« L’île des derniers secrets » d’Emma Piazza

Je vous parle aujourd’hui d’un livre choisi sur NetGalley :

 

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

Depuis que l’homme qu’elle aimait est parti, Teresa ne parvient plus à peindre. Peut-être est-ce la solitude, ou cet enfant qui grandit dans son ventre malgré elle…
Aussi, quand sa grand-mère lui lègue la villa familiale en Corse, elle hésite : elle s’était jurée de ne jamais retourner sur la terre natale de son père, avec qui elle a rompu les liens. Mais n’est-ce pas une chance de mener une vie plus stable ?

De retour au cap Corse, la beauté sauvage de l’île l’envoûte à nouveau : l ’austérité de la garrigue, les vagues se brisant contre les rochers. Teresa se heurte cependant à l’accueil hostile de sa famille, auquel vient bientôt s’ajouter le sentiment d’être épiée…
Une nuit tragique, tout bascule : Teresa se retrouve prisonnière dans une maison inconnue et pourtant étrangement familière.

Pourquoi personne ne lui vient-il en aide ? Et si tout le monde connaît la vérité, pourquoi tout le monde se tait ?

 

Ce que j’en pense

 

Joli roman choral, qui nous entraîne dans un voyage en Corse, celle qu’on appelle l’île de Beauté, où l’héroïne Teresa revient pour une histoire d’héritage qui va s’avérer sordide.

Elle est partie vivre à Lisbonne, à la suite d’un chagrin d’amour, où elle fait la connaissance de William, que la vie n’a pas gâté non plus puisqu’il a perdu sa femme et sa fille prématurément, et depuis ce biographe, dénicheur d’artistes, encore inconnus, est en mode survie.

Il avait le projet de rencontrer un peintre corse, Pascal qui a mystérieusement disparu, le lendemain de l’inauguration de la galerie qui avait décidé de le faire connaître, la galeriste ayant été retrouvé morte…

Tous les deux vont se retrouver sur l’île, Teresa pour affronter sa famille, mais la grand-mère meurt assassinée après avoir signé la donation (qui exclut le père de la jeune femme). Bien-sûr, le père est accusé et la commissaire qui mène l’enquête, Louise, est la propre tante de Térésa.

Teresa est plus ou moins témoin du meurtre et se cache pour échapper au mystérieux individu, et on finit par l’enlever et la retenir prisonnière. Qui sont les bons et les méchants?

Ce roman nous offre une histoire de secrets de famille, de vengeance, sur fond de folie, avec ce peintre étrange qui a des liens troubles avec cette famille.

Alors que William s’est retrouvé père sans le vouloir et n’a pas très bien assumé, Teresa découvre qu’elle est enceinte et dépassée car elle a rompu avec le père, ce qui donne des réflexions sur la maternité et les bouleversements qu’elle provoque. Comment aimer un bébé à venir, quand les relations avec son propre père sont très compliquées ?

« … je me répétais obstinément qu’il était mon père et que je devais l’aimer, sous peine de me noyer dans l’abîme qui s’était ouvert en moi. »

Emma Piazza réussit à entraîner le lecteur, à le prendre très vite au piège et ce roman qui démarre plutôt en mode diesel, se révèle très intéressant car on suspecte tout le monde tour à tour, et la description de la Corse, ses coutumes, la manière dont la loi du silence est omniprésente, (tout le monde sait tout, mais on ne dit rien et quand des informations passent, on n’hésite pas à parler de commérages ou de calomnies !), ou la manière dont l’île influence les gens qui arrivent, (avec la colère de Teresa par exemple) , tous ces éléments m’ont permis de passer un très bon moment.

