« Bad Man » de Dathan Auerbach

Je vous parle aujourd’hui d’un livre dont on parle beaucoup en ce moment et que j’ai pu découvrir grâce à NetGalley et aux éditions Belfond :

 

 

Résumé de l’éditeur :

 

Révélation ! Bad Man signe l’entrée fracassante de Dathan Auerbach dans l’arène des maîtres du suspense et de l’angoisse en successeur de Stephen King.

On dit que, passé quarante-huit heures, les chances de retrouver une personne disparue sont quasi nulles. Deux jours pour ratisser les bois alentour, frapper à toutes les portes, remuer ciel et terre. Passé ce délai, l’espoir n’est plus permis.

Eric, trois ans, a disparu il y a cinq ans. Peu à peu, les affichettes ont jauni, les policiers se sont désintéressés de l’affaire, la vie a repris son cours dans cette petite ville désaffectée de Floride.

Pas pour Ben, le grand frère de la victime. Qui ne s’est jamais remis du drame. Qui a vu sa famille sombrer. Mais qui n’a jamais cessé ses recherches.

Recruté en tant que magasinier de nuit dans le supermarché même où Eric a disparu, Ben sent que les lieux ont quelque chose à lui révéler. Quelqu’un sait où est son frère, une personne qui prend un malin plaisir à se jouer de lui. Qui ? Le directeur qui n’a jamais collaboré à l’enquête ? Ses collègues auxquels il a accordé trop vite sa confiance ? Mais il y a plus que ça, une présence impalpable, diffuse, qui brouille ses pensées… Qui est ce bad man dont l’ombre inquiétante plane sur la ville ?

 

 

Ce que j’en pense

 

Un roman noir surprenant !

Le petit frère de Ben, Eric, disparaît alors qu’ils sont tous les deux en train de faire les courses au supermarché. Alors qu’ils viennent d’arriver en caisse, Eric a soudainement envie d’aller aux toilettes alors qu’il a refusé quelques minutes à peine plus tôt quand Ben le lui a demandé.  En plus, il laisse tomber Stampi, sa peluche dans la cuvette, énervant encore plus Ben qui doit le laver et le faire sécher. Quelques secondes d’inattention et le petit disparaît.

Ben le cherche dans tous le magasin ; méfiant, il a refusé l’aide d’un homme qui lui proposait de l’emmener lui-même aux toilettes à deux reprises.

Cinq ans plus tard, ayant terminé le lycée, il dépose son CV au magasin, persuadé qu’on ne retiendra pas sa candidature, mais les gens ne se précipitent pas vers un travail de manutentionnaire, la nuit… il est donc embauché au grand dam de ses parents, surtout sa belle-mère Deirdra, la mère d’Eric.

Ben cherche à tout prix à retrouver son petit-frère, depuis toutes ces années. Il appelle régulièrement le policier, qui était chargé de l’enquête (et qu’il trouve inefficace), alors que celui-ci le pense coupable d’avoir tué Eric…

Ben, ce gros nounours, qui a été marqué à vie par un accident qui lui causé des dommages irréversibles sur sa jambe, victime de discrimination car il est obèse et handicapé, tourmenté car il se sent responsable de la disparition de son petit-frère, est un personnage attachant que l’on suit volontiers dans sa quête, ses efforts pour imprimer et distribuer des avis de recherche.

Les autres personnages sont également corsés : le père est le seul à rester connecté avec la réalité, alors que Deirdre, est dans le déni, entretient la chambre d’Eric, lui parle, lui achète chaque année de nouveaux jouets pour les fêtes, oblige les autres à souffler les bougies du gâteau d’anniversaire…

Le directeur du supermarché est bien dans son rôle de parfait harceleur au travail, constamment de mauvaise foi, suspicieux, Marty et Franck les collègues de Ben ne manquent pas de piment non plus, et la palme revient à Beverly, qui tient le rayon boulangerie pâtisserie, sans oublier Daniel, le camarade de classe, brillant sportif que Ben admire alors que lui-même avance péniblement au son du clic clic de son attelle.

