« La vie en ose »de Lisa Azuelos

Je vous parle aujourd’hui d’un livre que j’ai choisi après avoir entendu son auteure en parler lors d’une émission télévisée :

Résumé de l’éditeur :

Et si le « nid vide » était le meilleur endroit pour prendre son envol ?

Alice, 53 ans, fraîchement divorcée, vient de voir sa fille, la petite dernière, quitter la maison. Elle décide d’entamer un nouveau chapitre de sa vie. Elle doit se faire engager comme styliste d’intérieur, son rêve depuis toujours. Mais rien ne se déroule comme prévu, et elle se retrouve vendeuse dans une boutique de déco. Après un week-end de déprime passé à binger sur son canapé, le cheveu gras, elle décide qu’elle alignera sa nouvelle vie sur le mantra de Walter White, le héros de Breaking Bad : « L’ennemi, c’est la peur. » À partir de maintenant, elle sera celle qu’elle n’a jamais osé être : elle-même.

Avec tout l’humour et toute la modernité de son univers, Lisa Azuelos s’empare joliment d’un fait de société… Et si le « nid vide » était le meilleur endroit pour prendre son envol ?

Ce que j’en pense :

Au début, je n’avais retenu ce livre sur NetGalley car il me faisait penser à un feel-good, (un de plus dans cette époque bénie du développement personnel), et il y a quelques jours Lisa Azuelos était l’invitée de Claire Chazal dans son émission « Passage des arts » et cette femme m’a plu alors j’ai « osé ».

Alice se retrouve seule à 53 ans : sa fille Chloé vient de partir pour ses études, son fils est très loin lui aussi, et son mari s’est fait la malle pour une femme qui a vingt ans de moins. Elle ne sait plus trop quoi faire de sa vie, se sent inutile, affronte le syndrome du nid vide sous fond de blues.

Son mari, très classe, vient de décider qu’il versera désormais l’argent directement aux enfants et qu’elle devra se contenter des 500 euros que dans grande mansuétude, il veut bien continuer à lui verser. (Sans commentaires !) elle doit donc trouver un travail, se présente pour un emploi de styliste et reçoit deux jours plus tard un courriel lui disant que finalement on n’utilisera pas de styliste, trop cher, mais qu’on lui propose à la place un poste de vendeuse…

Elle décide de ne plus se laisser faire, son amie Mathilde, toxique, égocentrique ne lui étant d’aucun réconfort et décide de se confier à son journal (les vertus de l’écriture thérapeutique ne sont plus à prouver pour tout le monde d’ailleurs, c’est un outil précieux !) avec une idée sympathique parler à son moi : « mon cher moi… ». On va la voir se reconstruire (se construire ?) et trouver sa voie via ses collages.

J’ose faire éclore celle qui s’est tue pendant des années. Je vais OSER dans ce cahier rose. D’ailleurs, oser n’est-il pas l’anagramme de ROSE ?

Il y a quelques épisodes savoureux : son fils Lucas qui vient la voir un week-end en traînant sans sac de linge sale ! non seulement elle n’a rien dit, mais elle a encaissé sans rien dire que les petits plats qu’elle avait mis du temps à lui mitonner, elle devrait les manger toutes seule, monsieur n’est en fait venu chez elle que parce qu’il avait rendez-vous avec des copains !

Un autre savoureux aussi : son mari lui annonce qu’il demande le divorce parce qu’en fait il a une copine, et qu’elle est enceinte et lui demande : « toi qui gardes tout, tu as bien dû garder les vêtements les jouets, poussettes etc. des enfants alors comme ça coûte cher, tu pourrais me les donner », pas mufle du tout ce brave homme.

J’ai bien aimé la manière dont elle oppose le mental qui la pousse à l’auto-sabotage, elle décide de l’appeler Fourcha, en opposition à la petite voix positive qu’elle nomme Raiponce !

L’histoire est sympathique, autant qu’Alice car on peut facilement se reconnaître dans son mode de fonctionnement ou de pensée : qui n’a jamais eu une estime de soi dans les chaussettes me jette la première pierre ! de temps en temps, on a quand même droit à des clichés, mais c’est bien écrit, plaisant à lire.

En fait, la culpabilité que nos parents nous mettent sur le dos, inconsciemment, nous empêche de vivre notre vie.

Je connais Lisa Azuelos, via certains de ses films, notamment « LOL » qui m’avait amusée à l’époque, mais c’est la première fois que je lis un de ses livres, j’ai appris au passage au cours de « Passage des arts » qu’elle était la fille de Marie Laforêt et qu’elle n’avait pas eu une enfance chaleureuse, ce qui explique la lucidité de la réflexion sur le rôle des parents dans la construction de l’estime de soi. Ce roman sent le vécu, l’autoanalyse peut-être…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m’ont permis de découvrir ce roman qui fait du bien au moral dans cette période stressante de confinement, déconfinement, re-confinement et son auteure à la plume alerte, d’où la note….

