« Les victorieuses » de Laetitia Colombani

Je vous parle aujourd’hui d’un livre, même pas doudou, lu entre deux romans qui m’ont plu bien davantage, comme une pause en somme… et c’était le seul roman récent disponible à la bibliothèque…

 

les victorieuses de Laetitia Colombani

 

 

Quatrième de couverture

 

A 40 ans, Solène a tout sacrifié à sa carrière d’avocate : ses rêves, ses amis, ses amours. Un jour, elle craque, s’effondre. C’est la dépression, le burn-out. Tandis qu’elle cherche à remonter la pente, son psychiatre l’oriente vers le bénévolat : sortez de vous-même, tournez-vous vers les autres, lui dit-il. Peu convaincue, Solène répond pourtant à une petite annonce :  » association cherche volontaire pour mission d’écrivain public «.

Elle déchante lorsqu’elle est envoyée dans un foyer pour femmes en difficultés… Dans le hall de l’immense Palais de la Femme où elle pose son ordinateur, elle se sent perdue. Loin de l’accueillir à bras ouverts, les résidentes se montrent distantes, insaisissables. A la faveur d’un cours de Zumba, d’une lettre à la Reine d’Angleterre ou d’une tasse de thé à la menthe, Solène va découvrir des femmes aux parcours singuliers, issues de toutes les traditions, venant du monde entier.

Auprès de Binta, Sumeya, Cynthia, Iris, Salma, Viviane, La Renée et les autres, elle va se révéler étonnamment vivante, et comprendre le sens de sa vocation : l’écriture.

Près d’un siècle plus tôt, Blanche Peyron a un combat. Capitaine de l’Armée de Salut, elle rêve d’offrir un toit à toutes les femmes exclues de la société. Sa bataille porte un nom : le Palais de la Femme. Le Palais de la Femme existe.

Laetitia Colombani nous invite à y entrer pour découvrir ses habitantes, leurs drames et leur misère, mais aussi leurs passions, leur puissance de vie, leur générosité.

 

 

Ce que j’en pense:

 

Solène, avocate de son métier, contre toute attente, vient de perdre un procès, et son client opte pour une solution radicale… Tout tangue autour d’elle : quarante ans, elle n’a vécu que pour son travail, son « compagnon » si l’on peut dire car chacun vivait chez soi, uniquement centré sur leur job, l’a laissé tomber…

Conclusion : burn-out, elle finit par tout envoyer promener pour faire du bénévolat sur les conseils de son psychiatre et devenir « écrivain public » dans un foyer d’accueil pour femmes « le palais de la femme ».

Visiblement, elle n’a bien compris la différence entre écrivain public et écrivain tout court. Elle finit par se rapprocher de ces femmes en situation précaire, venant de pays ou continents différents, en les accompagnant au cours de zumba.

L’auteur retrace, en parallèle, l’histoire du Palais de la femme, et donc celle de Blanche et Albin Peyron, un siècle plus tôt, couple extraordinaire qui se sont engagés pour la vie, chacun relevant l’autre, en cas de défaillance, vaillants soldats de l’Armée du salut.

J’ai beaucoup d’admiration, pour Blanche, qui arpente la ville la nuit pour servir une soupe chaude, qui se bat à chaque instant contre l’injustice sociale, va haranguer les foules pour récolter de l’argent.

Comme pour le précédent roman de Laetitia Colombani, j’ai trouvé que les deux histoires étaient trop inégales, Solène n’ayant pas l’aura de Blanche : une petite heure de bénévolat par semaine à côté d’une vie à parcourir les rues pour aider les autres. Sacerdoce pour l’une, bénévolat pour l’autre, trop nombriliste pour être crédible.

