« Belle-Amie » de Harold Cobert

Je vous parle aujourd’hui d’un livre particulier, qui propose une suite au formidable « Bel-Ami » de Maupassant et sur lequel ma curiosité a flashé sur le catalogue NetGalley et les éditions « Les Escales » ont eu la gentillesse d’accéder à ma demande :

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

Que diriez-vous de découvrir la suite de la formidable destinée et de l’irrésistible ascension de Georges Duroy, le héros de Bel-Ami de Maupassant ? Va-t-il se lancer en politique comme le suggère la fin du roman ? Si oui, à quel niveau de pouvoir va-t-il réussir à se hisser ? Et surtout, à quel prix ?

Après s’être immergé dans l’écriture du maître, Harold Cobert esquisse ici une variation sur une suite possible du chef-d’œuvre de Maupassant qui n’est pas sans nous rappeler une vengeance à la Monte-Cristo. En nous entraînant dans les combats politiques de la fin du XIXe siècle et dans les coulisses de l’Assemblée nationale, il propose une vision cruelle de la collusion entre journalisme, politique et finance. Un étrange miroir de notre époque.

 

Ce que j’en pense :

 

Nous retrouvons ici, Georges Duroy, qui a rajouté une particule à son nom, pour mieux parvenir à se moyens, à ses ambitions, il s’appelle dorénavant Du Roy de Cantel ! et l’auteur nous livre une suite au roman de Guy de Maupassant.

Dix ans ont passé depuis son mariage ; il a deux enfants et vise désormais la députation sur ses terres natales, à Rouen.

Il refait le parcours qu’il effectua jadis vers la Madeleine, se demandant ce qu’il serait devenu, s’il n’avait pas croisé son ami de régiment, alors qu’il n’était qu’un petit employé aux bureaux des chemins de fer du Nord. Un brin de nostalgie ? peut-être, mais il fait surtout le bilan du chemin parcouru, de son ascension. En même temps, d’ailleurs, il revient sur ses maîtresses et le rôle qu’elles ont joué dans son parcours.

Au début, j’ai crié intérieurement au plagiat, car on retrouve parfois mots pour mots le texte de « Bel-Ami » mais il fallait bien resituer le contexte…  Mais, peu à peu, je me suis laissée prendre par l’énigme qui est plutôt savoureuse, Harold Cobert nous entraînant dans le milieu plus ou moins honnête de la politique, la campagne électorale de Georges étant haute en couleurs (il s’entraîne comme un acteur devant son miroir, apprenant son rôle de manière cynique.

On retrouve les thèmes : la finance, l’argent, les scandales financiers, mes magouilles de la société du XIXe siècle et qui ressemblent étrangement à notre époque ; mais surtout l’auteur nous offre la chute du héros qui après avoir atteint des sommets, jusqu’au ministère, au prix d’entorses à la loi car tous les moyens sont bons.

Il va retrouver son péché mignon, les femmes, dont la mystérieuse « Belle-Amie » que l’on identifie trop facilement à mon avis.

Ce roman est bien écrit, moins pétillant certes que « Bel-Ami », mais jubilatoire quand même,  et la vengeance des laissées pour compte offre une fort belle chute.

Le style de cet auteur m’a plu et j’en envie de le découvrir davantage…

 

#BelleAmie #NetGalleyFrance

 

 

Extraits :

 

La belle société se pressait ici pour la discrétion du lieu, pour sacrifier à l’usage particulier de cette comédie de mœurs tacite où l’on feint de ne reconnaître personne et de n’être reconnu par aucun. Georges Du Roy de Cantel goûtait avec une délectation intense d’appartenir à cette élite, il jouissait de surprendre les yeux de certaines femmes s’attardant une fraction de trop sur sa personne, trahissant la faiblesse qu’il continuait de leur inspirer.

 

Il regardait cette jeunesse affamée de succès avec une sympathie fraternelle. Ils étaient de la même espèce, ils appartenaient à la race des loups insatiables et solitaires, dévorés par la rapacité, des prédateurs sans conscience ni morale pour qui la fin justifie tout, peu importe les moyens, seule compte l’élévation au-dessus de sa propre condition…

 

Il pensa une nouvelle fois : « toutes les femmes sont des filles, il faut s’en servir et ne rien leur donner de soi » et il se remis à marcher vers la Madeleine.

 

Il travailla alors ses attitudes pour sa campagne électorale, à la manière des acteurs apprenant leurs rôles. Il se sourit, se tendit la main, fit des gestes, exprima des sentiments : l’étonnement, le plaisir, l’approbation ; il chercha des degrés de sourire et des intonations pour se montrer galant, affable, attentif, ou au contraire distant, réprobateur, inabordable.

 

« Je suis né sur cette terre, elle est mienne, elle me revient de droit, à moi et à moi seul. Je la prendrai quel que soit le prix à payer ; je la prendrai comme j’ai toujours pris les femmes, de force, s’il le faut » et il descendit avec Suzanne inaugurer le lancement de sa campagne à la députation.

                       

Il se sentait plus grand, plus puissant ; il lui semblait que les attelages s’écartaient devant le sien avec une déférence mêlée de crainte…. (il est député)

 

Rien dans leurs échanges ne laissait deviner les oppositions politiques qui étaient les leurs et qui, pourtant, se manifesteraient avec une véhémence extrême quand ils auraient pris place dans l’hémicycle, comme si leurs différents n’étaient qu’un rôle appris pour la pièce qu’ils interprétaient une fois en scène.

 

Du Roy prit les exemplaires, le titre retint immédiatement son attention et éveilla sa vigilance : Bel-Ami ; il regarda ensuite la signature : « Guy de Maupassant, tu le connais ? »

Un littérateur dont on commence à parler. Il fréquente Zola et ses amis naturalistes des soirées de Médan. Il a écrit une nouvelle dans un recueil collectif qui a été fort remarquée…

 

Lu en janvier 2019

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