#LaVieenOse #NetGalleyFrance

8/10

L’auteure :

Lisa Azuelos est réalisatrice « Comme t’y es belle », « LOL », « Dalida ». Elle est déjà l’auteure de plusieurs romans, dont « Le Bras blanc » (JC Lattès, 2005) et « Éloge du silence pendant l’amour » (Plon, 2008), et d’un récit, « Laissez-moi danser » (Stock, 2017).

Elle a dirigé l’ouvrage « Ensemble contre la gynophobie » (Stock, 2016). Elle a parcouru un long chemin de développement personnel qui lui permet aujourd’hui d’animer de nombreuses conférences.

Extraits :

Qui est-on, à quoi sert-on quand on n’est plus la femme ou la mère de quelqu’un ? se demande Alice en ce joli matin de septembre, la lumière enflammant d’un feu roux comme ses cheveux les premières feuilles d’automne. Incipit

Pourtant, élever ses enfants, est-ce autre chose que les amener consciencieusement à ce jour où ils seront assez forts pour quitter le nid et voler de leurs propres ailes ? Alice l’a toujours su, elle trouve ça sain, normale, alors pourquoi une telle tristesse ?

Derrière chaque homme qui réussit il y a une femme. Elle s’était convaincue que c’était ça le rôle d’une femme, faire de son mari un grand homme. Mais quand le grand homme qui a réussi disparaît avec une jeune femme, il ne reste plus qu’une vieille femme…

Et si l’envol de ses enfants était synonyme d’un nouveau départ caractérisé par une liberté absolue ? Et si elle osait oser ?

Pour la première fois, Alice se demande si elle-aussi a le droit de bousculer son existence pour vivre sa vie. Mais bousculer qui, bousculer quoi, par où commencer ? Que des questions et pas l’ombre d’une réponse.

Ce qu’elle appelait égoïsme quand elle était mère s’appelle prendre soin de soi, un juste retour des choses.

Le mouvement, ça change la donne. Quelle que soit ton émotion, elle ne reste pas figée car elle est… en mouvement. Bouger, c’est le remède le plus simple pour bousculer ses états d’âme.

Pinocchia, voila ce que j’étais avant. Je me mentais et je laissais les uns et les autres tirer sur mes fils et diriger ma vie, qu’il s’agisse de mon mari, de mes parents ou de mes enfants.

Il faut être deux pour danser la valse et accepter tout de l’autre ne rend pas plus aimable. Au contraire, ça fait seulement de vous quelqu’un de facile à maltraiter.

Comme s’il y avait à l’entrée de mon cerveau (ou de mon corps ?) un videur de boîte de nuit pas très accueillant qui m’éjectait sans cesse de ma propre soirée… Voilà, apprendre à mon cerveau à balayer magiquement le videur à l’entrée de ma boîte crânienne !

Alors, peut-être suis-je le dernier spécimen d’une espèce que j’espère en voie de disparition : Femina devalorosa.

C’est drôle, l’autre jour j’ai lu qu’il n’y avait que deux temps : le présent et l’absent. J’aime bien cette idée, elle fonctionne bien pour moi qui suis toujours bêtement emberlificotée entre le passé et le futur.

La recette du bonheur de mon bonheur en tout cas, est aussi simple que celle du quatre-quarts. Un quart d’enfants, un quart d’amoureux, un quart de travail et un quart…d’inattendu.

Lu en juin 2020

13 réflexions sur “« La vie en ose »de Lisa Azuelos

    1. j’ai vu! j’ai « liké » via mon téléphone car ordi fermé orages… pour aboutir à quelques averses!
      j’ai failli passer à côté si je n’avais pas vu l’émission…
      J’ai bien aimé la manière dont l’auteure traite le sujet on n’est pas dans le rose bonbon…

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    1. ce n’est pas le genre littéraire sur lequel je me précipite d’habitude, mais là j’ai bien aimé, ce livre m’a fait du bien, car je me reconnais dans certains thèmes évoqués…
      je ne sais pas s’il est adaptable au cinéma, ,ou alors il faut rester uniquement sur l’histoire familiale, alors la moitié du roman passe à la casserole, mais maintenant on assiste à des films soit-disant cultes ou emballant le spectateur qui me laissent perplexe 🙂

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    1. c’est vrai, il fait du bien, je me suis retrouvée dans certains fonctionnements, plutôt côté ce que j’ai appelé longtemps le syndrome de Mère Teresa et que j’ai rebaptisé Syndrome du Saint-Bernard pendant mes dernière années d’exercice, ça a plutôt bine marché pour me reprogrammer !!!

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    1. j’ai failli passer à côté sans l’émission de Claire Chazal je ne l’aurais pas demandé (je l’ai snobé sur le site assez longtemps!)
      j’ai aimé la personnalité de Lisa Azuelos pendant l’entretien je voulais mettre une vidéo mais ça n’a pas voulu fonctionner 🙂

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