« La fabrique des petits bonheurs » de Danièle Fossette

Je vous parle aujourd’hui d’un livre qui m’a beaucoup occupée ces derniers mois, pour des raisons purement techniques, une de mes liseuses ayant choisi de rendre l’âme…

Résumé de l’éditeur :

Quand le maire demande à Alice, tout juste diplômée en lettres, de mettre ses compétences au service des « laissés-pour-compte » de la ville, elle est perplexe. D’autant plus qu’il lui octroie une pièce délabrée au fond d’une ancienne fabrique de confiserie.

C’est là qu’elle rencontrera une joyeuse bande de personnages hauts en couleur, aussi attachants que cabossés par la vie.

Parmi eux, Moïse et son optimisme contagieux ; Roméo, touchant par ses maladresses ; Ginette, alias Marylin, avec sa soif d’amour et sa franchise désarmante et Camille, la poétesse de la clé à molette.

Parviendront-ils, ensemble, à inventer un chemin de petits bonheurs et à transformer leur
vie ?

Ces héros de l’ordinaire nous apprennent, à leur manière, à voyager, rêver, rire et aimer.

Un roman positif et tendre aux allures de conte moderne.

A déguster comme une friandise.  

Ce que j’en pense :

Alice, qui a une thèse de lettres mais n’a pas trouvé de travail a dû accepter de mauvaise grâce un emploi à la mairie de Bourgis, le maire odieux, étant un ami de son père… obligée de rédiger la gazette de la mairie qui consiste à faire l’éloge du maire. Ce dernier, les élections approchant, lui propose de créer un atelier d’écriture pour les cas sociaux, les marginaux pour prouver qu’il s’intéresse à autre chose que son auto-promotion et ses réceptions…

On lui attribue bien sûr, un « local poubelle » dans une usine désaffectée ! « La fabrique de friandises » …  Après avoir dépoussiéré les lieux et trouver quelques chaises un peu moins bancales que les autres, qu’elle dispose autour d’une table orange qui a vécu, elle-aussi, elle décide de s’investir dans ce projet, tout aussi intimidée que les trois premiers participants qui arrivent : Ginette, Roméo et Moïse.  

Nous avons d’abord Ginette alias Marylin qui parle de son rêve « très monitoire », elle est amoureuse de tous les hommes et uniformes, en particulier pour les chauffeurs de bus auxquels elle écrit des lettres enflammées ce qui aura des conséquences pénibles

Ensuite, Roméo qui est obligé de trouver des repères qu’il perd sans cesse, oubliant le nom de la concierge, se promène avec une blouse blanche constamment. On apprendra plus tard ce qui lui est arrivé.

Et enfin, Moïse, élevé à coups de ceinture par un père violent, qui s’est embarqué un jour sur un cargo, direction la France, heureux de s’éloigner de Fort de France. Il part du principe que, dans la vie, la chance et la malchance doivent s’équilibrer dans la vie, et croit en sa bonne étoile…

Ce seront les trois piliers de l’atelier d’écriture : « La fabrique des petits bonheurs », auxquels viendront s’adjoindre de manière moins régulière deux ou trois autres personnes. Tous sont cabossés par la vie, et Alice qui a perdu ses parents, a été élevée par la grand-mère qui habite loin d’elle, n’est pas épargnée non plus, son petit ami, un homme marié qui la délaisse dans les moments difficiles ayant tendance à briller par son absence a le chic pour l’abandonner dans les moments difficiles.

L’atelier leur permet de dire, avec leurs mots, ce qu’ils ont enfoui au fond d’eux-mêmes et la manière dont ils en jouent, les fautes d’orthographe espiègles donnant lieu à des jeux de mots drôles leur permet de se rapprocher, et un évènement inattendu va les souder davantage et les motiver à se battre. Mais, je n’en dirai pas plus…

J’ai bien aimé ce roman, une friandise dans cette période compliquée de confinement, et la sincérité de Danièle Fossette qui reste toujours dans la bienveillance sans tomber dans le côté Bisounours m’a touchée : cette histoire sent le vécu…

J’aime beaucoup son écriture pleine de poésie, la manière dont elle joue avec les mots… Et la couverture est très jolie, elle est une invitation à la lecture.

