« Zen » de Maxence Fermine

Ayant beaucoup aimé « Neige » de Maxence Fermine, j’ai eu envie de continuer l’aventure avec :

 Zen de Maxence Fermine

Quatrième de couverture

« Chaque jour, de l’aube au crépuscule, Maître Kuro pratique l’art subtil de la calligraphie.

Pendant de longues heures, dans un recueillement proche de la plénitude, il reste agenouillé devant un rouleau de papier de riz et le couvre d’encre noire.

Peu lui importent le vaste monde et ce qui le régit depuis des siècles. Il vit concentré sur son labeur et sur la direction, la finesse du trait qu’il dessine à main levée.

Avec verticalité, harmonie, simplicité et élégance.

Ainsi va la vie, tranquille et apaisante, de Maître Kuro. »

Jusqu’au jour où…

 

Ce que j’en pense

Maxence Fermine nous offre, avec ce livre, un long poème en prose, écrit avec des mots simples, des phrases courtes qui ressemblent parfois presque à des haïkus. Et la douceur, la sagesse  sont là, partout.

Ce texte est une méditation en lui-même et une invitation à la méditation. Il fait découvrir la calligraphie mais cela va bien au-delà. La concentration, la précision, ne pas oublier le moindre détail.

« Son esprit, tendu comme la corde d’un arc, est concentré sur la scène qu’il tente de graver dans sa mémoire avec le plus de précision possible. Photographie de l’aube naissante. Justesse du détail. Ne pas oublier une goutte de pluie, ni un bourgeon, ni même un éclat de lumière. » P 33

Maître Kuro pratique cet art de manière tellement pure, agenouillé pendant des heures face à son papier de riz, son pinceau à la main, qu’il attire les élèves et un jour arrive Yuma, qui veut recevoir son enseignement et il va lui en transmettre l’essence, telle une initiation de Maître à élève dans la tradition zen, mais cela va provoquer des remises en questions, des doutes…

Tout est important, le pinceau n’est pas un simple instrument, il a donné un nom au sien : « Dragon de feu » tandis que Yuma appellera le sien « Plume légère ».

« Pour lui, le pinceau est un pendule entre ciel et terre, et l’art de la calligraphie la meilleure façon de se tenir en suspens entre le monde terrestre et celui des dieux. » P 34

On ressort de ce texte apaisé, par sa pureté et sa magie et plein d’énergie… l’auteur va à l’essentiel, il nous attrape par le cœur et on n’a plus qu’une envie, partir à la recherche de cette sagesse qui semble si évidente et pourtant si difficile à atteindre.

« Neige » a été un puissant révélateur pour moi et « Zen » m’a emportée de la même façon. J’ai retrouvé la magie des contes zen et aussi celle du Japon. Ce texte m’a rendue vivante, tournée vers l’essentiel. C’est un véritable doudou, il a une action thérapeutique.

Il fourmille de phrases simples mais essentielles, qu’on a envie de relire encore et encore, et qui peuvent servir de guide dans la vie de tous les jours. Il nous rappelle la vertu de la concentration et celle du silence et ainsi peut-on lire:

« La musique la plus difficile à créer, mais certainement la plus belle, est celle du silence. » P 75

Maxence Fermine parle aussi avec poésie de la pureté du geste, de l’importance de l’instant présent, dans ce monde où tout va si vite, de l’harmonie avec les éléments. Bref, du bonheur à l’état pur.

Il est difficile d’en parler, c’est au-delà des mots. C’est un vrai coup de cœur. La couverture simple dénudée est déjà une incitation au voyage en terre de zénitude. Vite, un pinceau, du papier de riz et de la patience, ou peut-être simplement une feuille et des crayons…

Donc, je continue l’aventure avec Maxence Fermine, j’aime tellement son univers.

Extraits

La calligraphie japonaise ressemble à un souffle. Le souffle du dragon. Elle consiste à peindre l’instant avec une force inouïe et une délicatesse extrême. P 14

Dans l’atelier de Maître Kuro, la seule musique perceptible est le silence. Véritable écrin pour l’artiste, c’est d’abord un espace de liberté et de création. P 25

Mais l’équilibre d’une vie peut à tout moment être balayé par l’imprévu. Un imprévu aussi fragile et insignifiant que l’arrivée d’une enveloppe. P 40

Le Zen est une voie d’authenticité et d’éveil. Un état d’esprit. Basé sur le relâchement, la concentration et la méditation. Pour y parvenir, il est nécessaire d’entretenir son corps et de cultiver son esprit. Retrouver la notion de geste naturel. Rester vrai. P 60

Nommer les objets, les choses autour de soi, leur conférer une âme est un geste essentiel. C’est ce qui les rend précieux et vivants. P 68

Ainsi, le pinceau n’est pas une simple tige de bois. C’est le doigt qui prolonge la main. P 69

L’unique trait du pinceau ne dessine pas, il révèle seulement ce qui existait déjà. P 73

L’encre noire est le yin, qui représente la terre. Le papier de riz est le yang, qui représente le ciel. Entre le yin et le yang se situe le pinceau, le pont qui communique entre ces deux mondes. P 76

Ne plus courir. Apprendre à vivre et à observer. Devenir immobile. Et contempler ce qui nous entoure. Avec un ravissement toujours plus grand. Voilà le début du zen. P 108

 

Lu en avril 2017

6 réflexions sur “« Zen » de Maxence Fermine

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