« Sans mon ombre » de Edmonde Vergnes-Permingeat

Je vous parle aujourd’hui d’un livre choisi sur NetGalley avec:

 

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

Dangereux reflets

Alice a tué Célia, sa jumelle.

Son reflet, un alter ego inversé dont elle enviait la vie de rêve.

Alors que, célibataire, elle doit gagner sa vie en enseignant la philosophie, sa jumelle, épouse et mère comblée, mène l’existence oisive des riches, dans le luxe et un magnifique cadre de vie au bord de la mer. Mais la mort de Célia va permettre à Alice de prendre sa place. Du moins le croit-elle. Car au « pays des merveilles », ce n’est pas le bonheur mais le désenchantement qui l’attend.

La vie d’Alice de l’autre côté du miroir va tourner au cauchemar… jusqu’à lui faire réaliser, mais un peu tard, que le beau miroir était celui des alouettes…

 

 

Ce que j’en pense

 

Cette histoire démarre en fanfare : Alice tue accidentellement sa sœur jumelle Célia, une gifle puis une autre et plusieurs autres, ce qui la propulse au sol, sur une pierre… Elle jette le corps dans la mer, de la cime de la falaise. On ne sait pas pourquoi elles avaient rendez-vous, mais Alice décide de prendre la place de sa sœur.

Alice est professeur de philosophie, collectionne les hommes comme les philosophes, mais son métier lui plaît de moins en moins, au point de solliciter un arrêt de travail pour dépression. Célia a un mari qui gagne bien sa vie, une belle maison, deux filles, une belle voiture, la piscine, bref une vie oisive selon Alice qui croît que tout est merveilleux.

Elle est jalouse d’elle depuis l’enfance, car Célia était sage, obéissante, parfaite pour leur mère alors qu’elle est une rebelle qui n’hésite pas à mettre la vie de sa jumelle en danger ; elle a failli se noyer ce qui a entraîné une phobie de l’eau…

Mais tout n’est pas si rose bien-sûr et elle va se rendre compte que « De l’autre côté du miroir » il y a des choses sordides : Celia est la bonne à tout faire dans la maison, son mari agressif, pervers narcissique probable, la trompe sans vergogne, sa belle-mère est immonde, la rabaisse sans cesse, ses amies de la « Jet-set » tout aussi imbuvables… On a droit à tout avec eux : adultère, inceste, maltraitance conjugale, clichés sur les profs qui ne font rien alors que les autres travaillent, manipulations en tout genre…

On parle souvent des relations particulières des jumeaux qui communiquent par télépathie, ressentent la douleur de l’autre… Ici, l’auteure a choisi de développer le thème de la jalousie dans la gémellité, la jumelle dominante, et la dominée, miroir l’une de l’autre.

Alice dit toujours « l’autre » en parlant de Célia, ne l’appelle jamais par son nom ; elle est persuadée que pour exister, il faut détruire « l’autre », alors que Célia à « un besoin vital, presque maladif d’Alice, mon autre moitié. Sans elle, je suis incomplète » écrit-elle dans son journal.

J’ai apprécié les allusions à « Alice au pays des merveilles » et « De l’autre côté du miroir » qui servent de toile de fond au roman qui est, d’autre part peuplé de références aux philosophes préférés d’Alice, d’allusion à la foi, dans sa forme bigoterie, mais à la longue je me suis un peu lassée.

Une lecture sympathique, un rythme enlevé qui maintient assez bien le suspense, mais l’auteure aurait pu exploiter mieux ce sujet intéressant, creuser davantage.

Je remercie NetGalley et les éditions L’Archipel qui m’ont permis de découvrir le roman et l’auteure.

 

#SansMonOmbre #NetGalleyFrance

 

 

Extraits

 

Espèce de salope ! Déjà dans le ventre de maman, tu tenais toute la place.

 

Les claques s’abattaient, retentissantes. Célia recula, haletante, la bouche ouverte, les bras tendus, tentant de parer les coups, mais Alice frappait, frappait… Animée par la furie de détruire, d’anéantir « L’autre ». De briser son miroir vivant.

 

Intuition d’une nécessité vitale, une urgence, presque une fatalité : briser la cellule étouffante, détruire « l’autre » pour exister.

Ah ! comme elle haïssait ce clone, cette copie conforme de son corps qui lui volait son identité et lui ôtait sa conviction d’être unique !

 

Et pourtant, comme un Narcisse amoureux de son image, elle ne pouvait pas se retenir d’aimer son propre reflet. Un étrange lien d’amour tissé de jalousie, de mépris et de rancœur. Une haine mêlée d’amour, un amour mêlé de haine.

 

La vertu du travail et de l’effort était passée de mode et, quand elle avait pris conscience que ses élèves ne voyaient plus en elle le messie porteur de la bonne parole, mais « l’emmerdeuse de service » qui les forçait à réfléchir sur des sujets dont ils n’avaient « rien à cirer », le feu sacré s’était éteint. Enseigner était devenu un véritable pensum.

 

Les fillettes étaient interchangeables. Deux moitiés d’un tout, mais cela ne les rapprochait pas. Au contraire, Alice avait besoin d’écraser « l’autre » pour devenir elle-même. Pour exister on plus comme une moitié, mais entière, unique.

 

Comme dans un miroir. Mon double qui me regardait et me semblait plus vivant que moi-même. Troublée, j’ai fermé les yeux. Lorsque je les ai rouverts, la vision avait disparu.

 

 

 

Lu en avril 2019

4 réflexions sur “« Sans mon ombre » de Edmonde Vergnes-Permingeat

    1. j’innove en ce moment! ce roman est particulier par les thèmes et la critique de la société, notamment les bourgeois. Même si ce n’est pas le roman du siècle j’ai passé un bon moment (certaines critiques sur babelio sont bien plus enthousiastes!
      je deviens vraiment difficile, ça se confirme 🙂

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    1. la jalousie et le fait que l’une ne peut pas exister sans l’autre, alors que la seconde ne peut être elle-même qu’en éliminant sa jumelle au propre puis au figuré… Les mères sont toxiques à souhait 🙂

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