« La faussaire » de Patricia Delahaie

J’ai eu envie de lire le roman dont je vous parle aujourd’hui parce que le résumé était alléchant et qu’il était inspiré d’un fait réel :

Résumé de l’éditeur :

Elle était sa vie, son amour, sa Marylin. Il a exaucé tous ses vœux. Même le pire.

Avec ce premier roman enlevé et tragique inspiré d’une histoire vraie, Patricia Delahaie explore la « banlieue » du crime, ces zones d’ombre et de lumière qui conduisent un homme plutôt meilleur que les autres à revêtir, petit à petit, un costume d’assassin taillé à sa mesure.

La cinquantaine, père et mari aimant, Paul Ménard est un médecin dévoué, rassurant, autour de qui gravitent les habitants d’une bourgade beauceronne. Jusqu’à ce jour de printemps 1997 où son regard croise celui d’une femme éblouissante. Camille.

Peu après, la belle se rend au cabinet médical. Les visites se répètent, Paul succombe. Dîner aux chandelles, timbales de saumon. Camille sait vivre, Camille sait aimer.

Mais Camille est mariée. Un militaire toujours en mission. Un homme dur, indifférent, souvent violent. Paul veut la sauver. Il n’en dort plus, divorce, délaisse ses patients, enrage de sa lâcheté.

13 juillet 1998. La France est championne du monde. Et le docteur Paul Ménard prend une décision irréversible…

Ce que j’en pense :

Le docteur Paul Ménard est médecin généraliste, installé dans la Creuse, marié, belle maison, apprécié de ses patients auxquels il est très dévoué. Il ne compte pas ses heures, tandis que sa fidèle secrétaire gère l’agenda. Paul a vieilli, les enfants sont partis, assez loin, il ne les voit plus trop souvent, il a fini par ne plus prêter attention à son épouse.

Tout bascule quand il croise la route de Camille, copie conforme de Marilyn Monroe qui le fascine depuis l’adolescence. Elle envahit peu à peu son territoire, consultation à répétition pour des migraines ou n’importe quel prétexte, elle se plaint de la solitude car son époux est militaire donc souvent en mission, et tout va monter en puissance, elle joue sur la corde sensible du docteur amoureux, pour le séduire, le manipuler.

Comment résister à une femme plus jeune, mystérieux, quoi que pâle reflet de sa Marilyn adorée, surtout quand elle vous fait comprendre que vous avez encore du charme : ah ! ces magnifiques yeux violets !!!

On comprend mieux la personnalité de Paul quand on se penche sur sa relation avec son père, le brillant professeur de chirurgie cardiaque, qu’il surnomme Tarzan, est d’une dureté qui fait frémir : toute sa vie il a appelé son fil Minus, il n’était jamais à la hauteur, et en plus a choisi la médecine générale dans un coin paumé de la Creuse déchéance. Sa mère est décédée d’un cancer mais Paul, qui l’a beaucoup soutenue, a été exclu des derniers instants et de l’enterrement… il s’est construit en opposition : autant son père est dans le narcissisme et la représentation autant lui est dans l’empathie.

Patricia Delahaie décrit très bien l’emprise que Camille exerce sur Paul, dont l’estime de lui-même est limitée malgré sa réussite professionnelle (syndrome de l’imposteur ?). Au début, j’ai aimé le voir évoluer, se transformer, renouer avec le vélo pour plaire à sa belle, mais très vite, il devient horripilant par sa naïveté. On frise la bêtise, du moins l’aveuglement. J’ai adoré détester Camille, trop caricaturale elle aussi, mais cela défoule ! Sa fille au départ m’a laissée perplexe mais son évolution avec les années est intéressante car on va les suivre assez longtemps.

L’auteure s’est inspirée d’un fait réel mais les personnages et leur psychologie sont tous le fruit de son imagination. Ce qui est assez réussi car crédible, au moins au début. J’ai apprécié certains, détesté d’autres…

Ce roman se lit facilement, j’ai passé un bon moment, mais je suis restée sur ma faim quand même, le rythme est lent, on comprend trop vite ce qui va se produire… L’emprise, qu’elle se conjugue au masculin ou au féminin est tout aussi diabolique.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond Noir qui m’ont permis de découvrir ce roman, le premier de son auteure.

#PatriciaDelahaie #NetGalleyFrance !

6/10

L’auteure :

Diplômée en cinéma et en sciences humaines, Patricia Delahaie a notamment été journaliste spécialisée dans les relations conjugales et familiales.  Auteure d’une vingtaine d’ouvrages sur ce thème, elle se lance désormais dans la fiction avec un projet centré sur le fait divers. En abordant des personnalités qui ont marqué la société, elle fait vibrer la complexité de l’âme humaine. La Faussaire est son premier roman.

Extraits :

Certains disent que le Beauce est le pays de l’ennui…Des hectares de terres agricoles, sans arbres ni relief. Un paysage géométrique. Des quadrilatères accolés. Des croisements déserts. Un clocher. Un château d’eau. Une moissonneuse-batteuse rouge.au loin, les tours d’une cathédrale. Une longue ligne droite de bitume gris. Et Cernon-en-Beauce, des deux côtés de la route communale…

Toute sa vie, Paul s’est senti décevant pour ce grand homme. Trop féminin, trop chétif, trop intello. On ne choisit pas ses parents, mais on ne choisit pas non plus ses enfants. Tarzan ne s’est pas reconnu dans ce gringalet.

Je n’ai jamais compris mon fils. Il est si… chochotte ! Il aime la médecine, les mourants, les enfants, les petits chats… Sa mère l’a trop couvé. Et ses malades ? Un dévouement pathologique. Faut croire qu’on s’emmerde en Beauce. Se donner à ce point-là, c’est plus du métier, c’est de la prêtrise.  (C’est ainsi que Paul imagine la réaction qu’aurait eu son père, décédé, devant la situation)

Lu en mars 2022

6 réflexions sur “« La faussaire » de Patricia Delahaie

  1. Je comprends que tu aies été tentée en lisant le résumé, mais parfois c’est ainsi et la rencontre ne se fait pas. Pour l’instant je le laisse de côté et ne le note pas, parce que ma liste est tellement longue que je sais par avance que je n’arriverai pas à lire tout ce que je voudrais. Merci pour ton ressenti

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    1. déçue , j’aurais préféré lire la vraie histoire et quand c’est un homme sous l’emprise d’une femme on réagit de manière surprenante 🙂
      en fait j’avais besoin d’une pause lecture facile mais je préfère un vrai polar 🙂

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    1. ce livre m’a perturbée en fait, car précisément, on ne juge pas de la même manière, (sauf dire qu’ils sont des malades mentaux dans les 2 genres ?)
      Paul passe vraiment pour un benêt de CM2 par exemple 🙂

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