Je vous parle aujourd’hui d’un premier roman avec :

Résumé de l’éditeur :
Cet été-là, Solène a treize ans et elle déteste son père. Jérôme a obligé sa famille à s’installer à la campagne pour réaliser son rêve : devenir propriétaire d’une ferme. Cet ancien ingénieur, lui, est fier de sa nouvelle vie : au plus proche de l’écosystème, les mains dans la terre à planter des haricots et des tomates de saison, l’œil à veiller sur la traite de ses vaches. Mais les temps se durcissent, et la désillusion grignote son esprit.
Alors que les moissons approchent, sa femme Marion, voulant l’aider, se blesse avec une machine agricole et immobilisée. Théo, un « woofeur » (aide agricole biologique) de vingt-quatre ans, vient seconder Jérôme ; il n’est pas sans charme, il n’est pas sans radicalité non plus. Avec sa présence c’est tout l’équilibre familial qui est chamboulé.
Avec la fin du collège, Solène découvre la sexualité, son langage amoureux, sa légèreté, ses bouderies, ses audaces. En ce mois de juillet, la vie va s’embraser.
Un premier roman virtuose, mené par une écriture visuelle qui joue sur les émotions amoureuses, la solitude de l’existence, sa beauté aussi. Une forme de suspens saisit cette campagne où il fait trop chaud, où les corps sont trop moites, où les gestes sont maladroits et où les malentendus vont croissant, jusqu’au final.
Ce que j’en pense :
Bienvenue donc à Levroux, village où Jérôme, ingénieur agronome a décidé un jour de s’installer avec sa femme Marion, ses enfants Solène et Gabin le petit dernier après avoir lâché son travail en ville pour vivre en fonction de leurs aspirations : cultures biologiques, respect de la nature, élevage raisonné de vaches, fabrication de fromages que Marion va vendre au marché.
Bien-sûr, il a fallu s’endetter pour faire des travaux, acheter du matériel et il faut économiser pour joindre les deux bouts au grand dam de Solène qui rêve smartphones, cinéma, sorties avec les copains et refuse de donner un coup de main : « elle n’a pas demandé à venir s’enterrer ici » …
Un jour Marion se blesse méchamment la main avec une machine récalcitrante, plaie de la main, coupure des tendons, chirurgie réparatrice et c’est le repos forcé, alors ils font appel à un woofer, Théo qui veut parcourir le monde, et apprendre une culture raisonnée sinon raisonnable. Et, cela va entraîner des réactions en cascades sur toute la famille.
On plonge dans les théories de Gaspard Steiner, la cité expérimentale d’Auroville au nord de Pondichéry, créée par un architecte français, « où on retrouve des gens venus des quatre coins de la planète » où viennent se mêler la spiritualité ou la religion…
J’ai aimé les colères de Jérôme, son intolérance à la contradiction, son besoin d’être rassuré, la manière bancale dont il gère sa ferme, ses combats avec les « exploitants agricoles, aux bottes de la FNSEA » qui ont réussir à faire rayer de la carte le mot paysan que je trouve tellement plus noble et respectueux de la nature, les champs inondés de pesticides, glyphosate et autres produits fort sympathiques… les positions pessimistes, de Jérôme autant que celles de Théo, les collapsologues etc. etc.
J’ai bien aimé la manière dont l’auteur parle des ados, de la découverte de la sexualité, de leurs angoisses, et la dureté de leurs échanges, qui flirtent parfois avec le harcèlement.
Florent Marchet décrit très bien le cercle vicieux infernal dans lequel certains se sont enfermés, les subventions agricoles qui ne servent finalement qu’à rembourser les crédits qu’on les a poussés à faire, les suicides avec des méthodes imparables.
Par contre, trop de détails, de l’histoire du colibri trop ressassée, aux discussions sans fin et souvent stériles, et l’opposition tranchée entre ceux qui veulent consommer et les autres, les comportements des ados tellement tranchés qu’ils en deviennent caricaturaux, je peux vous assurer qu’on en sort le moral dans les chaussettes.
Je me sens concernée depuis très longtemps par l’avenir de la Planète, ou on absence d’avenir, on ne sait plus trop à quoi s’attendre, mais avec ce roman on a vraiment l’impression que c’est fichu.
Florent Marchet évoque au passage un film que j’ai adoré autrefois « Soleil vert » qu’on revoit trop peu souvent à la télévision : la Terre dans les années 2020 justement qui est complètement brûlée, l’eau devenue rare, la nourriture se limitant à une tablette protéinée, où l’on propose le suicide assisté aux anciens qui ont connu la Terre avant la catastrophe en leur montrant des images d’avant, quand il y avait des fleurs, de la végétation…
Pour un premier roman, c’est intéressant et s’il peut convaincre quelques climatosceptiques, je préfère climato-négationnistes qu’il est encore temps de se bouger, ce sera une réussite…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui m’ont permis de découvrir ce roman ainsi que la plume de son auteur, à suivre…
#Lemondeduvivant #NetGalleyFrance
7,5/10
L’auteur :
Né à Bourges en 1975, Florent Marchet est un auteur-compositeur-interprète et un compositeur de musiques de films français.
« Le monde du vivant » est son premier roman.
Extraits :
Jérôme n’a jamais supporté l’esprit de compétition qui règne à l’école. Il estime que c’est pire aujourd’hui. Pour les enfants de notables ou d’instituteurs, la compétition commence dès la primaire : on prépare les nouvelles générations à devenir des prédateurs et des consommateurs…
Je passe d’abord sous la douche, puis j’irai sur l’ordi pour trouver ce woofeur, qu’est-ce que c’est moche comme nom, on dirait un chien qui aboie.
