Aujourd’hui, après un premier trimestre très compliqué, je tente de me remotiver pour l’écriture de ce blog en vous proposant ce roman :

Résumé de l’éditeur :
A partir de la figure de son grand-père, Marc Lambron revisite une France perdue dans un texte bref qui a la densité d’un tombeau et la beauté d’une élégie.
Pierre Denis nait en 1902 à Imphy, sur les bords de la Loire, dans la grande campagne nivernaise. La région, à la pointe du manufacturage des aciers spéciaux, est un des fleurons de la métallurgie française (un pied de la Tour Eiffel y sera forgé…).
Orphelin de mère à 6 ans, placé dans la fermette de sa tante, alphabétisé à la communale, Pierre devient à 16 ans Compagnon du devoir, apprenti maçon et tailleur de pierre. A son retour de l’Algérie coloniale, il est embauché aux aciéries d’Imphy. C’est en 1929 qu’il épousera Léonie Lagarde, née quatre ans après lui à Imphy dans une famille nombreuse (6 frères et sœurs), vendeuse de vêtements, garde d’enfants et ménagère. De leur union naitra en 1931 la mère de l’auteur, Jacqueline, à laquelle ses mérites scolaires vaudront une bourse d’Etat pour aller étudier dans un collège à Nevers. Militant « rouge » en 1936 (« on a bien le temps de pâlir » disait-il…), Pierre sera Résistant dans la Nièvre pendant la deuxième guerre mondiale.
Les maisons, les mœurs, la subsistance en autarcie, la vêture, la pêche, le patois, la parentèle éloignée : « tout cela peut paraître aussi lointain que la description d’un shtetl dans la Pologne d’antan. Et pourtant j’ai encore connu ce monde ».
Un monde dont Jacqueline, « enfant du savoir », s’éloigne en devenant institutrice à Nevers et en faisant la connaissance de Paul, fringuant élève de l’École militaire qu’elle rejoindra à Lyon. De leur union naîtra en février 1957 le petit Marc, quatre ans avant la mort de sa grand-mère Léonie et vingt ans avant celle de son grand-père Pierre.
Ce que j’en pense :
Ce roman nous permet de traverser le XXe siècle en suivant l’histoire des grands-parents puis des parents de l’auteur. On suit notamment le destin du grand-père, devenu orphelin très jeune, et son parcours : apprenti maçon, puis ouvrier dans les forges d’Imphy petite ville de la Nièvre qui « faillit devenir capitale ». On traverse ainsi la guerre, la Résistance, les combats, l’évolution de la famille, l’ascenseur social comme on disait alors qui permettait à chaque génération de progresser par rapport à la précédents, via l’école de la République.
Chacune des anecdotes que rapporte Marc Lambron m’a touchée, car quelques années nous séparent, et certaines m’ont rappelé des souvenirs, des évènements vécus ou rapportés. Les expressions en patois existaient encore à l’époque de mes grands-parents, et les lundis après-midi à faire la lessive dans les lavoirs avec les voisines, avec les discussions interminables sont encore très présents dans ma mémoire, ainsi que la solidarité de l’époque.
Idem avec les souvenirs d’école où commençait à arriver des filles (école de filles à l’époque !) venant d’Italie, d’Espagne, qui passaient quelques mois dans nos classes le temps de maîtriser le français. Personne n’était obsédé par l’immigration à cette époque où les ouvriers votaient communiste à fond, ce qui ne les empêchaient pas d’envoyer les enfants au catéchisme… ça sent le vécu je le reconnais…
Je ne suis pas militante du « c’était mieux avant », mais un peu quand même, et notre époque actuelle du chacun pour soi, tout pour ma pomme me déconcerte….
Certes « La nostalgie n’est plus ce qu’elle était » comme disait Simone Signoret, mais j’ai beaucoup aimé ce livre…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.
#Lemondedavant #NetGalleyFrance !
9/10
L’auteur :
Marc Lambron est l’auteur chez Grasset de plusieurs romans : 1941 (1997), Étrangers dans la nuit (2001), Les Menteurs (2004) ; de récits : Une saison sur la terre (2006), Mignonne, allons voir… (2006), Eh bien, dansez maintenant… (2008), Tu n’as pas tellement changé (2014) et des fameux Carnets de bal. Il a été élu à l’Académie française en 2014.
Extraits :
Cette distance trouvait pourtant ses limites dans l’éducation religieuse : armés par exemple de leurs pères, tôt formés à n’être pas dupes des arguties patronales, les enfants d’ouvriers se voyaient pourtant envoyés au catéchisme. Tant qu’à les former, autant ajouter le Saint Sacrement à Maurice Thorez…
Le parti promettait de réduire l’arbitraire d’une naissance, il n’était pas assez fort pour aliéner leur liberté.
