« Les indécis » d’Alex Daunel

Je vous parle aujourd’hui d’un livre qui va sortir prochainement et dont le titre a éveillé ma curiosité :

Résumé de l’éditeur :

Après un accident qui lui a coûté la vie, Max doit choisir un genre littéraire pour inspirer un auteur sur Terre et pouvoir ainsi gagner l’au-delà. Il découvre que nous avons tous des livres qui nous ont fait grandir et rêver.


« Je ne vous ai pas demandé qui vous étiez. Mais quoi. Quel genre littéraire ? »

Voilà comment Max, 33 ans, est accueilli dans un bâtiment froid et austère avant de comprendre qu’il vient de mourir dans un accident de voiture. Il n’est ni au Paradis, ni au Purgatoire, mais à l’Inspiratoire où les morts doivent choisir un genre littéraire afin d’inspirer un auteur sur terre. Ils sont ainsi réincarnés en personnages de roman. Sous le choc de sa mort brutale, Max a plus de questions que de réponses. Il est, ce que l’on appelle, un « Indécis ».

Pour le guider, il peut compter sur Mme Schmidt, sa défunte professeure de français. Mais Max doit faire vite : il n’a que vingt-quatre heures pour prendre la plus importante décision… de sa seconde vie !

Ce que j’en pense :

Max se trouve dans un endroit froid, peu accueillant, et un homme en uniforme lui pose une question étrange : « Vous êtes quoi ? ». Devant sa perplexité, il l’envoie vers le lieu réservé aux « Indécis », où il semble y avoir affluence. Mais un guide va le prendre en charge et lui expliquer de quoi il retourne.

En fait, il se retrouve face à Madame Schmidt, professeur de français, qu’il a beaucoup aimée au collège. Celle-ci lui explique qu’il est mort, à la suite d’un grave accident de la circulation et qu’il se trouve dans un lieu qu’on appelle l’Inspiratoire, et qu’il va devoir choisir un roman, un héros dans lequel il va devoir se réincarner.

Passé le premier moment de perplexité, un doute s’installe : il n’a pas d’idée, le dernier roman qu’il a lu remonte aux calendes grecques donc c’est le noir absolu. Madame Schmidt va le guider, à travers différents endroits qui ont pu marquer sa vie, ce qu’il a réussi, ou rater…

Ce roman aborde de belle manière, la mort, le déni dans un premier temps, puis, son acceptation, le bilan que l’on fait de sa vie, comme ces souvenirs qui défile et à toute allure, lors d’une expérience de mort imminente.

Max est attachant par son côté enfermé dans une armure pour pouvoir accepter à quel point la vie l’a malmené, un père qui ne le comprend pas et n’a même jamais essayé, cet intellectuel, ingénieur dans les mines (son grand-père était mineur de fond) : il ne tentera jamais d’expliquer à ses parents en quoi consiste don travail : les mines ont fermé chez nous, mais en Afrique, il y a les mines de diamants, métaux rares et il doit sans cesse se heurter au fameux rapport qualité -prix, ou bénéfices risques… les Africains qui risquent leur vie au fond, cela passe après la rentabilité, le besoin de « faire toujours encore plus de fric pour satisfaire les actionnaires… On est loin de ce dont il rêvait : aider les autres. On lui met la pression sans cesse et il en perd peu à peu le goût de vivre et l’intérêt pour son travail.

Certes, ce livre fait réfléchir sur la nécessité de réussir sa vie, dans le sens spirituel du terme, car l’argent n’est pas tout, dans la société de consommation dans laquelle on vit, mais l’auteure ne creuse pas assez, reste trop dans le côté descriptif du lieu que représente l’Inspiratoire, à peine évoque-t-elle une comparaison avec le Purgatoire.

J’ai aimé l’accompagner dans sa quête, même si parfois il est exaspérant à force de certitudes, ou par le ton hautain avec lequel il s’adresse aux autres. On découvre, peu à peu des livres qu’il aimés, ceux qui ont compté, et pourquoi du jour au lendemain il a cessé de lire.

Je me suis sentie indécise au moment de refermer ce roman et encore plus pour la rédaction de ma chronique car je ne savais pas si j’avais aimé ou non, et Max, et le roman. En fait, après avoir pris le temps de la réflexion j’ai choisi de le prendre au second degré, même peut-être davantage, et retenir surtout la réflexion sur la vie et la mort et l’importance des non-dits et des tabous dans l’existence, même si cela reste en surface, mais je ne sais pas si c’était vraiment le désir de l’auteure.  Perplexité donc, d’où la note, entre mitigée aussi…

Alex Daunel, ne nous livre pas seulement un joli conte, à lire sur son transat au soleil, mais il pousse le lecteur vers une réflexion philosophique, s’il veut s’en donner la peine. Je me suis demandée au cours de la lecture, quel roman quel auteur j’aurais choisi, et ce n’est pas évident…

Je dois faire un aveu au passage, je lisais en même temps le livre brillant de Delphine Horvilleur « vivre avec nos morts » et que cela me permettait de reprendre  un peu mon souffle entre deux chapitres…

Pour un premier roman, c’est assez prometteur mais il faudra creuser davantage le sujet la prochaine fois.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions L’Archipel qui m’ont permis de découvrir en avant-première ce roman et son auteur. Je ne connaissais pas cette nouvelle collection « Instants suspendus » que propose l’éditeur.

