« Signatures » de Tom Clearlake

Période de blues depuis quelques mois, entre douleurs et autres joyeusetés covidiennes, alors la concentration et la motivation étant un peu en berne, je me suis offert ce que j’appelle un « Intermède thriller », bien plus efficace qu’un antidépresseur, en ce qui me concerne, avec ce livre :

Résumé de l’éditeur :

Le corps d’une femme est retrouvé dans un sanatorium abandonné. Sa mort a été mise en scène comme une œuvre d’art. Margot Bellanger, psycho criminologue, et son équipe, sont chargés de l’affaire.

Quelques jours plus tard, une autre femme est retrouvée assassinée dans les mêmes conditions.

Le tueur, désormais surnommé « l’artiste, » ne s’arrêtera pas là. Dans une quête de notoriété, il enverra un journaliste sur les lieux du troisième meurtre…

Margot et son groupe de l’analyse criminelle de l’OCRVP sont sur la brèche. Une course contre la mort s’engage contre le monstre.

Mais un écrivain, en mal d’inspiration, va compliquer l’enquête quand il lancera un appel au tueur pour lui proposer d’écrire un true crime…

Ce que j’en pense :

Le récit débute sur le harcèlement téléphonique d’une femme : une voix d’homme qui promet qu’ils vont bientôt faire connaissance de manière intime. Qui est-il et comment a-t-il trouvé son numéro et son adresse ? Elle songe brièvement à faire appel à la police, mais pense qu’on ne la prendra pas au sérieux ou pire qu’on se moquera d’elle.

Ensuite, pleins feux sur un groupe d’analyse criminelle (OCRVP) où travaille Margot Bellanger, psycho criminologue, sous les ordres de Laurent. En effet, le corps d’une femme vient d’être découvert dans le sanatorium désaffecté d’Aincourt ; elle est nue et attachée, avec une mise en scène terrible : le corps est disposé comme une œuvre d’art.

Quelques jours plus tard, le corps d’une autre femme est retrouvé, toujours avec une mise en scène évoquant une œuvre d’art.

Il s’agit d’être discret alors que les journalistes, plus ou moins paparazzi pour certains rodent et le sérial killer, très malin, exploite tout ce qui peut faire parler de lui. Alors pourquoi pas une interview exclusive ?

L’auteur va nous entraîner dans les méandres de l’esprit tortueux, machiavélique d’un homme, intéressé par l’art, probablement artiste, (« l’artiste », c’est d’ailleurs ainsi qu’on le surnommera) pervers narcissique, ayant des comptes à régler avec les femmes.

Il nous propose une scène d’anthologie : un écrivain, atteint du syndrome de la page blanche veut écrire la biographie du tueur, se fait inviter par François Busnel à La Grande Librairie, pour évoque son futur livre et il s’adresse au tueur directement devant la caméra ! Tous les moyens sont bons pour attirer l’attention sur lui, à nouveau tant pis si cela met en danger la vie de Margot (s’en prendre à une policière reconnue pour la réduire au silence et tenter de la détruire psychologiquement, c’est jouissance extrême pour le tueur !)

J’ai aimé suivre cette équipe, sa manière de progresser dans l’enquête, même si je me suis un peu perdue dans les différents sigles et fichiers. Il y a des scènes difficiles, tant le machiavélisme du tueur atteint des sommets mais Tom Clearlake n’entre pas trop dans les détails, laissant le lecteur créer ses propres images, on ne cauchemarde pas en refermant le livre. Même lorsque l’on apprend qu’il peint, avec le sang des victimes ! mais ne divulgâchons pas !

