« Cachemire rouge » de Christiana Moreau

Je vous parle aujourd’hui d’un livre que j’ai choisi sur NetGalley après avoir flashé sur la couverture:

 

 

 

Quatrième de couverture

 

Trois destins liés par un fil rouge, celui d’un précieux cachemire tissé de manière ancestrale. Toscane. Alessandra est fière de la qualité des pulls et étoffes qu’elle vend dans sa boutique de Florence. Une fois par an, elle va s’approvisionner en Asie. Jusqu’à ce coup de foudre pour le cachemire rouge filé par une jeune fille, Bolormaa. Dans les steppes de Mongolie, celle-ci mène une existence nomade avec sa famille, en communion avec la nature. Mais, lorsqu’un hiver glacial décime leur troupeau de chèvres, elle doit quitter ses montagnes pour travailler à l’usine
en Chine. C’est là qu’elle rencontre XiaoLi. Bientôt, dans l’espoir de se construire un avenir meilleur, les deux amies font le choix du départ. De l’Asie à l’Europe, du Transsibérien jusqu’en Italie, elles braveront tous les dangers pour prendre leur destinée en main et tenter de réaliser leur rêve.

Avec humanité et un grand sens du romanesque, Christiana Moreau compose une histoire vibrante, véritable ode à l’amitié et au courage.

PRIX DES LECTEURS CLUB 2017.

PRIX DU PREMIER ROMAN ROTARY CLUB COSNE-SANCERRE.

 

Ce que j’en pense

 

Ce roman nous raconte l’histoire d’une jeune fille mongole, Bolormaa, obligée de quitter son milieu familial car le réchauffement climatique a provoqué la décimation du troupeau familial. Le père, sous la pression de ses fils, doit se résoudre à vendre le reste du troupeau à un acheteur chinois sans scrupules. Ils vont s’occuper de troupeaux sédentarisés pour produire en chaîne, ce qu’ils faisaient de manière respectueuse de la nature auparavant, dans une mégalopole Ordos, poussée dans la steppe grâce à une idée germée dans le cerveau de technocrates mégalomanes.

Son père lui laissait toujours le produit de la tonte des cinq premières chèvres, alors pour la dernière fois, elle recueille la précieuse laine, qui donne ce fameux cachemire si prisé dans le monde entier. Elle décide d’utiliser les recettes de sa grand-mère pour mettre au point une teinture rouge et fabriquer un pull qu’une Italienne Alessandra, qui vient tous les ans acheter la précieuse laine pour son magasin de luxe.

Retrouver la jeune femme en Toscane lui sert de moteur pour s’accrocher à la vie. Adieu la yourte, la vie nomade au grand air, bonjour l’esclavage.

Bolormaa, dont le prénom signifie cristal, va donc travailler dans un atelier tenu par les chinois, subit le racisme de ses « collègues » chinoises, se fait violer par le chef d’atelier. Elle réussit à se faire une amie chinoise, XiaoLi après cette agression et toutes deux vont décider de partir à la recherche de l’Eldorado européen.

On va les suivre dans leur long voyage en train : le Trans mongolien, puis le transsibérien puis Moscou où elles partent à la rechercher du passeur, le voyage en camion la Pologne, la montagne à pied pour entrer en Autriche car les contrôles ont été resserrés, pour arriver en Italie et se retrouver à nouveau sous la coupe des Chinois mafieux (j’ai l’impression d’utiliser un pléonasme !) elles sont à nouveau esclaves dans les ateliers pour payer les dettes des passeurs (avec des intérêts astronomiques !!!)

Christiana Moreau nous raconte le changement climatique avec les dzuds : phénomène climatique caractérisé par une vague de froid extrême faisant suite à un été caniculaire, et les hivers particulièrement enneigés pendant lesquels le bétail est incapable de trouver sa nourriture.

Elle évoque aussi le statut des femmes à l’époque de Gengis Khan : « Les Mongoles avaient une situation bien meilleure que la plupart des femmes de cette époque. Elles administraient leur foyer, pouvaient divorcer de leur mari et étaient des conseillères écoutées »

On découvre aussi la haine des Chinois envers les Mongols à cause de Gengis Khan ; ces Chinois qui construisent des mégapoles dans les Steppes au milieu de nulle part, telle Ordos, pour les abandonner ensuite car illusoires les transformant en cités fantômes…

J’ai aimé la relation qui se tisse dans le train entre les deux jeunes filles et la Baba russe, qui rentre chez elle après avoir rendu visite à sa fille, la manière dont elle partage la nourriture, les chants…

Christiana Moreau explique aussi la manière dont la Chine a établi sa mainmise sur le cachemire, spéculant sur la raréfaction des troupeaux, donc de la laine, imposant ses tarifs au monde entier.