Un grand merci aux éditions Librinova qui m’ont permis de découvrir ce livre et son auteure, et à la patience dont ils ont fait preuve à mon égard, car une de mes liseuses ayant rendu l’âme j’ai dû le télécharger à nouveau, et j’ai bien failli ne pas y arriver et être obligée de le lire sur l’ordinateur ce que je déteste…

8/10

L’auteure :

Danièle Fossette est née sur la côte d’opale. Très tôt, la mer l’invite au voyage. Elle parcourt l’Asie, l’Afrique… Fascinée par les îles, elle passe plusieurs années à Madagascar, à Mayotte, en Martinique, à Tenerife.

Reporter, professeur de lettres, conteuse voyageuse, elle publie une trentaine d’ouvrages, essentiellement pour la jeunesse.

Ses livres ont été traduits en plusieurs langues et certains récompensés par le prix Sorcières. Le premier à l’avoir encouragée à écrire est Jean-Jacques Goldman

Extraits :

On était lundi et c’était pour Roméo un jour nouveau. De toute façon, chaque jour effaçait presque le précédent. On l’avait autorisé à se rendre à l’atelier d’écriture. Désormais, il aurait deux rendez-vous dans la semaine : le jeudi, à l’hôpital, pour soigner ses maux. Et le lundi, à l’atelier, pour que les mots le soignent.

Marilyn – de son vrai nom Ginette – parlait tous les matins à son miroir. Elle avait une façon bien à elle de se maquiller qui tenait à la fois de l’art de la dissimulation et de l’art de la guerre.

J’ai quelque chose pour vous ! Une expérience ! Un laboratoire ! Étant donné votre parcours, je vous confie aussi l’animation… d’un atelier d’écriture ! ». Il attendit une réaction de la part d’Alice mais elle était perplexe et il enchaîna : « Ah, ça vous en bouche un coin ! Je le savais bien ! Je vous ai déjà trouvé un lieu ; tous les cas sociaux de Bourgis pourront s’y retrouver. Même l’hôpital psychiatrique a promis de me faire de la pub : Écrire pour guérir, ça sonne bien, non ?

Tous les jours, Moïse se levait en pensant que son jour de chance était arrivé…

… Il croyait en une justice qui distribuait à parts égales les claques et les récompenses. Il suffisait, selon lui, de regarder la vie dans sa globalité. Il avait été un enfant abonné aux coups de ceinture, un adolescent qui avait dû très vite gagner sa vie, un adulte qui avait cumulé tous les malheurs…

Plus que le papier rédigé par Pôle Emploi qui proposait aux employeurs des personnes à « réinsérer ». Ce mot inquiétait Marilyn : elle avait l’impression qu’elle allait devoir s’introduire dans un espace étroit où elle resterait coincée.

Venir à ce rendez-vous, écrire ensemble, écouter sans les interrompre les mots des autres, demandait à chacun du courage et du respect.

Alice ne fut pas la seule à être émue. Ce jour-là, elle sentit que conjuguer leurs différences leur permettrait d’écrire ensemble une belle histoire.

Eh bien, l’atelier, c’est ça : un chemin de mots pour aller vers soi et ensuite vers les autres.

Il essaya de se concentrer sur ses ancêtres partis d’Afrique mais se raccrocha difficilement à la branche de l’arbre gêné-pas-logique. Pour l’heure, il rêvait plutôt de braquer le distributeur de pop-corn et de trouver un endroit bien au chaud pour dormir.

« C’est comme si des murs l’entouraient. Ils le protègent mais l’empêchent de participer à ce qui se passe dehors. Écrire, c’est pour lui comme une fenêtre ».

Et si, écrire, c’était plutôt apprendre à regarder à travers les murs ? pensa Alice.

Lu en mars avril 2020

11 réflexions sur “« La fabrique des petits bonheurs » de Danièle Fossette

    1. en le commençant j’ai eu peur un peu que ce soit trop Chick-litt et en fait non, il fait du bien, l’auteure a une belle écriture et elle est convaincante donc belle expérience…
      J’ai du mal à me concentrer en ce moment, donc je lis un peu plus de magazines (j’ai une pile de « Lire » et de « ça m’intéresse »!!!
      par contre les romans c’est plus difficile, ce sera le grand enseignement du confinement car je pensais dévorer, faire descendre ma PAL et bien non!
      belle journée à toi aussi 🙂

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