« L’Affaire Mitford » de Mary Benedict

Aujourd’hui, je vous propose un retour dans une période que j’aime particulièrement : les années trente jusqu’à la seconde guerre mondiale, car je suis frappée par les similitudes avec l’époque actuelle, le danger ayant simplement changé de camp, mais les discours se ressemblant étrangement avec ce roman historique :

Issues de la vieille noblesse anglaise, les six sœurs Mitford règnent sur le Londres de l’entre-deux-guerres. Belles, spirituelles, excentriques, les jeunes femmes passent de bals en cocktails, entourées d’une cour d’admirateurs. Mais les années 1930 sonnent le glas de l’insouciance lorsque la crise économique précipite la ruine de leurs parents.

Diana crée bientôt le scandale en divorçant pour devenir la maîtresse du sulfureux Oswald Mosley, chef de file du fascisme britannique. Partie étudier en Allemagne, l’impulsive Unity gagne l’amitié de son idole, un certain Adolf Hitler. Quant à Nancy, tandis que l’ombre d’un nouveau conflit plane sur l’Europe, elle voit le poison du nazisme contaminer sa famille. La jeune romancière décide alors de mettre ses talents au service de son pays en se rapprochant de Winston Churchill, quitte à trahir les liens du sang…

Ce roman nous permet de suivre l’histoire de la famille Mitford, vieille noblesse anglaise, qui « règne » sur le Londres des années trente, insouciance, légèreté, bal, réceptions sont encore à l’honneur avant que la crise économique et les conséquences que l’on sait, ne vienne rebattre les cartes.

Le couple Mitford a eu sept enfants, six filles : Nancy l’aînée, écrivaine, Diana, Unity, Pamela, Jessica, Deborah, et Thomas. La presse les décrit toutes les six comme le noyau des « Bright Young Things », groupe de joyeux fêtards dont Diana est l’âme.

Le récit débute sur le bal donné par Diana et son époux Bryan Guinness pour inaugurer leur nouvelle maison. Malgré la présence des amis, Nancy ne se sent pas très à l’aise, éclipsée par la beauté solaire de Diana.

Peu à peu, la crise économique étant passée par là, le train de vie de la famille Mitford va s’étioler le père ayant beaucoup perdu. Le début des années trente se déroule bon an mal an, mais un nouveau personnage va émerger : le fascisme et les trois sœurs aînées ne vont pas choisir les mêmes combats.

Diana va tomber sous l’emprise d’Oswald Mosley, chef de file du parti fasciste britannique, beau parleur qui rêve de redonner sa puissance perdue à la Grande Bretagne. Elle va divorcer au grand dam de la société pour tenter de faire accéder Mosley au pouvoir et approchera Hitler et ses sbires, pour tenter d’y arriver.

Elle va entraîner dans cette engouement, Unity plus fragile. Cette dernière va convaincre la famille de l’envoyer étudier sur le Continent, Paris puis l’Allemagne où elle approchera son führer bien aimé : elle a réussi à savoir qu’il venait prendre ses repas dans une auberge de Munich et elle va s’installer avec un livre, jour après jour pour qu’il la remarque et lui permette d’accéder à son cercle intime. Elle devient une vraie groupie, sans se rendre compte qu’il la manipule.

Diana et Unity vont réussir à convaincre peu à peu leurs parents que le salut vient de Hitler Mussolini qui finance le parti fasciste de Mosley alors que Nancy, qui sent bien le danger à venir, choisit le camp opposé ce qui nous permet d’entrer dans l’intimité de Winston et Clemmie Churchill, qui sont des cousins de la famille.  

Les autres membres de la famille sont moins mis en avant, mais ils jouent un rôle important dans l’évolution de la famille et de ses idées.

Unity dans son uniforme, sa chemise noire et son Swastika en or, qu’elle arbore fièrement, est attachante par son aveuglement, elle est prête à tout pour être acceptée par son idole, rêvant même de prendre la place d’Eva Braun, elle le croit quand il prétend qu’il va s’allier avec la Grande Bretagne et n’entrera jamais en guerre avec elle. Mais Hitler réinvente l’Histoire pour arriver à ses fins.

Elle ne veut voir que la manière dont il a redressé le pays, l’Anschluss, les prisonniers envoyés dans les camps, elle l’efface immédiatement de sa mémoire. Le grand homme lui a attribué un grand appartement, les propriétaires Juifs ayant été envoyés en camp, il précise qu’ils ne risquent pas de revenir, mais Unity ne percute pas.

J’ai beaucoup apprécié Nancy et sa lucidité ; son mariage bat de l’aile, son mari est alcoolique et elle n’arrive pas à être enceinte et pourtant elle continue à essayer de montrer à sa famille qu’Hitler, le parti fasciste britannique sont de dangereux menteurs avides de pouvoir. Elle est écrivaine, publie des romans dont l’un sera expurgé de tout ce qui pourrait faire de l’ombre à Diana et Mosley.

J’ai détesté Diana, qui pousse Unity de manière machiavélique, et l’utilise à ses propres fins. Donc pour en savoir plus, il faut lire le livre !!!

