« Le marin de Casablanca » de Charline Malaval

Je vous parle aujourd’hui d’un livre, choisi en avant-première sur NetGalley, et qui sortira dans les jours qui viennent :

 

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

Il était grand, brillant, ambitieux et il adorait Jean Gabin, son modèle. Un à un, il avait gravi les échelons de la marine et voulait explorer le monde. En avril 1940, il disparait brutalement dans l’explosion de La Railleuse, un navire de guerre stationné dans la rade de Casablanca.
Il s’appelait Guillaume, il venait d’avoir vingt ans.

Elle est vive, passionnée et sensible. Le Maroc d’aujourd’hui l’enchante et elle est sûre que, un jour, elle parviendra à réaliser son rêve : ouvrir dans sa ville un cinéma d’art et d’essai. Mais son histoire est bancale : elle ignore tout de sa famille paternelle.

Elle, c’est Loubna, elle a presque trente ans.

Pour construire son avenir, la jeune femme devra creuser son passé et percer le mystère qui entoure le marin de Casablanca.

Autour d’une figure masculine solaire, à la fois insaisissable et omniprésente, gravite une galerie de personnages bouleversants. Un premier roman captivant, qui distille secrets et révélations au cœur d’un Maroc fascinant d’exotisme et de lumière. Un magnifique hommage au cinéma de l’âge d’or hollywoodien et français – et qui n’est pas sans rappeler le troublant film Laura, d’Otto Preminger.

 

 

Ce que j’en pense

 

Ce livre est un roman choral où l’on a l’alternance de deux périodes :1940 et 2005, avec les récits de plusieurs personnes qui ont été proches du héros et qui ont toutes un lien entre elles.

D’un côté, on a donc Guillaume, beau, jeune, admirateur de Jean Gabin qui veut absolument devenir marin au grand dam de ses parents. Il apprend un secret sur la vie de son père, ce qui lui permet de faire pression sur lui pour donner son autorisation.

Il va monter les échelons dans la marine au bord de « La Railleuse » mais tout à coup, les choses s’emballent et Guillaume disparaît tragiquement lors de l’explosion du bateau dans des conditions suspectes. Est-il vraiment mort ?

2005 Loubna cinéphile dont la famille a un destin tragique : sa grand-mère est décédée en mettant son enfant au monde, et son grand-père a disparu tragiquement et mystérieusement. Son père, communiste idéaliste est mort très jeune, assassiné.

Loubna veut retrouver ses racines à la suite de la réflexion désobligeante d’Ali à qui elle a fait visiter un lieu magique où elle rêverait de créer un cinéma.

Tous ont leur manière d’évoquer Guillaume, personnage haut en couleur, séducteur, célèbre pour ses conquêtes, mais quasiment solaire.

Les personnages sont tous intéressants, certains plus attachants que d’autres, et l’auteure, en nous présentant leurs témoignages, utilise un langage qui leur est propre, ce qui m’a beaucoup plu.

Charline Malaval donne la parole aux parents de Guillaume : Hélène, la mère, enfermée dans son mutisme et sa couture, Lucien, le père, vétéran de la guerre de 14-18, à Liliane, sa sœur, à François, le cousin d’Hélène, à Félix un compagnon de Guillaume, à qui incombe la charge d’annoncer la triste nouvelle, pour le côté français, et à Loubna, Anis, côté Casablanca etc…

On se promène dans Casablanca, dépaysement total assuré, avec une immersion dans la société, la culture marocaine, et un hommage au cinéma tant au film « Casablanca » qu’à Jean Gabin.

J’aime énormément ce style de roman choral et celui-ci a été un coup de cœur, tant par les thèmes abordés que par la plume de Charline Malaval : c’est son premier roman, très réussi et il est très réussi.

Je remercie vivement NetGalley ainsi que les éditions Préludes qui ont permis cette lecture.

#LeMarinDeCasablanca #NetGalleyFrance

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L’auteur

 

Charline Malaval est née en 1984 à Limoges et a grandi en Corrèze. Après avoir enseigné au Brésil, à l’île Maurice, en Bulgarie et au Vanuatu, elle est aujourd’hui professeure de lettres au lycée français de Riga (Lettonie).

Le Marin de Casablanca est son premier roman.

 

Extraits

 

« Le passé n’est jamais mort, il n’est même jamais passé » William Faulkner

 

C’est l’truc le plus foutrement dur que j’ai eu à faire de ma vie… A côté, m’engager dans la marine et laisser mon père seul avec ses vaches, dire adieu à ma mère en train de pleurnicher au p’tit matin sur les routes de Meaux, c’était rien comme tristesse. Dixit Félix

 

« Le monde est vaste, Félix, trop vaste pour se contenter de fixer l’horizon. Il faut l’embrasser, plonger à l’intérieur et le boire jusqu’à la lie… » C’était comme ça qu’il jactait. Dixit Félix

 

Ma famille est comme marquée du sceau d’une malédiction. J’ai très peu connu mon père, et lui-même n’a jamais connu ses parents. Je viens d’une famille où les liens du sang et du passé disparaissent sans laisser de traces. Dixit Loubna

 

Dans notre lignée en forme de points de suspension, chaque nouvelle naissance constitue une rupture. Personne ne reste pour être le parent du suivant. C’est cela, être une page blanche. Idem

 

… le récit d’une nuit où elle l’a surpris qui me berçait en chantonnant « As Time Goes By ». Il s’agit de la chanson emblématique de son fil préféré « Casablanca », qu’Ingrid Bergman demande à Sam de jouer encore une fois dans une scène désormais culte. Mon père ne s’était apparemment jamais remis du mélange de candeur et de beauté froide des sourires de l’actrice principale.  Idem

 

La naissance de mon père défie toutes les lois de la logique puisque, s’il a connu l’identité de son père, il a toujours ignoré celle de sa vraie mère. Idem

 

C’est sans doute pour cela que je me console de la vie dans le cinéma : il métamorphose les souffrances et les existences en forme de point d’interrogation en objet esthétique.

 

On fantasme les retours de guerre comme des jours heureux. On s’imagine qu’ils seront la promesse que le danger n’existe plus et que la quiétude a envahi pour toujours nos vies. Mais ces jours ont surtout été de longs hivers de secrets enfouis.   Dixit Hélène

 

Comme la grande Histoire, toute histoire personnelle est un fleuve dont il faut remonter le cours pour la comprendre. Dixit Loubna

 

J’ai souvent un regard attendri sur les douceurs de notre enfance. Malgré mon absence de père et son absence de mère, nous n’avons manqué de rien. Nos deux êtres bancals se sont appuyés l’un sur l’autre pour se donner ce qu’il leur manquait de repères et d’amour. Dixit Loubna

 

La réalité des combats m’avait poussé à hâter mon choix et à le porter sur une femme que j’admirerais plus que je ne l’aimerais. Dixit Lucien

 

Je crois que cette obsession est commune à tous les proches de disparus : faire injure à la vérité, la faire mentir, l’obliger à se rétracter. Dixit Liliane

 

 

Lu en janvier-février 2019

10 réflexions sur “« Le marin de Casablanca » de Charline Malaval

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