« Bel-Ami » de Guy de Maupassant

Place aujourd’hui à un roman qui traîne depuis très longtemps dans ma bibliothèque, un de ceux que je remets toujours à plus tard, pour mes vieux jours, avec :

 

Bel-Ami de Guy de Maupassant

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

Le monde est une mascarade où le succès va de préférence aux crapules. La réussite, les honneurs, les femmes et le pouvoir : le monde n’a guère changé. On rencontre toujours – moins les moustaches – dans les salles de rédaction ou ailleurs, de ces jeunes aventuriers de l’arrivisme et du sexe. Comme Flaubert, mais en riant, Maupassant disait de son personnage, l’odieux Duroy :  » Bel-Ami, c’est moi. » Et pour le cynisme, la fureur sensuelle, l’athéisme, la peur de la mort, ils se ressemblaient assez. Mais Bel-Ami ne savait pas écrire, et devenait l’amant et le négrier d’une femme talentueuse et brillante.

Maupassant, lui, était un immense écrivain. Universel, déjà, mais par son réalisme, ses obsessions et ses névroses, encore vivant aujourd’hui.

 

Ce que j’en pense

 

Georges Duroy vivote comme fonctionnaire depuis son retour d’Algérie, où il était officier. Il pensait pourtant faire fortune à Paris.

Dans un coin de rue, il croise un copain de régiment, Forestier, journaliste à « La Vie Française », et celui-ci le fait entrer par la petite porte au journal.

Ce roman est l’histoire d’une ambition, d’un bel homme qui plaît aux femmes et qui adore séduire ; il comprend très vite que grâce à ces dames, il pourra avoir un destin.

Quatre femmes vont se succéder, quand elles ne sont pas en même temps ses maîtresses : Clothilde, Madeleine, Virginie et Suzanne et il va les utiliser sans vergogne, chacune va lui faire gravir un échelon pour atteindre la gloire et la richesse. Il épouse l’une, brise le cœur d’une autre, séduit une mère pour ensuite enlever sa fille car c’est plus bénéfique pour sa carrière.

Il n’est jamais question d’amour dans ce roman, et ce n’est pas surprenant car on sait ce que Maupassant pensait des femmes. Seuls comptent ici la séduction, le charme pour parvenir à ses fins, le plaisir de la conquête et l’opportunisme.

J’ai beaucoup aimé ce roman car l’écriture est belle, fluide, les style pétillant; l’époque est bien décrite, avec ses scandales financiers, le rôle de la presse et de l’argent dans la politique et j’ai adoré détester « Bel-Ami », personnage haut en couleurs, mais odieux, cynique qui fait penser à la fois à Rastignac et son fameux « A nous deux Paris », ou à Eugène Rougon et sa conquête du pouvoir, mais avec beaucoup plus de légèreté et, tel Narcisse, il va jusqu’à admirer son propre reflet dans le miroir dans une scène particulièrement significative…

Je suis une grande admiratrice de Maupassant, dont je connais surtout ses nouvelles, lues et même relues. Je n’avais lu que « Une vie » qui m’avait beaucoup plu, il y a fort longtemps mais qui était beaucoup plus dense, plus travaillé.

 

 

Extraits :

 

Un incident technique survenu sur ma liseuse a fait disparaître mes citations alors je suis désolée pour le côté limité des extraits…

 

Comme il portait beau par nature et par pose d’ancien sous-officier, il cambra la taille, frisa sa moustache d’un geste militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard rapide et circulaire, un de ces regards de joli garçon, qui s’étendent comme des coups d’épervier.

 

Je ne suis qu’un pauvre diable sans fortune et dont la position est à faire, vous le savez. Mais j’ai de la volonté, quelque intelligence à ce que je crois, et je suis en route, en bonne route. Avec un homme arrivé on sait ce qu’on prend ; avec un homme qui commence on ne sait pas où il ira.

 

Les paroles d’amour, qui sont toujours les mêmes, prennent le goût des lèvres dont elles sortent.

 

Elle semblait sage en tout, modérée et raisonnable, une de ces femmes dont l’esprit est aligné comme un jardin français. On y circule sans surprise, tout en y trouvant un certain charme

 

Il n’y a pas de bonheur comparable à la première pression des mains, quand l’une demande : « M’aimez-vous ? » et quand l’autre répond : « Oui, je t’aime. »

 

Il avait la parole facile et banale, du charme dans la voix, beaucoup de grâce dans le regard et une séduction irrésistible dans la moustache.

 

Il montait lentement les marches, le cœur battant, l’esprit anxieux, harcelé surtout par la crainte d’être ridicule ; et, soudain, il aperçut en face de lui un monsieur en grande toilette qui le regardait. Ils se trouvaient si près l’un de l’autre que Duroy fit un mouvement en arrière, puis il demeura stupéfait : c’était lui-même, reflété par une haute glace en pied qui formait sur le palier du premier une longue perspective de galerie. Un élan de joie le fit tressaillir, tant il se jugea mieux qu’il n’aurait cru.

 

 

Lu en janvier 2019

6 réflexions sur “« Bel-Ami » de Guy de Maupassant

  1. J’en garde le plus charmant souvenir. Merci pour cette re-plongée dans ce magnifique roman. je suis également une fan absolue de Maupassant pour ses nouvelles. et c’est vrai que Bel Ami, c’est une très belle réussite. Je l’ai lu quand j’avais 14 ou 15 ans. J’avais comme vous, gardé un souvenir vif de « une vie », lu plus tôt, et je n’ai pas été déçue.

    Aimé par 2 personnes

    1. je le relirai sûrement! en fait je suis tombée dans la « marmite de potion magique » Maupassant à l’ado et je relis régulièrement et j’ai tellement aimé aussi les adaptations TV des nouvelles (les 1ères)!
      c’est un des rares auteurs que j’aie dans « La Pléiade »

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