« Après minuit » de Gillian McAllistair

Aujourd’hui, pour prolonger un peu mon incursion « polardesque », avant de parler de mon dernier coup de cœur, dont je peaufine la critique, je vous propose un petit tour à Liverpool avec un thriller hors du commun :

L’histoire commence le 30 octobre 2022, à Liverpool, il est juste minuit, et le changement d’heure se profile à l’horizon. Jen Brotherwood, sculpte sa citrouille pour Halloween en attendant que son fils Todd rentre à la maison. Même s’il a dix-huit ans, il est censé être rentré avant une heure de matin. Elle s’inquiète, mais finit par le voir arriver. En une fraction de seconde, elle va voir Todd sortir un couteau et tuer un homme qu’elle ne connaît pas.

Il se laisse menotter sans tenter le moindre signe de rébellion, c’est son père Kelly qui va perdre son sang-froid au commissariat. Que s’est-il vraiment passé et qu’est-ce qui a amené Todd à devenir un meurtrier ? C’est la question à laquelle va devoir répondre Jen, avocate de profession.

Le lendemain, étrangement, lorsqu’elle se réveille Todd est à la maison comme tous les autres jours et ne comprend pas de quoi elle parle : nous sommes en fait revenu à J-1…

Jen, va essayer, dans ce couloir du temps qui va la faire remonter de plus en plus loin, des années en arrière, tenter de comprendre, et d’essayer de modifier le cours des évènements. Cette boucle temporelle va entraîner une introspection, la culpabilité de ne pas avoir été une bonne mère, qui est depuis toujours chevillée à son corps va encore prendre de l’importance, tandis que les certitudes tombent, les mensonges vont s’accumuler et la conduire à soupçonner tout son entourage. Le tout sur fond de policiers infiltrés, de gangs bien organisés…

Ce roman m’a beaucoup plu, car j’aime ces histoires de boucles temporelles, mémoriser les faits importants survenus lors de la journée où on atterrit le matin, pour tout garder et pouvoir analyser et qui sait modifier l’avenir… J’ai adoré par exemple 22/11/1963 mais ce roman est différent, il creuse plus les personnalités de héros de la vie courante, et leurs difficultés face à la vie, plus proches de nous, en fait.

Gillian McAllistair aurait pu se contenter d’analyser les relations de cause à effet ayant entraîner le meurtre, au cours d’une banale introspection, une sorte d’anatomie d’un meurtre ; au contraire elle va aller disséquer tous les éléments, les évènements plus ou moins importants remontant jusqu’à sa rencontre avec Kelly pour prendre les choses en mains au lieu de se victimiser.

Je ferai remarquer, au passage, que Gillian McAllistair nous engage à réfléchir, sur l’attention que l’on porte ou ne porte pas sur certaines choses qui se passent dans la vie de tout un chacun, et qui pourrait influer différemment l’avenir à défaut de retourner dans le passé pour le comprendre et le modifier…

Coup de génie vraiment ! car c’est encore un roman lu en apnée (et terminé cette nuit à 4h30 du matin car mon amie l’insomnie a refusé de baisser les armes), et qui donne envie de découvrir davantage son univers.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Sonatine qui m’ont permis de découvrir ce roman et la plume de son auteure.

#Aprèsminuit #NetGalleyFrance !

8/10

Jen regarde fixement la porte de la chambre de son fils. Comment en est-elle arrivée à élever un assassin ? Entre la fureur adolescente, les violences à l’arme blanche, les bandes, les antifas, dans quelle direction chercher ? Quel sort leur a été réservé ?

Personne ne l’avait mise en garde contre l’accident de voiture qu’était un accouchement. A un moment, elle avait été sûre de mourir, et cette certitude ne l’avait jamais vraiment quittée, même une fois rétablie. Elle n’en revenait pas que les femmes subissent une chose pareille. Qu’elles décident de remettre ça. Qu’une telle douleur existe pour de vrai…

Elle qui n’a jamais été une mère très sûre d’elle, elle est persuadée, au fond d’elle-même, qu’il a dû se passer quelque chose. Peut-être quand Todd était tout petit. Une fois, alors qu’il avait quatre ans, elle a complètement oublié d’aller le chercher à la crèche, pensant que Kelly s’en chargerait… Est-ce que ça fait partie des choses qui amèneront son fils, plus tard, bien plus tard, à décréter qu’il devait régler lui-même la situation dans laquelle s’est fourré son père.

Elle a fait de son mieux. Et même quand elle n’y est pas arrivée, son sentiment de culpabilité est une preuve comme une autre : elle a voulu faire de son mieux pour son petit garçon.

Le temps est simplement une manière pour nous de penser que nous sommes des agents libres. Que nos actions ont une cause et un effet. Voilà ce qui nous fait croire que le temps avance dans une seule direction, comme une rivière.

14 réflexions sur “« Après minuit » de Gillian McAllistair

  1. bulledemanouec671473c7

    Je suis contente de dormir la nuit et de ne pas avoir d’amie appelée « insomnie » mais ce polar a l’air d’être très addictif, à ne pas lire le soir du coup pour ne pas être tentée de le finir ! Merci pour ton enthousiasme

    Aimé par 1 personne

    1. très addictif, et très vite, cela démarche sur les chapeaux de roues en prime… On suspecte tout le monde, on essaie de retenir les indices puis on finit par se laisser porter 🙂

      insomnie est ma compagne depuis très très longtemps, hélas… sommeil complètement déstructuré, plein de micro-réveils dixit le centre du sommeil… mais c’est étroitement lié à mon syndrome de fatigue chronique 🙂

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