« Délivrez-nous du mal » de Romain Sardou

Je vous parle aujourd’hui d’un livre que j’ai eu en cadeau lors des opérations de la FNAC 2 livres de poche, achetés le troisième offert:

Delivrez-nous du mal de Romain Sardou

 

Quatrième de couverture

 

Hiver 1288. Dans une paroisse isolée du Quercy, des hommes en noir s’emparent d’un enfant. Refusant d’admettre le pire, le prêtre du village, le père Aba, se lance à leur poursuite.

A Rome, l’éminent professeur Bénédict Gui accepte une nouvelle mission : retrouver un jeune homme, employé par l’administration du pape, et enlevé, lui aussi, par des hommes en noir.

Disparitions, archives escamotées, cardinaux assassinés… Dans ce Moyen Âge où l’Église est plus puissante que jamais, un drame se prépare.

 

Ce que j’en pense

 

Depuis qu’il est arrivé dans le village, le père Aba s’occupe d’enfants et comme par hasard, les enfants et les femmes enceintes ne meurent plus. Miracle ?

Il met cela sur le compte de son prédécesseur, pour ne pas attirer l’attention. Un jour, un groupe de cavaliers, entièrement vêtus de noir entrent avec violence dans le village et enlève son élève préféré, en tuant un autre au passage pour mieux semer la terreur et au passage défigurent le père.

Ce dernier mène son enquête pour tenter de retrouver l’enfant. D’autres enfants sont enlevés, car on pense qu’ils ont un don particulier.

Pendant ce temps, à Rome, une jeune fille, Zapetta, entre dans la boutique de Bénédict Gui, car son frère, Rainerio, a disparu. Il travaillerait pour la « Sacrée Congrégation » institution chargée de la canonisation, sorte de tribunal en fait :

D’un côté, le « Promoteur de la Cause » défend les mérites du futur saint ; de l’autre « Promoteur de justice » a pour devoir de prouver que le défunt ne peut être retenu au nombre des élus. On l’appelle aussi « l’avocat du Diable »

Au même moment, un riche commerçant, Maxime de Chênedollé, vient le voir aussi pour une histoire de contrat et il est assassiné. Quel lien peut-il y avoir et qui est responsable ?

Le Promoteur de Justice, l’archevêque Henrik Rasmunssen est mystérieusement victime d’un accident. De disparitions mystérieuses en assassinats, sur fond d’ésotérisme, on ne s’ennuie pas une minute en suivant Gui dans son enquête, car rien ne lui sera épargné, au fur et à mesure qu’il se rapproche de la vérité, tous ceux qui ont un pouvoir au Latran vont tenter de le museler, ou de le faire disparaître.

A cette période, l’Église est sans pape, alors certains cardinaux règnent en maître.

C’est un roman passionnant sur les jeux de pouvoir dans l’Église, qui explique jusqu’où l’on peut aller pour conserver le pouvoir à tout prix. On peut parler de thriller médiéval…

Romain Sardou évoque au passage le trafic des miracles, des Saints, ou la manière dont on peut utiliser les dons de certains enfants au service du mal pour régner sur le monde, et la cruauté de certains pour parvenir à leurs fins. Les nazis n’ont rien à envier à ces méthodes de l’époque.

La plume de Romain Sardou est agréable, par son rythme allègre, ses tournures de phrases, et la manière dont il maîtrise son sujet. En fait, ce roman est le deuxième livre d’une « série » consacrée au Moyen Âge, il peut se lire indépendamment du premier : « Pardonnez-nous offenses »  que je vais sûrement lire.

 

 

Extraits

 

Le Tibre, fidèle à son nom qui venait d’un nommé Tibère noyé dans ses eaux, était une sorte de monstre qui avalait les morts de la ville : trois quarts des suicidés et des assassinés finissaient basculés dans son lit. Charriés à la surface, ils ne disparaissaient pas pour tout le monde : les Laveurs, postés au dernier pont à la sortie de Rome, rattrapaient leurs dépouilles flottantes. Ils les pillaient, les détroussaient, les mettaient complètement à nu, avant de les rendre au courant. Aucun corps ne leur échappait, pas même ceux que l’Eglise avait enveloppés dans un sac avec la mention écrite : « Laissez passer la justice de Dieu ».

 

Une autre équipe, celle des « Sans Merci », avait, elle, la charge de dépiauter les pendus et les décapités condamnés par l’ordre public. Ensemble, ils se partageaient à Rome les fruits de ce trafic infâme, sur lequel les autorités fermaient les yeux au prix de leur tranquillité.

 

Tous les diocèses catholiques rêvent de posséder leur propre Saint ; les requêtes en canonisation se comptent en centaines chaque année. Certains évêques et fidèles ne reculeraient devant aucune bassesse pour faire canoniser l’un des leurs. Le rayonnement du nouveau Saint attire des pèlerins et permet à toute une région de s’auto-célébrer.

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Ici, (les archives du couvent dominicain de Narbonne) tout était conservé : des aveux de concussion du comte de Toulouse avec les Cathares jusqu’à la dénonciation infamante d’un boulanger cocu sur les mœurs de sa femme ;la moindre  déposition, les comptes-rendus d’investigation, les sévices exercés sur un suspect, étaient enregistrés le long de ces étagères.

Même sous l’ère des empereurs romains, nul n’avait réussi à compiler une si vaste somme de renseignements sur des populations ; personne n’avait porté à un tel degré d’efficacité un instrument de subornation.

 

 

Lu en janvier – février 2019

7 réflexions sur “« Délivrez-nous du mal » de Romain Sardou

  1. C’est un auteur totalement inconnu pour moi sans doute parce que je lis trop peu de romans historiques. Il faudra bien que je comble ce manque ! Merci pour ton ressenti et ces extraits qui mettent aussitôt dans l’ambiance

    Aimé par 1 personne

    1. Je suis une fan de son père, ce qui fait que je savais que Romain était écrivain, c’est le hasard qui a fait que je lise ce roman que j’ai beaucoup aimé: du suspense, une intrigue bien menée comme un polar et des références historiques comme je les aime: il se dévore 🙂

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  2. sylvie odot

    J’ai bcp aimé ce roman
    Bisous

    Provenance : Courrier pour Windows 10

    De : Les livres d’Eve
    Envoyé le :lundi 25 mars 2019 17:49
    À : odotsylvie@gmail.com
    Objet :[New post] « Délivrez-nous du mal » de Romain Sardou

    Eve-Yeshé posted: « Je vous parle aujourd’hui d’un livre que j’ai eu en cadeau lors des opérations de la FNAC 2 livres de poche, achetés le troisième offert:   Quatrième de couverture   Hiver 1288. Dans une paroisse isolée du Quercy, des hommes en noir s’emparent d’u »

    Aimé par 1 personne

    1. une opération de « vidange » s’imposait vraiment mais j’ai aussi refait le plein, je suis incapable de résister 🙂
      ceci étant, R. Sardou a vraiment bien documenté son roman donc il m’a bien plu:-)

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