« Un métro pour Samarra » : Isabelle de Lassence

Je vous parle aujourd’hui d’un livre choisi dans le cadre d’une opération masse critique spéciale organisée par Babelio avec :

 

Un métro pour Samarra de Isabelle de Lassence

 

 

Quatrième de couverture :

 

Swann Delva étudie la philosophie à la Sorbonne. Le jeune homme s’imagine devenir un penseur en vogue, mais d’ici-là, il gagne sa vie en travaillant dans le métro.

Par hasard, il découvre les stations désaffectées du réseau parisien, et se prend de passion pour ces lieux hors du temps. Un jour d’exploration de la station-fantôme Haxo, dans le XIXe arrondissement, il se retrouve transporté à Samarra, une ville d’Irak, au Moyen-Age. C’est là qu’un calife des Mille et Une Nuits lui pose la plus importante question qui soit : peut-on espérer une vie après la mort ?

Alors que le sommeil le ramène à Paris, Swann ne rêve que de retrouver les splendeurs de Samarra. Mais, pour conserver ses privilèges auprès du calife, déjouer les complots qui le visent et obtenir les faveurs d’une belle astrologue, il doit apporter une réponse aux angoisses du souverain.

Trente-cinq jours de voyages entre Paris et Samarra vont transformer la vie de Swann à jamais…

 

Ce que j’en pense

 

J’ai aimé, surtout au début, suivre les aventures souterraines de Swann Delva, philosophe qui vient d’être admis à la Sorbonne, grâce à une bourse d’étude. Il faut bien ouvrir les portes de l’illustre établissement à des étudiants, méritants, mais dont les familles ne sont pas fortunées, loin de là.

Seulement, une bourse c’est bien mais c’est loin d’être suffisant pour vivre alors il réussit à se faire embaucher à la RATP, job alimentaire. Il s’ennuie derrière son guichet, jusqu’au jour où son chef lui fait visiter une station désaffectée. Il fait des recherches sur internet sur les stations fantômes et tombe sur Haxo. Là, un wagon étrange qui le propulse en Irak, à Samarra, à la cour du calife. Celui-ci le charge d’une réflexion : y a-t-il une vie après la mort ?

Swann, qui doit son prénom, à une passion de sa mère non pour Marcel Proust, mais pour… Dave, est un jeune homme introverti, rempli de TOC, ayant une relation étrange avec sa mère, hyper-protectrice. Son père a disparu du paysage familial et il n’a qu’un seul ami depuis l’enfance, Eliott, artiste dont les parents sont aisés et ont fait bénéficier de leurs largesses notre ami Swann.

Ce roman décrit le désir de Swann d’être reconnu à sa juste valeur et comme ce n’est guère possible tant à la RATP qu’à la Sorbonne, il s’échappe dans l’Irak du Moyen-Age, où il est de moins en moins bien accueilli à chaque expédition, en compétition avec un homme plutôt douteux, qui pratique l’alchimie, sous l’œil d’une belle astrologue.

Le voyage de Swann se fait sur 35 jours (trente cinq chapitres, qui proposent chacun, en en-tête, une réflexion des grands philosophes de toutes les époques) et l’aventure commençait bien. Mais, le rythme enlevé du départ amène peu à peu de la lassitude, du fait de la personnalité du héros tout autant que de l’histoire en elle-même.

C’est l’idée d’utiliser « une faille spatio-temporelle » à la manière de Stephen King, avec une réflexion ésotérique accompagnée de pensées philosophiques, qui m’a amenée à choisir cette lecture.

J’ai bien aimé la scène du café philosophique : Swann planche sur son exposé, ne noie dans l’argumentation, mais, envahi par le trac, n’arrive pas à susciter un réel intérêt chez les auditeurs…

C’est le premier roman d’Isabelle de Lassence ; le thème choisi est intéressant, les pensées des philosophes utilisées pour étayer son récit m’ont beaucoup plu, de même que l’allusion aux « Mille et une nuits »  ; il lui manque encore un peu de punch pour garder le rythme, et tenir en haleine le lecteur jusqu’à la fin. Un début quand même prometteur alors j’attends le prochain…

Un grand merci à Babelio et aux éditions La Belle Etoile qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.

 

L’auteur

 

Isabelle de Lassence a 33 ans. Après des études de lettres et sciences politiques, elle devient chargée de communication dans une grande entreprise et vit en région parisienne.

Ceci est son premier roman.

 

 

Extraits

 

Cette rame-là avait des allures fantastiques. Lancés à pleine vitesse dans l’obscurité de Croix-Rouge, les wagons éclairés glissaient dans la station sans y faire escale. Sur des silhouettes venues de nulle part, on apercevait les visages des passagers. Quelques curieux collaient la main et le nez contre la vitre pour entrevoir, malgré la pénombre, ces mystérieux quais désaffectés.

 

Swann se mit en route pour l’un de ses cours favoris : la philosophie de la culture. Il y voyait une passionnante philosophie de la philosophie, et surtout des réflexions recyclables pour les conversations quotidiennes.

 

Au réveil, il avait, d’avance des sueurs froides à la perspective de ces regards insistants, ces jugements négatifs, ces questions pièges. D’expérience, Swann savait que parler en public était pour lui une épreuve, et il était persuadé que cela se voyait. Quoi qu’il en soit, l’exercice lui demandait un courage non négligeable.

 Devant son miroir, il répéta et répéta encore.

 

Cette vie que nous considérons comme réelle, n’est-elle pas un mirage ? Généralement, durant nos songes, nous ne suivons pas de raisonnement logique, mais certaines vérités nous apparaissent évidentes…

… Swann décida de se ranger du côté de Descartes : le doute est la preuve que l’on pense, donc que l’on existe. Si l’on ne doute pas, on rêve. Conclusion : Swann avait donc rêvé Samarra.

 

Ce qui compte, pour la philosophie, c’est l’homme en général. La psychologie, elle, est plus empirique et se focalise sur un individu et ses particularités.

 

En bon philosophe rationaliste, Swann se méfiait de cette propension à se vouer à un autre individu. La passion, selon lui, en tout cas jusqu’à présent, risquait de le détourner de l’idéal auquel il aspirait : la connaissance.

 

Pour le commun des mortels, c’est l’éros, le désir charnel dans toute sa vulgarité. Pour le penseur, c’est en réalité une manifestation de l’amour de l’Âme, pas du corps, pas une bagatelle, pas un comportement que les animaux reproduisent par instinct. Réflexion de Swann sur l’Amour.

 

 

Lu en avril 2019

6 réflexions sur “« Un métro pour Samarra » : Isabelle de Lassence

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