#LESINDÉCIS #NetGalleyFrance

7/10

L’auteure :

Née à la fin des années 1970 dans la Vienne, Alex Daunel grandit avec les romans de la bibliothèque de sa tante où elle passe ses vacances. En terminale, sa professeure de lettres l’initie tant au roman courtois qu’à l’art moderne, et l’encourage à écrire.


Après avoir séjourné en Australie, aux États-Unis et au Japon, elle s’installe à Paris. Son goût des rencontres et de la lecture se retrouve dans son premier roman, Les Indécis.

Extraits :

Ici, les âmes sont en transit… Elles doivent trouver un personnage de roman dans lequel elles se réincarneront.

Les gens lisent de moins en moins. Mais il y a de plus en plus d’écrivains. Donc, tu peux te retrouver capturé sur une page blanche parce que tu auras inspiré l’auteur, mais sans jamais être publié. Le pire, c’est quand il laisse le texte inachevé au fond d’un tiroir.

Ensemble, nos âmes se mettent au diapason. D’où le fait que nous soyons dans des lieux et des temporalités similaires. Peut-être verras-tu un fauteuil en cuir, là où pour moi, il sera en tissu fleuri. Mais, cela n’a pas d’importance.

Max, lui, semblait écrasé par sa grandeur. Toute sa vie, il s’en était excusé. En fait, il s’était toujours excusé de tout. De ne pas avoir rejoint l’entreprise de peinture de son père. De ne pas avoir d’enfants comme Julie en rêvait. Et maintenant de ne pas avoir assez lu pour savoir ce qu’il aimait ou non.

Mourir jeune ou pas, cela n’a aucune importance. Ce n’est qu’une vue de l’esprit. Ce que l’on ne peut pas accomplir dans sa vie, on le réalise ici, puissance mille…

Max, reviens ! tu es en train de partir en dissociation. C’est un symptôme classique. Quand il est trop difficile de soutenir la réalité, on s’évade. Cela arrive souvent quand on est vivant. Mais, quand on est mort, c’est un piège terrible pour l’âme. Une sorte d’endormissement. Dans ce cas-là, tu n’arriveras pas à inspirer un auteur.  Car il ne te sentira pas. Et personne ne pourra venir te chercher. Une noyade éternelle…

Ici, vous n’êtes pas au purgatoire. Vous êtes à l’inspiratoire. Vos émotions prennent petit à petit vie. Littéralement, comme dans un roman…

Internet a changé l’écriture, sa diffusion. Ce qui ne change pas, c’est le besoin qu’a l’auteur de partager son texte. Cette communion entre un romancier et ses lecteurs, c’est magique. Et tout cela, c’est en partie grâce aux personnages, grâce à ce qu’ils sont, à ce qu’ils transmettent.

Il était asséché. Oui, asséché. Cela le définissait bien. Sa vie n’avait été qu’un long assèchement. Sa mort ne faisait que lui ressembler. Ratatiné sur lui-même.

Les promesses que l’on se faisait à soi-même étaient celles que l’on négligeait le plus.

Tu étais le genre idéaliste… Le genre qui espérait que son travail allait servir à quelque chose, à améliorer le monde…

…L’argent… La pire invention de l’humanité. Quand les gens n’en ont pas, c’est la merde. Quand ils en ont, ils ont peur de le perdre. Donc ils font de la merde.

Lu en août 2021

21 réflexions sur “« Les indécis » d’Alex Daunel

  1. Les voyages de K

    Finalement, tu as tout de même réussi à trancher 😉 Cette chronique m’interpelle, on a envie de se faire sa propre idée 😉
    Je n’ai pas encore commencé « Les indécis » , mais j’espère pouvoir le lire rapidement.
    Bon après-midi !

    Aimé par 1 personne

    1. c’est le résumé et le thème qui m’ont poussée à le choisir et la critique d’ Audrey mais je suis restée sur ma faim, je pensais que l’auteure allait étayer et approfondir son récit….
      C’est une lecture sympathique qui permet de passer un bon moment.
      Je deviens de plus en plus difficile 🙂

      Aimé par 1 personne

    1. j’ai bien pensé à toi en rédigeant ma chronique et à ton goût immodéré pour ce genre littéraire…
      tu l’aura compris j’attendais plus mais roman facile pour une lecture d’été entre deux pavés ou récits plus profonds 🙂

      J’aime

    1. c’est exactement cela mais c’est un premier roman et elle peut trouver son genre mais si elle reste trop dans le rose bonbon ce serait dommage.
      Il se lit vite, car on rencontre des écrivains qu’on aime, et elle a bien structurer la personnalité de Max, ses traumatismes de l’enfance et plus tard et l’analyse de ce qui fait qu’une vie est réussie ou non. Même si parfois, elle enfonce des portes ouvertes 🙂

      J’aime

    1. il m’a fait du bien en alternance avec des livres coup de cœur, quand j’avais besoin de reprendre mon souffle…
      « Vivre avec nos morts » me plaît tellement que je fais durer le plaisir, pour m’en imprégner… Un livre à offrir, qu’on ait ou non perdu des proches 🙂

      J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.