« L’oubliée » de Florian Dennisson

En attendant la mise à jour de mes chroniques (cela ne devrait plus tarder, du moins je l’espère), je vous propose un petit détour par le monde de la « Polardie » aujourd’hui avec ce livre en accès libre sur NetGalley :

Résumé de l’éditeur :

Une jeune fille disparaît sans laisser aucune trace. Onze plus tard, elle réapparaît mystérieusement.

À l’époque, l’évènement tragique met en émoi toute la région et Maxime Monceau, alors jeune gendarme, s’en souvient encore. Aujourd’hui adjudant-chef, il est affecté à l’enquête et doit tenter de répondre aux nombreuses questions qui entourent l’affaire. Qu’a subi Victoria Savigny pendant ces onze années ? Où était-elle ? D’autres filles sont-elles en danger ?

Les heures tournent, le kidnappeur court toujours et à la progression difficile de l’enquête en raison de l’ancienneté des faits, s’ajoute l’arrivée massive de journalistes en quête de scoops que le retour inespéré de la jeune femme a attirés.

Désormais spécialiste du langage non verbal, Maxime saura-t-il décrypter l’étrange récit de la jeune femme pour retrouver le ravisseur et sauver les potentielles autres victimes ?

Ce que j’en pense :

J’ai eu la chance de découvrir ce roman en avant-première, en accès direct via NetGalley et cela a été une grande et bonne surprise. Le résumé était prometteur, la couverture intrigante à souhait, alors pourquoi hésiter ?

Victoria Savigny a disparu, il y a onze ans. Les recherches ont été peu à peu abandonnées devant l’absence d’indices et l’enquête supplantées par une autre affaire tristement célèbre, qu’on a appelé « la tuerie de Chevaline ».

Chaque année, à la date anniversaire, la mère de Victoria a reçu une lettre cruelle :

« Madame, votre fille va bien. Cette année encore, elle fêtera son anniversaire en ma compagnie. Ayez une pensée pour elle, car vous ne la reverrez jamais. »

Victoria réapparait brusquement ; après avoir échappé à son ou ses ravisseurs, une course effrénée en forêt, elle est prise en stop par un pervers, elle provoque un accident de la voie publique, et se retrouve sous les projecteurs les gendarmes. Elle va leur raconter son histoire, ce qui lui est arrivé il y a onze ans.

L’interrogatoire est réalisé par l’adjudant-chef Maxime Monceau, qui revient juste d’un burn-out, adepte du langage non verbal, corporel alors que son binôme Boris ne jure que par les méthodes classiques. Inutile de préciser que les deux hommes ne s’entendent guère (doux euphémisme).

Victoria retrouve ses parents, mais le retour est étrange, le père refusant de la reconnaître alors que la mère l’accueille à bras ouverts. On se rend vite compte que la famille est spéciale, religieuse, limite sectaire et que tout est loin d’être simple.

J’ai bien apprécié Maxime, sa fragilité, son enfance brisée, dans une famille toxique sectaire elle-aussi et à laquelle il a échappé autrefois, ce qui fait remonter des souvenirs qu’il aurait préférés enfouis à tout jamais. Après son burn-out il a été sommé de consulter une psychiatre. Son binôme Boris, hyper-rigide, avide de reconnaissance, un peu paranoïaque sur les bords, lui mène la vie dure. J’ai appris beaucoup de choses sur la synergologie et son utilisation dans les techniques d’interrogatoire.

Florian Dennisson maîtrise très bien son sujet notamment lorsqu’il évoque le comportement de Maxime: alors que cette enquête fait remonter les traumatismes de son enfance, ce qui pourrait l’amener à perdre sa lucidité, Maxime parvient à rester professionnel.

Cette brigade de gendarmerie est intéressante, la lieutenante cheffe semblant parfois dépassée, les autres binômes sont un peu en retrait, à part Emma ancien binôme de Maxime qui est motivée. On sourit, au passage, en entendant les moqueries des autres collègues qui traitent Maxime de « mentaliste » On note aussi la présence de la presse à scandale qui veut surfer sur l’histoire de Victoria, n’hésitant pas à utiliser les moyens de corrompre pour avoir la meilleure information. On pense bien-sûr à l’histoire de Natascha Kampusch.

Il s’agit du deuxième épisode des aventures de Maxime mais il faut reconnaître qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu premier, « La liste » pour suivre cette enquête passionnante, pleine de rebondissements et ce jusqu’à la dernière ligne.

