« Dix âmes, pas plus » de Ragnar Jonasson

Intermède polar avec le livre dont je vous parle aujourd’hui d’un livre, lu en avant-première grâce à NetGalley car la sortie est prévue en janvier prochain :

Résumé de l’éditeur :

« Recherche professeur au bout du monde. » Lorsqu’elle voit passer cette annonce pour un poste d’enseignant dans le minuscule village de Skálar, Una, qui ne parvient pas à trouver un emploi stable à Reykjavík, croit saisir une chance d’échapper à la morosité de son quotidien.

Mais une fois sur place, la jeune femme se rend compte que rien dans sa vie passée ne l’a préparée à ce changement radical. Skálar n’est pas seulement l’un des villages les plus isolés d’Islande, il ne compte que dix habitants. Les seuls élèves dont Una a la charge sont deux petites filles de sept et neuf ans. Les villageois sont hostiles. Le temps maussade. Et, depuis la chambre grinçante du grenier de la vieille maison où elle vit, Una est convaincue d’entendre le son fantomatique d’une berceuse. Est-elle en train de perdre la tête ?

Quand survient un événement terrifiant : juste avant noël, une jeune fille du village est retrouvée assassinée. Il ne reste désormais plus que neuf habitants. Parmi lesquels, fatalement, le meurtrier.

Ce que j’en pense :

Una est mal dans sa peau dans son petit appartement de la capitale ; elle se sent à l’étroit et sa mère, veuve, a trouvé un nouveau compagnon avec lequel elle a un projet de voyage. C’est son unique lien semble-t-il avec son amie Sara, alors elle a brusquement elle-aussi une envie d’ailleurs.

Elle décide de répondre à une petite annonce recherchant un enseignant à Skálar , village de dix âmes, situé dans une péninsule à l’autre bout du pays. Elle n’aura que deux élèves, deux fillettes et sera logée dans un appartement sous les combles chez la mère de l’une d’elle.

Étant donné qu’elle était la seule candidate, elle a été embauchée, mais elle va vite se rendre compte que les autres habitants ne la voient pas arriver d’un bon œil, se demandant pourquoi elle a voulu s’éloigner autant de la capitale, affrontant le vent glacial, la nuit islandaise, et la solitude.

En parallèle, Ragnar Jónasson nous raconte l’arrestation d’une jeune femme quelques années auparavant et la manière dont elle a été traquée par les policiers lors de la disparition de son petit ami.

Très vite, Una va se rendre compte qu’il se passe des choses bizarres dans le village et dans la maison, que l’on dit hantée. Est-elle en train de perdre la raison, car sa consommation de vin rouge est relativement importante ?

J’ai beaucoup aimé, ce côté quelque peu paranormal, avec les esprits, les fantômes, sur fond de légendes, la lenteur la manière d’affronter la vie rude de cette contrée perdue et je me suis vite laissée emporter par le caractère envoûtant du récit. Est-ce la magie des contes, l’approche de Noël, ce que j’avais trouvé trop lent, voire un peu soporifique dans les autres livres de l’auteur, m’a plu cette fois. Peut-être aussi la solitude, et l’envie d’ailleurs, avec tous ces confinements et, il faut bien le reconnaître, la magie de l’Islande a fonctionné, une fois de plus, à merveille…

L’auteur donne, dans la préface, des renseignements sur la manière dont il a étudié les habitants (ainsi que les contes) avec ce livre : « L’histoire des habitants de Langanes » de Fridrik G. Olgeisson que je n’ai pas réussi à trouver sur Internet…

Je n’avais lu, jusqu’à présent, que « Snjor » et « La dame de Reykjavik », le premier tome de la trilogie de Ragnar Jónasson,qui m’avait un peu laissée sur ma faim, mais ma fascination pour l’Islande a été la plus forte et j’ai eu, à nouveau, envie de me laisser tenter. J’ai passé un bon moment, dans ce village perdu que j’ai cherché sur la carte et j’ai fini par m’attacher à ses habitants taiseux, relativement peu accueillants avec leurs secrets.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions de la Martinière qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur, ce qui m’a donné envie de terminer la trilogie…

8/10

L’auteur :

Ragnar Jónasson est né à Reykjavik en 1976. Grand lecteur d’Agatha Christie, il entreprend, à dix-sept ans, la traduction de ses romans en islandais. Découvert par l’agent d’Henning Mankell, Ragnar a accédé en trois ans seulement au rang des plus grands auteurs internationaux de polars. Avec plus d’un million de lecteurs, la France occupe la première place parmi les trente pays où est traduit Ragnar Jónasson.

Extraits :

Una se réveilla en sursautIl faisait un froid glacial. Elle se redressa doucement. Prise d’un léger vertige, elle se ressaisit rapidement et se souvint tout à coup d’où elle était. Le village de Skálar, sur la péninsule de Langanes. Seule, abandonnée dans son petit appartement sous les combles.

Recherche enseignant au bout du monde. Una relut l’annonce pour le moins singulière, assise à la table de la cuisine de son petit appartement en sous-sol niché au cœur du quartier ouest de Reykjavik. Elle l’avait acheté quatre ans plus tôt, après avoir réuni de quoi constituer un apport. Sa famille –ou, plus précisément sa mère – ne bénéficiant que de modestes ressources, elle n’avait pu compter que sur elle-même, comme d’habitude…

Una eut soudain la sensation d’être seule au monde. Déménager, faire de nouvelles rencontres aurait sans doute un effet bénéfique sur elle. Sortir des sentiers battus, suivre son instinct et vivre une aventure excitante.

Elle avait juste besoin de respirer, de prendre son envol. Quelle meilleure solution que de devenir enseignante dans un village si petit qu’il méritait à peine ce qualificatif ? Dix âmes, pas plus. Comment une société de cette taille pouvait-elle fonctionner ?

Lu en novembre 2021

12 réflexions sur “« Dix âmes, pas plus » de Ragnar Jonasson

    1. j’aime bien m’aventurer de temps en temps, tutoyer les fantômes…
      L’histoire démarre lentement,mais les personnages et leurs mystères l’emportent, et puis c’est l’hiver 🙂 on fonctionne plus au ralenti 🙂

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    1. en fait je n’ai pas été emballée par « Snjor » mais plus je lis ses polars, plus j’apprécie… j’avais tendance à comparer avec Indridason » que j’affectionne particulièrement (et qui fait aussi l’éloge de la lenteur )
      J’avais oublié de lire la suite de la trilogie…
      cette lecture m’a fait du bien car j’alternais avec deux romans plus durs : « Les prophètes » que lis vraiment très lentement (esclavage) et « L’enfant réparé » de Grégoire Delacourt que je viens de terminer 🙂

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  1. je sentais venir la « catastrophe » heureusement j’ai des munitions!!! mais j’essaie de ne plus acheter d’autres romans de cette rentrée, et pourtant il y a encore des envies 🙂
    la BM recommence à fonctionner normalement, pourvu que ça dure 🙂

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