainsi que le personnel dévoré par la curiosité, notamment Irma qui est un peu trop obsédée par la famille, pour qu’on puisse parler de fascination.

On fait ainsi la connaissance de Petra, designer d’intérieur réputée, ainsi que son époux, et ses deux enfants : Lea adolescente à fleur de peau, addict aux réseaux sociaux pour fuir sa solitude intérieure et son frère qui semble se poser moins de questions sur ses parents et la famille. On rencontre aussi un ancien alcoolique, Trygve compagnon toléré de Oddny, la tante de Petra dont l’enfance à l’ombre de ses deux frères a été très rude, violente même.

Le déroulement des festivités excursions, repas, est raconté tour à tour par un protagoniste, qui parle en son propre nom, Petra, Lea, Trygve et Irma, livrant ce qui se passe dans sa vie, son ressenti en fonction du déroulement des festivités.

On comprend très vite, qu’il y a eu une victime car l’entrée en scène de la police est rapide, avec l’inspecteur Saevar et son supérieur Hördur, l’auteure ayant choisi d’alterner les scènes entre la police et le déroulement du week-end, mais on ne saura de qui il s’agit lors du dénouement.

Eva Björg Ægisdóttir nous brosse un superbe tableau de cette famille dysfonctionnelle obsédée par la réussite et l’argent, méprisant toute personne qui n’en a pas, (prolos, vulgum pecus, comme on veut) et qui n’accorde aucune attention, même minime au personnel qui les sert. Chacun boit, à qui mieux, mieux, voire se drogue, ou se réfugie dans les anxiolytiques, on se jette au passage des remarques acerbes, sur fond de secrets plus ou moins mal gardés.

L’auteure parle très bien de l’influence des réseaux sociaux sur les adolescents mal dans leur peau, qui croient se confier à des jeunes de leur âge : quand les parents ne sont plus à l’écoute, trop obnubilés par leur vie personnelle, leur ego surdimensionné.

Ce roman m’a beaucoup plu, j’avais déjà bien aimé Les filles qui mentent et « Les garçons qui brûlent » de l’auteure, que je trouvais « un peu lents », ce qui n’est pas le cas avec le clan Snæberg où le rythme est soutenu, l’histoire entre les protagonistes beaucoup plus aboutie. Il semblerait que ce roman soit antérieur à Elma que je n’ai toujours pas lu.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions de la Martinière qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteure

#LeClanSnæberg #NetGalleyFrance !

8,5/10

Le froid s’insinue jusque dans la moelle de ses os. Elle a beau resserrer les pans de son manteau et tirer sur son bonnet, le vent semble toujours trouver un nouveau chemin à travers ses vêtements.

Chaque cellule de son corps lui hurle de faire demi-tour. S’enfuir au beau milieu de la nuit dans cette région qu’elle connaît mal ne peut mener qu’à la catastrophe. Ses pensées se dirigent vers sa famille, qui continue de faire la fête bien au chaud dans l’hôtel. Étant donné leur état, ils ne vont pas remarquer son absence immédiatement. Si quelque chose arrivait, personne n’appellerait les secours avant le lendemain matin.

Pourtant, elle baisse la tête et s’obstine à avancer. Elle essaie de remuer les doigts et les orteils, mais c’est à peine si elle les sent. Croyant apercevoir un mouvement du coin de l’œil, elle jette un rapide regard de côté. Son pouls s’accélère lorsqu’elle distingue les contours d’une silhouette à quelque pas…

14 réflexions sur “« Le clan Snæberg » de Eva Björg Ægisdóttir

    1. l’intrigue est très intéressante et la manière de présenter le roman en alternant les dates et en donnant la parole à 4 personnages rend la lecture addictive…
      Les deux précédents m’ont plu même si je trouvais que cela manquait de rythme…

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    1. j’aime bien les polars nordiques, avec un gros faible pour Indridason…
      je trouve que celui-ci est mieux abouti que les précédents et le rythme plus soutenu
      j’allais dire qu’elle progresse mais si j’ai bien compris, celui-ci est un des premiers parus en Islande 🙂

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    1. la construction du récit renforce le suspense, on sait presque tout de suite qu’il y a eu un drame, mais on ne sait pas qui et la curiosité est éveillée… Mais les relations des membres du clan entre eux leurs bassesses empêchent notre imagination de faire des scenarii

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