« Nobelle » de Sophie Fontanel

Je vous parle aujourd’hui d’un livre que j’ai choisi sur Babelio, pour l’opération masse critique d’octobre. En fait, je n’avais pas eu de réponse à ma demande sur NetGalley

 

Nobelle de Sophie Fontanel

 

Quatrième de couverture :

 

Pour toutes celles qui se sentent le talent d’écrire…

 » En octobre dernier, quand, par un coup de téléphone, votre Académie a agité ses clochettes, c’est le nom de Magnus qui m’est venu en premier à l’esprit. Les choses naissent bien quelque part, et comment ne pas nous revoir, lui, le jeune garçon penché sur mes poèmes, et moi, au toupet illimité, qui le regardait lire… « 

À l’occasion de son discours de réception du prix Nobel de littérature, Annette Comte se souvient de ses dix ans et de celui qui lui a donné l’envie d’écrire. Elle raconte, émerveillée, ce que le flamboyant Magnus fut pour elle – et il fut tout – l’été 1972, dans le sud de la France.

Mais ce n’est qu’en osant, à Stockholm, revenir ainsi sur cette première et immense peine de cœur qu’Annette prendra la mesure de ce qu’un écrivain demande à l’amour.

 

Ce que j’en pense :

 

Annette vient de recevoir le prix Nobel de littérature (pas moins !) et dans son discours fait allusion à Magnus un gamin de son âge qu’elle a connu pendant les vacances l’année de ses dix ans (1972) : c’est à ce moment-là qu’elle a senti qu’elle deviendrait écrivain.

Quelque temps avant, elle a lu un poème qu’elle avait composé pour l’enterrement de son grand-père, poème qu’elle n’avait pas hésité à attribuer à Aragon avant de reconnaître que c’était elle qui l’avait écrit.

Pour son anniversaire, elle a donc reçu en cadeau un stylo-plume pour l’encourager à écrire. Son père, imprimeur, lui a offert « Saint-Paul de Vence » : un séjour dans la villa de son ami Bernard, éditeur. Pas dupe, Annette réplique : « c’est gentil de me faire un cadeau que vous vous offrez à vous tous ». Le stylo aide à faire passer la pilule…

Sur place, elle rencontre le fils de Bernard, Magnus, qui a le même âge qu’elle, et elle tombe amoureuse du beau blond, allant nager avec lui dans la piscine d’un écrivain en mal d’inspiration Kléber mais que tout le monde vénère dans la maison de Bernard (ou donne l’illusion de vénérer tant l’hypocrisie ambiante est intense).

Yoyo, le frère aîné d’Annette, pendant ce temps, se promène en mobylette et semble être aussi amoureux.

Annette perçoit très bien toute l’hypocrisie ambiante, la méchanceté de Bernard qui voudrait que son fils devienne un écrivain, mais il n’est pas doué. La fillette lui écrit des poèmes pour le réconforter, et lui faire comprendre ses sentiments.

Pendant ce temps la mère d’Annette et celle de Magnus deviennent très proches, se promènent ensemble… Tout se passe bien jusqu’à l’arrivée d’une chipie qui arrive chez Bernard avec ses parents critiques littéraires (éreinteurs serait un mot plus adapté dans leur cas) et tout va s’embrouiller… Annette va faire l’expérience de la trahison.

Le thème est intéressant, la jalousie, la méchanceté, avec les remarques au vinaigre de Bernard qui démolit Annette, faisant référence à une poétesse Minou Drouet, qui a écrit de beaux poèmes, mais comme elle était très jeunes, les mâles critiques de l’époque l’ont descendue en flèche : elle ne pouvait pas être l’auteur bien-sûr ! ledit Bernard étant aussi infect avec tout le monde: la manière dont il se montre exigeant avec Magnus qui , quoi qu’il fasse ne pourra jamais satisfaire les désirs de son père.

Par contre, Kléber, l’écrivain est un personnage très intéressant et très humain, ce qui contraste avec ce milieu intello méprisant (et méprisable).