C’est la première fois que je lis un polar de Florian Dennisson et j’ai A. DO. RE. Je l’ai lu quasiment en apnée, impossible de le lâcher, car il a tout ce que j’aime dans ce genre littéraire : une histoire compliquée, des personnages parfois ambigus, ou carrément déjantés, des policiers un peu fracassés par la vie du style Sharko ou Martin Servaz. Je vais me procurer « La liste » de ce pas.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Chambre Noire qui m’ont permis de découvrir ce roman ainsi que son auteur que j’ai hâte de retrouver.

#floriandennisson #NetGalleyFrance

https://www.chambre-noire-editions.com/blog/

8,5/10

L’auteur :

Né à Annecy en Haute-Savoie, Florian Dennisson quitte les bancs de la fac pour se consacrer à sa première passion : la musique. Il écumera – et les écume toujours – les salles de concert de France, d’Europe, du Royaume-Uni et même des États-Unis, avec pour compagnon fidèle : l’écriture.

Fervent adorateur du personnage du Poulpe, c’est avec « Téléski qui croyait prendre » qu’il franchit le pas et vient à bout de son premier roman. Également à l’aise avec la langue de Shakespeare, il traduit de l’anglais une collection de cinq romans de l’écrivain culte américain, Howard Phillips Lovecraft. Le virus est désormais en lui et il ne compte pas s’arrêter là, car si jamais un jour lointain sa guitare lui paraît trop lourde, son stylo sera, quant à lui, toujours aussi léger qu’une plume jusqu’à son dernier souffle.

On lui doit notamment : « La liste », « Un étrange voisin », « Machinations »…

Extraits :

Ce n’était pas écrit noir sur blanc ni de façon officielle, mais Maxime savait très bien que le fait qu’on lui ait « conseillé » de consulter était bien preuve que quelqu’un dans la hiérarchie en avait décidé ainsi et voulait s’assurer que l’adjoint Monceau se tienne tranquille et respecte ses engagements de gendarmes.

On rentrerait trop tard pour un dernier baiser, une dernière tendresse, et on se lèverait encore bien trop tôt pour espérer profiter des derniers instants de calme en famille. A croire qu’on était marié avec ce boulot, avec la gendarmerie. Pas étonnant que les flics baisent entre eux ; il n’y a bien qu’un autre flic pour supporter une vie pareille.

La gorge de son frère se serra. Les griffes froides de la culpabilité lacérèrent ses entrailles. Avait-il été lâche de tout quitter comme ça ? D’abandonner sa mère et sa sœur à leur propre sort ? Il était jeune, elle était majeure, qu’est-ce qu’il aurait bien pu faire d’autre ? Il n’en pouvait plus de cette vie qui les détruisait tous à petit feu. Maxime se repassa les mots du Dr Catarini. C’était leur père qui les avait enrôlé dans cet enfer alors qu’il avait à peine quatre ans, lui n’y était pour rien. Il était simplement victime, au même titre que sa mère et sa sœur.

Maxime avait horreur qu’on réduise la maîtrise de sa discipline à un vulgaire tour de passe-passe, mais il savait qu’Emma n’était pas de ceux qui dénigraient la synergologie, bien au contraire. Elle avait pour habitude de lui envoyer des piques dans des tentatives espiègles de le faire réagir. Il dissipa ses pensées en secouant la tête vigoureusement.

Lu en juillet 2021

13 réflexions sur “« L’oubliée » de Florian Dennisson

    1. il est totalement différent des polars que j’ai pu lire jusqu’ici, les personnages me plaisent et l’histoire aussi, pleine de rebondissements.. Il faudrait juste qu’il donne plus d’épaisseur aux autres membres de l’équipe de gendarmerie.
      On est dans le polar psy avec une étude approfondie des relations familiales chez les ultra religieux 🙂

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    1. l’auteur a un univers bien à lui et entretient le suspense jusqu’à la dernière page vraiment sans litres d’hémoglobine, ni policier super-héros… je vais lire « La liste » pour connaître le début de l’histoire de Maxime
      si tu franchis le pas j’aimerais bien savoir s’il t’a plu
      bon dimanche 🙂

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    1. j’espère qu’il te plaira 🙂 je viens d’acheter « La liste » en ebook j’avais envied’en savoir plus sur Maxime!
      je commence aussi à avoir une bonne liste sur NetGalley !!! mais je ne sais pas résister à la tentation 🙂

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    1. il est totalement différent de ceux que j’ai pu lire récemment. On a l’impression que l’enquête est terminée et hop cela repart… Au passage le milieu ultra-religieux est bien étudié, au-delà de ce qu’on pouvait imaginer au départ. j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, il m’a donné du punch en plus 🙂

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