Là-bas, il a eu la chance de rencontrer Gaspard Steiner, le fameux philosophe paysan qui a été le premier à sensibiliser les Français aux désastres écologiques de notre planète…
Dans les campagnes, ça fait bien longtemps que les dévots ont accepté la présence de curés africains dans leurs églises, seule alternative à la fermeture des lieux de culte…
Théo oublie que ceux qui seraient prêts à accepter la révolution écologique ne sont pas nombreux, y compris au sortir d’une pandémie. Jérôme l’affirme souvent lors de ses interminables débats avec Marion : les pauvres veulent désormais jouer aux riches. Même en France, ils ne manifesteront jamais pour un changement radical de société. S’ils bloquent le pays, ce sera pour réclamer plus de consommation, plus de McDo, de centres commerciaux et d’écrans 4 K . Sans le savoir, ils manifesteront pour ce monde ultra-libéral, pour le droit à en être, à faire partie de l’élite qui se gave, qui profite, qui dépense sans compter, qui gaspille des ressources à l’infini dans un monde fini.
un contexte qui pourrait me plaire.
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il est agréable à lire,malgré le côté pessimiste et quelques positions un peu extrêmes…
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Cela semble plutôt caricatural et bien trop pessimiste pour moi qui ai toujours mille solutions pour aller de l’avant (j’ai observé que c’est ainsi qu’on avait quelques chances d’avancer…). Si cela peut faire réfléchir certaines personnes, pourquoi pas. Merci pour ta chronique !
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l’auteur montre la difficulté de s’installer en paysan respectueux de la nature, les possibilités utopiques aussi, ou encore les répercussions sur les ados quand on ne les associe pas à la décision…
mais il a bien compris le malaise paysan, les suicides…
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En effet le sujet est vraiment intéressant et malgré quelques passages que tu mentionnes comme un peu répétitifs, ce premier roman mérite donc d’être découvert. Je le note. Merci pour ta chronique et tous les extraits que tu partages et qui nous permettent de découvrir la plume de l’auteur
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son sujet est audacieux et sa manière de l’aborder aussi, malgré les répétitions (tentative pour « s’auto-convaincre » qu’on a fait le bon choix?)
pour un premier livre, c’est bien, il a trouvé son domaine de « prédilection » et s’il pouvait convaincre les indécis ce serait gagné 🙂
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Mitigée moi aussi mais le sujet est important à soulever et l’ensemble reste moins atroce (et plus écologiquement engagé) que dans Au nom de la terre.
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il est quand même très réaliste même lorsqu’il décrit la vision de Théo qui frôle l’utopie mais la manière de mettre les 2 hommes en opposition (ce terme est excessif mais je n’ai pas trouvé le bon!) pourrait permettre d’ouvrir le débat si on dépassait le stade combat de coq en famille par exemple…
belle initiative quand même et la situation dramatique des paysans est bien étudiée….
je pense souvent à mon grand-père paysan et à la manière dont il respectait la nature du haut de ses 12,5 hectares alternant les cultures, sans troupeau excessif…
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Oui c’est vrai qu’on reste dans la confrontation et pas vraiment dans le dialogue du fait de « l’extrémisme » de chaque personnage.
C’est sûr, le message est à saluer !
Oui, l’époque était différente mais revenir à une manière de faire plus respectueuse de la terre semble notre seule voie…
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Déjà les reportages télé sur la condition paysanne me fiche le moral dans les chaussettes, donc pas trop envie de m’y plonger en littérature. Dommage, car je trouve la couverture du roman magnifique !
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mon moral était déjà dans les chaussettes alors ce n’est pas pire !!!! j’ai apprécié l’exercice quand même alors que certains sujets durs, les relations entre Jérôme et sa fille sont dures, communication plus qu’en berne…il y a une histoire dans ce roman et elle m’a plu dans l’ensemble 🙂
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Le thème m’intéresse. Je me le note.
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il a réussi à construire une histoire qui tient la route, tout à fait dans l’urgence climatique, même si les échanges entre les 2 hommes sont parfois trop en opposition systématique…
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Je pense que le côté caricatural m’agacerait au plus haut point.
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En fait non, au bout du compte,le récit reste sympathique à lire tout en alertant au maximum sur les dangers écologie mais aussi l’adolescence, la famille le couple 🙂
pour un 1er roman c’est bien 🙂
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A ne pas lire si on a déjà le moral dans les chaussettes, donc.
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finalement mon moral n’a pas été plus plombé qu’avant… je suis contente de l’avoir découvert, même si je sais déjà tout ce qu’il dénonce… il est vrai que mon antidépresseur commence à agir 🙂
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il y a un Levroux dans l’Indre pas très loin de chez moi, est-ce là qu’il situe son intrigue?
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je pense qu’il s’agit de ce village justement 🙂
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Mon épouse l’a acheté récemment, il est dans ma PAL, et je me promets de le lire avant Noël. J’ai un peu peur de ce côté très tranché et des clichés, mais une telle note n’est pas mal, ça mérite une lecture 🙂
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les avis sont trop tranchés entre les 2 hommes donc pas de vraie discussion mais l’histoire est intéressante et la réflexion sur les dérives de l’agriculture traditionnelle m’a plu
idem pour la manière d’aborder l’adolescence
j’espère qu’il va te plaire 🙂
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Malgré le sujet, je passe, ce titre me parait trop didactique. Je n’aime pas que l’on me dise quoi penser ( même si je suis d’accord avec ce qui est dit … ) ^-^
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là on frise parfois la caricature, chacun étant persuadé de détenir La Vérité c’est ce qui alourdit le récit et l’adolescence même si elle est bien abordée j’y échappe pas… Je m’attendais à autre chose en fait 🙂
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