« La vie heureuse » de David Foenkinos

Aujourd’hui, je vous propose une incursion dans l’univers de David Foenkinos, avec son dernier opus : 

« Jamais aucune époque n’a autant été marquée par le désir de changer de vie. Nous voulons tous, à un moment de notre existence, être un autre. »

Éric Kherson commence à ne plus se sentir à l’aise à la direction d’un Décathlon, la motivation s’en va peu à peu, il regarde par la fenêtre, lors des réunions de travail, le moindre mouvement lui coûte une énergie considérable. Sa vie privée suit le même chemin, son couple s’est délité, avec un divorce à la clé, il ne s’est pas battu pour avoir la garde partagée de son fils… Bref, la mélancolie s’installe.

Lorsqu’une ancienne copine de classe, Amélie, qui a rejoint l’équipe d’Emmanuel Macron, qui lui a confié un poste au Secrétariat d’État au commerce extérieur, lui propose d’intégrer son équipe, il n’hésite pas, même si, à vrai dire, il ne se souvient pas vraiment d’elle, avec un salaire inférieur, mais c’est un travailleur, qui connaît ses dossiers à fond….

Il part avec elle à Séoul, pour négocier avec le directeur de Samsung, alors qu’il déteste l’avion, il a tous les éléments du dossier en mémoire et Amélie compte sur lui. Mais, le premier rendez-vous se passe assez mal, on reporte la réunion. Éric commence à ne pas se sentir bien, crise d’angoisse, pour ne pas dire panique… et finit par ne pas se présenter à la réunion, laissant Amélie se débrouiller seule…

Alors qu’il décide d’aller visiter Séoul, pendant son temps libre, il entre dans une « boutique » au nom étrange « Happy Life» qui propose au client de vivre une expérience hors du commun : se laisser enfermer dans un cercueil, après avoir rédiger son épitaphe, choisi une photo…

Éric va vivre cette expérience à fond, nous décrire les différents étapes, son ressenti, et comment elle va changer sa vie, il va revoir ses priorités, travail, vie privée…

David Foenkinos, nous raconte une histoire fascinante, avec sa sensibilité habituelle, des personnages attachants, même si on est parfois au pays des Bisounours. Ce roman est agréable à lire, et je reconnais que l’expérience me tenterait bien…

J’ai été tentée par sa prestation à La Grande Librairie, et ma curiosité habituelle a fait le reste quand je l’ai trouvé à la médiathèque.  Je n’ai lu que « Charlotte » qui m’a plu davantage, et je connais ses autres romans surtout par les adaptations à l’écran, mais un moment de douceur ne se refuse pas.

7/10

Pendant longtemps, il avait été animé par un désir de progresser au sein de Décathlon. Puis une forme de lassitude s’était emparée de lui. Comme un désintérêt général. L’envie de réussir s’était échappée. Lors des réunions importantes, il s’était mis à regarder par la fenêtre. Par ailleurs, il avait l’impression que chaque mouvement lui prenait un temps fou. La mélancolie s’annonce sûrement ainsi, par la lenteur de plus en plus lancinante des gestes à accomplir…

Pourtant, au bout de quatre ou cinq fois, elle avait eu le sentiment d’avoir fait le tour de la question. Avec une rapidité déconcertante, toute cette aventure lui était apparue vaine. Comme tous les conquérants, elle avait la lassitude facile. Elle mit un terme à cette errance, se racontant que tout cela avait été un amusement éphémère Aurélie se savait désirable…

Au fond, cette réunion avec Samsung n’avait aucun intérêt. Il se mentait, il jouait un rôle, rien de ce qu’il vivait n’avait la moindre saveur. Au cœur de cette foule à Séoul, il reconnaissait enfin l’essentiel : il se sentait en décalage avec le reste des humains, et ne trouvait plus la moindre motivation pour enchaîner les jours. Il ne voyait tout simplement le sens de ce qui lui apparaissait comme une épuisante comédie.

Happy Life était l’un de ces centres qui organisent de faux enterrements. C’était un véritable phénomène ici. En approfondissant Éric comprendrait le pourquoi de cet engouement. La Corée du Sud avait, cette année-là le quatrième taux de suicide le plus élevé au monde.

C’était sur ce terreau fertile que prospérait Happy Life, tentative presque mystique de fournir un antidote au désespoir. Le concept reposait sur une constatation simple : être confronté à la mort pouvait vous permettre de retrouver goût de la vie.

En avançant vers son cercueil, Éric n’avait plus le moindre doute. Il devait traverser cette expérience ; étrangement, il avait la vague impression d’avoir toujours attendu ce moment-là. Cela ressemblait à cette émotion particulière, lorsqu’on se sent immédiatement à sa place dans un lieu que l’on découvre ; ou en connivence parfaite avec une personne qu’on rencontre pour la première fois.

En laissant ses sens expérimenter la mort, il ressentait un bonheur proche de la jouissance. Il respirait doucement, se concentrant uniquement sur son souffle. Le néant s’emparait de lui avec douceur, dans ce voyage statique vers l’essentiel.

18 réflexions sur “« La vie heureuse » de David Foenkinos

    1. il ne fait pas partie de mes auteurs fétiche mais l’expérience Happy Life me tentait trop

      c’est trop romanesque à mon goût, « ils se marièrent et eurent…  » mais un moment de douceur après la seconde guerre mondiale ça fait du bien quand même 🙂

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  1. J’ai bien aimé La délicatesse et Numéro deux de cet auteur. Ca se lit tout seul, sans laisser un souvenir impérissable non plus mais comme tu le dis, un moment de douceur ou d’humour, c’est parfois tout ce qu’on demande!

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  2. Le seul livre que j’ai aimé de lui c’est « Charlotte » alors tu vois je ne suis pas une grande adepte de cet auteur, mais je n’ai pas dit que je ne tenterai pas un autre de ses titres par contre je fais toujours passer d’autres lectures avant, cela doit être un signe…

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    1. c’est idem pour moi, je n’ai lu que « Charlotte » qui m’a plu. Celui-ci ne va pas rester dans ma mémoire, car c’est l’expérience Happy Life qui m’intéressait et il n’a pas creuser assez à mon goût…

      Je pense que je vais en rester là avec l’auteur 🙂

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    1. c’est une lecture facile qui ne prend pas la tête mais si son passage à LGL m’avait donné envie de le lire je suis restée sur ma faim car trop romanesque pour moi…

      Je vais tenter de rester sur le bon souvenir de « Charlotte » mais cela s’arrêtera là 🙂

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  3. j’ai tout lu (sauf le 1er roman) de cet auteur qui est l’un de mes chouchous. Au début de cette vie heureuse, j’ai été désarçonnée car je trouvais que c’était plat, jusqu’à ce que je comprenne que cela suivait l’évolution du personnage. Au final, j’ai beaucoup aimé !

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    1. je suis restée sur ma faim… J’aurais aimé qu’il développe davantage son expérience Happy Life et qu’il creuse plus les relations entre Éric et les autres personnages Amélie mais aussi son ex …

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