Déception donc, mais j’ai fermé ce roman en essayant d’en savoir plus sur ce couple admirable, et ô combien discret…

Et en plus, la quatrième de couverture n’a rien arrangé, avec seulement quelques phrases consacrées à Blanche, Albin n’étant même pas cité, les trois-quarts étant consacrés à Solène, avec, en prime une couverture rose fuchsia sur laquelle trône une femme  BCBG, entourée de profils (ébauchés bien-sûr) de toutes les couleurs, forcément pour signifier que les autres femmes sont la pour glorifier la madone, en restant bien dans l’ombre.  GRRRRR

Paradoxalement je n’ai gardé qu’une citation consacrée à leur combat, comme si je voulais respecter leur désir de rester, le plus possible, anonymes. Les temps ont changé… et en plus, au départ je ne voulais pas le lire. Merci Blanche, (devenue officier à l’Armée du Salut) de m’avoir suffisamment captivée pour que je le termine.

 

Le palais de la femme

 

Cliquer pour accéder à Une%20Victorieuse%20Blanche%20Peyron.pdf

 

 

 

Extraits

 

Elle est en panne, telle une voiture sans carburant au bord de la chaussée. En panne l’année de ses quarante ans.

 

« Tu as tout pour toi » disent-ils (les parents) « une place dans un cabinet réputé, un bel appartement » … Et après ? songe Solène amèrement. Sa vie ressemble à une maison témoin que l’on fait visiter. La photo est jolie, mais il manque l’essentiel. Elle n’est pas habitée…

 

… Ah cette manie de ne rien jeter, comme si l’on conservait par le truchement de souvenirs futiles un peu de sa jeunesse envolée…

 

C’est ainsi, dit-elle, dans rue les femmes doivent se cacher pour survivre. Un cercle infernal et vicieux : en devenant invisible elles s’effacent, disparaissent de la société. Elles sont des Intouchables, des fantômes errant à la périphérie de l’humanité.

 

C’est Albin, le partenaire fidèle et dévoué, le complice de toujours, le compagnon d’armes et de cordée qui trouve les mots pour la relever. Ils se l’étaient promis, ce jour-là, sur le grand-bi :si l’un tombe, l’autre le rattrapera. Ainsi font les soldats. A deux, on est plus fort. Seuls on ne va jamais loin. Blanche se souvient de ce qu’il avait dit…

 

Les mots sont des papillons, fragiles, volatiles. Il faut le bon filet pour les attraper.

 

Lu en novembre 2019

10 réflexions sur “« Les victorieuses » de Laetitia Colombani

    1. je lui laisse une circonstance atténuante: je venais de terminer « La tentation » de Luc Lang que j’ai adoré…
      j’ai « un ouvrier modèle qui patiente sagement dans ma bibliothèque… entre les livres lus, les non-lus … et malgré le nombre de bibliothèque dans la maison (à l’image de ma PAL en fait) tout va finir par s’écrouler 🙂 pourvu que ce ne soit pas sur moi! remarque mourir sous les livres quand on est passionnée de lecture c’est original, comme Molière qui voulait mourir sur scène 🙂

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  1. Vu ce que tu en dis je ne pense pas le lire, déjà j’avais trouvé bien trop léger le précédent mais là bien évidemment même si le sujet m’intéresse, je passe mon tour…C’est bien vrai qu’on a besoin de lecture plus légère de temps en temps mais dans ce cas je me plonge dans un polar !! Et puis comme tu le dis si bien quand on vient de terminer un roman très fort, à fortiori un coup de coeur pas facile de passer à autre chose ! Merci pour ton ressenti et pour tes extraits toujours bien choisis

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    1. ce roman m’a permis de découvrir Blanche et Albin Peyron que ne ne connaissais pas du tout et l’histoire du Palais de la Femme et l’envie d’en savoir plus sur leur parcours admirable..
      côté actuel, pas d’affinité pour Solène, » pauvre petite fille riche » dirait Cloclo! par contre les femmes qui sont logées au Palais sont attachantes 🙂

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    1. je ne sais pas justement, j’ai trouvé des liens sur Internet via l’Armée du Salut, le Palais de la Femme…
      Elle est tellement extraordinaire! elle a toujours voulu rester discrète, anonyme, alors qu’elle a défendu la cause dans toutes l’Europe… comme Mère Térésa ou Soeur Emmanuelle. à son époque

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