Dathan Auerbach nous tient en haleine avec ce roman, car tout le monde est plus ou moins suspect, à tour de rôle, qui est sincère et qui ment ? Comment s’y retrouver avec des indices insolites qui font leur apparition à tout moment, dans un climat de suspicion générale ? et qui se cache derrière ce « Bad Man » ?

Le pitch faisant référence à Stephen King, je m’attendais à plus d’étrangeté, de paranormal, mais ce roman m’a bien plu, je ne l’ai pas lâché. Le seul bémol, que je mettrais, c’est la lenteur, parfois étouffante, on n’a l’impression de ne pas avancer, ou du moins d’avancer avec autant de difficulté que Ben distribuant ses tracts et arpentant la forêt avec sa jambe malade. Je pense que c’est voulu par l’auteur, pour que l’on s’imprègne de l’ambiance régnante.

Au passage, je retiens aussi que l’auteur parle très bien de l’espoir, comme de la douleur, de la maladie ou de la mort.

C’est le premier roman, publié en français de Dathan Auerbach et il a su créer une ambiance particulière qui piège le lecteur malgré lui et donne envie de découvrir « Penpal »

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond !

#BadMan #NetGalleyFrance

 

L’auteur

 

Dathan Auerbach vit actuellement en Floride. Après « Penpal », « Bad Man » est son deuxième roman, le premier à être publié en France.

 

 

Extraits

 

Les enfants ne se laissent pas traumatiser si facilement. Ils décrètent de leur propre immortalité. A que les années passent, toutefois, ils prennent conscience qu’il leur reste de moins en moins à vivre. Difficile de prévoir quand cette prise de conscience les frappera ; disons juste que le Temps trouve toujours le moyen de se rappeler à leur bon souvenir.

 

Ben, lui, ne pouvait pas courir. Déjà corpulent avant l’accident, il était devenu carrément obèse. Le simple fait de marcher lui demandait un effort. Et c’était douloureux en prime. Il ne pouvait même pas se lever sans son attelle, et il lui fallait parfois l’aide de deux personnes pour ne pas vaciller sous son poids.

 

Ben n’était pas jaloux de Daniel. Pas vraiment. Il l’observait avec le genre d’émerveillement qu’on peut éprouver en contemplant le vol d’un oiseau – ses virages sur l’aile et ses piqués, son essor, ses arcs de cercle – fasciné par les prouesses dont non seulement on était incapable, mais qu’on ne peut même pas comprendre.

 

Chaque individu connaît dans sa vie un jour précis où  la confiance devient une question de choix, et où il apprend à ses dépens que les gens mentent pour des raisons qui leur appartiennent.

 

Parce que l’espoir agit ainsi : quand tout semble au point mort, il nous propulse avec une telle force qu’on en vient à ressentir le besoin de continuer.

 

C’était la fonction essentielle de l’espoir, après tout. Anesthésier. Adoucir la réalité, la brouiller juste assez pour nous permettre de continuer à la regarder en face et à avancer, guidés par la conviction que le sol sous nos pas ne peut pas être entièrement couvert de verre pilé.

 

L’espoir agit telle une drogue sournoise, sécrétée par les mots et les pensées, affinée par le temps. Il ne résout rien. Il nous endort et nous rassure jusqu’à absorber notre désespoir dans sa brillante incandescence. Et plus il nous berce d’illusions, plus nous avons tendance à oublier qu’il se trouvait lui aussi enfermé dans la fameuse boîte de Pandore. C’est la seule horreur du monde à ne pas s’être échappée quand le couvercle a été ouvert. La seule qui vit en nous.  

 

 

Lu en mars 2019

6 réflexions sur “« Bad Man » de Dathan Auerbach

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