« Marlène » de Hanni Münzer

Je vous parle aujourd’hui d’un livre que j’ai choisi sur NetGalley pour la période historique pendant laquelle il se déroule, attirée par sa belle couverture et un résumé alléchant:

Résumé de l’éditeur :

QUI EST LA VÉRITABLE MARLENE ?


Munich, juillet 1944. L’une des femmes les plus recherchées du IIIe Reich se tient face à la maison bombardée de Deborah et de son frère, qu’elle croit enfouis sous les décombres. Si elle était arrivée la veille, Marlene aurait pu les sauver.


Mais qui est au juste cette femme ? La veuve d’un notable connu pour ses sympathies nazies ? Une actrice en devenir ? Une résistante ?


Marlene va devoir prendre l’une des décisions les plus difficiles de sa vie : épargner la vie de millions de personnes… ou sacrifier l’homme qu’elle aime.


Dans le sillage d’Au nom de ma mère, ce roman s’attache au destin d’une femme courageuse, confrontée aux soubresauts de l’Histoire.

Ce que j’en pense :

Nous sommes en décembre 2012, Marlène, qui est âgée de 97 ans, est dans son bureau, régnant en force sur son petit monde, Olivia, sa belle-fille dévouée, sa jeune secrétaire beaucoup trop moderne pour elle qui veut lui imposer un nouveau téléphone, son fils Noah, sa petite-fille Klaudia…

 Elle râle car une journaliste veut l’interviewer, et que chaque fois on interprète ses propos de travers. Elle attend l’arrivée de ses amis américains devant lesquels elle a décidé de lire son autobiographie, notamment des évènements que certains ne connaissent pas.

On bascule dans la deuxième partie du roman « le passé, le temps des ténèbres » : l’attentat contre Hitler a échoué, la répression terrible, tout le monde se méfiant de tout le monde.

Marlène qui appartient à une famille noble (son vrai nom est Anna von Dürkheim) est une résistante de la première heure, elle a fait partie du réseau de Jakob Wanda, l’un des chefs de la résistance juive de Cracovie, mort au combat, et doit se mettre en contact avec Jitzhak Zuckerman pour tenter un nouveau soulèvement.

Les bombardements ont détruit des immeubles, et elle ne retrouve plus trace de son amie Déborah, et ne sait plus comment joindre son contact, lorsqu’un jeune adolescent l’aborde et l’emmène à la planque, c’est ainsi qu’elle fait la connaissance de la jeune Trudi…

On va suivre Marlène dans sa traversée de l’Europe en guerre, les rendez-vous ratés avec la résistance, car Albrecht Brunnmann, un Nazi qui la connaît n’aura de cesse de la persécuter moralement, tentant de la réduire au silence, de la transformer en ombre d’elle-même allant jusqu’à la transformer en pute à nazis à Auschwitz sous la férule de Jolanka. Elle subira des viols, en serrant les dents, car le moindre signe de révolte est guetté et mâté. Mais une solidarité s’établira entre les filles.

Marlène va résister aux coups, physiques et moraux, car la violence est gratuite, omniprésente, Brunnmann le parfait nazi sadique pervers (c’est pratiquement un pléonasme !) charge son homme de main, Ewald des coups :il n’a qu’une seule limite ne pas trop l’amocher pour qu’elle puisse servir !

A retenir, une scène particulière où un aristocrate l’oblige à l’épouser pour pouvoir mettre la main sur son titre de baronne et ses terres. Il veut restaurer l’Empire germanique, et son raisonnement est tout aussi parano que les nazis mais il les méprise et veut prendre la place d’Hitler. On assiste à un mariage ubuesque, une nuit de noce (viol plutôt) qui se termine par un coup de poignard dans le dos, tuant le mari cinglé…

J’ai aimé la manière dont Hanni Münzer présente son roman, chaque chapitre commence par une ou plusieurs citations et ce qu’elle appelle « fragments de guerre » : ce qui se passe dans l’actualité en Allemagne, en Pologne ou en Amérique pendant que se déroule l’histoire de Marlène. On a une citation de Göring du 18 avril 1946 lors d’un entretien avec Gustav Gilbert, expert psychologue américain auprès des tribunaux pendant le procès de Nuremberg

Avec ou sans droit de vote, on peut toujours amener le peuple à exécuter les ordres des dirigeants. C’est très simple. Il suffit de lui dire qu’on l’a attaqué, de reprocher aux pacifistes leur manque de patriotisme et d’affirmer qu’ils mettent le pays en danger. Cette méthode fonctionne dans n’importe quel pays »

Le combat de Marlène qui garde suffisamment d’énergie pour arriver à résister jusqu’à la fin de la guerre et arriver à traquer Brunnmann pendant des années la rend attachante, et on l’admire. Ce nazi m’a fait penser à la traque d’Eichmann, à celle de Barbie, au combat de Serge et Beate Klarsfeld

Hanni Münzer mêle tellement bien ses héros et les personnages ayant vraiment exister que je suis allée souvent vérifier sur Internet…

Quand j’ai choisi ce roman pour la période historique, je ne savais pas que c’était la suite du précédent roman de l’auteure : « Au nom de ma mère », donc au départ, j’ai eu un peu de mal à mémoriser les noms de tous les protagonistes, mais en fait cela ne m’a pas gênée par la suite, car on comprend vite les intrications.

