« Une affaire italienne » de Carlo Lucarelli

Je vous propose un voyage intéressant en Italie, au début des années cinquante, aujourd’hui avec ce polar :

Résumé de l’éditeur :

Le retour d’un personnage littéraire qui a fait le succès de Lucarelli, best-seller en Italie.

Pendant le fascisme, le commissaire De Luca était le meilleur flic d’Italie. Avec la guerre froide et l’arrivée de la frivolité médiatique, les homicides deviennent de plus en plus étranges et on lui demande de devenir un nouveau type de policier.

Dans une Bologne sous la neige, quelques jours avant Noël 1953, la très belle épouse d’un professeur universitaire est retrouvée noyée dans une baignoire. Pour découvrir ce qui s’est passé, la police a besoin d’un vrai limier et fait appel au commissaire De Luca, policier de renom pendant la période fasciste et qui avait été mis sur la touche depuis cinq ans. Mais malgré les pistes, les traces et les indices qui s’offrent à De Luca, rien n’est ce qu’il paraît. Épaulé par un jeune policier censé l’aider (ou l’espionner), séduit par une très jeune chanteuse de jazz avec un passé de partisane, le commissaire se retrouve au milieu d’une affaire ambiguë et dangereuse qui l’obligera à s’immiscer dans les coulisses des guerres politiques et du milieu musical et mondain de la ville.

Avec son talent pour construire des intrigues convaincantes et ses solides connaissances historiques, Carlo Lucarelli écrit un récit au charme puissant dans l’Italie de l’après-guerre, entre frivolités du festival de San Remo et violences sourdes de la guerre froide.

Ce que j’en pense :

L’intrigue se déroule à Bologne sur une courte période, débutant quelques jours avant Noël. Nous sommes en 1953. Une femme a été assassinée dans un petit appartement. La voisine qui habite l’étage situé au-dessous a prévenu la police.

La victime est Stefania, l’épouse du professeur Cresca, victime quelques mois plutôt d’un étrange accident qui a causé également la mort d’un enfant.   On fait appel aux lumières du commissaire De Luca, plus ou moins sur la touche car policier durant la seconde guerre mondiale, donc suspecté de collusion avec les fascistes…

Il est assisté dans son enquête par un jeune policier, Giannino, féru de jazz et on va suivre le duo à un concert où ils vont rencontrer une jeune femme dont la voix ressemble à celle de Lena Horne.

J’ai beaucoup aimé me retrouver à cette époque si particulière : la seconde guerre mondiale n’est pas si loin, la guerre froide bat son plein, on ne sait plus qui espionne qui et on a la gâchette facile… il y a des règlements de compte dans l’air, des policiers ripoux…

Bologne, dans le froid de l’hiver : il neige et il faut bien dire que le chauffage n’était pas particulièrement au point à l’époque. L’atmosphère est glauque, et les méthodes d’investigation limitées, les experts n’étaient pas encore entrés en scène.

Quel plaisir d’arpenter ses rues où l’on peut se faire trucider à tout instant, sur fond de jazz et de musique italienne, de belles brunettes, aux jambes divines qui aiment bien se déplacer pieds-nus, et surtout notre belle chanteuse Claudia, alias Facetta Nera, dont notre commissaire s’éprend au passage… sur fond de cuisine italienne qui fait saliver alors que De Luca est quasiment anorexique et soigne son insomnie à la caféine (ah les vertus de l’expresso !)

De Luca, ex-commissaire qui pourrait le redevenir, que l’on appelle Ingénieur, est un personnage sympathique et attachant qui met un point d’honneur à résoudre une enquête plombée d’avance, sous les ordres du commandeur d’Umberto qui s’empiffre de bomboloni, sorte de beignets à la crème, plutôt du style barbouze, ripoux comme on veut…

Carlo Lucarelli multiplie les pièges, les fausses pistes jusqu’au bout du roman pour notre plus grand plaisir. Il nous offre au passage des coupures de journaux de l’époque de la guerre froide, ce qui intéressait la population à cette époque pour nous donner le temps de souffler un peu entre deux coups d’accélérateur sur la belle voiture de Giannino dont la « conduite sportive » comme disent les djeuns donne souvent le tournis.