Une fois immergée dans l’histoire, je me suis laissée emporter par le rythme endiablé, et je l’ai lu en apnée, tant le récit est bien construit, l’enquête solide, rien n’étant laissé au hasard. On assiste vraiment au quotidien de cette équipe, les moyens dont elle dispose, et les réflexions de chacun sur la société actuelle, sa violence, le désir de certains d’être célèbre, de faire la une des journaux, pour laisser une trace à tout prix…

Je n’avais lu que « Sans retour » de Tom Clearlake, qui m’avait franchement déçue, mais cette lecture a été tellement addictive que j’ai envie d’en découvrir d’autres, je ne sais pas quand vu l’état démentiel de ma PAL mais c’est une chose certaine. De l’inconstance de nos actions dirait Montaigne, en l’occurrence ici ce serait plutôt de mes opinions…

Mon éclectisme en matière de choix de lectures et d’écrivains est légendaire, et j’aime bien découvrir de nouveaux talents, même si je deviens de plus en plus difficile. Il m’arrive de m’enthousiasmer parfois pour des livres qui ne m’auraient pas forcément plus il y a quelques années, les confinements ayant quelque peu modifié mes centres d’intérêt. J’ose espérer que ce n’est que transitoire.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Moonlight qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.

#Signatures #NetGalleyFrance !

8/10

L’auteur :

Tom Clearlake est né au Canada en 1973 et s’est passionné très tôt pour les « lectures de l’imaginaire » avec Edgar Allan Poe, Jules Verne, Agatha Christie, Stephen King, entre autres, qui lui ont donné l’envie d’écrire. Pour en savoir plus je vous conseille son site : https://www.tomclearlake.com/

Extraits :

Le temps n’est l’ami de personne. Il sait être sournois, se faire oublier, et vous enfoncer un poignard dans le dos quand vous pensez l’avoir vaincu. Ou il se montre constant, très proche de vous, tel un ennemi attentif à votre souffrance. La vie, finalement, ce n’est qu’attendre la mort. Et avec le sourire, s’il vous plaît.

L’ancien sanatorium d’Aincourt, construit en 1933 et laissé à l’abandon depuis plus de trente ans. On ne pouvait choisir plus sordide, plus approprié pour perpétrer des faits de cette nature.

De nos jours, qui n’est pas en quête de célébrité ? dit Laurent. Les médias offrent à qui veut la prendre une gloire synthétique. Mais au bout de cet hameçon, il y a un prix à payer. C’est une allégorie du pacte de Faust.

Sauf que ce monstre n’a pas d’âme, et qu’il n’a donc rien à vendre au diable répliqua Margot.

Ils avaient tout faux. Bernard Coutier aimait à dire que « l’inspiration est comme une maîtresse perfide, cruelle. Un jour elle vous sourit, l’autre, elle vous délaisse sans raison, se volatilise ». Sa citation sonnait maintenant comme une prophétie. Car c’était précisément ce qui lui arrivait.

Toutefois, notons ici que la distraction est la première caractéristique d’un artiste qui s’ignore. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas un défaut, c’est même une qualité. La distraction est une recherche inconsciente…

Nous éprouvons ce besoin d’être reconnus parce que l’humain est en train de perdre sa place dans l’univers. C’est comme une sorte de cri, un appel à l’aide. Je suis là ! J’existe ! Nous sommes noyés dans la masse de la surproduction. Perdus dans la confusion que toute cette matière génère. Vouloir être reconnu, sortir de la mêlée anonyme, pour un individu, c’est la manifestation de ce que l’espèce entière éprouve à l’échelle planétaire, cette lente dissolution de l’humain dans la matière de consommation.

Lu en février 2022

12 réflexions sur “« Signatures » de Tom Clearlake

  1. Nos goûts littéraires évoluent avec le temps (et c’est tant mieux, ça nous évite de faire du sur place) et avec ce que nous vivons ! Je ne lis plus non plus de la même façon qu’il y a 10 ou 20 ans !
    Bon sinon bien tentée par ce thriller, mais si j’en lis moins qu’avant et c’est dommage car en général, c’est le genre de livres qui nous embarquent très vite !

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    1. j’ai vraiment des périodes polars, je les appelle mes opérations « neurones en vacances »
      je me laisse porter par l’intrigue et cela fonctionne (alors que « chick litt » ou « feelgood » sont totalement inefficaces
      celui-ci est réussi car il va très loin dans l’imagination et l’imaginaire du lecteur donc on n’est pas tenté de faire un lien avec la réalité 🙂

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