« La maison noire » de Yûsuke Kishi

Aujourd’hui, direction le Japon avec ce roman haletant d’un auteur que j’ai découvert en 2022 avec « La leçon du mal » :

Shinji Wakatsuki travaille dans un cabinet d’assurances où il fait figure d’employé modèle. Méticuleux, rigoureux, il traque sans relâche les incohérences dans les avis de décès à la recherche d’incohérences pour tenter de dépister d’éventuels profiteurs, lesquels ne sont pas dénués d’imagination.

Un jour, il reçoit un appel curieux d’une femme qui lui demande si le suicide est couvert par l’assurance-vie. Pensant qu’elle est sur le point de passer à l’acte il tente de la rassurer et lui démontrer que le suicide n’est pas la meilleure solution, n’hésitant pas à lui parler du suicide de son grand frère, dont il se sent responsable. Pensant l’avoir convaincue il raccroche, en lui laissant son nom.

Quelques jours plus tard, alors qu’il a oublié cette communication, il reçoit l’appel d’un certain Komoda qui le sollicite pour un constat à son domicile, insistant sur le fait que Wakatsuki se n en personne se déplace. Il arrive devant « la maison noire » lugubre, assailli par la puanteur lorsqu’il pénètre et constate que le  fils de Komoda se balance au bout d’une corde. Le premier choc passé, il trouve le comportement du père étrange, comme s’il faisait semblant d’éprouver du chagrin et celui de ma mère, déconcertant.

Wakatsuki va étudier ce dossier de fond en comble pour arriver à prouver qu’il s’agit d’un meurtre, le père ayant déjà sollicité l’assurance après s’être coupé le pouce volontairement (mais jamais prouvé). Ainsi va commencer le cauchemar pour notre ami.

Yûsuke Kishi évoque, au travers d’une analyse sans concession de l’escroquerie à l’assurance, les profiteurs, et surtout les criminels qui tentent d’avancer masqués, sur fond de Yakusa aussi, les personnalités perverses, la difficulté de mettre à jour leurs actes, leur mode de pensée… Il nous entraîne sur un faux rythme au départ, où on s’ennuierait presque, pour faire monter un suspense qui devient de plus en plus insoutenable et addictif, multipliant les fausses pistes, avec un final explosif absolument génial.

Le récit est entrecoupé par les cauchemars récurrents de Wakatsuki, au cours lesquels une araignée géante le poursuit de son agressivité, qui le laisse trempé de sueurs le matin au réveil, et qu’il tente d’analyser avec son amie Negumi, psychologue.

J’ai beaucoup aimé l’opiniâtreté de Wakatsuki, pour rechercher la vérité sur ce qui s’est réellement passé, j’ai aimé sa fragilité apparente, sa culpabilité de ne pas avoir pu sauver son frère, ses relations avec les autres protagonistes.

L’auteur ne se contente pas de proposer une intrigue « policière » (en fait les policiers se désintéressent totalement de ce qui peut arriver) mais il étaye son raisonnement avec une analyse psycho-sociologique de ces personnalités :  psychopathes, enfance maltraitée…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.

#YusukeKishi #NetGalleyFrance !

9/10

Apprendre la mort de personnes dont il ne savait même pas qu’elles avaient existé, il y avait plus plaisant comme manière de commencer la journée.

Par le truchement de Negumi, Wakatsuki s’était piqué de curiosité pour la psychologie et avait lu quelques livres. Il ne se sentait pas en mesure d’interpréter ses propres rêves pour autant. Negumi venait de lui rappeler qu’il n’était pas le mieux placé pour se comprendre lui-même. Il attendrait qu’elle se réveille pour lui raconter son cauchemar et lui demander ce qu’elle en pensait.

Dans les affaires de meurtre d’enfant pour obtenir l’argent des assurances, il arrivait souvent que l’un des adultes supprime le rejeton issu d’une précédente union.

Il avait été prouvé que les enfants dont un des parents ou un membre de la famille s’était suicidé sont bien plus nombreux que la moyenne à avoir, plus tard, eux-mêmes recours à cette extrémité. Le suicide était de toute évidence contagieux.

Les sentimentaux se classent en deux catégories totalement opposées. La première, comparable à ce que ressentent les jeunes femmes durant leur crise d’adolescence, ses définit par une sensibilité très vive, où les émotions sont vécues à pleine puissance. La seconde est le résultat d’un endiguement des émotions quotidiennes qui trouve ainsi un exutoire.

Ces personnes ne ressentent pas d’attachement envers leurs propres enfants. Comment pourraient-ils en concevoir envers quiconque ? Les abandonneurs sont des créatures égocentriques dénués d’émotions. Les humains de ce genre n’hésitent pas à commettre tous les crimes pour s’emparer de ce qu’ils désirent.

L’araignée, c’était le monde, le destin, la croissance et la mort, la destruction et la renaissance, mais en particulier, dans les rêves, c’était le symbole de « la Grande Mère » dans l’inconscient collectif. La Grande mère, selon Jung, est une figure maternelle, qui veille sur chacun. Une autorité féminine magique. Une élévation intellectuelle et spirituelle que dépasse la raison, l’impulsion et l’instinct de secourir la miséricorde profonde.

14 réflexions sur “« La maison noire » de Yûsuke Kishi

  1. bulledemanouec671473c7

    J’ai tellement eu la nausée en lisant « la leçon du mal » que pour l’instant je ne suis pas du tout tentée par la lecture de ce second roman (qui est en fait son premier j’ai bien compris) ! C’était vraiment trop pour moi pourtant j’adore lire les thrillers psychologiques mais je l’avais trouvé vraiment trop machiavélique peut-être parce que le sujet me touchait davantage ayant travaillé dans l’enseignement avec des élèves…

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