Je vous parle aujourd’hui d’un livre qui m’a tentée pendant ces mois compliqués de confinement, il faut bien passer le temps, alors pourquoi pas explorer des univers différents. C’est un peu « Rendez-vous en terre inconnue » pour moi :
Résumé de l’éditeur :
Pourquoi une épouse amoureuse, une mère aimante décide-t-elle de disparaitre ? Un roman subtil, viscéral. Une magnifique histoire de femme.
À 37 ans, Joanne mène une vie sereine à Modesto, jolie petite ville de Californie, en cette fin des années 70. Elle a deux enfants, un mari attentionné. Joanne veille sur eux avec affection. Elle est une jeune femme comblée. Une épouse et une mère accomplie.
Mais un jour qu’elle rentre de la bibliothèque à vélo, elle est agressée. Un homme surgit, la fait tomber, l’insulte, la frappe pour lui voler son sac. Joanne s’en tire avec de multiples contusions, mais rien de grave. En apparence du moins, car à l’intérieur d’elle-même, tout a volé en éclats.
De plus en plus chaque jour, elle perd pied. Elle se conduit bizarrement, fait même peur à ses proches. Et comprend alors qu’il est temps de partir. De disparaitre. Laissant tout derrière elle, elle monte dans sa Ford Pinto beige et prend l’autoroute 99, la Golden State Highway. Direction Las Vegas.
Ces jours brûlants passés dans la « Cité du pêché » parviendront-ils à redonner à l’épouse et à la mère qu’elle est devenue le goût de l’adolescence enfuie ? Lui permettront-ils de retrouver la paix ?
Laurence Peyrin signe avec ce roman une magnifique histoire de femme à la rencontre d’elle-même.
Ce que j’en pense :
Joanne Linaker, jeune femme mariée à un chirurgien qu’elle a connu jeune, avec deux enfants vit dans une maison à Modesto en Californie. Sa vie se déroule sans heurts pour cette experte en cocktails, malgré une adolescente qui la traite avec mépris : nous sommes au royaume des « desperate housewives ». Un jour, tout bascule : en revenant de la bibliothèque, en bicyclette elle se fait agresser par un junkie qui la traite au passage de « connasse » « salope » car elle refuse de lui donner son sac.
Des points de suture, qui vont balafrer le front, des contusions multiples vont entraîner un état de sidération puis une plongée dans les eaux profondes de la dépression, de l’alcoolisme… Elle n’arrive pas à s’identifier à autre chose qu’à « salope, connasse » qu’elle se répète en boucle.
L’alcool au volant, comme il se doit, elle se retrouve dans le fossé, la voiture en fourrière, et la phrase assassine de son mari : : « tu me fais peur, tu fais peur aux enfants ». Elle pense qu’elle est devenue toxique, et qu’il ne lui reste qu’une solution la fuite. « Elle fuit pour leur bien à tous. » et c’est le début d’une autre aventure, finie la femme au foyer, elle ne se sent plus légitime et surtout elle a découvert que son monde protégé était un peu trop « idéal » . Alors direction Las Vegas, au volant de sa Punto!
C’est une histoire sympathique, un voyage initiatique car elle se confronte à la souffrance des autres femmes qu’elle va rencontrer, la survie dans un monde dont elle ne connaît rien, avec les douleurs qui s’installent quand on serre trop les dents pour avancer coûte que coûte et surtout ne montrer aucun signe de faiblesse.
Laurence Peyrin décrit assez bien les raisons pour lesquelles on décide de fuir, et à travers la question : « qu’est-ce qui fait que ? », montre que le problème se pose différemment selon qu’on est un homme ou une femme, l’homme peut choisir de disparaître alors qu’il a une famille, sans que cela choque vraiment, tandis que la femme qui abandonne son foyer ou ses enfants cela choque forcément.
J’ai bien aimé les achats compulsifs de céréales du petit-déjeuner qu’elle stocke par kilos n’importe où, les échanges de chariots dans les magasins…
C’est le premier roman de Laurence Peyrin que je lis, et j’ai passé un bon moment, alors que ce n’est pas trop le genre de romans que je lis d’habitude. Je pense que je vais faire un bilan de mes lectures durant le confinement en juin 2021 (ce n’est pas une faute de frappe, j’ai bien dit 2021 !) pour comparer avec les années précédentes, avec le recul, cela devrait être intéressant !
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Calmann-Levy qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure.
Vous allez rire, je viens de solliciter le dernier roman d’Amanda Sthers que je snobais jusqu’à présent pour me faire une idée de sa prose ! dois-je appeler les urgences psy ?
#Lesjoursbrûlants #NetGalleyFrance
7/10
Extraits :
Dans l’esprit de sa fille, Joanne, elle, était probablement renvoyée au stade primaire de la femme qui attendait son chasseur-cueilleur dans sa caverne.
De toute façon, l’auto détenue Linaker s’était mise à l’isolement, au point qu’elle oubliait l’heure des repas – « ton amaigrissement », avait constaté son mari, « ton amaigrissement » et « ton survêtement informe ». C’était bien cela, une geôle intime.