C’est la première fois que je lis un polar de Carlo Lucarelli et cela me donne envie de continuer à explorer son univers. Son style est plaisant, ses réflexions sur le démenti plausible, ou le crime parfait ou perfectible ou encore la manière de « gérer l’imperfection » ou ses comparaisons avec les différentes races de chien pour étiqueter les flics, les ripoux, ceux qui sont doués…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Metailié qui m’ont permis de découvrir ce roman ainsi que son auteur.

#Uneaffaireitalienne #NetGalleyFrance

8/10

L’auteur :

Carlo LUCARELLI est né à Parme en 1960. Chroniqueur, scénariste et dramaturge, il a publié de nombreux romans policiers, thrillers et livres d’enquêtes, dont le best-seller Misteri d’Italia, enquêtes sur des faits divers non résolus., La Huitième Vibration et Le Temps des hyènes.

Il écrit également des scénarios de BD et anime une célèbre émission de télévision sur des affaires non résolues.

Extraits :

L’aiguille du compte-tours se cabra en vibrant, rapide, dans l’œil rond du cadran de droite, tandis que De Luca encastrait son dos entre siège et portière. L’Aurelia avait fait un bond en avant mais s’était arrêtée aussitôt, avec le rugissement du moteur qui s’éteignait dans un grognement contenu…

Tu vois, De Luca, pour faire flic, il faut un cœur de chien, mais de races différentes. Il y a des flicards ordinaires qui ont un cœur de chien de garde et il y a ceux de la Criminelle qui en ont un de chien de chasse. Tu es un chien truffier, mon gars. Voilà, pour ceux comme nous en fait, il faut un chien bâtard.

Je vaux savoir si ce meurtre a été ordonné par quelqu’un de mon bureau, ou d’un bureau parallèle, ou d’un bureau concurrent, les Russes, papa Noël, expliqua-t-il en montrant un sapin décoré dans un coin, la Madone ou le Petit Jésus…

Tu vois, mon garçon, il y a une confusion chez nous, mais une confusion… autrefois, les choses étaient plus claires mais maintenant, avec les lois et les contre-lois, c’est devenu un bordel… les choses se font et ne se font pas, les ordres, on les donne et on ne les donne pas…et tous les jours, il y a un nouveau groupe qui fait ce qui lui chante.

Lu en février 2021

16 réflexions sur “« Une affaire italienne » de Carlo Lucarelli

    1. je me suis décidée après avoir vu passer plusieurs critiques enthousiastes.. je l’ai eu assez vite finalement vu le nombre de livres que j’ai dans ma PAL spéciale NetGalley…
      j’ai attendu longtemps pour « La fracture » et je l’ai obtenu hier…
      l’analyse de la société et de la police dans ces années-là est très bien faite, et la recherche des criminels dans ce contexte est drôle en fait 🙂

      J’aime

  1. Cela fait longtemps que je n’ai pas lu un polar de cet auteur, que j’ai beaucoup apprécié lire, notamment avec L’île de l’ange déchu ou Almost blues. Le premier titre se déroule sous le régime de Mussolini, je ne me souviens plus trop de l’intrigue, mais juste d’un moment de lecture très fort !

    Aimé par 1 personne

    1. il est sympa à lire et j’aime bien les thrillers qui sont en lien avec l’Histoire d’un pays: là entre ripoux, relents de chemises noires, guerre froide c’était un bon cocktail.
      Je vais essayer de me procurer les autres et notamment « L’île de l’ange déchu » pour retrouver l’époque de Mussolini 🙂

      Aimé par 1 personne

  2. Ping : Challenge Voisins Voisines 2021 – Billet récapitulatif – A propos de livres…

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