« L’enfant de Garland Road » de Pierre Simenon

Je vous parle aujourd’hui d’un livre que j’ai choisi grâce au «  bouche à oreille » :

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

Avec ce sublime texte, Pierre Simenon s’inscrit parmi les grands auteurs contemporains.

Kevin O’Hagan a 63 ans. Écrivain raté et veuf torturé par les affres toxiques d’un mariage déchu et d’un amour devenu haine que même la mort n’a pas réussi à éteindre, il vit retiré du monde, sans espoir ni recours, dans les collines boisées du Vermont. Alors qu’il tente sans succès d’en finir avec l’existence, il devient malgré lui le tuteur de David, son neveu de 10 ans, qui vient de perdre ses parents dans des circonstances aussi brutales que mystérieuses.

Au fil des jours se tissent des liens d’affection et de complicité entre le vieil homme et l’enfant, leur permettant à tous deux de lentement reprendre goût à la vie. Mais juste au moment où Kevin se met à espérer avoir enfin trouvé l’antidote au poison qui ronge son âme, la tragédie frappe à nouveau sans crier gare : un après-midi, David disparaît de son école. Pour le sauver, Kevin se lance alors dans une traque effrénée qui exigera de lui toutes ses ressources et tout son courage. Sachant bien que, cette fois, il n’a pas droit à l’échec, et que tout se jouera sans merci ni pardon.

 

Ce que j’en pense

 

Kevin ne se remet pas de la perte de son épouse, décédée dans un accident. Il a élevé leur fille, mais depuis qu’il est seul, il boit plus que de raison et tous les soirs relit sa lettre d’adieu au monde, joue avec son révolver mais remet son suicide au lendemain.

Il rumine sur sa vie d’écrivain raté, sur ce mariage loin d’être aussi idyllique qu’il ne veut bien le reconnaître, le temps ayant embelli les souvenirs.

Il se trouve dans l’obligation de prendre en charge son neveu, David, dont les parents ont été assassinés devant lui, il a survécu en se cachant dans un placard. Cambriolage qui a mal tourné conclut la police. Il remet donc son suicide à plus tard et s’occupe du gamin, le console après ses cauchemars…

Mais, les choses ne sont pas aussi simples et l’enquête rebondit. Son amie Fran, shérif à la retraite veille au grain, et l’enquête prend une toute autre direction…

Ce thriller qui démarre en douceur, est passionnant ! Pierre Simenon alterne la progression de l’enquête et les souvenirs de Kevin : sa rencontre avec sa femme, leur vie à deux, elle ne pensant qu’à sa carrière et le reléguant au rang de nounou, car elle le méprise en fait, l’évolution de leur couple. Chaque partie du roman commence par une scène du passé de Kevin, pour ensuite avancer dans l’histoire, les relations entre Kevin et son neveu, et l’enquête elle-même, cette façon de construire le récit m’a beaucoup plu.

Les personnages sont très intéressants, avec leurs qualités et leurs faiblesses et l’auteur nous livre un portrait du pervers narcissique au féminin truculent ! Nicole est imbuvable avec sa suffisance, sa jalousie maladive (elle demande à Kevin qui il préfère entre elle et leur fille et surtout qui choisirait-il de sauver si elles étaient toutes les deux en train de se noyer!).

Kevin en écrivain raté, plus ou moins alcoolo, qui trouve un sens à sa vie en s’occupant de David et les relations qu’il entretient avec la truculente Fran, géniale en femme shérif à la retraite, lesbienne qui ne se cache pas et a épousé sa compagne…

Suivre leurs pas dans le Vermont sur les traces des responsables de la tuerie, est passionnant, avec des scènes où Fran et Kevin sont armés jusqu’aux dents et prennent leur destin en mains. On est loin de la passivité dans laquelle Kevin était noyé au départ…

C’est le premier roman de Pierre Simenon que je lis, après avoir des critiques très positives et son style me plaît beaucoup. Il est le fils de Georges Simenon, et réussit très bien à se faire un prénom.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Plon qui m’ont permis de découvrir cet auteur que je vais suivre.