A l’adolescence, ce roman m’aurait peut-être plu mais, à mon âge vénérable, c’est plus compliqué ! il en faut plus pour me convaincre. Je suis passée à côté de ce roman, même s’il y a des passages bien écrits, je n’ai réussi à m’y intéresser, et certaines phrases laissent un peu à désirer. (cf. certains extraits-ci dessous).

Je lui accorde des circonstances atténuantes: cette lecture vient juste après « Pourquoi tu danses quand tu marches » de Abdourahman A. Waberi qui était un coup de cœur…

Un grand merci à Babelio et aux éditions Robert Laffont qui m’ont permis de découvrir l’auteure en même temps que le roman, car elle a déjà écrit un certain nombre d’ouvrages et je n’en avais encore lu aucun.

Ironie du sort: ma demande vient tout juste d’être acceptée sur NetGalley que je remercie également…

#Nobelle #NetGalleyFrance

 

Extraits :

 

La maman de Magnus, à cause de l’accent scandinave, ses mots montaient plus en l’air que celle des autres, une pulpe.

 

Kléber avait les yeux aussi verts que les cyprès. Et, comme les cyprès, par sa taille, par son air majestueux, il pouvait faire de l’ombre à n’importe qui. Là s’arrêtait sa ressemblance avec les arbres du jardin. Sinon, il semblait assez abattu. Ses lèvres, ses épaules, ses paupières, ses joues, son cou, ce n’était que lassitude et peut-être paresse. S’il n’avait pas été un tel génie, on n’aurait eu qu’une envie, le secouer.

A part pour sauver des enfants, il ne serait peut-être pas sorti de chez lui.

 

Magnus enfourcha notre toboggan si inattendu. Il le faisait vraiment bien. Un Dieu du mouvement. Il se laissa glisser la bouche grande ouverte, dans un sourire extasié.

 

On ne disait pas aux petites filles qu’elles étaient belles ou jolies, à l’époque, ou bien à moi, on le taisait. Jamais non plus mon père ne faisait de tels compliments à ma mère. Il se contentait de la contempler. Parfois, il s’y attelait si bien qu’en pleine conversation elle disait : « Henri, tu m’écoutes ? » Il ne répondait rien, pendant très longtemps, jusqu’à ce qu’elle comprenne combien elle était belle.

 

Il marchait devant moi sur la nationale.

Il se taisait. Je n’arrivais pas à lire son dos. Tous les gens qui écrivent vous le diront : à peine on offre des mots aux autres, on est suspendu à leur réaction. Et moi, j’attendais.

 

Et je compris comment l’on sait, un jour, qu’on a fini un livre. Ce n’est pas le mot « fin » que l’on met tout au bout, ce n’est pas un point jeté après un mot. C’est le prodige d’avoir laissé naître en soi des milliers de phrases comme celle-là, qui tiennent toutes seules un jour au milieu du temps.

 

Il fallut changer de station. Et, en cherchant, tout de suite je tombais sur une langue étrangère. Les phrases, au lieu d’être carrées, viraient ovales. Et au lieu de retomber sans arrêt, elles sautillaient dans l’air, elles sautaient à la corde. C’était de l’italien.

Lu en octobre 2019

 

CHALLENGE 1% 2019

13 réflexions sur “« Nobelle » de Sophie Fontanel

  1. A voir alors pour moi ! Si je le croise en médiathèque je le lirai ! Le sujet me plaît mais les maladresses sont surprenantes tout de même…De plus je n’aime pas trop ces histoires de jalousie tout en trouvant intéressant ce milieu intello ! Merci pour ce partage

    Aimé par 1 personne

      1. En effet si le roman s’adresse aux ados, cela peut expliquer que nous adultes y trouvions des faiblesses…Je n’y avais pas lisant ta présentation, d’un autre côté l’éditeur Robert Laffont a la réputation de publier des romans plus abordables au niveau littéraire, mais souvent aussi empli d’humanité, ceci explique peut-être cela

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