« La Corse possède une nature absolue, rugissante. Montagnes, hommes et mer se confondent en une seule et même splendeur rageuse. Cette terre a le visage hérissé d’une barbe sauvage, ses yeux portent la couleur du maquis, et même son cœur est embroussaillé. »

Bref, j’ai bien aimé voyager sur cette île pleine de mystère en compagnie de ces personnages étranges, rugueux autant que leur île…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Mazarine (dont le catalogue me plaît beaucoup) qui m’ont permis de découvrir cette auteure dont ce thriller est  le premier roman …

 

#LileDesDerniersSecrets #NetGalleyFrance

 

 

L’auteur

 

D’origine italienne, Emma Piazza vit aujourd’hui à Barcelone où elle travaille comme scout pour une agence littéraire. L’Île des derniers secrets est son premier roman.

 

 

Extraits

 

Avec le temps, je n’ai plus peur de partir, mais je ne sais pas revenir. Désormais, tous les lieux se valent.

 

J’ai trouvé un vol pour la Corse qui part dans une semaine, sans faire escale à Paris. Je l’ai payé à prix d’or. Je n’aime pas l’avion, surtout quand je suis stressée, mais c’était la seule option. La Corse est isolée du reste du monde. Si elle pouvait, elle irait s’échouer encore plus loin.

 

Je crois que vouloir des enfants est un choix irrationnel. Je pense aussi que les gens qui décident de ne pas en avoir mènent une vie, disons, plus sereine. Pourtant, la plupart des gens en veulent et ceux qui ont choisi de se risquer dans cette expérience en parlent comme de la plus belle de leur vie. La plus heureuse.

                                                                                                      

C’est la science, William, me disait-elle, et la science n’est pas infaillible, mais un ensemble infini de tentatives.

 

Je viens de comprendre une chose importante. Quand une femme vous annonce sa grossesse, elle vous demande surtout de faire preuve d’un effort d’empathie au-delà de vos forces. Et elle vous place face à un choix très clair : ou vous êtes prêt, ou vous ne l’êtes pas. Dans ce dernier cas, et ce n’est pas grave, mieux vaut le lui faire savoir.

 

Dans cet échange silencieux, nous nous disons beaucoup. Que nous nous sommes trouvés et que nous nous comprenons. Que deux vides qui se rencontrent n’en font peut-être pas un plus grand, mais parviennent à se combler. Que dans les moments de détresse, un nouvel ami peut susciter de nouveaux sourires.

 

La Corse est renfrognée et ombrageuse, comme mon père. Mais, une clarté palpite dans ses yeux.

 

Cette maison est une île sur l’île, et le cap Corse est une autre île sur l’île. Je suis entourée par la mer et l’oubli. Personne ne sait où je me trouve, je ne peux pas communiquer avec l’extérieur. La bâtisse, délimitée par le jardin d’un côté et la mer de l’autre, m’a engloutie et faite prisonnière. Ma prison a des barreaux de couleur, elle est l’esprit d’un fou. La seule attache qui me reste avec la réalité se trouve dans mon ventre.

 

William, lui, est bel et bien présent. Il a assisté à mon entretien avec Louise, attentif et rassurant. Nous avons confiance l’un en l’autre. La colère de l’île ne l’a pas infecté. Il n’appartient pas à ce lieu, il vient de la lumière de Lisbonne, de sa maison remplie de livres.

 

Cette île est mon ennemie, et pourtant elle est si souffrante, archaïque, resplendissante et forte, qu’elle finit par m’être chère.

 

La métamorphose a eu lieu sur l’île, grâce à elle, je me confonds avec elle, après avoir effleuré une part de moi cachée sous des couches de mensonges et de négation.

 

Le mystère est toujours dissimulé derrière d’épais murs de mensonges, univers parallèle où vivent des fantômes et des vérités multiples, des histoires que nous ignorons. Celles-ci poursuivent leur existence invisible, et nous la nôtre.

 

 

Lu en avril mai 2019,

6 réflexions sur “« L’île des derniers secrets » d’Emma Piazza

    1. je n’ai pas lu beaucoup de romans sur la Corse (à part Ferrari) et finalement le plaisir était là car elle aborde des thèmes intéressants qui prennent une consonance particulière parce que c’est la Corse, et que tout s’amplifie 🙂

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