« La dame aux camélias » : Alexandre Dumas fils

          Passant de fréquentes heures dans les salles d’attente de médecins débordés, j’emporte toujours ma liseuse dans mon sac et ce roman m’a accompagné ces derniers temps.

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                   Résumé de l’éditeur

          La société bourgeoise du XIXe siècle tolérait qu’un homme puisse entretenir une liaison, aussi ruineuse fût-elle, avec une courtisane, mais en aucun cas il ne devait s’éprendre d’une de ces demi-mondaines. C’est pourtant ce qui arrive à Armand Duval, qui aime dès le premier regard la plus luxueuse d’entre toutes, la séduisante et capricieuse Marguerite Gautier.

          Il confie à un inconnu compatissant cette passion tragique, à l’occasion de la mise en vente des biens de la jeune femme, emportée par la tuberculose : après les premières rebuffades, la belle croqueuse de fortunes l’élit comme amant de cœur, sensible à la sincérité de son amour, si différent en cela des amitiés intéressées qui l’entourent.

          Suivront les intermittences de la douleur, les rares moments de bonheur, la fulgurance de la souffrance puis la vengeance destructrice. À travers ce récit se dessine progressivement le portrait d’une femme ambivalente, qui mêle gaieté et tristesse, candeur et prostitution, et qui, dans sa bruyante solitude, saura finalement se montrer d’une grandeur pathétique, illustrant ainsi le thème cher au romantisme de la prostituée réhabilitée par l’amour et la mort.

 

Ce que j’en pense :

          Je ne vais pas raconter l’histoire, tout le monde la connaît, toujours est-il que j’ai beaucoup aimé lire enfin ce roman grâce au site « ebooks libres et gratuits ». Une belle histoire d’amour, dans ce monde de brutes, cela fait du bien. Je ne l’avais jamais lu, mais j’ai une passion pour Verdi et « La Traviata » fait partie de mes opéras préférés. Ahhhhhhhhhhhh « Libiamo ne’ lieti calici… »,  Pavarotti, Callas…

         L’Incipit est superbe:

« Mon avis est qu’on ne peut créer des personnages que lorsque l’on a beaucoup étudié les hommes, comme on ne peut parler une langue qu’à la condition de l’avoir sérieusement apprise. »

          Marguerite était jeune et belle, arborant ses camélias; elle avait pignon sur rue, mais la tuberculose la rongeait, tel le nénuphar de Chloé de « L’écume des jours » et par amour pour Armand, elle a accepté de perdre le confort que lui apportaient ses protecteurs, fuyant les bijoux et toilettes, les sorties le soir pour  abriter son amour à la campagne.

           Alexandre Dumas fils aborde la différence entre les milieux sociaux, la manière dont réagissaient les gens du monde, les critiques acides, le rôle de l’argent, la difficulté d’échapper à son milieu social… Il nous présente une Marguerite qui s’affirme et veut rester libre, indépendante, quitte à vendre tout ce qui lui appartient.

          J’ai aimé la façon dont le narrateur rapporte l’histoire, avec le long récit d’Armand Duval, décrivant, de belle manière, les splendeurs et les misères de celles qu’on appelait courtisanes, demi-mondaines ou autres qualificatifs. Cette manière de raconter fait penser à « Manon Lescaut» de l’Abbé Prévost : c’est précisément ce livre,  acheté  aux enchères  par le narrateur lors de la vente des biens de Marguerite, qui déclenchera sa rencontre avec Armand…

« Manon était morte dans un désert, il est vrai, mais dans les bras de l’homme qui l’aimait avec toutes les énergies de l’âme, qui, morte, lui creusa une fosse, l’arrosa de ses larmes et y ensevelit son cœur ; tandis que Marguerite, pécheresse comme Manon, et peut-être convertie comme elle, était morte au sein d’un luxe somptueux, s’il fallait en croire ce que j’avais vu, dans le lit de son passé, mais aussi au milieu de ce désert du cœur, bien plus aride, bien plus vaste, bien plus impitoyable que celui dans lequel avait été enterrée Manon. »

          Le sentiment amoureux est bien exploré par l’auteur dont l’écriture est simple mais assez belle pour faire rêver le lecteur. On fait, bien-sûr, le rapprochement avec la propre histoire de l’auteur avec Marie Duplessis.

          J’ajouterai au passage que le e-book nous propose une illustration pour chaque chapitre, ce qui lui confère un charme supplémentaire.

           Ce roman m’a plu, mais ce n’est pas un coup de foudre. peut-être l’ai-je lu trop tard, ou alors déçue par rapport à la magie de « La Traviata »…

          Note: 8/10

          Challenge XIXe siècle

           Et un petit clin d’œil à Verdi

 

Extraits :

 

           Marguerite était jolie, mais autant la vie recherchée de ces femmes fait de bruit, autant leur mort en fait peu.

          Il y avait là toutes les célébrités du vice élégant, sournoisement examinées par quelques grandes dames qui avaient pris encore une fois le prétexte de la vente, pour avoir le droit de voir de près des femmes avec qui elles n’auraient jamais eu occasion de se retrouver, et dont elles enviaient peut-être en secret les faciles plaisirs.

          … pour la femme à qui l’éducation n’a pas enseigné le bien, Dieu ouvre presque toujours deux sentiers qui l’y ramènent ; ces sentiers sont la douleur et l’amour. Ils sont difficiles

          – On dit qu’il y avait des gens qui se ruinaient pour cette fille-là, et qu’elle avait des amants qui l’adoraient ; eh bien, quand je pense qu’il n’y en a pas un qui vienne lui acheter une fleur seulement, c’est cela qui est curieux et triste. Et encore, celle-ci n’a pas à se plaindre, car elle a sa tombe, et s’il n’y en a qu’un qui se souvienne d’elle, il fait les choses pour les autres.

             Que de routes prend et que de raisons se donne le cœur pour en arriver à ce qu’il veut !

 

Lu en novembre 2016

11 réflexions sur “« La dame aux camélias » : Alexandre Dumas fils

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