« La partition » de Diane Brasseur

Je vous parle aujourd’hui d’un roman qui a attiré ma curiosité sur NetGalley :

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

De la Grèce aux rives du lac Léman, une superbe fresque familiale.

Un matin d’hiver 1977, Bruno K, professeur de littérature admiré par ses étudiants, se promène dans les rues de Genève. Alors qu’il devise silencieusement sur les jambes d’une jolie brune qui le précède, il s’écroule, mort.

Quand ses deux frères Georgely et Alexakis apprennent la nouvelle, un espoir fou s’évanouit. Le soir même, ils auraient dû se retrouver au Victoria Hall à l’occasion d’un récital de violon d’Alexakis. Pour la première fois, la musique allait les réunir.

La Partition nous plonge dans l’histoire de cette fratrie éclatée en suivant les traces de leur mère, Koula, une grecque au tempérament de feu. Elle découvre l’amour à 16 ans, quitte son pays natal pour la Suisse dans les années 20 et refera sa vie avec un homme de 30 ans son aîné. Une femme intense, solaire, possessive, déchirée entre ses pays, ses fils et ses rêves. Une épouse et une mère pour qui l’amour est synonyme d’excès.

 

Ce que j’en pense

 

On fait la connaissance de Bruno K. (on ne saura en fait jamais vraiment ce que signifie ce K. que l’on retrouve dans le nom du père…) en 1977, alors qu’il marche dans la rue, suivant une jeune fille dont il admire les jambes, et brusquement il s’écroule, mort ! il s’agit de retrouver sa famille, pour procéder aux démarches habituelles et cela s’avère compliqué…

Bruno avait trois frères, plus ou moins perdus de vue depuis des années, et ce roman propose de remonter le passé à la recherche de secrets de familles. Chaque chapitre propose une lettre de Bruno adressée le plus souvent à sa mère, pas toujours chronologiquement, mais servant de charpente à l’histoire qui se déroule en fait des années 20 à 1977.

La saga commence en Grèce, avec Koula, la mère de Bruno, et raconte un peu qui était sa mère Epistimi, et le grand-père colonel héros de guerre, mais en fait on en saura très peu à son sujet, l’auteure préférant insister sur les principes de l’éducation grecque à l’époque, notamment le statut des filles… Koula rencontre Paul Peter K, un représentant en porcelaine, l’épouse et le suit en Suisse.

Après une première grossesse, (Bruno) elle déchante car son mari est volage, sa belle-mère la Mutti, compatit car elle a vécu la même chose, puis un deuxième enfant fait son entrée Georges…

Koula ne supporte pas la situation et sur les conseils de la Mutti, repart en Grèce, avec Bruno, mais laisse derrière elle Georges. Elle finit par refaire sa vie avec Hyacinthe, alias Cintho, un homme plus âgé dont elle aura un enfant Alexakis. Le décor est planté ! on imagine très bien que les trois frères ne vivront pas des relations « normales ».

Bruno apprend le piano, Alexakis sera violoniste et Georges un inventeur (la laisse élastique pour chien par exemple !) et une partition servira de toile de fond. Il s’agit du Concerto pur violon et orchestre de Beethoven.

Certes, les hésitations, les réflexions de Koula, semblent sincères, après tout on lui a demandé de choisir entre ses deux fils celui qu’elle emmènera, choix extrêmement violent pour retrouver sa liberté, mais cela ne suffit pas à la rendre sympathique. J’ai beaucoup pensé au « Choix de Sophie » en lisant la première partie.

Les amateurs de « mère toxique » seront servis, Koula a tout pour elle, son exubérance, son intolérance, son exigence, son rejet de toutes les femmes qui s’approchent de ses fils, les considérant comme des rivales. Elle est infecte, tellement imbuvable que je n’ai pas accroché du tout, j’ai terminé le roman pour voir où l’auteure voulait aller.

J’aurais aimé que Diane Brasseur laisse une part plus importante aux anciens, pour mieux comprendre le fonctionnement mental de Koula.

Un point positif : la manière dont elle évoque la syphilis, notamment la forme congénitale, et les répercussions sur la famille…

Grosse déception donc… en lisant les autres critiques sur ce roman, je me dis que peut-être je suis passée à côté; bien-sûr je viens de lire « Les déracinés » que j’ai adoré, donc la lecture qui suit un coup de cœur est toujours difficile à apprécier…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Allary qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.

#LaPartition #NetGalleyFrance

 

L’auteur

 

Diane Brasseur est franco-suisse. Elle a grandi à Strasbourg et fait une partie de sa scolarité en Angleterre.

Après des études de cinéma à Paris, elle devient scripte et tourne, entre autres, avec Albert Dupontel, Olivier Marchal et Abd Al Malik.

« Les Fidélités » (2013) est son premier roman.

 

Extraits

 

Alexakis n’est pas lâche, il ne manque ni de courage ni de franchise, mais cela lui est difficile de soutenir le regard d’un autre parce qu’il a les yeux clairs.

Le regard dit trop. Dans les yeux des autres, Alexakis a peur de devenir transparent.

 

De l’enfance, il manquera toujours quelque chose à Alexakis. Et c’est cela qu’il cherche, tous les soirs sur scène avec son violon.

 

C’était l’époque où le silence des adultes soufflait sur les questions des enfants…

… C’est dans le regard des autres, sincère et désolé, qu’il a appris son drame.

 

Car pour Koula, cela sera de la faute des femmes, de leurs yeux de méduse et de leurs voix de sirènes… Chaque fois, ce sera de la faute des femmes.

 

Koula a la beauté d’une femme qui s’abandonne, et pour toujours, le cœur de Bruno K penchera pour les femmes fragiles et vulnérables. Il ne cessera de fuir les femmes de bon sens et de bonne humeur, celles qui offrent une vie douce, sans soucis et sans surprises.

 

Koula laisse à Paul Peter K son fils le plus fort, Georgely n’est pas malade. C’est le plus Suisse de ses enfants et le plus robuste, celui qui supportera l’abandon.

 

Pas une fois à Langenthal, elle ne s’était demandée, de retour en Grèce, qu’est-ce que je vais y faire ? Elle a l’impression désagréable d’être en morceaux comme les statues brisées du Parthénon auxquelles il manque un bras, une jambe ou une tête.

 

Pour Koula, c’est simple comme une équation : si on aime, on est jaloux.

Pour Monsieur Hyacinthe, la jalousie est du venin.

 

Les lettres suscitent une intimité propice aux confessions. Les mots vont vite sur le papier. L’éloignement provoque le manque. Plus ils s’écrivaient, plus Cyntho et Koula avaient envie de s’écrire.

 

Koula avait envie d’avoir une fille alors tant que c’est possible, elle se fait plaisir – Alexakis portera des robes roses en dentelle à volants et des rubans dans les cheveux.

 

Au piano, Bruno K est un conteur. Il raconte une histoire comme s’il la découvrait alors qu’il connaît la fin.

Au violon, Alexakis pousse et tire l’archet. Il étire la note comme l’élastique d’un lance-pierres.

 

Koula n’a perdu son fils à la guerre, c’est pire, elle l’a perdu à une autre femme.

 

Lu en juillet 2019

16 réflexions sur “« La partition » de Diane Brasseur

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.