« La revanche » de Arttu Tuominen

Aujourd’hui, petit détour en Finlande (très appréciable en période de canicule, où on se rafraîchit comme on peut) avec ce thriller :

Dans la petite ville finlandaise de Pori, sur les côtes de la mer Baltique, une boîte de nuit populaire auprès de la communauté LGBTQI est touchée par une explosion. Cinq jeunes gens sont tués et on dénombre de nombreux blessés.

Le lendemain, un individu masqué, qui se présente comme un « messager », poste une vidéo en ligne dans laquelle il revendique les événements : pour lui, l’homosexualité est une maladie qu’il a l’intention d’éradiquer de la terre.

Les policiers Jari Paloviita et Henrik Oksman de la brigade criminelle de Pori, sont chargés de l’enquête. Mais il ne s’agit pas d’une affaire comme une autre pour Oksman. Lui aussi était présent dans le club ce soir-là. Quelques instants avant l’explosion, il a quitté les lieux en compagnie d’un autre homme. À mesure que la police retrace les événements et leurs origines, Oksman se retrouve déchiré entre son secret, qu’il a toujours su préserver de ses coéquipiers, et ses propres devoirs.

Dans une petite ville finlandaise, Pori, une explosion a lieu dans une discothèque fréquentée par la société LGBTQI faisant cinq morts et plusieurs blessés. L’attentat est revendiqué le lendemain par un homme qui se dit « Messager de Dieu » et désire éradiquer, ni plus ni moins, la communauté homosexuelle de la ville avec un discours martelant que l’homosexualité est interdite par la bible discours qui va faire des émules à très grande vitesse.

L’enquête est confiée à Jari Paloviita et Henrik Oksman, or ce dernier était cette nuit-là, à la discothèque et tout le monde à la brigade ignore son homosexualité cet qu’il entende bien préserver.

L’auteur nous entraîne dans ce milieu homophobe sous couvert de religion, d’intégrisme religieux surtout avec une pratique traditionaliste, où la maltraitance s’invite souvent dans l’éducation, tout s’expliquant par Dieu, flirtant avec le milieu néonazi : la haine n’a pas de frontière.

On suit l’enquête dans les pas de Henrik Oksman, qui ne parvient pas à aborder avec ses parents son homosexualité, sa mère se doute de quelque chose mais elle est sous la domination de son époux qui lui interdit même de consulter un médecin (Dieu a voulu qu’elle soit malade et elle doit expier ses fautes !). La scène se déroulant chez les parents est sidérante.

J’ai aimé imaginer Oksman sortant de la discothèque avec sa belle robe rouge au bras d’une conquête, filmé par les caméras de surveillance et qu’il tente en vain de ne pas se sentir concerné.

La description des néo-nazis en moto pétaradante dans leur antre, où on découvre une peinture à l’huile géante de Hitler ainsi que des photographies des haut-dignitaires du 3e Reich qui devait durer mille ans fait froid dans le dos. On ne lésine pas : le bureau du chef est une copie du Wagon de train de Heinrich Himmler !

J’ai bien aimé la construction du roman, le suspense qui monte progressivement et provoque une lecture rapidement addictive, ainsi que la manière dont le contexte social est évoqué par l’auteur, qui tient autant de place que l’intrigue elle-même. Je m’imaginais bêtement que les pays nordiques étaient plus tolérants vis-à-vis des minorités et j’ai perdu les quelques illusions qui me restaient : l’intolérance est partout.

C’est le premier roman de Arttu Tuominen que je lis et il m’a beaucoup plus, donc son précédent opus « Le Serment » a rejoint illico ma PAL. Il est préférable de commencer par ce dernier car on retrouve les mêmes protagonistes mais ce n’est pas indispensable car l’auteur glisse des renseignements au passage.

J’ai lu ce thriller en avant-première et je remercie vivement NetGalley et aux éditions La Martinière qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.

8/10

La bible. Je veux tout savoir sur ce qu’elle dit de l’homosexualité. Je te confie cette tâche. Il est exceptionnel, en Finlande, que quelqu’un prétende agir au nom de Dieu. Nous devons en savoir plus sur sa vision du monde.

Je suis d’accord avec les profileurs, poursuivit-il. L’homme est un loup solitaire, mais il sait qu’il ne peut pas gagner la guerre tout seul. Il a besoin d’une meute autour de lui. Ce qui explique la vidéo. Il incite à la haine, conscient qu’il y a des groupes qui n’attendent qu’un évènement de ce genre pour lui emboîter le pas.

La haine est comme une pandémie, elle se répand dès qu’elle trouve le moindre vecteur de contagion.

Du temps de mon grand-père, la société reposait sur de saines structures familiales. On vivait en harmonie avec la nature. Aujourd’hui, les gens rejettent toutes leurs saletés dans la nature et polluent l’air et l’eau. Les droits des animaux sont oubliés. L’Envoyé a raison : nous devons nous lever pour nous opposer à la braderie de notre culture, sinon nous disparaîtrons…

Quand on amène les gens à s’entredéchirer à propos de leurs avantages et de leurs valeurs, les groupes extrémistes radicaux ont plus de facilité à s’imposer car ils semblent défendre leurs opinions avec force et courage. Plus la crise économique est profonde, plus ils engrangent de soutiens…

C’est un populiste. Il sait que le seul soutien des fanatiques religieux ne suffira pas, il cherche à rassembler tous les aigris…

… des exclus, des individus qui se sont coupés de la société. Des gens ordinaires qui ont l’impression d’avoir été victimes d’injustices. Rien n’unit plus qu’un ennemi commun. Les frustrés qui font partie de la population majoritaire sont poussés à se sentir supérieurs du fait de leur nationalité, de leur couleur de peau, de leur religion, de leur genre ou de leur orientation sexuelle, tandis que les minorités sont persécutées pour ces mêmes raisons.

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