Ce roman est un coup de cœur, j’ai adoré suivre les pas de Bolormaa et XiaoLi, dans ce périple dur, leur courage est exemplaire. Cette belle histoire ne va pas arranger mon opinion sur les Chinois, que je ne porte pas trop dans mon cœur (droits de l’homme, persécution des Tibétains…). On n’est jamais dans l’angélisme, même s’il y a un « Happy End ».

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Préludes qui m’ont permis de découvrir ce roman et donné l’envie de lire « La sonate oubliée », son premier roman.

#CachemireRouge #NetGalleyFrance

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L’auteure

 

Christiana Moreau est une artiste peintre, sculptrice et écrivain.

Après un recueil de poésie, « Poesimage » (2014), « La Sonate oubliée » (2017) est son premier roman.

Elle vit à Seraing, dans la province de Liège.

 

Extraits

 

Il règne alors une grande effervescence dans la plaine. Tous les éleveurs rejoignent en famille les troupeaux. Chaque animal doit être soigneusement peigné afin de récolter cette fibre tellement convoitée qui se cache sous les grands poils et à partir de laquelle on produira le cachemire.

 

Des dizaines de bêtes gisaient gelées autour d’eux. Ils ont perdu la moitié du cheptel et on failli y laisser leur peau. Rares, il y a vingt ans, les dzud sont désormais de plus en plus fréquents. La Mongolie semble victime d’un grand bouleversement climatique.

 

Le bonheur est un cristal qui se brise au moment de son plus grand éclat. Cristal, c’est la signification de son prénom mongol : Bolormaa.

 

La nuit tombe très vite en Mongolie et dire qu’on voit les étoiles serait un euphémisme. On vit dans la Voie Lactée. La galaxie complète s’ouvre sur l’absolu. L’immensité.

 

Isolée au milieu des Chinois, elle a dû pour la première fois essuyer des propos racistes…

… Les Hans ont conservé la mémoire des invasions mongoles qui durant des siècles ont ravagé le pays, brûlé les villes et les ont exterminés. Ils traînent derrière une rancune millénaire.

 

La forme ronde de la yourte qui évoque la voûte céleste avec ses piliers centraux symbolisant l’axe cosmique, la liaison entre la terre et le ciel qui est la base de toute pratique spirituelle…

 

L’absence et les souvenirs de son père, quand il expliquait qu’il y a deux milles ans on trouvait ici des steppes couvertes d’une végétation verdoyante, sillonnées de vifs cours d’eau et de terres fertiles. Malheureusement, les hommes insensés ont détruit ce don du ciel si précieux, déplorait-il. Les guerres, le défrichage à outrance et la coupe immodérée des arbres ont causé l’appauvrissement, la dégradation et la détérioration des sols.

 

XiaoLi culpabilise d’avoir entraîné Bolormaa dans ce nouvel esclavage. Elle n’a pas gagné l’Eldorado, elle a juste retourné le sablier ; le même gravier de malheur s’écoule en sens inverse. A quoi bon avoir quitté Ordos, songe-t-elle, si c’est pour croupir au fond d’un atelier identique ?

 

La société occidentale est devenue une société de l’image. Des images qui se déversent en cascade du matin au soir. Photos, reproductions de tableaux imprimées en relief sur toile à des prix dérisoires, dans les chaînes de magasins de décoration à bon marché, inondant des cohortes de consommateurs qui aiment renouveler leur cadre de vie tous les trois ans, d’après les statistiques…

 

 

Lu en avril mai 2019

19 réflexions sur “« Cachemire rouge » de Christiana Moreau

    1. un très bon moment de lecture, tout est captivant dans ce roman de la géopolitique à l’odyssée de ces deux femmes, même la partie « européenne » tient la route (ce qui diffère de la tresse par exemple 🙂

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    1. « La tresse »m’avait déçue car trop grand déséquilibre entre la partie indienne que j’ai beaucoup aimé, et les autres notamment l’avocate made in USA!
      ici, c’est beaucoup plus abouti, les héroïnes ont un vrai rapport entre elles, elles se rencontrent,s’entraident d’où le coup de cœur 🙂

      Aimé par 1 personne

    1. coup de coeur vraiment car le courage de ces jeunes femmes forcent l’admiration! c’est beaucoup moins fade que « Le tresse » que j’avais trouvé déséquilibré, seule l’héroïne indienne m’avait vraiment plu…

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    1. j’ai adoré ce roman suivre l’itinéraire et le courage de ces jeunes filles, tout sont est encore bien présent dans ma tête.
      Une très belle découverte. Je n’ai toujours pas lu « La sonate oubliée » le temps passe si vite 🙂

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