 

#LenfantDeGarlandRoad #NetGalleyFrance

 

L’auteur

 

Fils de Georges Simenon, Pierre Simenon, né en 1959 à Lausanne, a travaillé dans une banque privée genevoise avant de partir pour les États- Unis en 1987, où il devint avocat de cinéma. Il réside actuellement en Nouvelle-Angleterre avec sa femme et ses deux enfants. Après son premier roman, Au nom du sang versé, il a écrit un récit autobiographique intitulé De père à père.

 

Extraits

 

Elle s’était bien gardée d’ajouter que, de cette tombée en disgrâce, et des difficiles années qui s’en suivirent, elle avait hérité, outre un souvenir cruel, une confiance parcimonieuse envers ses semblables et une volonté farouche de ne plus jamais manquer de rien – et surtout de ne plus jamais dépendre d’autrui. Cela aussi, il ne le comprendrait que plus tard.

 

Avant la fin de la soirée, Fran en était arrivée à la triste conclusion que Nicole était soit une garce égocentrique, trop absorbée par elle-même pour pouvoir réellement partager de l’amour avec autrui, soit, plus probablement, une manipulatrice perverse narcissique passée maîtresse dans la vampirisation émotionnelle de son conjoint, victime de choix. Bien-sûr, elle n’en avait jamais fait part à Kevin.

 

Conscience, mon cul, Fran ! la seule conscience que nous ayons réellement est celle de l’inéluctabilité de notre propre mort. Cela ne nous rend pas supérieurs au reste de la création, seulement plus angoissés.

 

Une sourde intuition, sans fondement concret avait fait son chemin en lui bien avant que n’apparaissent les premiers soupçons. Et, comme l’on rejette les signes avant-coureurs d’une maladie, il s’était longtemps efforcé d’ignorer ce que son cœur savait déjà. A ce jour, il ne pouvait toujours pas déterminer à quel moment précis il avait basculé et s’était résolu à se confronter à la réalité.

 

Nicole bâtissait et gérait son empire et se contentait de son rôle de parentage à la demande, assumant sa tâche de mère au gré de ses disponibilités, comme on commande un film sur Netflix, un soir de désœuvrement. 

 

Il n’avait déjà pas été facile pour Fran d’être la première femme shérif d’un comté du Green Mountain State, mais y être parvenue en étant ouvertement gay avait à l’époque relevé d’une véritable gageure et témoignait autant de ses hautes qualités professionnelles que de la ténacité et de la discrétion des deux femmes.

 

Kevin siffla d’admiration. Même en ayant grandi dans le Vermont, où les armes à feu sont presque aussi courantes que les moustiques en été et la neige en hiver, il ne pouvait cacher sa surprise devant l’arsenal de l’ex-shérif.

 

Si la mort, comme son complice le temps, efface implacablement les souvenirs, elle accomplit son œuvre de façon sélective. Les défauts du défunt disparaissent, ses qualités et les bons moments demeurent au point de prendre une proportion démesurée grâce au vide ainsi laissé.

 

Tolérer l’inacceptable s’était révélé plus facile que défendre son droit au respect…

 

Il avait été incapable de prouver sa réelle valeur à sa femme. Encore une échappatoire, car la seule personne qu’il lui fallait convaincre n’était autre que lui-même.

 

Lu en mai 2019

8 réflexions sur “« L’enfant de Garland Road » de Pierre Simenon

  1. Patrice

    Je ne suis pas un lecteur régulier de polciers, mais j’aime bien avoir quelques titres de côté quand l’envie émerge. Je note donc celui-là, qui a vraiment l’air très intéressant, à en juger par ton enthousiasme et le commentaire d’Alexmotamots

    Aimé par 1 personne

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