Bien-sûr, je lirai le premier tome, malgré les protestations de ma PAL, car j’ai beaucoup aimé Marlène malgré sa personnalité parfois clivante, son courage, sa détermination à ne pas céder d’un pouce, malgré tout ce qu’elle endure, vivant au jour le jour, car il s’agissait de tenir pour assister à la défaite de ses tortionnaires…

En outre, ses positions sur la guerre, la paix, l’amour, la haine, entretenus par les puissants, les politiques, les marchands d’armes, la manipulation par La propagande, désignant un ennemi pour tout justifier sont très proches de miennes, et hélas d’actualité.

J’ai beaucoup aimé ce roman et je remercie vivement NetGalley et les éditions L’Archipel qui m’ont permis de le découvrir, ainsi que son auteure.

#MARLENE #NetGalleyFrance

❤️ ❤️ ❤️ ❤️ ❤️

L’auteure :

Née en 1965, Hanni Münzer est l’une des romancières les plus populaires dans son pays, et on la considère comme la nouvelle « Diva du roman historique allemand ».

Elle a conquis le public dès son deuxième ouvrage : « Au nom de ma mère » traduit en douze langues.

Prix Skoutzdu meilleur roman historique.

Extraits :

Mais l’épicier et sa femme n’étaient pas les seuls à avoir changé : elle aussi. En ce jour de juillet 1935, sa conscience politique s’était éveillée. Le temps de l’innocence était révolu.

Pour commencer, on me pose des questions sur l’actualité politique, mais quand mes réponses déplaisent, soit on les coupe, soit on sort des phrases de leur contexte. On me considère comme une Cassandre. Peuh ! Maintenant, c’est partout pareil, tout le monde est si formaté au politiquement correct que c’est le règne de l’angélisme.

Nous allons si vite que nous nous dépassons ! Et en chemin, nous oublions tout simplement de vivre. Je ne veux pas de numéro abrégé. Je veux composer un numéro entier sans me presser et à mon aise. Remporte-moi ça illico !

On mène le monde à l’abîme et en détournant les yeux, exactement comme autrefois. C’est la même politique d’apaisement qu’il y a quatre-vingts ans, et ça m’horrifie. Mais l’essentiel, n’est-ce pas, c’est que l’industrie mondiale de l’armement prospère…

Et au cœur de la guerre, elle avait vécu un amour si bouleversant qu’il la réchauffait encore. Mais elle avait également enduré des épreuves dont elle avait refoulé le souvenir dans les recoins les plus reculés de son âme. Était-elle vraiment prête à les tirer de l’obscurité, tous ces esprits et ces démons de son passé, à être de nouveau confrontée à eux ?

La réponse était oui. Elle avait une dette à régler et elle était dépositaire d’un secret qu’elle ne voulait pas emporter dans la tombe.

Les souvenirs sont des bêtes voraces, et pendant que j’écrivais ce livre, je me suis souvent sentie exposée sans protection aux tempêtes de mes émotions. Mon effrontée de petite-fille prétend que c’est mon grand âge qui me rend sentimentale. Si ce n’était que cela, j’en serais trop heureuse.

« Mon récit commence au 21 juillet 1944, le lendemain de l’échec de l’attentat de Stauffenberg. Ce jour-là, j’en ignorais tout. À l’époque, les nouvelles ne faisaient pas le tour du monde en quelques secondes comme aujourd’hui.

Plus l’armée allemande perdait du terrain sur le front, plus la Wehrmacht et la SS devaient battre en retraite, plus la Gestapo et d’autres fanatiques faisaient régner la terreur en Allemagne. Ils flairaient partout la trahison et la démoralisation, les dénonciations et les arrestations en masse se multipliaient, la torture et la détention de proches déliaient les langues. Les effectifs de la résistance diminuaient de jour en jour, mais le petit nombre de résistants qui subsistaient poursuivait vaillamment son combat pour changer le cours de la guerre.

La guerre finissait par périr du mal qu’elle engendrait, en se dévorant elle-même.

Elle-même avait depuis longtemps dépassé le stade de la peur. La mort était la mort et faisait sa moisson quand bon lui semblait. À la guerre, il n’y avait pas de vainqueur et pour l’instant, seuls les morts avaient vu la fin de cette guerre-là.

Il n’y a pas de bon côté en temps de guerre. Le bien est une illusion dont le diable se rit. En réalité, nous tuons tous. Vous avez tué et j’ai tué. En temps de guerre nous devenons tous de bêtes.

Les hommes politiques ne sont jamais coupables de rien et ont toujours un bouc émissaire sous la main…

La cupidité est sans frontière au sens propre du terme. Il n’y aura jamais de paix durable, la guerre passera d’une région à l’autre comme le témoin dans une course de relais. La paix est une illusion créée par les dirigeants pour que la populace puisse de temps en temps se croire en sécurité. Dixit le comte

Lu en février 2020

18 réflexions sur “« Marlène » de Hanni Münzer

    1. il est très intéressant et on en sait plus sur la Pologne à l’époque…
      Il n’est plus disponible sur NetGalley, alors autant lire les 2 livres d’affilée… « au nom de mamère permet de mieux connaître la jeunesse de Marlène et les débuts de la résistance polonaise
      j’espère qu’ils te plairont 🙂

      Aimé par 1 personne

    1. celui-ci m’a beaucoup plu, il faut que je trouve « Au nom de ma mère » pour en savoir plus sur les premières années.
      Cette femme est fascinante par son combat, sa ténacité etc.
      Je voulais une lecture différente après avoir enchaîné « Les patients du docteur Garcia » et « Marlène » mais je n’ai pas fait le bon choix avec « coexistence »

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