Qu’est-ce qui fait qu’un jour, le suicide social est la seule voie possible ? Un danger, un crime des dettes, la justice qu’on fuit. Aux États-Unis, ce territoire immense où l’on peut changer d’identité comme d’État, cette fuite-là était du domaine masculin dans les années 70.
Qu’est-ce qui fait qu’un jour, on sacrifie au désir inconscient de l’inconnu ? un mal-être profond, une situation d’échec, l’incapacité de gérer. Tous ces gens, des dizaines de milliers chaque année, inféodés à l’idéal de la réussite – professionnelle, familiale, financière, et un jour, le « moi », selon la topique freudienne, chutait et s’éclatait.
Joanne avait bien reçu tous les signaux que son corps lui envoyait : le poids du fardeau, la confiance en soi entamée, le manque d’amplitude et de vision. Elle subsistait avec le minimum vital que la culpabilité voulait bien lui laisser.
… son vrai prénom puis celui d’une chanteuse aussi déglinguée qu’elle, et enfin le nom d’une romancière à l’eau de rose : à cet instant précis, elle devenait Joanne Janis Cartland…
La plupart du temps, c’était ainsi qu’elle fonctionnait : en mode séquentiel. Dormir, manger, répondre, remplir des verres. Une chose en entraînait une autre, dans une logique rassurante, comme lorsqu’elle alignait ses pots de crème sur sa coiffeuse à Modesto…
Tu peux toujours appeler… déjà pas sure que tu puisse avoir une réponse rapide, mais ça , tu dois le savoir ! Et puis après, on te demandera d’appeler le 15 et j’imagine la conversation : » non, je n’ai pas de fièvre mais je suis fiévreuse d’envie de lire des livres dont je n’ai pas l’habitude de lire , etc .. » Trêve de plaisanterie, cette distinction entre littérature et les autres écrits me fatigue ! L’important est l’envie et le plaisir ! Après, on s’en fiche …Donc, on croise les d pour ta demande 😉
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tout à fait ça 🙂
le plus drôle c’est que j’ai passé un bon moment! c’est mon Surmoi qui râle, alors que mon moi a envie de petits plaisirs simples 🙂 🙂
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Désolée, l’écriture prédictive de ma tablette est assez autonome ! Doigt..
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pas tellement fan de ce genre… Avec ton allusion à Amanda 😉 tu veux aussi dire que tes goûts en matière de lecture ont évolué?
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c’est en ce moment seulement, je ne sais pas si c’est le fait de les voir passer sur NetGalley qui me donne envie de me faire une idée, ou si c’est le coup de blues qui m’est tombé dessus 🙂
en tout cas c’est surprenant 🙂
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Dans ma Pal … celui de Sthers aussi 😉
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j’ai obtenu le roman d’Amanda Sthers, ce sera mon baptême (de l(air ou autre chose hé hé …)
tout compte fait, ça fait du bien de régresser un peu 🙂 🙂
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Inutile d’appeler les urgences ! Perso,j’ai lu ce que j’avais emprunté en médiathèque et pas vraiment apprécié toutes les lectures choisies et j’ai eu de plus en plus de mal à me concentrer sur mes lectures. D’abord mon mari me tournicotait autour sans cesse, n’arrivant pas à tenir en place car la privation de liberté a été quasiment insurmontable pour lui ensuite, malgré ma pratique du yoga quasi quotidienne je ne suis pas arrivée à moi-m^me rester aussi zen que ce que j’aurais aimé !! Comme tu le dis un bilan s’impose…belle journée
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ce n’est pas évident, ce confinement, je ne sors pas beaucoup en temps normal,à part marcher le matin avec ma chienne, mais j’ai la kiné une fois par semaine, la balnéo une fois par semaine, donc je voyais quand même des gens… Là plus rien, imprimer son attestation, chercher des masques et du gel ( une épreuve olympique !) les infos anxiogènes au possible que j’ai fini par boycotter, il y a une grosse différence entre la solitude choisie et le confinement qui est imposé… Gros blues à la sortie 🙂
j’espère que ça va revenir.
Mon mari bricole beaucoup alors ça lui a moins peser mais quand même 🙂
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Ca a l’air pas mal du tout. Et j’attends ton avis sur la prose d’Amanda, que je continue de snober….
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j’ai eu envie de tester car je snobe aussi depuis longtemps mais ça me gênait un peu d’avoir une idée préconçue sans avoir ouvert un livre donc on va voir 🙂
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Pas encore lu celui-ci mais ça ne saurait tarder. Laurence Peyrin est une auteure que j’affectionne beaucoup, je te recommande Miss cyclone notamment qui est excellent 😉
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c’est un bon moment de lecture un peu trop romance pour moi, mais ça fait du bien 🙂
je note « Miss Cyclone » pour me faire une idée plus précise de l’auteure 🙂
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Encore une auteure inconnue pour moi ! Pourquoi pas ?
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c’est une lecture idéale pour un week-end morose car il est sympa 🙂
il y a un bon moment que je voulais lire un de ses romans, Laurence Peyrin est une voisine ce qui n’est pas si fréquent…. et elle est plutôt appréciée sur Babelio donc il était temps de découvrir son univers 🙂
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