L’Europe, dit aujourd’hui ma mère, je l’ai connue vers 1935. Nous vivions avec des petits camarades espagnols, portugais, polonais, italiens, les Coutinho, les Panfilov, les Paneda, les Kozolvski. Une colonie de Russes blancs avait trouvé refuge dans la cité, vivant d’expédients au regard de leur passé perdu.
La lessive était un rite collectif, les hommes en relâche d’usine étaient requis pour empiler le linge sale dans une brouette, la « bérouette » qu’ils poussaient jusqu’aux bords de la Loire.
Faire du bois, c’est aérer un coin de forêt, en utilisant une cougniée, une cognée ou une hache. Et se relinger, c’est acquérir de nouveaux habits. Ce parler est encore familier aux Imphycois nés dans les années 1940. Les exils, la télévision, l’américanisation de certains usages, en commençant par les prénoms, en ont relativisé l’usage, jusqu’à l’éteindre.
Ces lieux de vie incorporaient la mort. Jusqu’aux années 1960, on mourait chez soi. Le deuil exigeait que l’on veillât le défunt toute la nuit, à la lumière des bougies tremblotantes, en ayant préalablement voilé les miroirs.
Nous parlons des êtres d’autrefois. Ils s’accordaient au monde donné sans renoncer à le transformer. Qu’est-ce que la noblesse d’une existence qui se voit plus déterminée par l’origine que par le choix ?
… Peut-être l’esprit d’un temps où l’unité de la conscience prémunissait contre l’impudeur de la plainte, avec pour antidote la fierté.
Très belle note ! Je pense que ce livre pourrait me plaire.
Bises.
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j’ai un bon moment avec ce livre, entre l’écho avec mes propres souvenirs, les choses que j’avais oubliées… on traverse le siècle, les différentes évolutions avec une écriture agréable…
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C’est chouette !
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Coucou Ève !! Ravie de te retrouver. Un roman que je me note. 😍
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C’est le premier livre de l’auteur que je lis et j’ai bien envie de continuer à le découvrir:-)
je m’accroche pour continuer mais ce n’est pas évident 🙂
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Le sujet ne le tente pas plus que ça, je passe.
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Très intéressante chronique qui me permet de faire connaissance avec Marc Lambron. Il semble établir un bilan peu flatteur des évolutions en cours. Ce livre me tente bien…
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il n’est pas dans le « c’était mieux avant » il décrit l’évolution de la société, de la famille au cours du siècle et n’est pas dans le jugement 🙂
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Contente de te lire à nouveau, surtout pour un livre qui t’a autant plu 🙂
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ce siècle était quand même pas mal si on met à part, les guerres et leurs atrocités ça fait du bien de revoir certaines choses 🙂
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Mais il y en a eu beaucoup, des guerres… ceci dit c’est une native de 1999 qui parle !
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Ravie de te lire de nouveau , ta chronique donne envie de découvrir ce roman. Je le note pour plus tard.
Merci Eve et belle fin de journée 🙂
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je ne connaissais pas ses livres et c’est une agréable surprise cela me donne envie d’en lire d’autres 🙂
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tu ne vas nous quitter !! J’aime l’idée de traverser ce siècle que j’aime tant. Et j’aime ta conclusion 😉
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je m’accroche, je m’accroche!!! mais la motivation en a pris un coup…
mais ce livre a fait remonter des souvenirs même si je suis un peu plus âgée que l’auteur…
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Ce serait l’occasion pour moi de découvrir l’auteur.
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ce livre m’a donné envie de mieux connaître l’auteur je me suis rendus compte qu’il en avait écrit presque une trentaine et que je n’en avais aucun dans ma PAL 🙂
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Ravie de ton retour parmi nous, parfois une bonne pause permet de se remotiver, il faut suivre son instinct bien entendu, mais tu nous as manqué, d’ailleurs je suis venue de temps en temps pensant qu’il y avait un problème de news. Ce roman pourrait me plaire et comme toujours tu nous donnes envie de le découvrir très vite en plus je ne connais cet auteur que de nom.
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ce roman m’a vraiment plu et en plus cela m’a fait du bien de retrouver des souvenirs pendant cette lecture.
J’ai encore beaucoup de mal à rédiger mes chroniques, je m’accroche pour me motiver mais ce n’est pas simple. Et ce n’est pas le contexte actuel qui arrange les choses 🙂
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