Le livre s’arrête en 1941, et on imagine très bien dans quelle direction va se diriger Diana : rejoindre le camp pronazi sous l’emprise de Edouard ex roi et son épouse Wallis Simpson et que Hitler, (fasciné par la noblesse britannique)  rêvait de remettre sur le trône … mais peut-être me trompé-je !!!

Marie Benedict donne la parole tour à tour aux trois sœurs, du moins elle analyse une journée, un évènement, selon que chacune des trois le vit, le ressent ce qui augmente encore la magie de l’histoire et de l’écriture.

Ce roman historique m’a passionné car c’est une période de l’Histoire que j’affectionne et donné envie d’en savoir davantage sur les trois sœurs Mitford. Je ne connaissais pas l’auteure, Marie Benedict, mais cette lecture m’a permis de rajouter ses précédents livres à ma PAL.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Presses de la Cité qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur

#LAffaireMitford #NetGalleyFrance

Pour en savoir plus :

https://www.vanityfair.fr/culture/article/the-pursuit-of-love-la-folle-vie-des-soeurs-mitford-les-aristocrates-les-plus-excentriques-d-angleterre

https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/02/15/biographie-nancy-mitford-ecrivaine-britannique-tellement-francophile_5423977_3246.html

Même avec mon frère et mes sœurs, j’ai toujours eu l’impression d’être une pièce rapportée – Jessica et Unity, Pamela et Deborah, Diana et Tom, tels des jumeaux solaires – me laissant à l’écart.

La Grande-Bretagne a besoin d’être dirigée d’une main ferme, a-t-elle martelé à Decca lors d’une de leurs nombreuses discussions enflammées. On ne peut pas fonder un gouvernement sur les caprices du peuple, et l’État ne peut accorder de liberté à celui-ci que sous son contrôle. Unity

Dès que ses hommes et lui sont attablés, elle (Unity ) feint de se replonger dans son livre. Elle en tourne les pages lentement pendant que les deux heures que dure leur repas, tout en observant Hitler à la dérobée. Certaines de ses admiratrices le traquent et guettent ses apparitions, allant jusqu’à s’offrir à lui, nues sous leurs manteaux.

Unity devine dans l’obscurité que ses compagnes et leur chaperon ne la quittent pas des yeux. Elle sent alors monter en elle un sentiment d’importance et d’invincibilité qui l’enveloppe telle une armure. Un peu de la gloire du Führer déteint sur elle, et elle fera le nécessaire pour que cela dure.

Unity voyage à bord d’une voiture roulant vitres baissées. Les cheveux plaqués en arrière, elle est assise entre Magda Goebbels et Anna von Ribbentrop, deux épouses de dignitaires nazis rencontrées aux réceptions auxquelles l’a conviée Hitler pendant le printemps. La foule s’écarte à leur passage, comme la mer Rouge devant Moïse, une référence biblique qu’elle garde pour elle…

Ivre de bonheur, elle lève de nouveau le bras pour un salut à la foule, qui exulte. Cette démonstration ne peut que susciter l’intérêt de Hitler. Peut-être même supplantera-t-elle Eva Braun dans son cœur. Faites qu’il en soit ainsi, prie-t-elle en silence. Car, si elle ne peut l’avoir lui, que lui restera-t-l ?

Puis, elle a rédigé une lettre similaire à l’intention de Winston, le mari de Clemmie, qui s’acharne à vouloir contrecarrer les projets de son cher Hitler. Elle fera tout son possible pour changer la vision désastreuse que les Britanniques ont du Führer afin que les destins de leurs deux pays s’alignent.

Vous avez prouvé en maintes occasions que vous étiez une vraie nazie, et la « Walküre » de l’Allemagne. Mais le gouvernement britannique n’a jamais voulu saisir le rameau d’olivier que je lui tendais, ni reconnaître à notre nation le droit de ramener dans son giron les territoires dont on l’a privée. Il nous refuse même de rassembler les peuples germaniques que le traité de Versailles a placé sous la tutelle de la Pologne…

Le sourire de connivence qu’elle (Diana) adresse à son mari m’indique que l’éloignement n’a pas diminué l’ascendant qu’il exerçait sur elle. Brusquement j’ai la certitude qu’elle aurait pu tout sacrifier – sa patrie, sa famille, jusqu’à sa propre vie – pour cet homme et sa cause. Tout aussi dévorante était l’emprise de Hitler sur Unity.

9 réflexions sur “« L’Affaire Mitford » de Mary Benedict

  1. Tu as raison cette période historique fascine et donne à réfléchir… J’ai bien aimé une série sur Arte « Maîtres et valets » dont l’une des saisons montrait aussi la fascination pour le fascisme d’une partie de l’artistocratie anglaise.

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    1. j’ai raté « Maîtres et valets » je vais voir si je peux récupérer la série sur ARTE.TV
      elle a été diffusée à une moment où je saturais un peu sur le sujet (mais cela ne dure jamais très longtemps)
      j’aimerais bien analyser les discours de Hitler et ceux de Poutine car sur le peu qu’on trouve ils se ressemblent étrangement… L’avant dernier extrait pourrait venir de Vlad

      Aimé par 1 personne

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